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ABOUTIR, verbe.
Toucher un bout, trouver un terme, avec ou sans nuance d'effort.
A.− Emploi intrans.
1. [Le suj. est un inanimé] Aboutir à qqc.Se terminer dans; arriver; p. ext. converger :
1. L'estomac est dans le thorax, au-dessus de la bouche. L'œsophage y aboutit par une large ouverture, ... G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 4, 1805, p. 126.
2. Ce préau, l'antichambre de l'échafaud ou du bagne, y aboutit d'un bout, et de l'autre il tient à la société par le gendarme, par le cabinet du juge d'instruction ou par la cour d'assises. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1848, p. 517.
3. Vers trois heures. Cyrus Smith et ses compagnons arrivèrent à une étroite crique bien fermée, à laquelle n'aboutissait aucun cours d'eau. Elle formait un véritable petit port naturel, invisible du large, auquel aboutissait une étroite passe, que les écueils ménageaient entre eux. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 253.
4. Le tramway de Neuilly venait de passer la porte Maillot et il filait maintenant tout le long de la grande avenue qui aboutit à la Seine. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, En famille, 1881, p. 338.
5. De chaque côté de cette pelouse, une allée s'enfonçait entre des buissons de houx, pour aboutir à un petit bois, assez sauvage, tout à l'extrémité du parc. M. Arland, L'Ordre,1929, p. 386.
6. ... dans la profondeur inattendue du vestibule, il y avait un deuxième escalier, en bois, recouvert d'un tapis rouge, et avec une belle rampe, de larges balustres de bois. Cet escalier ne menait qu'au premier, où il y avait un palier, une porte, et à côté de la porte un couloir tournant qui aboutissait à deux petits escaliers à droite et à gauche, enserrés entre les murs et recouverts de tapis. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 310.
2. P. ext. [Le suj. est exceptionnellement un animé] Toucher le bout :
7. Vous faites vingt fois le même chemin terrestre. Pour aboutir vingt fois. Et vingt fois vous aboutissez, vous parvenez, vous atteignez Péniblement, laborieusement, difficilement, Peineusement Au même point de déception Terrestre. Ch. Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu,1911, p. 287.
8. Une dernière confusion, que le crépuscule tombant rendait presque inévitable, lui fit commettre une erreur : au lieu d'aboutir à la place du village, elle se retrouva tout à coup à mi-côte, parmi les ajoncs et les bruyères. G. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 995.
Rem. Exceptionnellement, aboutir en ce sens est empl. absol. (cf. ex. 7, 1eremploi du verbe).
3. Au fig. [Le suj. est toujours un inanimé] Aboutir à qqn, à qqc., à faire qqc. :
9. Direz-vous que ce moyen eût entraîné trop de lenteurs? Pas plus en vérité que cette suite d'expédients qui n'ont abouti qu'à embrouiller les affaires. E.-J. Sieyes, Qu'est-ce que le Tiers-État?,1789, p. 73.
10. Je dispose de ma volonté, il est vrai, mais souvent elle n'aboutit qu'à des actes internes, sans pouvoir arriver jusqu'à des actes extérieurs; ... V. Cousin, Histoire de la philosophie du 18esiècle,t. 2, 1829, p. 530.
11. Après avoir siégé deux ans, leur concile a abouti à la plus triste élucubration qui se soit jamais vue, une constitution impraticable, non seulement dans ce temps-là, mais dans tous les temps imaginables ... J.-A. de Gobineau, A. de Tocqueville, Correspondance,Lettre de J.-A. G. à A. T., 1856, p. 273.
12. ... la physiologie se constitue en ce moment comme une science biologique fondamentale autonome, dont il faudra déterminer la place et vers laquelle doivent converger toutes les autres. En effet, tout doit aboutir à la physiologie, puisqu'elle s'occupe du phénomène vital. Même, à quoi serviraient l'anatomie, les classifications zoologiques, si ce n'était pour arriver ensuite à comprendre les êtres vivants? C. Bernard, Principes de médecine expérimentale,1878, p. 93.
13. ... ma crainte des supplices éternels aboutissait à des examens de conscience d'un scrupule infini. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 85.
14. Comme cette révolution a été faite par des fous et des imbéciles au profit des acquéreurs de biens nationaux et qu'elle n'aboutit en somme qu'à l'enrichissement des paysans madrés et des bourgeois usuriers, elle éleva, sous le nom d'égalité, l'empire de la richesse. A. France, Le Lys rouge,1894, p. 106.
