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ALLÉGUER, verbe trans.
A.− Citer un texte, un passage, un fait comme preuve de ce qu'on affirme.
1. Au sens juridique :
1. Les faits que j'ai allégués contre vous sont de notoriété, ils forment la preuve de vos attentats. Marat, Les Pamphlets,Dénonciation contre Necker, 1790, p. 120.
2. P. ext. :
2. Et puis l'Écriture, et les Pères, et les sermons de Massillon appartiennent aux honnêtes gens. Les écrivains ne doivent pas s'en servir pour se justifier. Développement de cette proposition appliquée à l'auteur d'un roman condamné, qui osa dernièrement alléguer l'Évangile. P.-L. Courier, Pamphlets politiques,Procès de Paul-Louis Courier, 1821, p. 101.
3. Pour la plupart des psychologues modernes, l'estimation du temps dépend principalement de la richesse affective des états de conscience, et ils allèguent le fait que, dans maintes névroses et intoxications, la notion du temps subit des dilatations ou des contractions singulières : le sujet a parfois l'impression que les années s'envolent comme des jours, ou que les jours rampent comme des années. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 124.
B.− Mettre en avant, s'appuyer sur (un fait, plus ou moins bien établi, une preuve mal fondée...) :
4. Dans mon interrogatoire sommaire, se disait-il, j'ai fait l'espagnol parlant mal le français, se réclamant de son ambassadeur, alléguant les privilèges diplomatiques et ne comprenant rien à ce qu'on lui demandait, tout cela bien scandé par des faiblesses, par des points d'orgue, par des soupirs, enfin toutes les balançoires d'un mourant. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 381.
5. Frédéric allégua une affaire urgente, puis courut à Auteuil. G. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 88.
6. ... l'Allemagne, encouragée par la défaite que le Japon venait d'infliger aux Russes en Mandchourie, allégua que l'accord franco-anglais avait lésé ses intérêts et réclama une conférence internationale sur la question du Maroc. Guillaume II, débarqué à Tanger, y prononça des paroles menaçantes. J. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 250.
7. Nous avons beau alléguer que les conditions externes étaient jadis très différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui, à vrai dire, nous ne savons pas trop de quoi nous parlons quand nous nous reposons sur ces conditions favorables à la formation du protoplasme. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 192.
Pronom. passif, peu us. S'alléguer.Être allégué, mis en avant. Ces faits s'allèguent quand...
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [al(l)ege], j'allègue [ʒal(l)εg]. Passy 1914, Dub. et Pt Lar. 1968 transcrivent le mot avec un seul [l]; Warn. 1968 transcrit [ll] double; Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob. et Harrap's 1968 donnent les 2 possibilités de prononc. En ce qui concerne la prononc. des consonnes doubles, Grammont Prononc. 1958, pp. 90-91 fait observer que ,,La prononciation d'une consonne double à l'intérieur d'un mot est contraire au génie de la langue, puisqu'elle a simplifié toutes les consonnes doubles dans les mots de son vieux fonds; elle n'est acceptable que dans les mots tout à fait savants et rares ou spéciaux (...); elle est très choquante lorsqu'il s'agit de mots fréquemment employés et qui ont pénétré dans l'usage courant, comme : sommet, grammaire, nommer, arrêt, terrible, année, prudemment, affaire, suffire, appas, appeau, abbaye, attaquer, addition, accabler, aggraver. Pour d'autres il y a hésitation : immeuble, immense, immoler, commisération, commentaire, annales, innovation, inné, alléguer, illustre, collège, illogique, etc.``. − Rem. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, transcrivent le mot avec un seul [l], Land. 1834, Littré et DG notent [ll] double. Enq. : /ale2g/. Conjug. parler. 2. Forme graph. − Pour la répartition des graph. é/è dans le paradigme verbal, cf. abréger.
Étymol. ET HIST. − 1. 1273 dr. « citer comme autorité » (Etabl. de S. Louis, II, XIV, p. 364 ds Gdf. Compl. : Por auleguer son privilege); 2. 1393 « mettre en avant, s'appuyer sur (un fait, un argument) » (Ménagier de Paris, éd. La Sté des Bibliophiles françois, I, 126 ds T.-L. : allegoient ...plusieurs raisons l'un contre l'autre); id. « invoquer comme justification » (Id., I, 130 ibid. : les exemples dessus allegués). Empr. du lat. allegare, attesté dep. Plaute, Amph., 183 ds TLL, 1666, 73 au sens « déléguer, envoyer qqn », empl. en ce sens dans la lang. judiciaire : Cic., Phil., 5, 14, ibid., 1667, 5, quemadmodum ad hunc [nequinimum judicem] reus adleget [quemquam]?; au sens de « produire, invoquer (un fait, un argument) » : Quint., Inst., 4, 1, 13, ibid., 1667, 55, litigatoris persona tractanda varie est : nam tum dignitas ejus adlegatur, tum commendatur infirmitas; d'où son emploi en ce sens dans la lang. judiciaire dep. Ulpien et Papinien, cf. lat. médiév. an. 1209, Chart. cell. Paulin., 50, p. 62, 5 ds Mittellat. W. s.v., 470, 42 : parte nostra adversa multa in contrarium allegante.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 536. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 856, b) 522; xxes. : a) 1 215, b) 504.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Caput 1969. − Dup. 1961. − Guizot 1864. − Kold 1902. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Spr. 1967. − Synon. 1818.