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ACCLIMATER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− BIOL. [Le compl. d'obj. du verbe désigne un organisme vivant, animal ou végétal] Accoutumer à un nouveau milieu biologique.
[Sans obj. second.; mais avec un compl. circ. introd. par dans] :
1. Il avait toujours sur les rayons de sa bibliothèque une quantité de petits sacs de graines qu'il expérimentait dans le jardin, rêvant sans cesse au moyen d'acclimater quelque nouvelle plante fourragère, fromentale ou légumineuse dans le département, et se flattant d'éclipser la gloire de ses concurrents au Comité d'agriculture. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 372.
[Avec obj. second. introd. par la prép. à] :
2. Les colons avaient donc là une abondante réserve de gibier aquatique. Le temps venu, il ne s'agirait plus que de l'exploiter convenablement, et il était probable que plusieurs espèces de ces oiseaux pourraient être, sinon domestiqués, du moins acclimatés aux environs du lac, ce qui les mettrait plus directement sous la main des consommateurs. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 196.
3. La levure peut être acclimatée peu à peu à certaines substances antiseptiques... Boullanger, Malterie, brasserie,1934, p. 398.
B.− Au fig.
1. [Le compl. du verbe désigne une pers.] Accoutumer à de nouvelles conditions de vie, d'activité, de pensée.
[Sans obj. second., mais le plus souvent avec un compl. circ. introd. par dans] :
4. Laure était acclimatée déjà dans cette atmosphère de luxe et d'élégance; elle s'y mouvait, elle y respirait comme dans son élément naturel. J. Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 8.
5. L'ensemble était d'un modeste pleutre accoutumé à trembler devant sa femme et tellement acclimaté dans le clair-obscur qu'il avait toujours l'air de projeter sur lui-même l'ombre de lui-même. L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 244.
6. À peine si je pus saisir au vol cette phrase d'une fort belle dame, originaire de ce milieu, mais acclimatée dans les sphères officielles, depuis que son mari, banquier, a gagné force millions dans je ne sais quelle spéculation audacieuse... C. Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 191.
7. − « Tu ne fumes pas? » demanda-t-il. « J'ai très envie d'allumer une cigarette, tu permets? » Il jugeait essentiel de ne rien dramatiser, d'acclimater peu à peu cette sauvagerie, à force de cordialité et d'aisance. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Sorellina, 1928, p. 1211.
Rem. Comme le montrent les ex., l'emploi fig. se rencontre surtout au part. passé avec valeur d'adj. d'état, synon. expr. de accoutumé; d'autre part la valeur de la constr. accoutumé dans se confondait pratiquement avec la constr. accoutumé à, devant laquelle elle a fini par céder; l'ex. 7 montre un essai de renforcement de l'image par une réf. dir. au sens propre.
[Avec un obj. second. introd. par la prép. à] :
8. Me voici acclimaté au désert, ma chère Eugénie. Mes habitudes se sont pliées à ma nouvelle vie et mes yeux se sont familiarisés avec les landes épineuses et les forêts couleur de rouille. Il doit y avoir une forte dose de sympathie chez moi pour m'être si vite lié d'amitié avec des steppes incultes et la sombre ceinture de bois qui nous environne. M. de Guérin, Correspondance,1832, p. 60.
2.− [Le compl. du verbe désigne une fonction, une activité ou une œuvre hum.] Adapter à une situation nouvelle :
9. ... la nuance des tentures, des étoffes, l'hospitalité des sièges, l'agrément des formes, la grâce des ensembles, caressent, captivent et acclimatent le regard autant que les jolis sourires. G. de Maupassant, Notre cœur,1890, p. 305.
10. ... il faut s'ingénier pour trouver des moyens de soutenir la lutte, pour créer des spécialités nouvelles, pour les acclimater, etc. D'une manière générale, plus le milieu est sujet au changement, plus la part de l'intelligence dans la vie devient grande; car elle seule peut retrouver les conditions nouvelles d'un équilibre qui se rompt sans cesse, et le restaurer. É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 256.
Styl. Dans des textes relâchés, on constate la disparition de l'idée de mil. ou de condition d'existence; acclimater devient alors un synon. à peine expr. de adapter, d'où des emplois comme les suiv. :
11. ... et c'est ensuite (à 'A.B.C.) M. Enrico Crolla qui, acclimatant Chopin à la guitare, en tire, avec sa plectre, des sonorités de harpe. L'Œuvre,5 mars 1941.
12. Jamais il n'a eu autant de possibilités qu'aujourd'hui de se rendre maître et possesseur de la nature, de la dompter, de l'acclimater, de la civiliser, de l'organiser, de la discipliner. Et ces possibilités iront en s'accroissant. J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. 27.
