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AFFECTIVEMENT, adv.
Du point de vue (ou, d'une manière qui relève) de l'affectivité, des sentiments, des émotions :
1. Le soleil et la pluie ne sont ni gais ni tristes, l'humeur ne dépend que des fonctions organiques élémentaires, le monde est affectivement neutre. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 183.
2. L'individu est adulte intellectuellement avant de l'être physiquement et affectivement. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 620.
3. Craindre de souffrir, c'est d'abord imaginer objectivement les choses et les êtres qui seront les agents ou les instruments ou les intermédiaires de la souffrance. Mais c'est aussi imaginer affectivement la douleur elle-même; cette imagination affective de la douleur, comme celle du plaisir, a une matière, une chair, qui est un sentiment présent à l'effigie de la douleur; en imaginant vivement une piqûre, une brûlure, une morsure, etc., je vise affectivement la douleur sur des sentiments présents qui d'ailleurs peuvent s'étaler et s'enfler en émotion viscérale et motrice qui leur donne un retentissement organique illimité. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 103.
4. ... N'êtes-vous pas étonné (...) que la perception de l'octave et de la quinte manifeste notre goût des rapports simples, nous rende affectivement sensibles au nombre 2, au rapport 3 sur 2... Ne concevez-vous pas qu'il y ait là un phénomène différent de celui du langage, puisqu'il ne s'agit plus de signes ou de signification? P. Schaeffer, À la recherche d'une musique concrète,1952, p. 101.
5. Je suis sûre qu'aux yeux de Cyril et d'Anne, il était comme moi anormal, affectivement parlant. F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 163.
Rem. Non attesté ds les dict. consultés, le mot reste fixé, semble-t-il, dans la lang. philos. et dans les cont. où l'analyse psychol. est dominante. Quoique anciennement attesté (cf. étymol. et hist.), le mot a été recréé à l'époque mod. où il connaît un emploi de plus en plus étendu, débordant parfois son milieu naturel (ex. 4).
Étymol. ET HIST. − 1616 « dans le domaine des sentiments, de la vie affective » (St François de Sales, Amour de Dieu, L. VII, 1rerédact., V, 450 ds Hug. : L'amour est le principe par lequel nous vivons affectivement ou moralement), attest. isolée. Dér. de affectif*, étymol. 1; suff. -ment2*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 23.