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ACCENT, subst. masc.
I.− Terme de ling. ou de gramm. et de mus. servant à désigner différentes caractéristiques d'un système d'expression.
A.− LING., GRAMM.
1. PHON. Augmentation de l'intens. ou élévation de la hauteur de la voix, qui met en relief telle syllabe ou telle articulation d'un mot ou d'un groupe de mots.
a) Accent d'intensité, accent tonique, accent rythmique :
1. La phrase française est composée d'un certain nombre de mots ou de groupes de mots. Chacun de ces mots ou groupes de mots porte sur sa dernière syllabe un accent d'intensité, c'est-à-dire que cette dernière syllabe est dite avec plus de force que les autres. GrammontPrononc.1958, p. 105.
Rem. Le retour plus ou moins rég. de l'accent d'intensité crée le rythme de la phrase fr., d'où l'expr. accent rythmique; l'accent augmente l'intens. du ton, d'où l'expr. accent tonique.
b) Accent d'insistance :
2. ... Il y a parfois dans la phrase française des mots particulièrement importants et d'une certaine dimension, qui, sous l'influence de l'emphase ou de l'émotion, peuvent, à côté de l'accent héréditaire placé sur la finale, en recevoir un autre. Ce nouvel accent d'intensité dit « émotionnel » ou aussi « accent d'insistance » n'est pas moins énergique que l'ancien (...) : il porte d'ordinaire sur la première syllabe du mot qui commence par une consonne, tout en renforçant aussi et en allongeant cette consonne. Bourc.-Bourc.1967, § 9, rem. c, p. 32.
Rem. L'accent d'insistance est appelé, selon les effets qu'on en tire, accent émotionnel, accent intellectuel, accent logique, accent oratoire, etc.
c) Accent de hauteur, accent musical, accent mélodique. Élévation du timbre d'une voyelle ou d'une syllabe au cours de l'émission de la voix :
3. Avant une pause, si le sens est seulement suspendu, le ton s'élève. Si le sens est terminé, le ton s'abaisse, et l'accent musical recule sur l'une des syllabes précédentes (...) Rouss.-Lacl.1927, p. 99.
PRONONC. Manière partic. de placer l'accent, et p. ext., ensemble des traits de prononc. qui s'écartent de la prononc. considérée comme normale et révèlent l'appartenance d'une pers. à un pays, une province, un mil. déterminés :
4. Avec un accent traînard de Parisien il se vante de ses conquêtes. E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 50.
5. Les ordres furent transmis aux garçons dans un français dont les hésitations ou l'accent trahissaient tantôt le russe, tantôt l'anglais, tantôt l'allemand, tantôt le hongrois et tantôt un idiome inconnu. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 59.
Syntagmes fréq. : accent allemand, anglais, espagnol...; - berrichon, provençal...; - faubourien, léger -, fort -; - du Midi; avoir un -; parler le français sans -.
2. ORTH. Signe graph. placé au-dessus des éléments vocaliques de base de la transcription.
a) Soit pour en préciser la prononc. (ton en gr., hauteur et quantité en lat., timbre ouvert ou fermé et parfois quantité en fr., etc.). Accent aigu*, accent grave*, accent circonflexe*; voir aussi apex :
6. En grec, en italien, etc., la connaissance des accents (...) est extrêmement importante. Ac.1835.
b) Soit pour marquer des oppos. de sens (différenciation de mots distincts qui sans l'accent auraient la même transcription : a / à, ou / où, du / ), la disparition de certaines lettres autrefois prononcées : âne, < asne, âme < anme, etc.
Rem. Au sens strict, accent ne désigne que les 3 signes fondamentaux communs aux fonctions a et b : aigu, grave, circonflexe; au sens large, il désigne aussi le tréma qui relève de la déf. et de la fonction a.
B.− MUSIQUE
1. Augmentation de l'intens. sonore sur un temps.
2. Accents musicaux. Signes d'accentuation, comme le point*, la virgule*, le petit soufflet* droit, le petit soufflet* couché, etc. (cf. Rougnon 1935).
