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ACCUEIL, subst. masc.
I.− Fait d'accueillir, manière d'accueillir.
A.− Fait d'accueillir.
1. [L'accueil est l'œuvre de pers.]
a) [L'accueil a pour obj. des pers.] :
1. Les hommes avaient échangé des coups d'œil, avec une moue significative. Félicité sentit le peu de bienveillance de cet accueil. Elle en sembla irritée; elle resta debout au milieu du salon, haussant le ton, forçant ses invités à entendre les compliments qu'elle adressait à l'abbé Faujas. É. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 949.
2. − Alors, mes enfants, dit Blondel, d'une voix traînante, on fait la noce? Seul, Fischer lui adressa un geste d'accueil. Sans se laisser déconcerter, l'autre reprit : − Une belle journée, hein? Pour les patriotards et Cie! Ton frère a dû en être heureux, Villars? M. Arland, L'Ordre,1929, p. 165.
En partic. dans la tournure fréq. faire (à qqn) un accueil... (+ adj. ou équivalent) :
3. L'accueil plein de cordialité qu'il nous fit semblait naître du plaisir qu'il éprouve à voir de tems en tems la figure d'un honnête homme. V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 298.
4. Pour les [Bourgeois de Gand, d'Ypres et de Bruges] gagner, on leur fit grand accueil, le roi leur toucha dans la main; ils reçurent de riches présens. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-1824, p. 6.
5. Alors, il se plaignit du mauvais accueil qu'on lui faisait maintenant chez les Buteau. Mais elle n'avait pas la tête à cela, elle se taisait, elle ne lâchait que des paroles brèves. É. Zola, La Terre,1887, p. 247.
6. Aucun pays ne fit à ce pasteur mystique un accueil aussi enthousiaste que la France incrédule. C'est que l'Angleterre connaissait de vieille date la rhétorique dont le président faisait usage. J.-R. Bloch, Destin du siècle,1931, p. 87.
Lieu d'accueil, centre d'accueil. Où l'on accueille (des personnes) :
7. Simon songea avec tristesse que la maison de la rue de Lubeck allait cesser d'être un lieu d'accueil et de pélerinage. M. Druon, Les Grandes familles,1948, p. 55.
8. La « chambre de commerce français » joue son rôle dans les échanges entre la Grande-Bretagne et les territoires ralliés. Le « centre d'accueil de la France libre » reçoit ceux qui viennent de France. L'« hôpital français » soigne bon nombre de nos blessés. En m'associant à ces diverses institutions, je vise à resserrer en Angleterre, comme je tâche de le faire ailleurs, la solidarité nationale. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Appel, 1954, p. 240.
Rem. 1. L'accueil est en principe favorable (merci de votre accueil); dans le cas contraire, un déterminatif doit le préciser. 2. Autres syntagmes : un accueil des plus flatteurs, le bon - accoutumé, un - cordial, charmant,...; un - froid, glacial.
b) [L'accueil a pour obj. des choses, le plus souvent résultats d'une activité humaine : livre, spectacle,...] :
9. La mine de Badinguet, indigné de la pièce, ou plutôt de l'accueil fait à la pièce! Hénaurme? splendide! Ce bon Badinguet qui désire des chefs-d'œuvre, en cinq actes encore, et pour relever les Français! Comme si ce n'était pas assez d'avoir relevé l'ordre, la religion, la famille, la propriété, etc., sans vouloir relever les Français! G. Flaubert, Correspondance,1853, p. 415.
10. Cet effort d'attention pour ne pas vaguer, butiner, pour ne pas donner accueil à ces mille riens absurdes, à ces mouches psychologiques ou pseudopsychologiques qui courent sans relâche, en je ne sais quels futiles zigzags éperdus, sur la vitre de notre âme : tout ce que marque de façon définitive, et avec quelle profondeur, le fragment du sermon de Donne sur la prière qui figure au début de l'anthologie de Logan Pearsall Smith. Ch. Du Bos, Journal,août 1928, p. 161.
11. Lecture de la Bible en grec et en hébreu avec un très grand plaisir, et travaillé à mon roman; cette nuit, pourtant, je me suis demandé avec inquiétude quel accueil on ferait à un livre aussi noir; mais il est ce qu'il est, et je n'y puis absolument rien. J. Green, Journal,1949, p. 300.
12. Le 24 février, j'avais, dans le même sens, écrit au général Weygand, en dépit du sort fâcheux auquel il m'avait voué et de l'accueil disgracieux qu'il avait fait à ma précédente missive. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre.L'Appel, 1954, p. 150.
2. P. ext. Ce qui accueille est un inanimé personnifié ou rappelant l'homme, comme p. ex. un élément de son vêtement ou de son mobilier :
13. La mort leur fit accueil. La peste vint ensuite. J.-C. C. de Florian, Fables,La Mort, 1792, p. 55.
14. Des momies rangées tout le long de l'antichambre vous faisaient accueil... A. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 74.
