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AIMANT2, subst. masc.
A.− SCIENCES
1. MINÉR., vieilli. Aimant naturel ou pierre d'aimant. Oxyde de fer naturel ou magnétite − minéral de couleur généralement noire, ayant la propriété d'attirer le fer et quelques autres métaux en leur communiquant cette propriété :
1. Nous avons des microscopes qui font paraître les objets six mille fois plus gros qu'ils ne le sont. Une puce paraît plus grosse qu'un mouton dans le microscope solaire. Cependant cet instrument ne peut nous faire voir une particule élémentaire d'air ou même d'eau : comment donc pourrait-il nous faire apercevoir le fluide qui environne une pierre d'aimant, et qui attire à elle, à plusieurs pouces de distance, des particules de fer? Il y a plus, ce fluide magnétique qui agit sans cesse autour de cette pierre se communique à l'infini sans s'affaiblir. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 143.
2. Mais ce qui est pour elles [les bohémiennes] une source de grands profits, c'est la vente des charmes et des philtres amoureux. Non seulement elles tiennent des pattes de crapauds pour fixer des cœurs volages, ou de la poudre de pierre d'aimant pour se faire aimer des insensibles; mais elles font au besoin des conjurations puissantes qui obligent le diable à leur prêter son concours. P. Mérimée, Carmen,1847, p. 78.
3. C'était ce minerai oxydulé qui, se rencontrant en masses confuses d'un gris foncé, donne une poussière noire, cristallise en octaèdres réguliers, fournit les aimants naturels, et sert à fabriquer en Europe ces fers de première qualité, dont la Suède et la Norvège sont si abondamment pourvues. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, pp. 134-135.
4. Les navigateurs qui ont parcouru les mers de pourpre, au-delà du Gange, racontent qu'ils ont vu, sous les eaux, des roches qui sont de pierre d'aimant. Quand les vaisseaux passent auprès d'elles, les clous et les ferrures s'arrachent vers la falaise sous-marine et s'unissent à elle à jamais. P. Louÿs, Aphrodite,1896, p. 47.
Spéc. Aimant de Ceylan. Nom donné à la tourmaline, terme désignant un ensemble de minéraux (cf. Lar. encyclop.).
2. PHYS. Aimant artificiel ou aimant. Pièce de fer, etc., généralement en forme de barreau ou de fer à cheval, ayant acquis artificiellement (par friction, courant électrique, etc.) la propriété d'attirer le fer et autres métaux, de former un champ magnétique et employée dans l'étude des champs magnétiques, la construction de boussoles, pour la détection du fer, etc. :
5. On pourroit penser d'après cela qu'au fond toutes les parties du système nerveux sont homogènes et susceptibles d'un certain nombre de fonctions semblables, à peu près comme les fragmens d'un grand aimant que l'on brise deviennent chacun un aimant plus petit qui a ses pôles et son courant; ... G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 2, 1805, p. 95.
6. Les appareils électriques produisent, toutes choses égales d'ailleurs, d'autant plus d'effet, qu'on s'en sert plus habituellement; et les aimans artificiels sont susceptibles d'acquérir, par la simple continuité d'action, une force très-supérieure à celle qu'ils avaient reçue d'abord. P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme,t. 2, 1808, p. 352.
7. Les aimants en général, pierre d'aimant ou barreaux artificiels, sont des substances où le courant électrique ci-dessus, appelé souvent particulaire, a reçu une orientation constante, en sorte que les courants des diverses molécules sont parallèles et de même sens. Le parallélisme de ces courants est dû à l'aimantation, c'est-à-dire à une action d'influence. H. Tscheuschner, La Prévision du temps sans instrument,1919, p. 7.
Vx. Aiguille aimantée de la boussole :
8. M. Le Monnier, de l'Académie des sciences a cherché à déterminer la longitude du cap de la Circoncision par la théorie des déclinaisons de l'aiguille aimantée; et il fixe cette longitude entre 1 et 2 degrés à l'Orient de Paris. (...) Mais (...) les différences de méridiens déduites des observations de la déclinaison de l'aimant, ne peuvent être que des approximations assez incertaines, (...). Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 154.
Spécialement
Aimant électrique. Solénoïde (Ch. Renouvier, Essais de critique générale, 3eessai, 1864, p. 74).
Aimant nucléaire. ,,Du fait de son pivotement (rotation ou spin), le noyau atomique, chargé positivement, est assimilable à un aimant dont les lignes de force ont le sens indiqué en électricité.`` (Charles 1960, p. 14).
