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ACCOUDER, verbe trans.
I.− Emploi pronom. S'accouder.[Le verbe est suivi d'un compl. prép. introd. par les prép. à ou sur] Poser le coude ou les coudes sur quelque chose qui sert d'appui, s'appuyer du (des) coude(s) contre quelque chose :
1. Il s'accouda sur le bras du fauteuil, s'appuya la tête dans sa main gauche, et resta perdu dans une de ces méditations funèbres, dans ces pensées dévorantes dont le secret est emporté par les condamnés à mort. H. de Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 247.
2. ... ils s'accoudèrent à la fenêtre et se serrèrent doucement la main. A. de Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 373.
3. « ..., je me suis accoudé sur le parapet du pont pour voir l'eau tourbillonner sous l'arche et emporter les brins d'herbe qu'elle arrachait sur les bords... G. Flaubert, La Première éducation sentimentale,1845, p. 117.
4. Elle s'agenouilla, s'accoudant au prie-dieu, les yeux errant d'ogive en ogive, comme si elle les comptait. J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 251.
5. 10 juin. Marinette s'accoude à la rampe du petit pont. − Oh! le joli balcon, dit-elle. J. Renard, Journal,1905, p. 976.
6. Derrière le comptoir de bois verni l'on s'accoudait sans se baisser, évoluaient deux garçons pâles, la chevelure fendue par une raie parfaite, à gauche. P. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 213.
Rem. Syntagmes fréq. : s'accouder à une fenêtre, à une table, à une balustrade, à un parapet, à un balcon, à une cheminée, à une rampe.
[Le compl. prép. peut rester implicite] :
7. Il avait un geste familier. Il s'accoudait du bras droit, posait sa joue sur ses doigts et, de l'ongle du petit doigt libre, se touchait une dent rentrée. Il m'a laissé ce tic. J. Renard, Journal,1897, p. 406.
8. Maintenant que tout était prêt, il y eut un trou. Ainsi parfois le temps s'arrête. (...). La dactylo bâilla, s'accouda le menton au poing et sentit naître le sommeil en elle comme un volume. Un sablier sans doute coulait. A. de Saint-Exupéry, Courrier Sud,1928, p. 55.
Rem. La position exprimée par s'accouder peut être précisée par le cont. (cf. ex. 1, 7, 8).
P. méton., rare. [Le suj. est un subst. désignant une chose abstr. ou concr. personnifiée] :
9. Le fleuve a recouvert la berge et, par les plaines, Roule en ses flots grossis les fleurs des vieux étés Et les bouquets du haut des terrasses jetés Par l'ennui qui s'accoude aux villas riveraines. H. de Régnier, Sites,1887, p. 133.
10. Des débris de fonte, des entassements de ferraille s'accoudaient au bord de la route, parmi des herbes folles et des fleurs de carotte. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 334.
II.− Emploi trans., littér.
A.− [L'obj. désigne une pers.] Faire (s')accouder :
11. La créature qui parlait était magnifiquement belle, belle à la façon de ces éphèbes de l'Italie du xviesiècle que Raphaël accoude dans le songe immortel de la jeunesse, et dont la tendresse et la pureté de lignes montrent comme une fleur de beauté mâle, comme l'adolescence d'un Dieu. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 180.
12. Une immense mélancolie les accouda [les deux jeunes princes] sur le parapet [du fleuve]. G. d'Esparbès, Le Roi,1901, p. 63.
B.− [L'obj. désigne une chose] :
1. [Le compl. est en fonction d'obj. interne] :
33. Elle se tait, écoute, et dans l'ombre nocturne, Accoudant son beau bras sur la rondeur de l'urne, Le sein ému, le front à demi soulevé, Inquiète, elle attend celui qu'elle a rêvé. Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Thestylis, 1874, p. 223.
2. Littér. [L'obj. dir. est un subst. désignant une chose abstr. : une action, un état d'âme, une qualité] :
14. Cette foule de sénateurs (...) allait, venait autour de lui [le Nabab] sans le voir, accoudant son importance inquiète et des conciliabules mystérieux aux deux cheminées de marbre blanc qui se faisaient face. A. Daudet, Le Nabab,t. 2, 1877, p. 90.
15. Eline quitte le balcon auquel elle accoudait sa prière... A. Daudet, L'Évangéliste,1833, p. 13.
16. Il [Baldassare] éprouvait à parer son corps dolent, à accouder sa résignation à la fenêtre en regardant la mer, une joie mélancolique. M. Proust, Les Plaisirs et les jours,1896, p. 33.
17. Ce placard-cabinet de toilette m'appartenait et j'accoudais à l'une ou l'autre fenêtre une mélancolie, un dédain tous deux feints, à l'heure où les petits Blancvillain et les Trinitet passaient... Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 42.
Rem. Dans cet emploi, caractéristique d'un certain style, accouder suivi d'un obj. dir. équivaut à s'accouder suivi d'un compl. de manière ou d'un gérondif (cf. ex. 16 : Eline s'accoudait au balcon en priant; cf. accoudé C). Le procédé consiste à « chosifier » une manière d'être, et à la constr. ensuite en compl. d'obj.; le résultat est un tour brachylogique, qui veut produire un effet de surprise à la manière d'une alliance de mots insolite.
Prononc. − 1. Forme phon. : (s') [akude], (je m') [akud]. Enq. : /akud/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accoudement, accoudoir. Cf. coude.
Étymol. ET HIST. − Fin xiies. « s'appuyer à l'aide du coude » part. passé adj. (Loh., ms. Montpellier, fol. 258b ds Gdf. Compl. : Fro. fu sor son lit acodés); début xiiies. « id. » (Parise, 2104 ds Gdf. Compl. : Ou chef d'une des tables s'est alez acoder); 1845 milit., Besch. s.v. : ... art milit. Se placer coude à coude. Dér. de coude*, préf. a-*; voir aussi accoter.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 450. Fréq. rel. litt. : xixes. a) 203, b) 1 031; xxes. : a) 889, b) 650.