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ABOI, subst. masc.
I.− Cri du chien lorsqu'il aboie. Synon. aboiement.
A.− Au propre :
1. ... à peine étendu sur la paille, je m'aperçus, à mon grand déplaisir, que le lieu de réunion où s'étaient rendus les principaux locataires de mon appartement ne pouvait pas être fort éloigné, tant mon oreille fut assourdie d'un mélange confus de hurlements, de jappements, d'abois, de grognements, de grondements, de piaulements, de murmures, pris dans toute l'échelle de la mélopée canine, depuis la base ronflante du mâtin de basse cour jusqu'à l'aigre fausset du roquet, et qui formait certainement le morceau d'ensemble le plus extraordinaire dont il ait jamais été question en musique. Ch. Nodier, La Fée aux miettes,1831, p. 106.
2. Il n'est pas chose créée qui ne la rappelle à son affreuse condition, et les unes la blessent, les autres la trompent, toutes l'épouvantent, tellement que la contemplation ne manque jamais de la faire hurler à la mort. Elle me fait songer invinciblement à cet aboi insupportable qu'adressent les chiens à la lune;... P. Valéry, Variété 1,1924, p. 152.
3. ... on n'y entend plus son pas, ni sa voix, ni son rire; ni le cri du coq à l'aurore, le mugissement du bœuf le soir à l'abreuvoir, l'aboi du chien. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 3, 1932, p. 231.
4. De plus en plus éperonné par le froid, le nourrisson hurle sans trêve, et de sa niche le chien lui répond maintenant par une plainte modulée, qui s'achève en une gamme ascendante d'abois aigus, insupportables. G. Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette,1937, p. 1312.
P. ext. Tout bruit évoquant plus ou moins l'aboiement du chien :
5. Après avoir salué, il tourna derrière la bourse. Là, enfin, la clameur lointaine, les abois du jeu cessèrent ne furent plus qu'une rumeur vague, perdue dans le grondement de la place. É. Zola, L'Argent,1891, p. 24.
6. Ils se taisent tous trois. Pluie, éclairs palpitants, abois du vent, sifflement des pins. Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 127.
7. Gardien pur d'un or fixe où l'aboi vague insulte! P. Claudel, Poésies,Premiers vers, celui-là seul... 1952, p. 9.
B.− Au fig. :
8. Que j'insulte aux grands noms, et que ma jeune plume. Sur le peuple et les rois frappe avec amertume; Que me font, après tout, les vulgaires abois De tous les charlatans qui donnent de la voix,... A. Barbier, Iambes et poèmes,Iambes, prol., 1840, p. 11.
9. Les premières minutes furent consacrées à réduire au silence les abois d'une faim de chasseur, la plus féroce des faims, égale en âpreté à celle que les grégeois nomment boulimie :... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 66.
II.− VÉN. [Gén. au plur.]
A.− Cris des chiens au moment où la meute met le gibier à la dernière extrémité :
10. J'aime de cent chasseurs voir la tourbe effrayante; La voix rauque des cors tonnant au fond des bois; Le halé des valets à la meute aboyante; Puis l'hallali joyeux, les déchirants abois. P. Borel, Rhapsodies,Adroit refus, 1832, p. 36.
11. ... − ô déesse intrépide des bois, Qui te plais aux soupirs des cerfs, aux longs abois. Des lévriers lancés sur la trace odorante; Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes antiques,Khiron, 1852, p. 266.
12. C'est son premier aboi, signal d'intervention pour le chasseur, aboi qui tourne au hurlement sourd, comme étranglé, à mesure que le chien approche du solitaire. M. Paul se hâte. Il excite, il encourage son limier : « hou! hou. il est là. perce. perce! » − Et se penchant, il voit, au bout de la coulée, le sanglier se lever devant le chien. L'ajuster? Le tirer? Il n'y faut pas songer. Il s'agit de l'épouvanter, de le pousser vers l'une des issues le maître et le chien redoublent de cris et d'abois. « Hou! hou! c'est lui! mords! mords! » J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 9.
B.− Fig. Aux abois. (Réduit) à la dernière extrémité.
1. [En parlant de pers.] :
13. « Une cour voluptueuse et dissipatrice, réduite aux abois par ses dilapidations, imagine de vendre les offices de magistrature, et crée ainsi » (ce qu'elle n'aurait jamais fait librement et avec connaissance de cause), ... J. de Maistre, Des Constitutions politiques et des autres institutions humaines,1810, préf., p. 77.
14. ... la crise devenait des plus sombres; la police était aux abois, et ne pouvait rien obtenir. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 376.