15. « (...) Comprenez-vous que Dieu est l'aboutissement, non le départ, de la création tout entière. Ce qui n'empêcherait point, du reste, la création tout entière d'être son œuvre. Mais il n'est accompli qu'après nous. Toute l'évolution doit aboutir à Dieu. » A. Gide, Journal,Feuillets, 1921, p. 725.
16. Le fatalisme oriental, niant la nécessité de l'effort, doit logiquement aboutir à abolir l'idole civilisatrice qui demande bien du travail quand il s'agit de donner sa forme à un gigantesque rocher. E. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 263.
17. Ce qui est pire c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, ... L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 250.
18. ... le royaume de Dieu constitue le terme final que le mouvement de l'histoire prépare et auquel il aboutit et vers lequel convergent d'une part l'histoire de l'église et du monde spirituel, et d'autre part l'histoire du monde profane et de la cité politique ... J. Maritain, Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté,1936, p. 112.
19. Cette Société des Nations devrait être l'instigatrice d'une politique et d'une économie internationale; aboutir à une coopération générale, organisée, qui soit enfin à l'échelle de la planète. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 926.
Rem. La prép. à est empl. dans la quasi-totalité des cas (1 150 fois à pour seulement 36 fois dans). Le compl. est le plus souvent un terme concr., plus rarement un verbe (cf. ex. 9, 16) ou un terme abstr.
B.− Emploi absolu
1. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Arriver au bout, avoir une issue :
20. ... malgré ma confiance en mon noble guide, je commençais à croire que je m'étais abusé. Je me sentais dans une voie fausse, impossible, et qui n'aboutissait pas. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 71.
21. ... on suit des sentes élastiques, à pas étouffés, de nef en nef, sans aboutir jamais, et, parmi ce peuple de troncs innombrables, la solitude vous accueille comme au désert. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 117.
2. Au fig. [Le suj. est exceptionnellement un animé. Cf. ex. 27, 29] Arriver à un résultat, achever, réussir :
22. Ces jours-ci passés moitié au travail, moitié en soins ennuyeux et qui n'aboutissent pas. − Ce projet de journal se réalisera-t-il? Pourrai-je trouver position solide, c'est-à-dire some money quelque part cet hiver? J. Barbey d'Aurevilly, Premier Memorandum,1837, p. 176.
23. Les éducations d'élite sont celles qui aboutissent avec le plus de difficulté. L. Reybaud, Jérome Paturot à la recherche d'une position sociale,1842, p. 44.
24. Marsy, moyennant le million, s'engage à m'appuyer et à faire aboutir ma demande dans le délai d'un mois. É. Zola, Son Excellence Eugène Rougon,1876, p. 202.
25. Faisons des rêves chaque matin, et avec une extrême énergie, mais sachons qu'ils n'aboutiront pas. M. Barrès, Un Homme libre,Dédicace, 1889, p. XX.
26. ... quand une querelle se termine à coups de couteau, l'enquête de la police n'aboutit pas, en général, faute de témoins disposés à déposer. G. Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 270.
27. Dépasser les autres! S'imposer! Il le faut. Il faut que cette force, cachée dans une race, aboutisse enfin! C'est en nous que l'arbre Thibault doit s'épanouir ... R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 764.
28. Ils étaient épouvantés. Avoir tant souffert, tant lutté, pour se faire fusiller par des français! Mourir stupidement au moment d'aboutir! M. Van der Meersch, L'Invasion 14,1935, p. 434.
29. Armand écoutait ça d'une oreille pas tout à fait fidèle, parce que le jeu ressemblait aux siens, sauf que lui il ne se préoccupait pas de faire échouer, mais de faire aboutir. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 110.
3. Can. Finir :
30. Un jeune s'impatienta : − Aboutis, Cleophas! De leurs regards courroucés, les partisans de Cleophas firent comprendre à l'effronté de modérer ses transports. N'y allait-il pas de l'honneur de tout un camp? − Prends ton temps, Cleophas! G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 209.
