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ADOLESCENCE, subst. fém.
A.− [Concerne le plus souvent un être hum.] Âge de la vie qui suit l'enfance et qui s'étend jusqu'à l'âge adulte. Être encore dans l'adolescence; la fleur de l'adolescence (Ac. 1835-1932) :
1. Dans le même espace de temps, ils [les habitants de Jupiter] vivent plus d'une fois plus de jours et douze fois moins d'années. Leur adolescence commence à un an, leur jeunesse à deux, leur virilité à quatre, leur vieillesse à six, leur décrépitude à huit. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 357.
2. Le second degré consiste en ce qu'instruits par les vingt ou vingt-cinq années de leur enfance, adolescence ou jeunesse, les mondains défroqués, si j'ose dire, ont d'habitude un sens très en éveil et merveilleusement subtil pour subordonner et percer à jour la formation des autres snobismes, non plus mondains cette fois, mais artistiques, intellectuels, philosophiques, etc. Ch. Du Bos, Journal,juin 1928, p. 132.
3. Les adolescences trop chastes font les vieillesses dissolues. A. Gide, Journal,1929, p. 909.
4. L'éidétique serait seulement la psychologie de l'adulte, c'est-à-dire la description d'une sorte d'« acmé » psychologique située grossièrement entre deux phases d'intégration et de régression, l'être-adulte se situant entre le devenir-adulte ou adolescence et le devenir-vieux ou sénescence. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 401.
5. Je rêvais de décrire les premières songeries et les tendres élans d'une adolescence féminine; puis, les aventures, les joies, les déceptions, les souffrances de la jeune femme, de l'épouse, de la mère; puis, l'épanouissement de la maturité et ses derniers feux; enfin, le lent acheminement de l'être qui vieillit; l'abdication progressive, traversée d'ultimes révoltes, jusqu'à l'heure mélancolique de la résignation. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littéraires,Marise, 1955, p. LIV.
Emploi collectif. Ensemble de(s) personnes qui sont dans l'âge de l'adolescence :
6. Comment tairions-nous l'influence que le merveilleux Walter Scott a exercée sur la sensibilité de l'adolescence française? Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Appel, 1954, p. 610.
Rem. 1. Adolescence désigne, dans le lang. ordin., avec les transformations phys. et psychiques qui se produisent entre l'enfance et l'âge adulte, la première part. de la jeunesse (ex. 1, 2). Selon Littré, adolescence et jeunesse sont synon. dans le lang. sc. Du point de vue log., le terme jeunesse est plus gén. que le terme adolescence; il peut être considéré comme classificateur par rapport à ce dernier. L'ex. 5 confirme les données des dict. contemp., selon lesquels adolescence ne s'applique plus seulement aux pers. de sexe masc.; sur ce point les dict. du 19es. hésitaient : pour Lav. 1820 et Land. 1834 le mot s'appliquait aux garçons; Boiste 1834, Noël-Chapsal Dict. 1826, Littré ne font pas allusion à cette restriction de sens. 2. Groupe associatif fréq. : sorti(r) de l'adolescence (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, pp. 104-232; etc.). 3. Dans l'ex. suiv., emploi méton. rare (adolescence pour « lui, pendant toute son adolescence ») :
7. Il [Augustin] n'habitait plus la petite chambre où toute son adolescence avait couché. J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 2, 1933, p. 29.
B.− Rare. [En parlant d'un être vivant, animal ou végétal] :
8. La mue opérée, un grand changement se fait en elle [l'oie]. Un accroissement spontané s'opère, elle passe de l'enfance à l'adolescence comme sous un coup de baguette magique, et, débarrassée de sa poule, elle se dandine seule désormais dans la vie. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 47.
9. Mais comme l'on a affaire à un cep où les nodosités de l'adolescence s'accusent déjà, on le traite hardiment. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921p. 110.
C.− Au fig. L'adolescence d'une chose (qui a une histoire, une évolution). Le commencement, les premiers temps :
10. Vous poursuivez cependant, messieurs, et vous me rappelez une pensée qui a longtemps tourmenté l'adolescence de ma raison. H.-D. Lacordaire, Conférences de Notre-Dame,1848, p. 86.
