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ABSTRACTIF, IVE, adj. et subst.
A.− Adj., LOG.
1. [En parlant d'une opération mentale] Qui consiste à former des abstractions. Procédé abstractif (Littré); opération abstractive (Foulq.-St-Jean 1962).
2. [En parlant d'un concept ou d'un terme] Résultat de l'action d'abstraire, qui est formé par abstraction, qui sert à exprimer des abstractions.
Rem. Se dit quelquefois pour abstrait :
1. L'égalité, malheureusement n'existe qu'à l'état abstractif. La Châtre, t. I, 1865.
Les lexicographes ont essayé de distinguer les 2 mots (cf. abstractivement); abstractif exprimerait une action, abstrait un état : une considération abstractive est une considération qui abstrait; une considération abstraite est une considération dans laquelle l'abstraction est déjà opérée. De fait, abstractif est actif dans l'emploi A, qui reste seul vivant.
Spéc. PHYS. Méthode abstractive. ,,Celle qui consiste à résumer dans une formule mathématique la loi des phénomènes sensibles directement observés (sans chercher à les expliquer par des structures ou des processus non apparents) et à en tirer les conséquences par le calcul.`` (Lal. 1968).
B.− Adj. et subst., PSYCHOL., CARACTÉROL. [En parlant d'une pers. ou d'une fac. hum.] (Celle, celui) qui, dépassant le stade instinctif, est capable de penser abstraitement :
2. Le spécialiste est nécessairement la plus parfaite expression de l'homme, l'anneau qui lie le monde visible aux mondes supérieurs : il agit, il voit et il sent par son intérieur. L'abstractif pense. L'instinctif agit. De là trois degrés pour l'homme : instinctif, il est au-dessous de la mesure : abstractif, il est au niveau; spécialiste, il est au-dessus. Le spécialisme ouvre à l'homme sa véritable carrière, l'infini commence à poindre en lui, là il entrevoit sa destinée. H. de Balzac, Louis Lambert,1832, p. 209.
Faculté abstractive. Faculté d'abstraire (cf. abstractivité) :
3. ... depuis quarante ans, des centaines de fois, il est à peu près impossible de découvrir le feuilleton où je les ai copiées. Mais cela n'importe pas, puisque précisément elles ont été choisies pour donner l'impression d'un cerveau anonyme et du parfait servilisme intellectuel. Ce cerveau anonyme est pourtant doué de deux ou trois qualités ou affections particulières : d'une mémoire spéciale, très étendue; d'une faculté abstractive qui semble en corrélation avec une cécité cérébrale presque absolue. R. de Gourmont, Esthétique de la langue française,1899, p. 283.
Rem. Les emplois B appartiennent à la lang. d'un nombre très limité d'aut. du xixes.
Prononc. : [abstʀaktif], fém. [-i:v]. Cf. abstraire.
ÉTYMOLOGIE I.− 1510 (science) abstractive « [science] qui utilise l'abstraction » terme philos., sens actif (Lemaire de Belges, Oraison, éd. Stecher, IV, 326 ds Hug. : Je ne quiers pas par espesse d'envie... Surpasser tous en science abstractive). II.− 1. 1547 (substance) abstractive « (substance) séparée de la matière », terme philos., synon. de substance abstraite, sens passif (Budé, Institution du prince, 20, ibid. : Par laquelle il diffère des substances intellectuelles et abstractives qui sont formées sans matière); 2. 1747 « [nom] qui exprime une notion conçue indépendamment des représentations où elle est donnée » terme gramm. (Girard, Vrais principes de la lang. fr., I, 222 : Humanité, blancheur... bonté... force... tristesse sont abstractifs, nommant les choses comme modes et simples qualités). Dér. du rad. de abstraction*, ou empr. au lat. médiév. abstractivus « qui pratique l'abstraction » : Albert le Grand, De intellectu, I, 1, 7 ds Mittellat. W. s.v. : intellectus est abstractivus et denudativus formarum; cf. abstraction 2, abstrait I 2. II exprimé en lat. médiév. par abstractus, cf. abstrait I 1, terme gramm. et I 2, terme philos. HIST. − D'apr. Brunot t. 6, p. 4 et Gohin 1903, abstractif est l'un des nombreux termes techn. créés au xviiies. Il a une valeur fondamentalement active, dynamique, (suff. -if cf. DG, introd., § 125 et 257), abstractif « qui abstrait »; toutefois le mot a connu au cours de son hist. des fluctuations qui l'ont chargé d'un contenu passif, statique, d'où les équivoques fréq. et une synon. latente avec abstrait. I.− Disparition av. 1789. − Abstractif se disait en anc. chim. des produits retirés des plantes par distillation. (Cf. Lar. 19e) − Rem. abstractif avait dans ce cas la valeur passive. (Cf. inf. II B). II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A. Valeur active (cf. sém. sens A), daté de 1510 (cf. étymol. I). 1remention lexicogr. : Adj. Qui exprime des abstractions : terme abstractif. Boiste 1834. 2emention lexicogr. enrichie : Qui forme ou qui exprime des idées abstraites : un esprit abstractif, des termes abstractifs. Ac. 1798, 1835. − Rem. ex. suppl. ds Besch. 1845 (formule abstractive). La 1remention lexicogr. ci-dessus met en évidence l'équivoque déjà sensible dans étymol. II, 2 : blancheur, terme abstractif (c.-à-d. « terme qui exprime une notion conçue indépendamment des représentations où elle est donnée », déf. qui rend la valeur active du mot), mais d'autre part, terme abstrait, (c.-à-d. résultant de l'opération d'abstraction); sur cette équivoque et cette synon. cf. aussi abstractivement, hist. B.− Valeur passive (cf. sém. sens A 2), datée de 1547 (cf. étymol. II 1). 1remention lexicogr. : Adj. (philol.) qui est formé par abstraction, qui exprime des abstractions. Terme abstractif. Ac. Compl. 1842. Qui est formé par abstraction. Méthode abstractive. Procédé abstractif. Besch. 1845. Cette déf. est illustrée par des ex. équivoques, charnières entre l'actif et le passif. Ensuite seul Littré donnera à abstractif, le sens qui lui est propre (cf. sém. sens A 1), les autres dict. laissent subsister l'équivoque : Qui sert à exprimer des idées abstraites, ou qui est formé par abstraction : Termes abstractifs. Lar. 19e, puis Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e. − Rem. 1. (cf. sém. A, ex. 1) La Châtre t. 1 1865 et Lar. 19e, ont signalé la synon. abstrait-abstractif : Se dit quelquefois pour abstrait. Pour nous, l'égalité malheureusement n'existe qu'à l'état abstractif. Lar. 19e. 2. (cf. sém. A, spéc. emploi techn. en phys. attesté par Lar. 20eSuppl. 1954 et Lal. 1960).
BBG. − Gramm. t. 1 1789. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. B. Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 339.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5.