4. Spécialement :
a) HORTIC. Pousser des boutons : Jardin. ,,Signifie Boutonner. Ce mot est formé de bout ou bouton. Les arbres aboutissent fort bien cette année. Le jardinier dit que ces arbres fruitiers aboutissent lorsqu'ils sont boutonnés et que la sève s'est portée au bout des branches.`` (Besch. 1845).
b) MÉD. Venir à suppuration (cf. abouti, B).
Rem. Région. S'aboutéier :
31. Aboutéier (s') [se dit d'un abcès qui se mûrit, qui est prêt à suppurer] : Ton froncle commence à s'aboutéier. Verr.-On.1908.
Au fig. :
32. J'ai des abcès de style et la phrase me démange sans aboutir. G. Flaubert, Correspondance,1851, p. 326.
33. Sous la mortalité sociale on sent l'impérissabilité humaine. Pour avoir çà et là ces plaies, les cratères, et ces dartres, les solfatares, pour un volcan qui aboutit et qui jette son pus, le globe ne meurt pas. Des maladies de peuple ne tuent pas l'homme. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 212.
C.− Emploi trans.
1. ARCHIT. Emboutir.
Rem. Lar. encyclop. précise qu'il s'agit de ,,revêtir de minces feuilles de plomb ou de tout autre métal un ornement d'architecture ou de sculpture``.
2. HYDRAULIQUE. ,,Raccorder un gros tuyau sur un petit, au moyen d'un collet ou tambour de plomb qui va en diminuant du gros au petit.`` (Besch. 1845).
Stylistique − L'emploi techn. C 1 étant concurrencé par emboutir, et B 1, B 4 ainsi que l'autre emploi techn. C 2 ayant une vitalité pratiquement nulle, toute la vitalité de aboutir se concentre sur A 1 et 2 et B 2, le sens propre ayant été relayé, au xixes., par un sens fig. qui finit par acquérir plus de vitalité que lui, et qui semble être apparu par l'intermédiaire de l'image de la route, du cheminement (cf. l'ex. 7 et les ex. ci-après) : 34. L'apparition de Germe et poussière de Léon Daudet donne à la conversation de ce soir un tour philosophique, et elle aboutit par des détours et des méandres bizarres à la constatation du progrès du crime, et ça amène le jeune Léon, excédé de la présence de sa belle-mère, à proclamer, lui, le radical, le nihiliste d'hier, qu'il est convaincu qu'il ne peut exister de société sans religion, ... E. et J. de Goncourt, Journal, 9 juill. 1891, p. 118. 35. ... tous ces chemins étranges et bénis, corniches, ponts, défilés, tunnels, et qui mènent tous à Rome, ne sont là que pour aboutir à notre consentement gratuit comme la grâce, tel qu'un pacte conclu d'homme à homme, ... P. Claudel, La Messe là-bas, 1919, p. 493. Cf. aussi l'ex. 20 qui peut être interprété soit comme le développement formel du sens propre, soit comme le premier ex. du sens fig. Le sens propre se localise surtout au domaine descriptif, et le sens fig. surtout au domaine spéculatif. Aboutir (,,un mot bien laid, une idée assez belle``. Jean Wahl, Pensée, poésies, perception), c'est arriver, parvenir à un terme quelconque, que cet aboutissement représente le résultat d'une volonté et d'un effort, ou qu'il s'agisse de la simple constatation d'une situation, d'une évolution ou d'un hasard. Aboutir peut être concurrencé par arriver (cf. ex. 10, 12), atteindre (cf. ex. 5), parvenir (cf. ex. 5), se retrouver (cf. ex. 8), également par converger (c.-à-d. aboutir au même endroit, cf. ex. 12, 18). Il peut aussi contenir à lui seul (emploi absolu) l'idée de succès, cf. ex. 29, où aboutir est opposé à échouer. Autres images relativement fréq. (du moins au xixes.), celle de l'abcès (cf. ex. 32, 33), peut-être celle du bourgeon (cf. ex. 27). Sans doute aussi influence formelle de l'expr. tenants et aboutissants. Sauf dans le sens « arriver quelque part », où il peut prendre une coloration plus fam., aboutir appartient à un niveau de lang. assez élevé.
Prononc. − 1. Forme phon. : [abuti:ʀ], j'aboutis [ʒabuti]. 2. Dér. et composés : aboutissant, aboutissement, emboutir, raboutir.
