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ALLOCUTION, subst. fém.
A.− ANTIQ. et HIST.
1. Harangue, exhortation d'un chef à ses troupes :
1. Si les bulletins, les discours, les allocations, les proclamations de Bonaparte se distinguent par l'énergie, cette énergie ne lui appartenait point en propre; elle était de son temps, elle venait de l'inspiration révolutionnaire... F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 643.
2. Enthousiasmé par les deux Henri IV. Avec Henri V, j'ai dû beaucoup déchanter. C'est une des moins bonnes pièces de Shakespeare, médiocre et même nettement mauvaise par endroits, relevée seulement par l'admirable allocution du roi avant la bataille d'Azincourt. A. Gide, Journal,1943, pp. 232-233.
NUMISM. Médaille romaine représentant un chef haranguant ses soldats.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. généraux.
2. ,,Au moyen âge, se disait des lettres par lesquelles les rois de France annonçaient aux provinces du royaume l'arrivée des plénipotentiaires appelés « Missi dominici ».`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté également ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Littré et Guérin 1892.
3. Vx. Discours du pape aux cardinaux assemblés en consistoire.
Rem. N'est attesté que ds Besch. 1845 et Guérin 1892.
P. ext. :
3. L'ouvrage achevé, le pape le remit, le 24 mai 1813, au colonel Lagorsse et le chargea de le porter à l'Empereur. Il fit lire en même temps une allocution aux divers cardinaux qui se trouvaient près de lui : il regarde comme nul le bref qu'il avait donné à Savonne et le Concordat du 25 janvier. « Béni soit le Seigneur, dit l'allocution, qui n'a pas éloigné de nous sa miséricorde! Il a bien voulu nous humilier par une salutaire confusion. À nous donc soit l'humiliation pour le bien de notre âme; à lui dans tous les siècles l'exaltation, l'honneur et la gloire! » F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 471.
B.− P. ext., cour. Petit discours de circonstance :
4. Melchior était en habit noir et en cravate blanche à nœud mélancolique; il allait commencer, après une petite allocution aux dames, la lecture du poëme déjà lu tant de fois, lorsqu'un nouveau couple retardataire entra subitement au milieu de l'assemblée. H. Murger, Scènes de la vie de jeunesse,1851, p. 238.
5. Combien faut-il de notaires, de marchands, d'ingénieurs, de voyageurs et de commis voyageurs pour faire un public et juger un artiste? − Moi aussi, dit-il, j'ai assisté l'autre jour à l'enterrement civil d'un de mes agents. J'ai même prononcé, non pas un discours, mais une petite allocution. J. Renard, Journal,1905, p. 1019.
6. Hier soir nous avons entendu avec stupeur à la radio la nouvelle allocution de Pétain. Se peut-il? Pétain lui-même l'a-t-il prononcée? Librement? On soupçonne quelque ruse infâme. Comment parler de France « intacte » après la livraison à l'ennemi de plus de la moitié du pays? Comment accorder ces paroles avec celles, si nobles, qu'il prononçait il y a trois jours? Comment n'approuver point Churchill? Ne pas donner de tout cœur son adhésion à la déclaration du général de Gaulle? Ne suffit-il pas à la France d'être vaincue? Faut-il en plus qu'elle se déshonore? A. Gide, Journal,1940, p. 29.
7. Ce fut la première fois qu'il sentit courir sur sa nuque le frisson que cause, aux instants solennels, la convergence des regards d'une assistance. Contre ce frisson une main vint se poser. Noël Schoudler plaçait sa large palme derrière la tête de son petit-fils. Ainsi campé, et son filet de regard noir pensivement dirigé vers le sol, il posa pour les photographes parmi les fulgurations crépitantes du magnésium. Il y eut quelques allocutions. Le champagne circula. M. Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 151.
8. ... entrant dans la salle, prenant place, prononçant mon discours après l'allocution éloquente de Georges Bidault, j'avais été l'objet d'ovations retentissantes. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 8.
Rem. 1. Prononcer, faire, commencer, terminer une allocution; adresser une − à; une petite, une belle, une brève, une touchante allocution. 2. Pour l'Ac., l'allocution est un ,,discours, en général de peu d'étendue, adressé par un supérieur à ceux qu'il commande ou qu'il dirige``. Le sens de « discours de circonstance », sans idée de hiérarchie, est enregistré ds Besch. 1845 qui ajoute toutefois : ,,petit discours quelconque où le sentiment et la passion dominent``. Lar. 19eest le premier à définir sans restriction le sens actuel du mot : ,,Discours de peu d'étendue, prononcé dans une circonstance plus ou moins remarquable.``
Prononc. − 1. Forme phon. : [al(l)ɔkysjɔ ̃]. Passy 1914, Pt Lar. 1968 transcrivent un seul [l]; Harrap's 1963, Warn. 1968 notent [l] double; Dub. et Pt Rob. donnent les 2 possibilités de prononc. − Rem. Fér. 1768 transcrit un [l]; l'ensemble des dict. du xixes. indiquent une prononc. avec [l] double. 2. Dér. : allocutionner.
Étymol. ET HIST. − 1. Apr. 1174 « harangue militaire » (B. de Ste-Maure, D. de Norm., II, 13411 ds Gdf. Compl. : Od si faites sedicions E od teus allocutions Les a deceuz), attest. isolée; sens noté comme terme d'hist. anc. ds les dict. dep. Trév. 1752, et repris comme terme mod. par Ac. 1835 : [...] Il s'emploie quelquefois en parlant Des modernes, et se dit d'Un discours adressé par un chef à ceux qu'il commande; 1752 p. ext. numism. (Trév. : [...] Allocution se dit aussi d'une médaille qui représente une allocution); 2. 1825 « petit discours » (J.-A. Brillat-Savarin, Physiol. du goût, p. 302 : M. de Borose fut enterré avec les cérémonies du rituel le plus complet ... son éloge était dans toutes les bouches, et quand une voix amie prononça sur sa tombe une allocution touchante, il y eut écho dans le cœur de tous les assistants). Empr. au lat. adlocutio « discours » (Sénèque, Dial., 11, 1, 3 ds TLL s.v., 1691, 4 : novis verbis nec ex volgari et cotidiana sumptis adlocutione opus erat homini ad consolandos suos); « harangue militaire » (Suétone, Tib., 23, ibid., 1691, 8 : coacto senatu incohataque adlocutione); la représentation du chef militaire prononçant une harangue est très fréq. sur les monnaies impériales, voir TLL s.v., 1691, 11 à 28 et Der kleine Pauly, t. 1, 1964, col. 67.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 147.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Dup. 1961. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 271. − Goug. Mots t. 2 1966, pp. 61-62. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Lavedan 1964. − Prév. 1755. − Spr. 1967.