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ALÈNE, ALÊNE, subst. fém.
A.− CORDONNERIE
1. Poinçon généralement en acier, droit ou courbe, à forme de losange vers la pointe, muni d'un manche de bois, et dont se servent principalement les bourreliers, les cordonniers pour percer et coudre le cuir. Alêne plate, ronde, carrée. Manche d'alêne. La pointe d'une alêne (Ac. 1798-1932) :
1. Assis dans l'échoppe d'un cordonnier (...) Choulette (...) semblait réciter des vers. Le savetier florentin, tout en poussant l'alène, écoutait avec un bon sourire. A. France, Le Lys rouge,1894, p. 119.
2. Des vanniers, maniant une alène d'acier luisante d'usage, liaient d'osier rouge les paniers blancs pour l'expédition continentale. P. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 182.
3. Lorsqu'une Australienne avait à coudre, elle faisait un trou avec un poinçon en os et y passait au travers un fil en tendon d'opossum ou de kangourou. De même, une couturière Ona perce avec son alène en os deux bandes de cuir, puis, humectant un tendon, elle le pousse à travers le trou. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropologie culturelle,1936, p. 128.
Manier l'alêne. ,,Exercer l'état de cordonnier.`` (Lar. 19e) :
4. Je ne commençais jamais ma journée sans soupirer, en pensant combien j'aimerais mieux manier le crayon et le pinceau que l'alène. (G. Sand). Lar. 19e, 1866.
Proverbialement. Il se laisserait donner cent coups d'alène dans les fesses, plutôt que de se battre, (Ac. Compl. 1842) ,,se dit pour désigner un poltron qui souffre toute sorte d'injures.`` (Ac. Compl. 1842).
2. ,,Outil de machine qui sert soit à préparer le trou à travers lequel l'aiguille fera passer le fil (machine à coudre la trépointe, à coudre les semelles), soit à préparer l'avant-trou qui recevra la cheville (machine à cheviller les bonbouts) − et qui entraîne la chaussure d'un espacement qui détermine la longueur du point ou l'intervalle des chevilles.`` (Chauss. 1969).
B.− P. ext. [P. anal. avec la forme de l'instrument]
1. Arg., subst. fém. plur. (H)alènes. ,,Instruments de vol et d'assassinat : Balance tes halènes, cesse d'être voleur.`` (Chans. du Gouépeur, 1836 ds Esn. 1965).
Rem. Attesté aussi ds France 1907.
2. BOT. Feuilles en alêne. ,,Voyez Subulé.`` (Ac. 1835-1932).
Rem. S'emploie aussi à propos d'autres organes végétaux en forme d'alène :
5. Chaque fleur [femelle de pin] a deux petits ovaires et un style en alène terminé par un stigmate simple. J.-J. Baudrillart, Nouveau manuel forestier,trad. de Burgsdorf, 1808, p. 387.
3. ICHTYOL., vieilli. Nom vulgaire donné dans le Midi de la France à une espèce de raie à museau pointu :
6. Daubenton, collaborateur de Buffon, a même consacré ce nom, la raie alêne. Cette raie porte encore les noms vulgaires de raveuse, flossade, gilioro, lentillade et sol. Besch.1845.
Rem. Attesté ds Baudr. Chasses 1834, Ac. Compl. 1842, Bouillet 1859, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.
4. ZOOL., vx, rare.
a) ,,Genre de coquilles établi par de Blainville aux dépens du genre terebra de Lamarck. Ce genre n'a pas été adopté. V. Buccin.`` (Besch. 1845).
b) Nom marchand de plusieurs coquilles univalves du genre buccin. (Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845).
