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ADORABLEMENT, adv.
D'une manière adorable.
A.− [L'adv. qualifie un verbe] :
1. − Gaudin est venu. − Habillé, frisé et prêt à six heures. − Allé dîner chez Gaudin. Bien dîné et gaîment, sans folie, mais n'ai pas bu. Ces messieurs ont adorablement fêté le vin blanc. − Descendu à Corazza, où ma fragilité s'est permis la débauche de quelques gouttes de café dans du lait. J. Barbey d'Aurevilly, Deuxième Memorandum,1839, p. 306.
2. ... Cosette, en peignoir, se tenait debout dans ce négligé de la première heure qui enveloppe adorablement les jeunes filles et qui a l'air du nuage sur l'astre; et, la tête dans la lumière, rose d'avoir bien dormi, regardée doucement par le bonhomme attendri, elle effeuillait une pâquerette. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 111.
3. Car tout y était délabré, et adorablement, à la façon d'un vieil arbre couvert de mousse que l'âge a un peu craquelé, à la façon du banc de bois où les amoureux vont s'asseoir depuis une dizaine de générations. A. de Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 181.
Avec une nuance d'iron. :
4. « En dépit de mon renom de tombeur d'argent, renom propagé surtout par quelques athlètes qui me roulèrent adorablement, soyez assuré, ô victorieux qui pataugez dans les droits d'auteurs, de mon absolu désintéressement. L. Bloy, Journal,1895, p. 35.
B.− [L'adv. qualifie un adj.] :
1. [En parlant d'une pers. ou d'une qualité ou d'un comportement humains]
a) [L'adj. désigne une qualité mor.] :
5. Mais, mon Adèle bien-aimée, ne crois pas ton Victor assez ingrat pour t'accuser d'indifférence, je ne me plains que de ce sentiment de pudeur, si adorablement pardonnable, qui t'empêche de montrer à ton mari sa femme tout entière telle qu'elle devrait être pour lui. V. Hugo, Lettres à la fiancée,1822, p. 224.
6. Cette charmante fille a trente ans, il est vrai; mais elle a près de quatre-vingt mille livres de rente. Elle est adorablement capricieuse, et le caractère de sa beauté doit se soutenir fort longtemps. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, pp. 460-461.
7. Sa femme me reçut d'une façon charmante. Elle avait un air simple, adorablement naïf et distingué qui ravissait les yeux. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Sage, 1883, p. 921.
b) [L'adj. désigne une qualité phys.] :
8. − Revenu à pied par plaisir, moitié chantonnant, moitié songeant. Habillé tantôt, − pris une voiture, − allé chez A. qui m'a trouvé adorablement mis, ce qui me fait presque autant de plaisir que de me trouver spirituel. J. Barbey d'Aurevilly, Premier Memorandum,1838, p. 222.
9. Le lendemain, au jour, je vis sa figure plus pâle et plus accentuée; elle avait près de seize ans; elle était toujours adorablement jeune et enfant; seulement elle avait pris plus que jamais ce quelque chose qu'en Europe on est convenu d'appeler distinction; elle avait dans sa petite physionomie sauvage une distinction fine et suprême. P. Loti, Le Mariage de Loti,1882, pp. 217-218.
10. Jamais cette créature vers qui tendaient depuis des mois toutes mes pensées ne m'avait paru aussi délicate, aussi adorablement délicate et fine qu'à cette minute, avec son visage coloré de rose par le grand air, avec la pourpre vive de ses lèvres qui se plissaient dans un demi-sourire, avec la claire limpidité de ses yeux gris, avec l'élégance de son être entier. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 156.
11. J'ai chez moi, en même temps qu'eux, les Gandara, dont la femme est vraiment adorablement jolie avec son type de primitif modernisé. E. et J. de Goncourt, Journal,avr. 1894, p. 555.
2. [En parlant de choses, créées par l'homme ou, plus rarement, naturelles] :
12. La date, on l'ignore, mais l'apparition, non, de cette parisiane, par M. Barrière, au Vaudeville, qui tentera avec elle comme il a tenté, ces derniers jours, avec Marcelle de MM. Dennery et Brésil, de déchirer, une seconde fois, le voile de somnolence et d'oubli derrière quoi remuèrent, ces quatre mois, tant de personnages usés à en paraître des fantômes; et cela, dans la plus adorablement moderne des salles! S. Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 768.
13. Quels fauteuils à poches, à cartouches, en cabriolet, en confessionnal! Quelles chaises en prie-Dieu! Il semblait que ce magasin fût le garde-meuble de tout le mobilier contourné et si adorablement sculpté du xviiiesiècle. E. J. de Goncourt, Journal,févr. 1888, p. 753.
14. On demande un opéra (...), avec airs, cavatines [etc.] (...), et (...) un ballet, un ballet délicieusement niais, adorablement stupide, un amour de ballet enfin! Willy, Bains de sons, par l'ouvreuse du Cirque d'été,1893, p. 128.
15. Je ne puis jouir de rien, me mêler à aucune foule, vivre aucune vie; le devoir de cet examen me retient sur le pas de la porte, une inquiétude secrète m'empêche de me laisser aller tout entier à ce crépuscule adorablement bleu, derrière les grandes haies de la blanche route poussiéreuse. Alain-Fournier, J. Rivière, Correspondance,Lettre de A.-F. à J. R., juin 1907, p. 169.
16. Ce conte si adorablement léger, avec l'extraordinaire musique de ses paysages irréels et de ses automnes de pays des merveilles, cache sous tant de grâce le drame encore irrésolu de Nodier. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 342.
Prononc. : [adɔ ʀabləmɑ ̃].
Étymol. ET HIST. − 1822 « de façon adorable », supra ex. 5; 1832 (A. de Musset, Articles Rev. des 2 Mondes, 1833, Chron. Quinzaine 30 août 1832, p. 641 : Et dans la Sylphide, combien elle est adorablement touchante et gracieuse. C'est une âme qui flotte. C'est une flamme qui voltige. Dér. de adorable*; suff. -ment1*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 63.
BBG. − Bél. 1957.