15. Il y a mille façons d'aborder au même port : elles dépendent du voyage, et l'accueil de la rive n'est jamais que le reflet de l'âme qu'on lui ramène. É. Estaunié, L'Ascension de Monsieur Baslèvre,1919, p. 310.
16. Il n'est plus permis aux gens de cette espèce de prendre leur part du cratère et des libations versées. Il est écarté des autels par l'invisible colère de l'ancêtre. Nulle maison ne s'ouvre pour lui et ne lui fait accueil. Sans honneurs et sans amis, il finit par crever, il périt tout entier, lui et sa vile carcasse! P. Claudel, Les Choéphores,trad. d'Eschyle, 1920, p. 924.
17. L'accueil de la maison est alors si total que ce qu'on voit de la fenêtre appartient à la maison : ... G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 73.
Except. et p. iron. [L'agent est un animal] :
18. Vers une heure du matin, Julien, chargé de son échelle, entra dans Verrières. Il descendit le plus tôt qu'il put dans le lit du torrent, qui traverse les magnifiques jardins de M. Rênal à une profondeur de dix pieds, et contenu entre deux murs. Julien monta facilement avec l'échelle. Quel accueil me feront les chiens de garde! Pensait-il. Toute la question est là. Stendhal, Le Rouge et le noir,1830, p. 214.
B.− Manière d'accueillir (une personne) :
19. L'accueil de M. Andrieu a été beaucoup moins amical. Après de grandes recherches, je l'ai trouvé dans le jardin; il m'a toujours bien reçu, mais un peu froidement. J. Michelet, Journal,1820, p. 120.
20. ... aussitôt elle se mit en prières et demanda à Dieu de la rendre agréable à ses amis; puis s'étant habillée le mieux qu'elle pouvait, elle alla rejoindre son mari et les envoyés de son père. Non seulement elle les enchanta par la cordialité de son accueil, par la douceur et l'aménité de ses manières, par sa beauté qui brillait d'un éclat et d'une fraîcheur toute spéciale. ... Ch. de Montalembert, Hist. de sainte Élisabeth de Hongrie,1836, p. 89.
21. Gêne de me rencontrer avec Renan et d'échanger des poignées de main et des chers amis, ne sachant pas s'il a lu des fragments de mon journal sur le siège, publiés dans l'Écho de Paris. Mais à la chaleur banale de son accueil, il semble n'en savoir rien ou affecter de n'en savoir rien. E. et J. de Goncourt, Journal,avr. 1890, p. 1154.
En partic. Dispositions psychologiques permanentes qui déterminent chez une personne sa façon d'accueillir et de manifester sa sociabilité :
22. J'observais en silence et je m'attristais de sentir que malgré moi l'amitié de cette honorable famille allait m'échapper et m'être enlevée par les événements. Je les avais connus sous l'Empire simples, aimables, instruits, aimant les beaux-arts et en parlant bien, ouverts de cœur, d'accueil, de regard, de sourire et de langage. La Restauration les rendit humoristes, ombrageux et méchants. A. de Vigny, Mémoires inédits,1863, p. 58.
23. Sur Hofmannsthal, je vois la possibilité d'être nuancé, délié, subtil, minutieux; mais il n'offre pas prise au grand, parce que, quels que soient sa générosité, son accueil, son hospitalité, cependant Hofmannsthal n'est pas grand. Ch. Du Bos, Journal,août 1926, p. 89.
24. Il avait l'accueil ouvert, le geste large. Il usait envers les paysans d'une familiarité protectrice, grâce à laquelle il obtenait tout d'eux, sans qu'ils osassent lui rien demander. M. Arland, L'Ordre,1929, p. 36.
P. anal. [En parlant de choses plus ou moins personnifiées ou proches de l'homme] :
25. Par la fenêtre, j'aperçus un pan de ciel; je tournai la tête : de vieux meubles fatigués, sans accueil. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?,1934, p. 280.
II.− Le fait d'être accueilli; la manière dont qqn (ou qqc.) est accueilli.
A.− [En parlant d'une pers. (l'accueil réservé à qqn)] :
26. C'était un homme de manières agréables et nobles, qui savait plaire à tous. Aussi reçut-il l'accueil le plus empressé : les princes allèrent au-devant de lui; le roi lui donna des fêtes, le logea en l'hôtel de Clisson, paya sa dépense, et le prit dans un tel gré, qu'il lui accorda sa propre devise à porter. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-1824, p. 241.
27. La brillante élève de Tartini, MmeSirmen [Maddalena Lombardini de] se fit entendre en 1769 dans un concerto de son maître. Elle revint en 1785, mais n'obtint pas un accueil aussi chaleureux. C'est à elle que Tartini écrivit une longue lettre, datée de Padoue, sur l'art de jouer du violon. L. Grillet, Les Ancêtres du violon,t. 2, 1901, p. 131.
28. J'ai trop souci de la vérité pour taire le fâcheux accueil que je dus essuyer à mon retour au foyer. A. Gide, La Symphonie pastorale,1919, p. 880.