Aimant permanent/temporaire. ,,Un aimant temporaire est un corps ferromagnétique qui perd sa polarité après suppression du champ magnétique extérieur. Un aimant permanent au contraire conserve une grande partie de sa polarité après suppression du champ extérieur.`` (Électron. 1960, p. 10).
Rem. Attesté également ds Uv.-Chapman 1956, Bader-Th. 1962.
Aimant solénoïdal. ,,Barreau aimanté cylindrique, ayant une aimantation uniforme parallèle à son axe. (Il crée dans l'espace extérieur un champ magnétique identique à celui que produirait un solénoïde placé le long de sa surface latérale).`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968, s.v. solénoïdal).
Aimant terrestre. ,,Se dit de la terre, considérée comme un vaste aimant.`` (Nouv. Lar. ill.).
Armature ou armure de l'aimant. Plaque de fer doux couvrant l'aimant pour conserver ou augmenter sa puissance.
Rem. Attesté ds Besch. 1845, Bouillet 1859, Privat-Foc. 1870, Nouv. Lar. ill., Rob.
.Attraction de l'aimant. Faculté d'attirer le fer, etc.
Rem. Attesté ds Land. 1834, Besch. 1845.
Communication de l'aimant. Faculté de transmettre ses propriétés au fer, etc.
Rem. Attesté ds Land. 1834, Besch. 1845, Lar. 20e.
Déclinaison de l'aimant. ,,Déviation de l'aimant du vrai nord.`` (Land. 1834; il s'agit de l'aiguille aimantée, ex. 8).
Ligne neutre de l'aimant. Partie de l'aimant où la force magnétique est insensible.
Rem. Attesté ds Bouillet 1859, Lar. 20e.
Masse magnétique, moment magnétique de l'aimant. ,,La grandeur caractérisant l'intensité des actions qu'un aimant peut exercer ou subir est appelée moment magnétique : c'est le produit d'une grandeur caractérisant chaque pôle − sa masse magnétique − par la distance des pôles.`` (Lar. 3).
Pôles de l'aimant. Les deux parties extrêmes de l'aimant où s'exerce le maximum de force attractive (cf. ex. 5).
Répulsion de l'aimant. Propriété de repousser un autre aimant présenté par un pôle semblable.
Rem. Attesté ds Land. 1834, Besch. 1845, Rob.
.Armer un aimant. Conserver ou augmenter sa puissance en le couvrant d'une plaque de fer doux.
Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932, Besch. 1845, Littré, Rob.
.Nourrir un aimant. ,,Augmenter sa force en augmentant graduellement la charge qu'il supporte.`` (Nouv. Lar. ill.).
3. CHIM., vx. Aimant arsenical. ,,Mélange à parties égales de soufre, d'antimoine et d'arsenic, par la fusion.`` (Besch. 1845).
Rem. Attesté également ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e.
B.− P. compar. ou métaph., littér. Ce qui attire, moyen d'attirer.
1. [En parlant d'une chose concr.] :
9. Je pris donc le parti de tâcher d'attirer à bord des bateaux chinois qui naviguaient à notre portée; je leur montrai des piastres, qui m'avaient paru être un puissant aimant pour cette nation; mais toute communication avec les étrangers est apparemment interdite à ces habitants. Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 154.
10. Les sauvages s'approchaient peu-à-peu pour examiner l'étendard de paix, élevé dans la solitude; un aimant secret sembloit les attirer à ce signe de leur salut. F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 431.
11. Du côté de l'ouest, au bout des lointains, je cherchais des yeux la mer qui, parfois, quand on était allé très loin, montrait au-dessus de ces lignes déjà si planes, une autre petite raie bleuâtre plus complètement droite, − et attirante, attirante à la longue comme un grand aimant patient, sûr de sa puissance et pouvant attendre. P. Loti, Le Roman d'un enfant,1890, pp. 31-32.
2. [En parlant d'une chose abstr.] :
12. Le cœur est un aimant qui a, comme nous l'avons dit, deux pôles opposés, l'un qui attire, et l'autre qui repousse, l'amour et l'ambition. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 313.
13. Gardons-nous de dire de ce dieu antique de l'honneur que c'est un faux dieu, car la pierre de son autel est peut-être celle du dieu inconnu. L'aimant magique de cette pierre attire et attache les cœurs d'acier, les cœurs des forts. A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 219.