II.− Gén. au plur. Traits par lesquels se distinguent et se reconnaissent ou un genre (en particulier musical), une œuvre, un passage déterminés, ou leur présentation par une personne ou un instrument déterminés.
A.− [En parlant d'un genre ou d'une œuvre] :
7. ... On entendait de loin en loin quelques accents d'une chanson populaire, et, il faut l'avouer, un peu ignoble, que chantait l'un des reclus. Stendhal, Le Rouge et le noir,t. 1, 1830, p. 139.
8. Que quelquefois encore, sous le ciel d'automne, dans ces derniers beaux jours que les brumes remplissent d'incertitude, assis près de l'eau qui emporte la feuille jaunie, j'entends les accens simples et profonds d'une mélodie primitive. E. de Senancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 65.
9. Toi, de même, ne fais pas attention à la manière bizarre dont je chante chacune de ces strophes. Mais, sois persuadé que les accents fondamentaux de la poésie n'en conservent pas moins leur intrinsèque droit sur mon intelligence. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 286.
10. Un chant étouffé et joyeux se fait entendre dans l'air; on perçoit des échos d'orgue, de luth, d'harmonica, ou bien des voix prononçant des paroles sibyllines. Tout est animé, vivant, sonore, tous les objets parlent et chantent, l'univers s'exprime dans une langue infiniment douce, à laquelle répondent parfois des accents lugubres, glas de la nature, chanson des trépassés, sourdes menaces. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 170.
Autres syntagmes : accents frémissants, harmonieux, mélodieux; doux -, longs -, premiers -; - de la chanson, de la Marseillaise, - de la poésie. Synon. air, mélodie, sons.
B.− [En parlant d'un artiste présentant une œuvre] Accents de l'aède, accents du prophète :
11. Entendre cette réponse commencée par la plus déchirante ironie, et terminée par les accents les plus mélodieux dont une femme se soit servie pour peindre l'amour dans son ingénuité, n'était-ce pas aller en un moment du martyre au ciel? H. de Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 279.
C.− Au sing., rare. [En parlant d'un instrument] L'accent du clairon, de la cloche... :
12. Des mots sonnaient avec un accent de clairon : « Patrie, devoir, honneur ». M. Arland, L'Ordre,1929, p. 373.
III.− P. ext. et au fig. dans la lang. cour.
A.− Inflexion particulière de la voix traduisant et permettant de reconnaître comme authentique une émotion, un sentiment :
13. C'est qu'il y avoit dans ces voix champêtres un accent irrésistible de vérité et de conviction. F.-R. de Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 295.
14. J'ai dit que c'était le hasard. Et le procureur a noté avec un accent mauvais : « Ce sera tout pour le moment ». A. Camus, L'Étranger,1942, p. 1186.
15. Je plaide! Vous avez trouvé ce mot. Toutes les fois que je dis quelque chose avec accent et émotion, quelque chose qui me vient du cœur ou des entrailles, pour vous, je plaide! H. de Montherlant, Fils de personne,1943, III, 3, p. 319.
Syntagmes fréq. :
1. Accent + adj., exprimant une émot., un sent. :accent déchirant, sincère, passionné, plaintif, vrai, douloureux, ému, pathétique, désespéré, irrité, ironique...;
2. accent + de + subst., marquant une émot., un sent. :accent de conviction, de vérité, de sincérité, de colère, de désespoir, de détresse, de pitié, de triomphe, de franchise, de passion, de terreur, de tristesse, de joie, de regret, etc.;
3. verbe déclaratif + avec, de + accent :dire qqc. avec un accent de sincérité, répondre avec un accent douloureux, s'écrier avec un accent de colère, prononcer des paroles d'un accent ému...