15. Quiconque eût vu cet intérieur de famille aurait eu de la peine à croire que le père était aux abois, la mère au désespoir, le fils au dernier degré de l'inquiétude sur l'avenir de son père, et la fille occupée à voler un amoureux à sa cousine. H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 47.
16. Tous finissent par former un tableau d'un aspect bouffon et poétique. Ils mettront la critique aux abois. Quoiqu'ils soient si jolis, ils ne sont pas de bois! Voyez! c'est arlequin avec sa colombine, Ce joli couple en qui le poête combine L'âme avec le bonheur se cherchant tour à tour, Et l'idéal avide, en quête de l'amour! T. de Banville, Odes funambulesques,1859, p. 141.
17. Tout de même ils riaient sans malice parce qu'ils n'entendaient pas à côté d'eux gémir cet homme − gibier forcé et aux abois. F. Mauriac, Génitrix,1923, p. 332.
18. La faim régnait, une faim désespérée, résignée, sans rage, ni fureur, ni révolte. On se sentait dans les mains, d'un ennemi trop fort. Surtout, on le sentait affamé traqué, aux abois comme soi-même. Pas une maison, pas un foyer où ne régnât cette famine, ce vide abrutissant des ventres et des cervelles, une souffrance morne indéfiniment prolongée sans espoir. M. Van der Meersch, L'Invasion 14,1935, p. 332.
19. En effet, le général De Lattre, tout en saisissant sur le Neckar et sur le Danube les objectifs que je lui ai fixés, ne veut pas laisser derrière lui des forces ennemies encore redoutables. D'ailleurs, le général Guisan, commandant en chef helvétique, qui craint de voir les Allemands aux abois pénétrer en territoire suisse pour y chercher passage ou refuge, a beaucoup insisté auprès du commandant de la 1rearmée pour que des troupes françaises viennent border la frontière le long du Rhin depuis Bâle jusqu'au lac de Constance. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 332.
2. P. ext. [En parlant du comportement hum.] :
20. Ces grandes expressions de l'audace dans la friponnerie, de la ruse aux abois, du stratagème renaissant de ses ficelles coupées, sont quelque chose de médiocre en comparaison de ce colosse d'esprit et de misère. H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1848, p. 126.
21. Laure était criblée de dettes et ne songeait plus qu'à trouver un bon jeune homme qui voulût bien l'enlever et la conduire à Londres. Saccard, de son côté, sentait le sol s'écrouler sous lui; son imagination aux abois cherchait un expédient qui le montrât au public vautré sur un lit d'or et de billets de banque. É. Zola, La Curée,1872, p. 465.
22. L'atelier n'était malheureusement pas fait pour raffermir son courage à bout de force, pour relever sa vertu aux abois. J.-K. Huysmans, Marthe, histoire d'une fille,1876, p. 24.
Syntagmes styl. : la misère aux abois (H. de Balzac, La Cousine Bette, 1847, p. 403); l'égoïsme aux abois (J. Sandeau, Mademoiselle de La Séglière, 1848, p. 235); la théologie aux abois(E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, Le Séminaire d'Issy, 1881, p. 219); des ombres aux abois (J. Moréas, Poèmes et Sylves, 1896, p. 73).
Stylistique − Aboi présente un intérêt styl. dans la mesure où, signifiant autre chose que le cri du chien, il n'entre plus en concurrence avec aboiement dont il est un synon. litt. Comme le verbe aboyer il s'applique à l'homme et aux êtres abstr. mais sans nuance dégradante, le lang. de la vén. étant par déf. noble et valorisant. La vén. a fait entrer aboi dans la lang. cour.; il s'y est fixé notamment dans une expr. usuelle : être aux abois, mettre aux abois, réduire aux abois.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abwa]. 2. Homon. : aboie (-s, -nt) du verbe aboyer. 3. Hist. − La forme mod. apparaît déjà fin xiie, début xiiies. dans un ex. de T.-L. (Récit de la1recroisade fondé sur Baudri de Bourgueil, II, 121); elle est attestée ds Rich. 1680, et s'impose définitivement à partir d'Ac. 1740. Le mot entre dans la lang. sous la forme abai (cf. étymol.), encore attestée dans des ex. de Hug. et ds Cotgr. 1611 (autres var. graph. : abbai, abbay, abay). Dès le xves., on relève les formes : abboy (empl. comme vedette ds Fur. 1690 et ds Ac. 1694 et 1718); abboi (empl. comme vedette ds Trév. 1704 et ds Fur. 1701, qui emploie conjointement la forme aboi). Pour le passage de abai à aboi par labialisation*, cf. aboyer, prononc. et orth. 3.
