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ALEXANDRIN2, INE, adj. et subst. masc.
A.− Emploi adj. Qualifie le vers de douze syllabes (quand la rime est masculine) ou de treize syllabes (si l'on compte l'e de la rime féminine), appelé aussi vers héroïque ou grand vers :
1. N'en doutez pas, si un écrivain aussi parfait eût été forcé de mettre sur la scène tragique un sujet tout moderne, il eût employé le mot simple et eût rompu le balancement régulier et monotone du vers alexandrin, par l'enjambement d'un vers sur l'autre; il eût dédaigné l'hémistiche. Et peut-être même (ce que nous n'osons pas) réintégré l'hiatus, ... A. de Vigny, Lettre à Lord*** sur la soirée du 24 octobre 1829, 1829, p. 274.
2. Il y a (...) dans le vers [alexandrin] classique certains éléments fixes et immuables, certains éléments susceptibles de variété. La coupe qui sépare les deux hémistiches ne peut pas être déplacée : elle tombe obligatoirement après les six premières syllabes et coupe le vers en deux parties égales comme nombre de syllabes (...). Chaque demi-vers est aussi divisé en deux parties ou mesures, se terminant chacune sous un temps marqué ou accent rythmique. (...) mais le nombre des syllabes de chaque mesure peut varier de 1 à 5. M. Grammont, Petit traité de versification française,1908, pp. 88-89.
B.− [Empl. de préférence substantivement] Employer l'alexandrin dans un poème (Ac. 1835-1932) :
3. Des alexandrins bien ronflants sont un cache-sottise... Stendhal, Vies de Haydn, Mozart et Métastase,1817, p. 258.
4. ... nécessairement, il y a du tour de force dans l'exécution de ce raccourci qui consiste à emprisonner sous les douze syllabes d'un alexandrin une idée dont la transcription naturelle est autre; ... P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, pp. 100-101.
5. Les vers m'ennuient, l'alexandrin est usé jusqu'à la corde; le vers libre est informe. Le seul poète qui me satisfasse aujourd'hui, c'est Rimbaud. A. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, pp. 1149-1150.
Rem. Syntagmes fréq. alexandrin épique, grave, harmonieux, héroïque, majestueux, noble.
Prononc. : [alεksɑ ̃dʀ ε ̃], fém. [-in]. Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930 attribuent à l'avant-dernière voyelle une demi-longueur. − Rem. Fér. est le seul des auteurs ant. à Passy 1914 à relever cette longueur, en 1768 et 1787.
Étymol. ET HIST. − 1. 1411-1432 adj. rime alexandrine « vers de douze syllabes » (Règles de la seconde rhétorique, éd. E. Langlois [Recueil d'arts de seconde rhétorique, Paris, 1902, pp. 28-29] cité par Knud Togeby, Hist. de l'alexandrin fr. ds Immanence et structure, recueil d'articles publ. à l'occasion du 50eanniversaire de K. Togeby, Copenhague, 1968, R. rom. nospéc. 2, p. 225 : Rime alexandrine, pour faire rommans, est pour le present de douze silabes chascune ligne en son masculin et de XIII ou feminin, et sont a ceste exemple : « Seignors, or faites pais, pour Dieu le roy divin »... Après sont aultres diz faiz de ceste rime alexandrine, et en fait on tout communement diz de Vies de sains, ou aucuns traitiez d'amours, et se mettent 4 et 4, a l'exemple du Testament maistre Jehan de Meun, et ausi de la Vie Florence de Romme et de saint Alexis); 1432 ligne alexandrine (Baudet Herenc, Doctrinal de la seconde rhétorique, cité par E. Langlois, op. cit., pp. 28-29, ibid. : Cy s'ensuivent les tailles de lignes alexandrines. Et sont dittes lignes alexandrines pour ce que une ligne des fais du roy Alexandre fu fait de ceste taille); 2. 1611 subst. (Cotgr. : Alexandrin. A verse of 12, or 13 sillables). Dér. du nom d'Alexandre le Grand, le dodécasyllabe étant utilisé ds le Roman d'Alexandre (fin xiie-début xiiies.). Bien que l'alexandrin ait été antérieurement utilisé − en fr. dès 1120-1150 ds Li ver del Juïse et av. 1150 ds la Chanson d'Antioche et ses 2 suites la Chanson de Jérusalem et les Chétifs − en prov. dès 1130-1145 ds la Canso d'Antiocha, le nom d'alexandrin est issu du Roman d'Alexandre, car c'est le seul ouvrage où le dodécasyllabe s'emploie avec des rimes plates, les alexandrins rimant deux par deux [dans les chansons de geste les alexandrins sont groupés en laisses, dans les poèmes relig. en strophes, surtout en quatrains], d'apr. Togeby, op. cit., p. 226; voir aussi Porter ds Mod. Lang. Notes, t. 51, pp. 528-535.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 293. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 378, b) 206; xxes. : a) 452, b) 540.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Laurent (P.). Contribution à l'histoire du lexique français. Romania. 1925, t. 51, p. 33. − Morier 1961. − Nysten 1814-20. − Porter (M. E.). The Genesis of Alexandrin as a metrical term. Mod. Lang. Notes. 1936, t. 51, pp. 528-535. − Prév. 1755.