ÉTYMOLOGIE I.− 1. 2emoitié xiiies. (date du ms.) abouti, part. passé adjectivé « qui persiste dans son sentiment opiniâtre (d'une pers.) » (Le Dit des Avocats, 357, éd. G. Raynaud ds Romania, XII, 219 : Il sunt trop de mauvès pelein, Et felenés et aboutis); 1268-1271 « id. » (Est. Boileau, Livre des mestiers, éd. Depping, 198 ds T.-L. : se il est si foz et si roides et si aboutiz que il ne vueille obeir au commendement le mestre); 2. 1538 « venir à suppuration (d'un abcès) » terme méd. (Estienne, Dict. lat.-gall. s.v. caput : Caput facere dicitur apostema vel furunculus aut abscessus, Abboutir); 3. 1568 avoir pour conclusion (d'un inanimé) (Pasquier, Recherches, VI, XV ds Gdf. Compl. : Je vois sa fin estre aboutie a un malheureux eschafaud); 4. 1866 « parvenir au but fixé, réussir » (Lar. 19e: Les négociations pour la composition d'un nouveau cabinet n'ont pas encore abouti). II.− 1. 1319 aboutir a « confiner à (d'une terre, d'un immeuble) » terme jur. (Arch. Nat. MM 129, fol. 10, contrat de vente ds Mém. soc. hist. Paris, XLVI, 181 d'apr. Barb. Misc. XVIII, 1 : Ycelle meson... tenant d'une part a la meson Nicolas Kalenge, courtillier et d'autre part, a la meson qui fu [Adam] du Mesnil et aboutissant par derrieres au devant dit Nicolas); 2. 1552 trans. « constituer la limite (d'un pays) » terme géogr. (Paradin, Chron. de Savoie, 2, ibid. : Les fleuves et montaignes sont merques asseurees et certaines des limites finissans et aboutissans les provinces); 1598 « constituer l'extrémité (de qqc.) » (Guy de Tours, Soupirs amoureux, L. I, I, 24, éd. Blanchemain ds Hug. : Sçauroient ils avoir... Rubis si précieux que ceux qui aboutissent Tes tetons qui poupins en leurs raiz s'esjouyssent...); 1559 aboutir en « se terminer en forme de (qqc.) » (Amyot, Vies, Périclès, p. 556 ds Gdf. Compl. : Le cerveau du belier... se resserroit de toutes parts, et alloit aboutissant en pointe comme un œuf). III.− 1460-1492 part. passé adjectivé « boursouflé, tuméfié (une pers.) » (Myst. de S. Quentin, 4429 ds Barb., op. cit. : Ilz seront ars en fus, Esquartelés, mutilés, departis, Honteux, hideus comme cornars confus, Enfflés, soufflés, boursouflés, aboutis, Frotés, frappés, flagellés, fort fourbis). I dér. de bouter* I, cf. abouter I, cf. avec abouti « opiniâtre » abouté, de même sens ds Gdf. I, 32 c; II dér. de bout* II, cf. abouter II; III dér. de bout* I. HIST. − En dehors de qq. sens spéc. rapidement disparus (cf. inf. I), aboutir a connu une vitalité assez grande dep. son apparition : de la lang. jur. (du xiveau xvies.), il passe au xvies. dans la lang. cour., au propre et au fig. et dans la lang. techn. À la même époque, on constate de nombreuses interférences entre aboutir et le verbe très voisin abouter; dans les 2 verbes, on retrouve l'étymon bout au sens de « limite, extrémité »; d'où les sens de « confiner à, toucher à » et de « avoir pour but, pour résultat ». Mais abouter apparaît le 1er(mil. du xiiies.) avec ces 2 sens (cf. s.v. étymol. I 1 et II 1), tandis que pour aboutir, le 1ersens n'est attesté qu'au xives. (cf. étymol. II 1), le second au xvies. (cf. étymol. I 3). Au xvies., et jusqu'au début du xviies. (cf. Cotgr. 1611) ils coexistent : [Voye] Frayee, spatieuse... aboutante ou aboutissante. M. de la Porte, Epithètes, [1580], (Hug.). Mais abouter est progressivement remplacé par aboutir qui subsiste seul dans les dict. jusqu'au xixes., époque où abouter ressurgit (cf. ce mot, hist.). − Rem. Au xvies., à côté de la forme intrans. aboutir à qui subsiste jusqu'à nos jours, on rencontre la forme trans. et la forme intrans. aboutir en. Ces 2 dernières constr. semblent disparaître au cours du xviies. en liaison avec certaines accept. du verbe. La forme trans. subsiste dans des accept. techn. (cf. sém. C.). Au xixes., l'emploi absolu de aboutir devient cour. et correspond à un nouveau sens (cf. II B rem. et II c). I.