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AGACE, AGACHE, AGASSE, AGEASSE, subst. fém.
A.− ORNITH. Nom vulgaire de la pie :
1. M. Lepic mange avec lenteur, comme s'il mâchait du verre pilé. Madame Lepic, pourtant plus bavarde, entre ses repas, qu'une agace, commande à table par gestes et signes de tête. J. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 97.
2. La curiosité était le défaut de Margot, le péché mignon de toutes ses sœurs agaces, qu'elle voyait, comme elle, accourir au premier signal étranger à leur vie. L. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 178.
3. ... MgrCorlazeau avait la vue basse, et quand il rentrait, le soir, de ses tournées pastorales, il prenait ces arbres pour des paysans accourus sur son passage, et il les bénissait. Ah!... vraiment?... tu te rappelles cela? et... et ce chêne, le reconnais-tu? − Ce chêne, dit Anthime..., mais c'est le chêne des agaces, le chêne des pies. A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, pp. 202-203.
4. Murs et cloisons en sont de torchis, terre grasse mêlée de paille. On la pressait, on la pétrissait de potelet en potelet, entre les étrésillons. Les paysans appellent ce torchis : mortier « d'agasse », de pie... Cet oiseau qui niche le plus haut possible, qui recherche la cime maigre des peupliers, a besoin de bâtir un nid à toute épreuve, flagellé qu'il est l'hiver par les intempéries, et le fait de terre compacte armée de brindilles qui durcit, se polit à la pluie au lieu de couler, et résiste à tout. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 140.
Spéc., BLAS. Nom de la pie quand elle est figurée sur l'écu (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
B.− Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] :
5. ... Je sais bien que vous ne m'aimez pas! Vous l'avez toujours préférée! Oh, quand vous parlez de votre Violaine, c'est du sucre, c'est comme une cerise qu'on suce, au moment que l'on va cracher le noyau! Mais Mara l'agache! elle est dure comme le fer, elle est aigre comme la cesse!... P. Claudel, L'Annonce faite à Marie,1948, I, 2, pp. 153-154.
2. MAR. Nid d'agasse ou nid de pie. ,,Désignait autrefois un sac en filet contenant des outils. Il servait aux hommes travaillant dans le gréement ou le long de la coque... (...) Dans le langage maritime courant le nid de pie est un poste d'observation placé assez haut sur le mât avant de certains navires (en particulier les baleiniers et les phoquiers) et où se tient l'homme de vigie.`` (Gruss 1952); cf. également Nouv. Lar. ill.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [agas]. 2. Homon. et homogr. : (il) agace. 3. Forme graph. − Var. : agace, agasse; plus rarement ageasse, agache.
Étymol. ET HIST. − 1. xies. agace « pie » (Gloses du XIes., ms. Bruxelles, 10066-77, éd. R. de Cesare, ds Aevum t. 27, 1953, p. 445, selon A. Goosse ds R. belge Philol. Hist. t. 44, p. 985 : Picus. spectus inde pica. agace); ca 1288 agace « id. » (Renart le Nouvel, 163 ds Le Roman de Renart, éd. Méon, t. 4, ds T.-L. s.v. : Mehaus li agace). 2. 1330-1332 pic. agache « id. » (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage de la vie humaine, 7868, éd. Stürzinger, ds T.-L. : l'agache < : chace. Par son crïer et agacier Nul oisel ne laisse anichier Pres de li); 3. av. 1549 agasse « pie (fig.) » (Marg. de Nav., Dern. Poés., comedie jouee au Mont de Marsan, p. 70 ds Hug. : Vous tenez bien la teste basse : Je croy que vous jurez sans faulte. − Mais à vous, mocqueresse agasse, Set mal de la tenir sy haulte). À côté de ces trois formes existent encore de nombreuses formes région., cf. FEW t. 151, p. 6, s.v. agaza. Le fr. agasse, qualifié par Cayrou 1948 de vieilli et populaire au xviies., semble pour les aut. de nombreux dict. une graphie moins bonne que agace; agasse est signalé comme coexistant avec agace dep. Ac. 1798. Empr. à l'a. h. all. agaza « pie », l'un des trois dér. les plus connus de l'a. h. all. aga « id. », les deux autres étant a. h. all. agalstra et agastra « id. » (cf. n. h. all. Elster « pie »). L'étymon a. h. all. agaza est attesté au xiiies. au sens de « pie » ds Althochdeutsches Wörterbuch, éd. E. Karg-Gasterstädt et Th. Frings, t. 1, s.v. (nom. sg. Gl., éd. Steinmeyer et Sievers, 3, 463, 39, Florenz XVI, 5 : agaza. agilstra pica); l'a. h. all. aga est attesté au xies. au sens de « pie », op. cit., s.v. (nom. sg. aga, Gl. éd. Steinmeyer et Sievers, 4, 228, 3, Brüssel 10 072 : picus specter inde pica aga). Pour des raisons chronol. le mot fr. du Nord ne peut pas avoir été emprunté à l'a. b. frq. La forme fr. agasse est peut-être influencée par le prov. L'a. prov. : 1. 1182, Agassa, nom de famille (ds C. Brunel, Les plus anciennes chartes en lang. prov.; recueil des pièces orig. ant. au xiiies.; suppl.; Paris, 1952, p. 96, Rouergue, Don à l'abbaye de Bonnecombe par Oalric d'Albi; de ses droits seigneuriaux sur divers biens : [...] Guiral Agassa); 2. xiiies., a. prov. agassa « agace, pie » (Deudes de Prades, Auzels cassadors, Bibl. de l'Arsenal, belles-lettres françaises, Ms. no55, vol. V.Z. ds Rayn. t. 3 s.v. gacha : Que non prenda pic ni Agassa Ni autre auzel que mal li fassa), semble emprunté au got. *agatja (Kluge 1967). Dans la partie nord du domaine occitan et la partie sud du domaine fr., sur une zone large d'env. 200 km, s'étendant de l'Océan aux Alpes, domine le type ajasse, -g- étant devenu -z̆-, développement phonét. qui indiquerait un empr. très anc. au got., FEW, loc. cit. Le mot agace a été en lutte avec les représentants du lat. pīca. Le type germ. agaza domine encore actuell. dans les dial. gallo-rom. à l'exception de la région parisienne, la Normandie et une partie de l'Ouest, de la Champagne et du domaine fr.-prov. où domine le type pīca (pie*), FEW t. 8, s.v., p. 423, largement empl. par la lang. écrite et qui s'est finalement imposé en fr., reléguant agace au niveau des dial.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 10.
BBG. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Gossen (C. T.). Zur lexikalen Gliederung des pikardischen Dialektraumes. In : [Mélanges Wartburg (W.v.)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 136. − Gruss 1952 (s.v. nid-de-pie). − Mots rares 1965. − Rheims 1969.