B.− Ce qui donne ou a du relief; spécificité, originalité :
16. Je me désole à penser que, plus tard, ma mémoire affaiblie ne saura plus me présenter ma sensation d'aujourd'hui, pourtant si vive, et que celle-ci, perdant toute netteté de contour, tout accent, ne m'apparaîtra plus que pareille à ces médailles dont s'est effacée l'effigie... A. Gide, Journal,Feuillets, 1911, p. 344.
17. Cet instant du jour a pris un accent et une espèce de couleur déterminée qui l'empêchent de fournir un champ d'action à celle de mes pensées que je me tenais prêt à développer. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 188.
Loc. Mettre l'accent sur, faire porter l'accent sur... Mettre en relief, faire ressortir, insister sur tel aspect partic. :
18. Je ne puis penser Dieu sans le penser comme recours absolu; et par là je mets l'accent sur cette relation personnelle entre Dieu et moi... G. Marcel, Journal métaphysique,1920, p. 255.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aksɑ ̃]. Enq. : /aksã/. 2. Dér. et composés : accentuable, accentuation, accentuel, accentuer. − Rem. Ac. 1798 écrit encore au plur. les accens, avec ens; Ac. 1835 : les accents.
Étymol. ET HIST. − a) Ca 1220 ling. « intensité donnée à une syllabe relativement aux autres », 1220 emploi métaph. (G. de Coincy, Mir. S. Vierge, éd. Poquet, col. 571, 667 : Si courte chandèle et si briève Que ne porroit pas estre longue Ne par aucent ne par ditongue); 1267-1268 « élévation de la voix sur une syllabe (accent de hauteur) » sens propre (Brunet Latin, Li Livres dou Tresor, 364, éd. Chabaille ds T.-L. : que chascune letre ait son son et chascuns moz son accent et soit entre haut et bas); b) 1549 « signe qui figure l'accent » (R. Estienne, Dict. François-lat. : Accent, Accentus, Tenor. Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus. Accent graue, ou bas, Accentus grauis. Accens circunflex, Accentus circunflexus); c) 1559 « inflexions de la voix traduisant les sentiments ou les pensées » (Amyot, Lyc., Œuvres de Plutarque, 4, Paris, 1783-1805 ds Littré : Ses propos estoient belles chansons estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d'accents pleins de douceur et de gravité); d) 1680 « inflexion de voix particulière (à une nation ou aux habitants d'une région) » (Rich. : Accent, s. m. Certaine inflexion de voix [Avoir bon ou mauvais accent]). Empr. au lat. accentus, attest. dep. Quintilien au sens a « accent de hauteur » (Institutio Oratoria, l. 1, ch. 5, § 22 ds TLL s.v., 280, 52 : adhuc, difficilior observatio est per tenores... vel accentus quas graeci π ρ ο σ ω δ ι ́ α ς vocant), l'accent lat. étant devenu seulement vers le ves. d'intensité (Pompeius, Gram. Lat., V, p. 126, 31 et suiv. ds Niedermann, Phon. hist. lat., p. 11 : illa syllaba plus sonat in toto verbo, quae accentum habet); cf. lat. médiév., ca 1276 « accent de hauteur » (Conradus Murensis, Summa de arte prosandi, 6, 6i, p. 443, 25 et suiv. ds Mittellat. W. s.v., 79, 3 : prima distinctio seu pausa... acuto accentu pronunciari debet..., secunda... gravi accentu); au sens c (dér. de a) dep. le iies. (C. Fronto, Epistul. p. 158, 17 N ds TLL s.v., 281, 6 : isti autem tam oratores quam poetae consimile faciunt atque citharoedi solent, unam aliquam vocalem litteram de Henone [?] vel de Aedone multis et variis accentibus [iter]are). Forme aucent (ci-dessus), voir absent (ausent).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 714. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 5 322, b) 5 342; xxes. : a) 4 445, b) 5 717.
BBG. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Comte-Pern. 1963. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Giraud 1956. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Marcel 1938. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Nysten 1814-20. − Piéron 1963. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 339. − Rougnon 1935. − Springh. 1962. − Thomas 1956. − Vachek 1960.