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ALÉRION, subst. masc.
A.− ORNITHOLOGIE
1. Vx. Sorte de grand aigle :
1. Et le char vision, tout baigné de vapeur, Montait; les quatre vents n'osaient souffler, de peur De voir se hérisser le poitrail des quatre aigles. (...) Isis montrait ce char à Cybèle sa sœur. Dans les temples profonds de Crète et de Tyrrhène, Les dieux olympiens à la face sereine Écoutaient l'affreux vol des quatre alérions. V. Hugo, La Fin de Satan,Glaive avec le bois de l'arche, 1885, pp. 801-802.
P. ext. [Par réf. aux ailes de Pégase] Surnom donné par quelques auteurs à Pégase :
2. C'était le grand cheval de gloire, Né de la mer comme Astarté, À qui l'aurore donne à boire Dans les urnes de la clarté; L'alérion aux bonds sublimes, Qui se cabre, immense, indompté, Plein du hennissement des cimes, Dans la bleue immortalité. V. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,Le Cheval, 1865, p. 7.
3. Oh! Qui a vu le cheval Pégase, Ce matin dans un savart que les bochets rouillés entourent? Cette neige, quand elle descendit, a resplendi comme l'alérion! Jamais vous n'avez vu une pareille bête! Un cheval ayant des ailes comme un aigle, ... P. Claudel, Tête d'or,1reversion, 1890, p. 119.
Au fig. [En parlant d'un guerrier] Héros admiré pour ses triomphes militaires :
4. Pour qu'il fût descendu moribond de sa couche, il fallait qu'il eût subi, le malheureux, une tyrannie de fer, et c'était évidemment pour l'y voir anéantir qu'on l'avait forcé à se rendre dans la carrière où si souvent il avait triomphé. Bien, fort bien; oui, mais on avait compté sans le peuple souverain, et celui-ci, non! ne permettrait pas qu'il agonisât et mourût là, achevé par un vermisseau, cet alérion. L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 72.
2. P. anal. Nom vulgaire du martinet noir.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892.
B.− HÉRALD. et domaine de l'emblématique, gén. au plur. Petite(s) aigle(s) représentée(s) les ailes étendues, le vol abaissé, sans bec ni pattes et figurant sur les armoiries de certaines familles nobles ou de certaines villes ou provinces :
5. Un coin de l'écusson était occupé par l'aigle de la maison de Habsbourg, Madame la comtesse de Commercy appartenait, en effet, à la maison de Lorraine, mais à une branche aînée, injustement dépossédée, et par une conséquence peu claire, se croyait plus noble que l'empereur d'Autriche. En écoutant ces belles choses, Lucien, persuadé qu'on le regardait et craignant par-dessus tout le rire fou, étudiait attentivement les alérions de Lorraine, frappés sur la couverture avec des fers à froid. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 190.
6. La maison de Lorraine portait d'or à la bande de gueules, chargée de trois alérions d'argent. La maison de Montmorency portait 16 alérions en mémoire d'autant de drapeaux pris sur l'ennemi. Bouillet1859.
7. J'avais trop affaire d'esquiver la machine roulante pour voir si elle était historiée de lions léopardés ou issants, d'alérions ou de merlettes, de besans ou de tourteaux, de croix cléchées ou vivrées, ou de tous autres emblèmes. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 300.
Prononc. : [aleʀjɔ ̃].
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1131 ornith. alerion « grande espèce d'aigle » (Coron. Looys, 961, éd. Jonckbloet, Guill. d'Or., ds Gdf. : Un dart molu tenoit li gloz felon, Envers Guillaume le lança de randon; Si bruit li cops comme un alerion). − entre 1555 et 1605 aillerion « id. » (J. Vauquelin de La Fresnaye, Satires, II, à Cl. Groul., in fine, loc. cit.); b) 1767 alérion id. « martinet noir » (Salerne, Hist. naturelle des oiseaux, p. 207 : Le grand Martinet s'appelle autrement grande Hirondelle ou Hirondelle noire, Martelet, Alérion, Moutardier). − 1892 id. (Guérin : Alérion [...] Ornith. Nom vulg. du martinet noir); d'où 2. 1581 hérald. allelyon, allerion « petite aigle au vol abaissé et représentée sans bec ni pattes » (H. de Bara, Le Blason des armoiries auquel est montrée la manière de laquelle les anc. et mod. ont usé en icelles, p. 90 : Aiglettes, ainsi dites, lors qu'il s'en trouve plusieurs ensemble en un escu, et d'aucuns sont nommez allelyons − et pour mieux dire allerions − qui a esté mal entendu et praticqué, car les allerions n'ont jamais en armes, bec, jambes, ne pieds, ce que les aiglettes ont, et en cela est leur difference, comme il se peut voir és anciennes et illustres armes de Lorraine). Empr. à l'a. bas frq. *adalaro « aigle », cf. all. mod. Adler, a. h. all. adelâr « aigle noble » (Graff t. 1 1834, col. 432 : Adel-Are, m. Adler, aquila, Cod. windobon, 460, 12es.) ou plus exactement à un a. bas frq. *aδalarjo. Cette forme second. (FEW t. 151, s.v. *aδalaro) permet enfin d'expliquer la finale -ion du mot fr. L'a. bas frq. *aδalarjo a sans doute donné naissance à une forme fr. prélittéraire *alairon qui, sous l'influence de ce frq. *aδalarjo toujours en usage à la même époque dans cette aire ling. du nord de la France, restée longtemps bilingue, a abouti à la forme fr. alérion.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 13.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Grandm. 1852. − Le Roux 1752. − Prév. 1755.