− Disparitions av. 1789. − A.− Sens disparus. − 1. Abouti « opiniâtre », attest. isolée 1268-71 (cf. étymol. I 1) qu'il faut mettre en liaison avec le part. passé abouté « butté contre qqc., opiniâtre » (cf. abouter, hist. I D). 2. « Obstruer, resserrer », attest. isolée ca 1465 : Le mal de la pierre, dicte croye, vient à l'oiseau de manger mauvaises viandes et grosses chairs, lesquelles leur oppilent et aboutissent tous les boyaux et le ventre. Franchières, Fauc., III, 2, (Gdf.). 3. « Boursouflé, tuméfié », attest. isolée 1460-1492 (cf. étymol. III). B.− Accept. disparues. 1. Terme jur. : 1reattest. 1319 (cf. étymol. II 1); se rencontre encore dans les dict. du xviiies., en partic. dans les différentes éd. de l'Ac. : Un arpent de terre qui aboutit au grand chemin, et de l'autre au champ d'un tel. Des ex. semblables sont encore cités dans certains dict. du xixes. jusqu'à Littré, mais il semble que dès le xvies. la not. géogr. de juxtaposition de lieux l'ait emporté sur la not. jur. 2. Terme géogr. : 1reattest. 1552 (cf. étymol. II 2); cf. aussi sup. I B 1 : Les Allemagnes bornent et aboutissent les terres du grand seigneur vers l'Orient. Aubigné, Hist. univ., [1620], (Hug.). 3. « Constituer l'extrémité de qqc. », emploi trans., attesté de 1598 (cf. étymol. II 2) à 1610 : Ceste terre... est terminée de delicieuses montagnettes abouties d'innumerables petites collines. Beroalde de Verville, Voyage des Princes Fortunez, p. 723 (Hug.). 4. Aboutir en « se terminer en forme de », 1reattest. 1559 (cf. étymol. II 2), ne semble pas avoir survécu au xviiies. : Cette pyramide aboutit en pointe. Vaugelas (1650), Quinte-Curce, VII, 3. Cependant le même ex. est encore cité par les dict. jusqu'au xixes. II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A.− « Se terminer ». 1. Au propre (sém. A 1) : issu du terme jur. (cf. sup.) « toucher par un bout, confiner à », d'où au xvies. « se terminer dans » : Sur la place à laquelle se rendent et aboutissent tous les grands chemins de l'Italie. Amyot, Galba, [1559], 30, (Littré). xviies. L'allée du parc aboutit a la forest. Sully, Econ. roy. [1638], II, 21, (Gdf.). xviiies. Finir, tendre, se rendre, se terminer à un certain endroit, en toucher un bout (...). Cette maison aboutit au grand chemin. Tous les rayons d'un cercle aboutissent à son centre. Trév. 1704. 2. Au fig. (Sém. A 3) : 1reattest. 1568 (cf. étymol. I 3) subsiste. B.− Sens techn. 1. Méd. (sém. B 4 b) : 1reattest. 1538 (cf. étymol. I 2). Subsiste dep. cette date, mais avec une faible vitalité. − Rem. En ce sens, aboutir est empl. sous la forme absolue dès le xvies. 2. Archit. (Sém. C 1) : 1reattest. ds Fur. 1701, subsiste. 3. Hydraulique (Sém. C 2) : attesté de Encyclop. 1751 à Besch. 1845. 4. Hortic. (Sém. B 4 a) : 1reattest. ds Encyclop. 1751, subsiste. C.− Au xixes., avec l'apparition de l'emploi absolu dans la lang. cour. aboutir prend le sens de « arriver au bout » (cf. sém. B 1) attesté en 1834 (ex. 20). Ce sens est peu usité au propre mais dès 1842 (cf. ex. 23) apparaît le sens fig. de « arriver à un résultat, réussir » (cf. sém. B 2 et étymol. I 4) qui acquiert une très grande vitalité, surtout au xxes.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 363. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 142, b) 2 564, xxes. : a) 4 092, b) 4 386.
BBG. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Littré-Robin 1865.