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AFFECTER3, verbe trans.
1. [Le compl. est un inanimé] Affecter qqc. à qqc.
a) Vx. Attribuer (une fonction à qqc.) :
1. ... des mots placés, et même avec raison dans les mêmes cathégories, ont des fonctions tout-à-fait différentes, tandis que d'autres rangés dans différentes classes, en remplissent souvent de semblables; que quelques-uns appartiennent à deux classes, et que quelques autres ne jouent jamais le rôle affecté à ceux de la classe où on les a rangés; ... A.-L.-C. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie, Grammaire, 1803, p. 46.
b) Attribuer (une chose à une fonction, à un usage précis) :
2. ... le créancier ne pourra être tenu de se dessaisir du gage avant d'être entièrement payé de l'une et de l'autre dette, lors même qu'il n'y aurait eu aucune stipulation pour affecter le gage au paiement de la seconde. Code civil,1804, p. 374.
3. Un portier qui demeure dans cette cour, et dont la loge touche la porte du cloître, ouvre aux personnes du dehors un couloir par lequel on communique avec celles de l'intérieur au moyen d'un tour où l'on dépose les paquets, et de quatre parloirs grillés pour les visites. Le premier est plus spécialement affecté aux visites que reçoivent les religieuses; le second est destiné aux leçons particulières; le troisième, qui est le plus grand, est celui où les pensionnaires voient leurs parents; ... G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 86.
4. ... la forme poétique a été pendant des siècles affectée au service des enchantements. P. Valéry, Variété 5,1944, p. 154.
2. [Le compl. est une pers.] Affecter qqn à, dans.Le placer, par une décision consécutive à un examen de la situation, dans un emploi, dans une fonction spécialisés :
5. On affectera au soin des vergers, des fruitiers, des viviers, des colombiers et du menu bétail, les sept huitièmes des femmes devenues désœuvrées par la simplification des travaux du ménage. Ch. Fourier, Le Nouveau monde industriel,1830, p. 19.
6. ... « Article premier : « M. Varincourcq, chef de bureau à la direction générale des dons et legs, spécialement affecté au service des hypothèques, est nommé chef du bureau des legs, en remplacement de M. de La Hourmerie, décédé. » G. Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, 6etabl., 2, p. 236.
7. Pas un seul Rhénan qui ne soit affecté à quelque chose, spécialisé. M. Barrès, Mes Cahiers,t. 12, 1919-1920, p. 154.
8. ... je franchis le corps de garde. Je fus happé, affecté, versé au 2epeloton du 1erescadron, conduit à ma chambrée, ... J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 208.
En partic., dans l'armée.[L'obj. désigne un militaire devant être employé dans un service en dehors de la zone d'opérations] :
9. À la suite d'une appendicite mal guérie, on l'avait « versé » dans l'auxiliaire, et affecté à un ministère, à Paris. H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 9.
10. La guerre survint; Justin, qui terminait à Paris ses études de médecine, fut mobilisé, blessé d'un éclat d'obus, et affecté dans un hôpital de Paris. M. Arland, L'Ordre,1929, p. 57.
P. ext. [En parlant d'un être quelconque] Affecter à (une classe, une espèce).L'y classer en vertu d'une considération rationnelle :
11. Un critère morphologique indique la possibilité d'affecter un être donné à telle ou telle espèce. Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 63.
Rem. 1. On voit que le compl. est presque toujours introd. par la prép. à; mais affecter3(du moins son emploi admin. et surtout milit. « donner une affectation ») porte une richesse de sens qui rend possibles l'usage de la prép. dans (cf. ex. 10) et même l'emploi abs. (cf. ex. 8). 2. Ex. 1 : affecter « assigner ». 3. Ex. 11 : affecter « classer ». 4. L'obj. inanimé de l'affectation est fréquemment une somme d'argent, qui peut être exprimée en chiffres : crédit (J. Renard, Journal, 11 mai 1909, p. 1241), fonds (F. de Miomandre, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 108), quotité saisissable (H. de Balzac, La Cousine Bette, 1846, p. 272), revenu (E. About, La Grèce contemporaine, 1854, p. 312), somme (Ch. Fourier, Le Nouveau monde industriel, 1830, p. 82), 100 000 francs (E. Renan, L'Avenir de la science, 1890, p. 218), 80 000 drachmes (E. About, op. cit., p. 125).