II.− Emploi pronom. S'acclimater
A.− BIOL. (cf. sup. I A)[Le suj. désigne un être ou un organisme vivant, princ. hum.] :
13. ... Les races humaines, après avoir commencé par couvrir les zones tempérées de la terre, et s'être répandues également du côté des pôles et du côté de l'équateur, sitôt qu'elles ont atteint les limites extrêmes du froid, et qu'elles s'y sont habituées, reviennent rarement et difficilement sur leurs pas : tandis que les habitans des zones brûlantes s'acclimatent sans peine dans les pays tempérés, et peuvent même se familiariser assez vite avec les froids les plus rigoureux. P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 32.
14. Si le milieu change, l'organisme tend à se maintenir dans le milieu nouveau, il s'acclimate, il se plie. − Si un organe est enlevé, cet organe se refait; si on ne l'enlevait pas, il ne se referait sans doute pas pour se maintenir intact. C. Bernard, Cahier de notes,1860, p. 105.
15. L'homme s'acclimate à une haute altitude par des modifications de son sang et des systèmes circulatoire, respiratoire, squelettique et musculaire. Les globules rouges répondent à l'abaissement de la pression barométrique en se multipliant. L'accommodation se fait rapidement. A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 259.
B.− Au fig. (cf. sup. I B)
1. [Le suj. désigne une pers.] :
16. N'en déplaise à ceux qui pourraient nier l'influence du terroir, je sentais qu'il y avait en moi je ne sais quoi de local et de résistant que je ne transplanterais jamais qu'à demi, et si le désir de m'acclimater m'était venu, les mille liens indéracinables des origines m'auraient averti par de continuelles et vaines souffrances que c'était peine inutile. E. Fromentin, Dominique,1863, p. 136.
17. Pendant cette période, on put constater que maître Jup s'acclimatait aisément et se familiarisait avec ses nouveaux maîtres, qu'il regardait toujours d'un œil extrêmement curieux. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 275.
18. Elle [la souffrance] nous empêche de nous acclimater en ce monde, et nous y laisse comme en un malaise incurable. Qu'est-ce en effet que s'acclimater, sinon trouver son équilibre dans le milieu restreint où l'on vit hors de chez soi? M. Blondel, L'Action,1893, p. 381.
2. [Le suj. désigne une manifestation du psychisme hum., un obj. entrant dans l'usage, etc.] :
19. Depuis, les accès de cette étrange aura, loin de devenir moins fréquents, s'acclimatèrent, mais tempérés, maîtrisés, apprivoisés pour ainsi dire, de sorte que j'appris à n'en être effrayé, non plus que Socrate de son démon familier. A Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 485.
20. Au xviiiesiècle, beaucoup d'idées venues de l'étranger se sont acclimatées en France. Ac.t. 11932.
21. De nos jours, la petite clarinette tend à s'acclimater dans les orchestres... E. Guiraud, H. Busser, Traité pratique d'instrumentation,1933, p. 63.
Rem. Comme pour l'emploi trans., les ex. les plus anc. montrent la constr. avec dans, remplacé par à tant que l'image d'un mil. reste vivace; plus récemment (cf. ex. 21) dans (ou en) reparaît en même temps que le verbe s'affaiblit en synon. à peine expr. de s'installer ou devenir habituel (cf. aussi les ex. 18 et 19) dont il prend dès lors la constr.
Prononc. − 1. Forme phon. : [aklimate], j'acclimate [ʒaklimat]. Passy 1914 et Warn. 1968 transcrivent [-mɑ-], avec [ɑ] post. ([ɑ ˑ] post. mi-long ds Passy). Harrap's 1963 donne la possibilité d'une prononc. avec [a] ant. et [ɑ] post. Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent [a] ant. Enq. : /aklimat/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : acclimatable, acclimatation, acclimatement, acclimateur. Cf. climat.
Étymol. ET HIST. − 1. 1775 hist. nat., Buffon, Oiseaux, les Bengalis et les Sénégalis ds Fr. mod. XXXVI, p. 140 : Ces oiseaux se transportent assez difficilement, et ne s'accoutument qu'avec peine à un autre climat; mais une fois acclimatés, ils vivent jusqu'à six ou sept ans; 2. 1782 fig., Delille, Jardins d'apr. Gohin 1903, p. 253; 3. 1845, Besch., part. passé subst. : les acclimatés de naissance (les créoles). Dér. de climat*; préf. a-*, dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 138.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Nysten 1814-20. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 140.