Rem. Sur ce mot est formé le subst. masc. alénier, alênier : « celui qui fait ou vend des alênes »; attesté ds de nombreux dict. dont Ac. 1798-1932, Besch. 1845, etc.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alεn]. Passy 1914 transcrit [ε] ouvert mi-long; Barbeau-Rodhe 1930 signale la possibilité d'une prononc. avec [ε] ou [ε:] long. Pour Grammont Prononc. 1958, pp. 37-38, cet [ε] peut être long mais moins long que devant une consonne allongeante. − Rem. L'ensemble des dict. de la fin du xviiieet du xixes. transcrivent [ε:] ouvert long. 2. Homon. : allène, haleine. 3. Dér. et composés : aléné, alénier. 4. Forme graph. − La plupart des dict. écrivent le mot avec un accent circonflexe. Ac. 1798, Gattel 1841, Ac. Compl. 1842 et Nouv. Lar. ill. l'écrivent avec un accent grave.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1180 alesne « sorte de poignard, stylet » (Partonopeus de Blois, 2965 ds Gdf. Compl. : Une autre a son arçon pendue, Et d'autre part sa biesague Et sa misericorde a çainte : D'orfrois estoit par le haut çainte, Et une alesne bien poignant); en a. fr. seulement; 2. 1190-1220 alaisne « poinçon de fer dont on se sert pour percer et coudre le cuir » (Amadas et Ydoine, éd. Hippeau, 2078 ds T.-L. : Ou croc d'une alaisne petit Entraissent bien sans contredit); 1209 alesne « id. » (Renclus de Moiliens, Miserere, 137, loc. cit. : De l'alesne sen uel quassa, Dont il cousoit se cauchemente); d'où p. ext. 3. a) 1558 ichtyol. id. « raie aiguille » (L. Joubert, Trad. de l'Hist. entière des poissons de G. Rondelet, XII, 6 ds Gdf. Compl. : La troisieme espece de raie lize a le bec lonc et pointu, pour ceste raison en Languedoc aucuns l'appellent alesne). − 1898 (Nouv. Lar. ill. t. 1 : Alène [...] Nom vulgaire donné sur les côtes du Languedoc à une espèce de raie à museau aigu); b) 1835 bot. feuilles en alêne « feuilles subulées, fines, pointues comme une alêne » (Ac. : [...] En Botan., Feuilles en alêne. Voyez Subulé). − 1932, Ac. Empr. au germ. *alisnō « alêne, poinçon », prob. introd. par les mercenaires de l'armée et véhiculé par le lat. vulg. av. les invasions du ves., étant donné l'existence et l'ancienneté de ce terme de métier dans presque toutes les lang. romanes : a. prov. alena, ital. lesina, cat. alena, esp. alesna, lezna. Cf. FEW t. 151, s.v. alisnō, Brüch, Der Einfluss der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein, 1913, p. 63. À juste titre Brüch ds Z. fr. Spr. Lit., t. 49 1947, pp. 291-292 écarte l'hyp. d'un empr. au got., le mot, en fr., étant répandu autant au nord qu'au sud de la Loire. En outre le mot apparaît plus tôt en fr. qu'en a. prov. Un empr. au frq. semble improbable, les mots de cette lang. ayant pu passer en prov. mais non dans les autres lang. romanes. Le germ. *alisno, passé en lat. (1redéclinaison), a presque totalement évincé le lat. subula que l'on ne retrouve plus actuell. que dans l'adj. sav. fr. mod. subulé, synon. plus usité de l'adj. aléné*. Le germ. *alisnō est formé d'un suff. -isnō et d'un rad. *ala- (cf. a. nord. alr « alêne » De Vries Nederl. 1963, s.v. els2et De Vries A. nord. 1962, s.v. alr), forme apophonique du germ. *ēlō (cf. a. h. all. āla, m. h. all. āle, all. mod. Ahle « alêne », Kluge 1967). Ce même germ. *alisnō, apr. la métaphonie par -i, est à l'origine du m. néerl. elsene, néerl. els, FEW, loc. cit., p. 17 note 7. Alênier. xvies. allesnier (Complainte du commun peuple contre les taverniers, Poés. fr. des XVeet XVIes., V, 95 ds Gdf. Compl. : N'a pas long temps, en mangeant d'une tourte, Je fus trompé d'aucuns fins allesniers).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 15.
BBG. − Bar 1960. − Baudr. Pêches 1827. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Bréz. Pierre 1968. − Bruant 1901. − Chauss. 1969. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Esn. 1965. − Fér. 1768. − France 1907. − Hanse 1949. − Le Roux 1752. − Sommer Suppl. 1882. − Thomas 1956.