3. [En parlant d'une ou de plusieurs pers.] :
14. Dans le village, des bandes de poilus passent, ou des couples, liés par les liens entre-croisés du dialogue. On voit des isolés se joindre deux à deux, se quitter, puis, pleins encore de conversations, se rejoindre à nouveau, attirés l'un vers l'autre comme par un aimant. H. Barbusse, Le Feu,1916, p. 93.
15. Puis il passait dans son bureau. Et Wilfrida et Karelina s'y rendaient avec lui, comme s'il avait été l'aimant, le pôle attractif de toute la maison. M. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, pp. 82-83.
16. Deux jeunes femmes seules, habitant ensemble, attirent vers elles hommes et femmes comme un aimant. L'aimant, un si joli mot, et qui dit si bien ce qu'il veut dire. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 318.
Rem. 1. Dans l'ex. suiv. l'image est celle du champ magnétique de l'aimant :
17. Du haut de soi-même il vit les choses du monde bouger, s'ordonner autour de lui à la façon d'une limaille autour d'un aimant; et les sommets de sa vie allaient s'allumant l'un après l'autre comme les feux de liaison des cohortes se répondaient dans la nuit romaine. H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 81.
Rem. 2. Arg. Faire de l'aimant. ,,Faire des protestations d'amitié pour mieux duper.`` (France 1907). ,,Chercher à attirer l'attention.`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 7). Jeter de l'aimant. ,,Affecter de grands airs.`` (A. Bruant, Dict. français-argot, 1905).
Prononc. − 1. Forme phon. : [εmɑ ̃]. Initiale [e] ds Passy 1914 et Pt Lar. 1968. − Rem. Antérieurement à Passy 1914, les dict. indiquent successivement [e], puis [ε] (à partir de Nod. 1844), comme pour aimable. 2. Homon. : aimant adj. et part. de aimer.
Étymol. ET HIST. − 1. 1121-1135 « diamant » (Ph. de Thaün, Bestiaire, éd. E. Walberg, 2941 : Deus en guise d'aïmant fu Puis que en char fut aparu, Kar fers ne fus, aciers ne piere Ne li unt [des] fait sa maniere). − 1380, B. de Sebourg ds Gdf. Compl.; 2. a) 1275 « minerai de fer oxydé qui a la propriété d'attirer le fer, (aimant naturel) » (G. de Lorris et J. de Meung, Roman de la Rose, éd. Fr. Michel, 20 273 ds T.-L. : Plus se vuet vers mes euvres traire Que ne fait fer vers äimant); b) 1751 « substance qui a reçu la propriété d'attirer le fer (aimant artificiel) » (Encyclop. t. 1, p. 218 b : L'aimant peut communiquer au fer les qualités directives et attractives, et l'on doit considérer celu qui les a reçues de cette manière comme un véritable aimant..., 220 a : [...] alors il ne differe en rien de l'aimant, quant aux effets : c'est pourquoi on le nomme aimant artificiel). Dér. du lat. pop. *adimas, -antis, forme dissimilée du lat. class. adamas, -antis, attesté dep. Virgile, Aen., 6, 552 ds TLL, s.v. 565, 60 au sens « fer très dur »; dep. Manilius, 4, 926, ibid., 566, 7 au sens « pierre précieuse ». Le sens 2 développé seulement en gallo-roman (a. prov. aziman, xiies., Rayn. p. 162 a) est prob. le résultat de l'emploi dans les lapidaires où pierre d'aimant et diamant étaient caractérisés par leur dureté. Cf. les formes adamas et adamant « diamant » Ph. de Thaün ds Gdf., s.v. adamant et la forme ayement (xiiies. ds T.-L.) issue du croisement entre lat. adamas et diamas, diamant*. Forme fr. mod. aimant, dissyllabique, dep. xvies., Hug.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 310. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 503, b) 643; xxes. : a) 367, b) 323.
BBG. − Arnaud 1966. − Bader-Th. 1962. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Charles 1960. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Daire 1759. − Duval 1959. − Électron. 1963-64. − Fér. 1768. − France 1907. − Galiana Déc. sc. 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, p. 343. − Laborde 1872. − Laitier 1969. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1814-20. − Pétrol. 1964. − Pir. 1964. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Siz. 1968. − Sommer Suppl. 1882. − Tondr.-Vill. 1968. − Uv.-Chapman 1956. − Will. 1831.