Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AIGUIÈRE, subst. fém.
A.− Vase élégant avec anse et bec, pouvant affecter les formes les plus diverses, destiné à contenir de l'eau (parfumée ou non) pour l'ablution des doigts ou des mains généralement après les repas, de l'eau (tiède) pour la toilette, ou de l'eau (fraîche) pour boire, exceptionnellement du vin, du thé. Aiguière d'argent, d'or, de vermeil, etc. Synon. buire.
1. Objet de toilette :
1. Un esclave, tenant une aiguière d'or et un bassin d'argent, verse une eau pure sur les mains du prêtre d'Homère. F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 146.
2. Hiver comme été, on se levait de grand matin. À sept heures sonnantes, on déjeunait. La veuve remontait ensuite dans sa chambre à coucher, pour s'asseoir auprès d'une table sur laquelle était placée une aiguière remplie d'eau tiède. Et Anna s'approchait pour se laisser laver et habiller. P. Reider, Mademoiselle Vallantin,1862, p. 38.
3. Ils avaient couvert la table d'une nappe blanche. À droite et à gauche d'un crucifix, deux cierges y brûlaient, dans les flambeaux d'argent, montés du salon. Et il y avait encore là de l'eau bénite et un aspersoir, une aiguière d'eau avec son bassin et une serviette, deux assiettes de porcelaine blanche, l'une pleine de flocons d'ouate, l'autre de cornets de papier blanc. É. Zola, Le Rêve,1888, p. 184.
4. À ce moment, le maître d'hôtel lui présenta le bassin d'argent, au-dessus duquel il penchait l'aiguière qui contenait l'eau parfumée. C'était un vase ciselé et une coupe à double fond que Miss Bell faisait passer, selon l'usage antique, à ses convives, après le repas. Mais Choulette ne tendit pas même le bout des doigts, sous prétexte de ne point faire le geste de Pilate, mais, en réalité, parce qu'il n'aimait pas à se laver les mains. A. France, Le Lys rouge,1894, pp. 140-141.
5. Dans ces repas il était impossible d'arriver à l'ivresse autrement qu'à force de fumer. On passait des plats en quantité fastidieuse et la conversation variait à chaque détour des plats. − Ensuite, un nègre versait sur vos doigts l'eau aromatisée d'une aiguière; l'eau retombait dans un bassin. Et c'est aussi que les femmes là-bas, vous lavent après l'amour. A. Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 237.
2. Vase pour la boisson :
6. Depuis le haut chandelier kabyle (...) jusqu'aux aiguières à long col enserrant les vins dans des formes bizarres et exquises, l'appareil somptueux (...), la recherche des mets (...) révélaient l'importance du convive attendu ... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 256.
7. Ce jardin, que d'heures il y avait marché, imaginant telle présence à son côté, imaginant les demandes et les réponses! Que de fois il avait plongé son visage dans le jet de la fontaine, brûlé par cette fièvre perpétuelle qui lui faisait garder toujours sur sa table une aiguière d'eau fraîche à portée de la main! H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 9.
3. Objet de décoration :
8. C'était une vaste salle à manger comme en témoignaient de hauts dressoirs en chêne sculpté, où luisaient vaguement des blocs d'orfèvrerie : aiguières, salières, boîtes à épices, hanaps, vases à panses renflées, grands plats d'argent ou de vermeil, semblables à des boucliers ou à des roues de char, et des verreries de Bohème et de Venise, aux formes grêles et capricieuses... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 378.
9. Scali se retourna : derrière lui, sous le portrait d'Azana, un amoncellement d'argenterie d'un mètre : plats, assiettes, théières, aiguières et plateaux musulmans, pendules, couverts, vases, saisis pendant les réquisitions. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 549.
10. ... une anse d'aiguière d'argent, si la courbe s'en montre heureuse, vaut plus que l'aiguière d'or tout entière et te caresse mieux l'esprit et le cœur. A. de Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 905.
B.− HÉRALD. ,,L'aiguière paraît dans l'écu de profil, l'anse tournée à senestre, et on dit aiguières affrontées, lorsqu'il s'en trouve deux vis-à-vis l'une de l'autre.`` (Grandm.1852).
Rem. Attesté également ds Littré et Nouv. Lar. ill.
P. compar., métaph. Ce qui ressemble à une aiguière par sa forme, sa fonction :
11. L'œillet semble une cocarde. Aux chenilles de velours Le jasmin tend ses aiguières; L'arum conte ses amours, Et la garance ses guerres. V. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,Liberté, 1865, p. 244.
12. La nuit presque venue des hauteurs écoutait le poème qui était fait d'un seul chant ciselé et fidèle, d'un seul vers, d'un seul mot. Et la lune, comme une aiguière d'argent, versait sa lumière sur deux mains étonnées. M. Jouhandeau, Monsieur Godeau intime,1926, p. 192.
Prononc. ET ORTH. : [εgjε:ʀ]. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 signale que ,,Trévoux met aiguière ou Eguière``.
Étymol. ET HIST. − 1352 aiguière « vase servant à mettre l'eau, et qqf. le vin » (Cpte d'Et. de Lafontaine, fo87 ds Gay t. 1 1887 : Une aiguière d'un homme séant sur un demi cocq à une teste d'evesque − pes. 6 m. 6 o.). Empr. à l'a. prov. aiguiera, attesté dep. le xives. (Leys d'amors, fo69 ds Rayn. i, p. 40 : Plenega per aiguiera), du lat. pop. *aquaria, subst. formé à partir de l'adj. aquarius « se rapportant à l'eau » (urceos aquarios, Caton, De agricultura, 9, 10, 2 ds TLL, 366, 30), dér. de aqua « eau ».
STAT. − Fréq. abs. litt. : 78.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Bernelle (A.). Les Triplets d'aquarius. Vie Lang. 1965, no164, pp. 636-639. − Canada 1930. − Fér. 1768. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 68. − Grandm. 1852. − Hanse 1949. − Laborde 1872. − Lavedan 1964. − Mont. 1967. − Perraud 1963. − Pope 1961, § 725.