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ADULATION, subst. fém.
Flatterie excessive par des louanges ou une admiration serviles et intéressées.
A.− Au sing. Action d'aduler :
1. Oui, vous-mêmes causez les maux dont vous vous plaignez; c'est vous qui encouragez les tyrans par une lâche adulation de leur puissance, par un engouement imprudent de leurs fausses bontés, par l'avilissement dans l'obéissance, par la licence dans la liberté, par l'accueil crédule de toute imposture;... C.-F. de Volney, Les Ruines,1791, p. 333.
2. Bassesse d'adulation, on encense et on adore l'idole qu'on méprise; bassesse de lâcheté, il faut savoir essuyer des dégoûts, dévorer des rebuts, et les recevoir presque comme des grâces; bassesse de dissimulation, point de sentiments à soi, et ne penser que d'après les autres; bassesse de dérèglement, devenir les complices et peut-être les ministres des passions de ceux de qui nous dépendons... P.-L. Courier, Pamphlets politiques,Procès de Paul-Louis Courier, 1821, pp. 117-118.
3. En France, nous sommes naturellement enclins à une familiarité déplacée; et j'avais à me prémunir surtout contre ceux qui avaient sauté à pieds joints sur leur éducation. Nous sommes très facilement courtisans, très obséquieux au début, portés d'abord à la flatterie, à l'adulation mais bientôt arrive, si on ne la réprime, une certaine familiarité qu'on porterait aisément jusqu'à l'insolence. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 800.
4. La police interrogeait les physionomies. Les cris de liberté se mêlaient aux cris d'adulation et de servitude. Cela ressemblait plus à un employeur et à une scène du bas-empire qu'au héros de l'Égypte et du consulat. C'était le 18 brumaire qui se vengeait. A. de Lamartine, Les Confidences,1849, p. 293.
5. Les jolies femmes, intéressées comme de vraies Françaises par ce beau roman rapide, faisaient fête à ce joli homme [Boulanger], et tous par vanité, par intrigue, surenchérissaient d'adulation. M. Barrès, L'Appel au soldat,1900, p. 143.
6. Décidément, je n'aime pas le théâtre : il y faut trop concéder au public et le factice l'emporte sur l'authentique, l'adulation sur le sincère éloge. L'acteur en vient trop vite à préférer à Racine Sardou, et les applaudissements du grand nombre des incultes à ceux du petit nombre des connaisseurs. A. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1168.
Rem. 1. Paradigmes : adulation, employé concurremment avec flatterie (ex. 3), entre dans le champ de tout ce qui est bas et faux : avilissement (ex. 1), lâcheté (ex. 2), servitude (ex. 4); l'ex. 5 explicite les raisons pour lesquelles souvent on adule quelqu'un; l'ex. 6 oppose l'adulation au sincère éloge et insiste sur son caractère factice. L'ex. 2 analyse par les termes associés la presque totalité des composantes sémiques du mot; ces composantes sont toutes fortement péj. 2. Syntagmes : lâche adulation (ex. 1), bassesse d'- (ex. 2), cris d'- (ex. 4), être porté à l'- (ex. 3), surenchérir d'- (ex. 5).
B.− Au plur. Manifestations concrètes (principalement par le langage) de l'action d'aduler :
7. « D'après les conseils de Dona Térésa, j'allai voir le patriarche, qui m'accorda la permission de choisir le couvent, ou plutôt la prison dans laquelle je devois passer le reste de mes jours. Je me reproche encore les adulations, les mensonges, les honteux subterfuges dont je fus obligé de faire usage : c'étoit la première fois de ma vie que je m'étois avili à mes propres yeux. (...) » J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 3, 1801, p. 29.