B.− [En parlant d'une chose (l'accueil réservé à qqc.)] :
29. Le poème d'Amadis des Gaules, faisant suite aux Chevaliers de la table-ronde, mérite l'accueil flatteur qu'il a reçu du public. V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 356.
30. − « Je l'affirme, répondit celui-ci, nullement déconcerté par le brutal accueil que venait de recevoir sa confidence, et si tu voulais qu'on mît à la torture Gallienus, ami de l'évêque, et Platon, son archidiacre, ils le convaincraient devant toi d'avoir dit cela. » A. Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 221.
31. Les noms changent, mais l'aventure est toujours la même. Ainsi Racine jadis « fabriqué » par Boileau et qui passera comme le café. C'est l'accueil réservé à toute poésie que le temps n'a pas encore consacrée. H. Bremond, La Poésie pure,1926, p. 86.
32. ... mes œuvres qui avaient d'abord trouvé un accueil hostile ont été acclamées bientôt après... I. Stravinsky, Chroniques de ma vie,1931, p. 187.
Rem. Sens et champ paradigmatique du mot accueil. Il y a 2 sortes d'accueils : celui que l'on fait, celui que l'on reçoit. Cette distinction correspondant à celle de l'emploi actif et de l'emploi passif du verbe accueillir. L'accueil que l'on fait témoigne des dispositions, d'une attitude de l'« accueillant » pour celui qui est accueilli. Parfois il révèle un aspect psychol. de la personnalité qui accueille. Si entrent en jeu des agents inanimés, ils le peuvent par l'artifice de la personnification ou par la proximité avec des préoccupations humaines. L'accueil dans ce cas entre dans le champ paradigmatique de l'ouverture qui peut s'adresser aux êtres comme aux choses, être négative ou positive, favorable ou défavorable selon qu'un sentiment de sympathie ou d'antipathie préside à l'accueil. L'accueil que l'on reçoit peut provenir à la fois d'êtres et de choses. Ce n'est plus alors la notion d'ouverture qui prévaut mais celle de réceptacle, de contenant. Pour les animés, il s'agit de laisser entrer l'accueilli dans l'intimité physique, intellectuelle, morale de celui qui accueille. Une valeur soc. s'attache à cet accueil comme le montrent les syntagmes : maison, centre d'accueil. Les choses accueillent aussi : un fauteuil, une maison. Accueillir signifie alors « entrer dans l'enclos de leurs limites, se mouler dans leurs formes, se conformer à leurs mesures ».
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akoej]. Passy 1914 transcrit [œ .] mi-long, Barbeau-Rodhe 1930 et Harrap's 1963 transcrivent [œ:] long. D'apr. Mart. Comment prononce 1913, p. 93 : ,,Les finales mouillées, -euil et -euille, sont un peu moins brèves``. Cependant Fouché Prononc. 1959, p. 54 rappelle que l'[œ] suivi de [j] est bref, ainsi dans ,,bouvreuil (...), chevreuil, deuil (...), il endeuille (...), feuille, qu'il veuille (...), il cueille [kœ j], il recueille``. − Rem. Le mot est transcrit avec sa prononc. actuelle dès Land. 1834 et Besch. 1845, alors que Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1847, Fél. 1851 et Littré donnent encore une prononc. avec l mouillé. Enq. : /akø2j/. 2. Forme graph. − Le son [œ j] s'écrit -ueil apr. [k] et [g] : accueil, cueillir, orgueil, recueil (cf. Ortho-vert 1966, p. 525). À comparer avec la graph. -euil dans seuil, qu'il veuille, chevreuil.
Étymol. ET HIST. − Av. 1188 « manière de recevoir » (Partonopeus de Blois, 2292, éd. Crapelet ds T.-L. : Partonopeus ot fait le jor Dont le coisisent al mellor C'onques vëiscent de lor iols; Et il lor fait si beaus achiols Qu'il est tenus al plus cortois C'onques vëiscent li François); fin xiie-début xiiies. « id. » (Gace Brulé, Chansons, LIV, 12 éd. G. Huet ds Arch. St. n. Spr. 140, p. 98 : Et s'est de si tres bel acueil Que toz li monz l'en doit prisier), d'où fin xiies. metre en mal acueil « mettre dans un situation difficile » (Ronceveaux, éd. Fr. Michel, CCCCLIII ds T.-L. : Les douze per[s] a mis en mal aquoil). Ca 1230 Bel Acueil, pers. allegor. (Roman de la Rose I Guillaume de Lorris, éd. F. Lecoy, vers 2776 : ... Je vi vers moi tot droit venant Un vallet bel et avenant En cui il n'ot rien que blasmer. Bel Acueil se fessoit clamer, Fius fu Cortoisie la large). Subst. verbal de accueillir* au sens 3; cf. avec a. fr. metre en mal acueil l'a. fr. metre en mal escueil (1erquart xiiie, Renclus).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 157. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 798, b) 1 143; xxes. : a) 1 653, b) 1 778.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Comm. t. 1 1837. − Hanse 1949. − Lacr. 1963. − Lafon 1963. − Thomas 1956.