11. Notez que cette attitude-là, je l'ai connue en Russie en 1917, en France il n'y a pas six mois. C'est l'adolescence de la révolution. Il est tout de même temps de se rendre compte que les masses sont une chose, et que les partis en sont une autre : nous le voyons depuis le 18 juillet! A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 610.
Prononc. : [adɔlεsɑ ̃:s]. Pt Rob. transcrit le mot avec [e] fermé, ainsi que Warn. 1968 qui mentionne aussi la possibilité d'une prononc. avec [ε] ouvert. Enq. : /adolesãs/.
Étymol. ET HIST. − 1270 sens obsc. par manque de cont., Introd. d'astron., B. N. 1353, fo34 vods Gdf. Compl. : Venus mostre le adolescence. a) 1294 « (d'une manière gén.) âge qui suit l'enfance et précède l'âge adulte » (Mir. de S. Éloi, 20, ibid. : Tout le tans de s'adolescence); fin xiiies. « id. » (Bible, B. N. 901, fo7a, ibid. : Esleece toi en ton adolescence); différentes limites chronol. : mil. xvies. : 18 à 25 ans (A. Paré, Introduct., 5 ds Littré : L'adolescence, qui commence depuis dix-huit ans jusques à vingt et cinq, est la temperée et moyenne entre tous excès); 1690, Fur. − 1835, Ac., de 14 à 20-25 ans. Ac. 1694 − Ac. 1835 : noté comme ne se disant que des garçons; 1845 « âge compris entre la puberté et l'âge viril (d'une fille ou d'un garçon) » (Besch. s.v. : ... l'adolescence comprend en général, pour les femmes, l'espace qui existe entre 11 et 18 ans, et pour les hommes, celui de 11 à 20 ans); b) 1611 « jeunesse » (Cotgr., ibid. : adolescence : youth, or young age); c) 1680, Rich. t. 1 − 1771, Trév., sens fig. : l'adolescence du monde. Encore ds Besch. 1845; d) 1845 sens collectif « les adolescents » (Besch., ibid. : « se prend pour celui qui est dans l'âge de l'adolescence. L'adolescence méprise les jouets du passé... » [S. Dub.]). Du lat. adolescentia attesté dep. Plaute au sens a (Captivi, 992 ds TLL s.v., 798, 69 : mecum a puero puer bene pudiceque educatust usque ad adulescentiam); cf. Vulg., Eccl., XI, 19, éd. Fillion : Laetare ergo, juvenis, in adolescentia tua; au sens c, en parlant d'une époque dans l'hist. d'un peuple ds A. Florus, 1, 1, 6 ds TLL s.v., 798, 74 : hoc [i.e. a Bruto ad Appium Claudium] fuit tempus viris armis incitatissimum ideoque quis adulescentiam dixerit; cf. Aug., Civ., 16, 43, p. 195 D, ibid., 798, 77, ibid. : in quo (David)... exordium quodammodo iuventutis populi dei; cuius generis quaedam velut adulescentia ducebatur ab ipso Abraham usque ad hunc David; au sens d dep. Ter., Phormion, 274, ibid., 798, 82, ibid. : si quis... insidias nostrae fecit adolescentiae [i. e. nobis tamquam imperitis adulescentibus], dans un sens plus gén. pour désigner les adolescents, ds Cic., Pro Archia, 16, ibid., 799, 15, ibid. : haec studia adulescentiam alunt, senectutem oblectant; cf. mil. xiies., Sigeboto, Paulin., 4 ds Mittellat. W., 233, 67, ibid. : quia... rerum abundantia semper adolescentiae nectit retia.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 648. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 607, b) 579; xxes. : a) 685, b) 1 514.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Daire 1759. − Fér. 1768. − Julia 1964. − Lafon 1963. − Lapl.-Pont. 1967. − Lar. méd. 1970. − Lasnet 1970. − Littré-Robin 1865. − Martin (E.). Adolescence ne se dit-il que des garçons? Courrier (Le) de Vaugelas. 1869, t. 2, p. 43. − Nysten 1814-20. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Prév. 1755. − Psychol. 1969. − Remig. 1963. − Sill. 1965.