8. Comment lutter contre de pareilles gens? − Que sa femme étant polonaise, un peu Poniatowski par sa mère, sollicite la faveur de la présenter comme compatriote à MmeWalewska et, aussitôt après une audience, la pousse par toutes les congratulations, les adulations à sa beauté, à son esprit, la pousse à une intimité, à des relations suivies de femme avec la ministresse du ministère qui tient les lettres et les feuilletons du Moniteur dans sa main. E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1861, p. 917.
9. Alors, c'était lui que l'on acclamait, lorsqu'il entrait dans une loge de théâtre; la bassesse, les adulations, les adorations rampaient à ses pieds. Mais ces jours enivrants de son règne, n'avaient servi qu'à préparer les plus cruels malheurs de toutes sortes, jusqu'à précipiter enfin ce maître si grand et si absolu dans un abîme d'impuissance et de néant. E. Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, pp. 331-332.
10. Il entre à Paris le 21 octobre 1652, dans la soirée, au milieu des torches portées par les hommes d'armes. Peu après, le cardinal fera, lui aussi, une rentrée triomphale, parmi les adulations et les platitudes de ceux qui l'ont tant bafoué. Le temps de la monarchie absolue peut être daté de ce jour-là. R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 268.
11. C'était par ennui, surtout, que MmeDambreuse avait cédé. Mais cette dernière épreuve ne devait pas être perdue. Elle voulait un grand amour, elle se mit à le combler d'adulations et de caresses. Elle lui envoyait des fleurs; elle lui fit une chaise en tapisserie; elle lui donna un porte-cigares, une écritoire, mille petites choses d'un usage quotidien, pour qu'il n'eût pas une action indépendante de son souvenir. G. Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 219.
12. Ah! voilà mes nièces! la môme n'a pas plus tôt paru qu'aussitôt, attirées comme par un aimant, toutes les dames Virette, Ponant, Hautignol, Claux, la baronne, remontent empressées vers elle. On l'entoure, on la comble d'adulations, de prévenances. On arrive ainsi en groupe devant le buffet. G. Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, II, 1, p. 30.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : faire usage d'adulation (ex. 7); adulation est caractérisé par des adj. précisant la note de bassesse : honteuse adulation (P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, 1821-1824, p. 20), basses adulations (Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne, 1795, p. 136), adulation servile (Ch. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle, 1828, p. 187). 2. Remarquer les rares emplois où adulation est construit avec un compl. de nom, au sing. : par une lâche adulation de leur puissance (ex. 1); au plur. : les adulations à sa beauté (ex. 8). 3. Dans l'ex. 9 une personnification, qui rappelle celle de la calomnie chez Beaumarchais (Le Barbier de Séville, 1775, II, 8).
Prononc. : [adylasjɔ ̃]. Enq. : /adylasiõ/.
Étymol. ET HIST. − Fin xiies. « flatterie servile », dans trad. (Dial. Greg., éd. Förster, p. 21 ds Gdf. Compl. : Et alsi com est coustume, l'ocupeit corage en pluisors choses, ke adulations mult supprent, se ele n'est del viz del cuer mult tost ariere boteie [Sicut autem moris est, occupato in multis animo adulatio valde subrepat, si ab ipso cordis ostio nequaquam fuerit citius repulsa]); 1210-1230 « id. » (Dit du Besant, 1959 ds Gdf. Compl. : Sodomie e detraction, Faus ris e adulacion). Empr. au lat. adulatio (au sens propre de « caresse, flatterie d'un animal » dep. Cic., Nat. deor., 2, 158 ds TLL s.v., 874, 44) au sens de « flatterie servile » chez Cic., Laelius, 91 ibid., 874, 58 : nullam in amicitiis pestem esse maiorem quam adulationem, blanditiam, adsentationem..., très fréq. chez Tacite; cf. ca 935, Hrotsvitha, Cal., 2, 4 ds Mittellat. W. s.v., 257, 29, ibid. : qui simulat, fallit, et qui profert adulationem, vendit veritatem.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 61.
BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Lav. Diffic. 1846. − Prév. 1755.