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ACMÉ, subst. masc. ou fém.
A.− MÉD. Phase où une maladie atteint son plus haut degré d'intensité. Synon. ,,période d'état`` (Garnier-Del. 1958) :
1. En plein acmé d'arthropathies, un malade qui paraissait aller mieux, s'agite, délire, crie et meurt. Barbier ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 2, 1920-1924, p. 869).
2. ... dans ce dernier cas, la polyurie atteint son acmé au bout d'une ou de deux semaines. Sezary ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 8, 1920-1924, p. 69).
3. L'acmé de la dépression à laquelle je viens de faire allusion se trouva atteint dimanche après-midi à 3 h 30 lorsque, souffrant à l'extrême limite, de douleurs d'adhérences qui m'avaient littéralement tordu, dans le train qui me conduisait à Meudon, j'arrivai chez Jacques Maritain. Ch. Du Bos, Journal,sept. 1928, p. 192.
B.− P. ext. PHILOS., PSYCHOL.
1. ,,Époque à laquelle un philosophe, une doctrine, une institution ont eu leur plus haut degré d'influence ou d'activité.`` (Lal. 1968).
2. ,,Maximum de développement.`` (ibid.); apogée.
3. Point critique :
4. Tout ceci une fois traité (et il faut que dans la journée de demain je l'aie traité) me laissera en face du problème esthétique démon-daïmon et du texte de Si le grain ne meurt dont ma critique sera l'acmé de notre dialogue à ce sujet; ... Ch. Du Bos, Journal,avr. 1928, p. 83.
5. L'éidétique serait seulement la psychologie de l'adulte, c'est-à-dire la description d'une sorte d'« acmé » psychologique située grossièrement entre deux phases d'intégration et de régression, l'être-adulte se situant entre le devenir-adulte ou adolescence et le devenir-vieux ou sénescence. P. Ricoeur, Philosophie de la volonté,1949, p. 401.
6. ... je remarque d'abord le sens ascendant ou descendant de cet « impetus » de la vie : je l'appellerai volontiers la dérivée seconde de mon âge, selon que je monte vers « l'acmé » ou que je descende à partir de cette « acmé ». Cette expérience est d'ailleurs fort complexe : si globalement la marche vers la maturité est la plus grande montée de mon existence, chaque âge, comme on l'a dit, est à certains égards une « acmé » relative; chaque âge est la montée vers un horizon de valeurs et de pouvoirs qui a en soi sa perfection. Mais par rapport à ces « acmé » relatives, le sommet de la maturité est comme l'« acmé » absolue et la vie est l'inexorable mouvement de montée vers la maturité et de descente vers la vieillesse. P. Ricoeur, Philosophie de la volonté,1949p. 406.
7. ... des mensurations rigoureuses peuvent assigner la ligne de partage des eaux ou la sommité d'une chaîne de montagnes, mais des tâtonnements sans fin ne suppléeraient pas à l'intuition aventureuse et soudaine qui d'un coup nous met en présence de l'inassignable acmé. Par une intuition de ce genre, l'homme de guerre saisit au vol le moment critique d'une bataille et fait donner à point nommé les réserves qui décideront du sort des armes; par une intuition de ce genre, le clinicien saisit au vol la minute décisive d'une intervention chirurgicale. V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi ou le presque-rien,1957, p. 127.
Rem. Les dict. hésitent sur le genre du mot : Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Rob. et Quillet 1965 le considèrent comme étant masc., Littré, Pt Rob. et Garnier-Del. 1958 le tiennent pour fém. La docum. d'ex. reflète cette hésitation : dans l'ex. 1 acmé est masc., alors qu'il est fém. dans l'ex. 6; cette différence de genre correspond peut-être à la différence d'accept., celle qui touche à la philos. étant, comme son modèle gr., du fém., ou provient de ce que les uns pensent, en l'employant, au mot usuel sommet ou à l'expr. plus haut degré, les autres directement à l'usage gr.
Prononc. : [akme].
Étymol. ET HIST. − 1751 (Encyclop. t. 1 s.v. : Acmé (médec.), il est particulièrement en usage pour signifier le plus haut point ou le fort d'une maladie; car quelques-uns divisent les maladies en quatre états ou périodes : l'arche qui est le commencement ou la première attaque; l'anabasis qui est l'augmentation du mal; l'acme qui en est le plus haut point; le paracme qui en est le déclin). Le mot désigne par ext., depuis la 1remoitié du xxes., le point culminant de diverses choses (acmé du dialogue, de l'âge...) mais il est réservé princ. au vocab. philos. (acmé d'une doctrine, d'un philosophe, d'un développement, etc.). Le gr. avait connu à partir du même sens premier les mêmes emplois fig. À noter que Pt Rob. considère cette ext. de sens comme étant un néol. Empr. au gr. α ̓ κ μ η ́, -η ̃ ς « partie aiguë d'un objet », empl. par les aut. d'ouvrages méd. pour désigner le point critique d'une maladie.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 13.
BBG. − Bél. 1957. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 144.