Affecter et ses dér. − Affecter, c'est conférer (parfois, à soi-même) une modalité ou une modification. Conforme à une volonté, la modification sera susceptible d'une volonté contraire (affecter1et -3); échappant à toute volonté, elle pourra être ressentie péniblement (affecter2). Les critères de volonté et de pénibilité, ainsi que la présence d'un syst. anton., permettront donc la distinction. Affecter, ce peut être prendre une forme ou une attitude, par affectation de qqc. (affecter1) ou affection pour qqc. ou qqn (affecter1); celui qui fait preuve d'affectation est qualifié d'affecté; celui qui éprouve de l'affection (à laquelle, en ce sens, s'oppose la désaffection) est dit affectueux ou encore affectionné. Affecter3signifie « conférer une destination à un homme ou à une chose »; la chose à laquelle on peut conférer une affectation (à laquelle, en ce sens, s'oppose désaffectation) sera parfois (dans la lang. jur.) dite affectable. Enfin (cf. affecter2), affecter peut signifier « exercer une atteinte quelconque », que cette atteinte soit forcément pénible (affection, affecté) ou qu'elle puisse être ressentie de différentes façons (affect, affectif) dont la douleur n'est pas forcément absente.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [afεkte], j'affecte [ʒafεkt]. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit affecter ou afecter avec un seul f. Enq. : /afe2kt/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés. − Affect- : affectable (cf. Lar. encyclop.), affectant, affectataire, affectation, affecté, affectibilité, affectif, affection, affectionnativité (cf. Lar. 19e), affectionné, affectionnément, affectionner, affectionnivité, affectivement, affectivité, affectivo-moteur, affectueusement, affectueux, affectuosité.
Étymol. ET HIST. − 1. 1327 « prendre une manière d'agir, seulement en apparence, feindre » (J. de Vignay, Mir. hist., 20, 85, éd. 1531 ds Quem. t. 1 1959 : Lesquelles [vertus] s'aucun veult assemblement affecter, il n'en peult nulle entierement consuyvre); 2. a) 1393 « rechercher, désirer » (Le Menagier de Paris, éd. La Société des Bibliophiles françois, I, 225 ds T.-L. : Il est signe de gentil cuer, quant il affecte et desire bon nom et bonne fame); b) 1470 « avoir une prédilection pour » (Le Livre de la discipline d'amour divine, f 69 b, éd. 1537 ds Vaganay, R. Ét. Rab., IX, 299 : Elle est... aux biens temporelz trop affectee); d'où « (d'un inanimé) avoir disposition à » (B. de St Pierre, Ét. de la nat., 1 ds DG : Des arbres dans les climats de l'Inde affectent le port des herbes; 3. xves. « toucher par une impression physique ou morale » (Chastellain, Chronique, I, 64 ds Quem. : Pour plus les affecter en son fait, se bailla spectacle a leurs yeux, et leur fit remonstrer la douloureuse et confuse mort de leur feu noble seigneur et prince son père), d'où p. anal., Ac. 1694 : On dit en termes de Medecine, La partie affectée, pour dire, La partie attaquée de quelque mal; 4. 1551 « imputer, réserver » (Lettres d'A. de Bourbon, p. 32, SHF ds Fr. mod., IV, p. 335 : De l'argent qui viendra de l'antree des dites terres... Je vous prie les mestre en vos coffres, car je les ay affectés pour mon parcq). Empr. au lat. affectare « chercher à atteindre (qqc.) » attesté dep. Plaute, Aul., 575 ds TLL, 1181, 8, d'où 2; 1 dep. Sénèque, Suas., 3, 4, ibid., 1184, 6; 3 par influence de affection*, ou du lat. affectus « sentiment »; 4 peut-être réfection d'apr. le lat. affectare, de l'a. fr. affaitier « préparer, dresser, disposer », voir affaiter*, mais plus prob. empr. au lat. médiev. affectare « assigner » (1156, Constitutiones imperatorum, I, 159, 5 ds Mittellat. W. s.v., 350, 8 et ds Nierm. t. 1 1954-58 : libertatem habeant... ducatum affectandi cuicumque voluerint).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 865. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 681, b) 2 024; xxes. : a) 3 343, b) 2 544.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bonnaire 1835. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Caput 1969. − Dup. 1961. − Dupin-Lab. 1846. − Foulq.-St-Jean 1962. − Guiraud (P.). Le Champ morphosémantique du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, no1, pp. 96-109. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Hanse 1949. − Kuhn 1931, p. 181. − Laf. 1878. − Lal. 1968. − Lav. Diffic. 1846. − Nysten 1814-20. − Pope 1961, § 745. − Prév. 1755. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 341-342. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Spr. 1967. − Synon. 1818. − Weise (G.). Maniera und pellegrino : zwei Lieblingswörter der italienischen Literatur der Zeit des Manierismus. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, pp. 326-328.