Étymol. − 1. Av. 1167 « cri du chien » (Lais de Marie de France, Guigemar, éd. Warnke, 93 : Pur l'abai del brachet sailli); xiiies. plur. « cris, aboiements de chiens (poursuivant un cerf) » (Ysopet de Lyon, XLVIII, Dou cerf qui besmoit ses jambes, éd. Bastin, 16 : A grant esbais chiens soreviegnent, Vers lui [le cerf] tout droit la trace tiegnent); 1354-1376 venir aux abois « se mettre à aboyer furieusement face au cerf arrêté dans sa course (en parlant des chiens) » terme cynégétique (Modus XXV, 12-20 ds Tilander, Nouv. mél. cynég., 177 : mes se tous les chiens sont venus aus abois et il ont une pieche abaié...); 1394 rendre aux abais « s'arrêter en fin de course et faire face aux chiens qui aboient (en parlant du cerf) » terme cynégétique (Hardouin, Trésor de Venerie, 478, éd. Michelant ds T.-L. : Adonc verrés vostre cerf rendre Aux abais lors sens plus attendre Y devés vos josnes chiens mestre); 2. p. anal., ca 1167 « cri bruyant et incessant (d'un homme) » (Benoit, Chron. ducs Norm., éd. C. Fahlin, 18 048 : Folient le, mais bien le sai Que molt prise poi lor abai), id. « poursuite hostile accompagnée de cris » (ibid., 7780 : Quer cil d'amunt sunt molt cuvert E molt apris d'estre en esmai E de sofrir un grant abai). Dév. de aboyer* aux sens propre et fig. HIST. − Apparaît sous les formes abay (var. graph. aba, abai, abbay, habaix), esbais (cf. étymol. et T.-L.), aboy (var. graph. abboy, abboi, aboi). L'hist. du mot est marquée par la disparition presque totale du sens premier (passé au dér. concurrent aboiement, cf. aboiement, hist.) et corrélativement par sa restriction à la lang. de la vén. (dans qq. emplois techn. figés où le mot n'existe plus qu'au plur.). Cette évolution princ. a eu pour conséquences : de donner à un mot originellement tout à fait commun une valeur litt. tenant au caractère d'abord noble, puis noble et arch., de la lang. de la vén.; de lui permettre de donner carrière à toute une série d'emplois fig. à partir des choses de la vén. encore que l'évolution de la civilisation qui a fait perdre à la vén. son importance ait entraîné une régression de ces emplois (la lang. exigeant de ces métaph. qu'elles soient moins heurtées, plus filées qu'à l'époque class.; cf. inf. II B cas de Corneille). I.− Disparitions av. 1789. − Elles sont d'importance second. : A.− Aboi « cri du loup » (Gdf.). B.− Expr. 1. abboys du parchemin « chants d'église » cf. Rabelais, III, 15 (Hug.) (pour explication, cf. aboyer, hist. II B 2); 2. tenir qqn en aboy « le repaître de vaines espérances » (Gdf.), « lui tenir tête » (Hug.), cité encore par Cotgr., Fur., Trév. (Littré le cite mais sans ex.) : Il [Bayart] tint les ennemys trois sepmaines durant en aboy. Hist. de Bayart, 63 (Hug.). Ne faut douter que ceste façon de parler ne soit aussi venue de la venerie : mais il y a apparence que ce soit des bestes noires plustost que des autres, comme quand un sanglier se laisse abbayer par les chiens, perdans leur peine. H. Estienne, Precellence, 125 (Hug.). II.− Hist. des sens et emplois attestés apr. 1789. − A.− Sém. sens I « cri du chien, aboiement ». 1. Au propre : dep. 1167 cf. étymol. 1 et aussi : xiiies. : Il oï l'abai des chiens qui moult li estoient prochiens. Ren., 15 759 (T.-L.). xvies. : Il n'y a non plus de raison en son dire qu'à l'abbay d'un chien. Calvin, Resp. à un Hollandois, IX, 598 (Hug.). xviies. : L'abboy de ce chien est fort importun (Ac. 1694). xviiies. : Trois pasteurs, enfants de cette terre, Le suivaient, accourus aux abois turbulents Des molosses (...). A. Chénier, 23 (Littré). xixeet xxes. cf. sém. ex. 1 à 3 (plur.), 6 (sing.) et aussi : Le soir était tout vibrant d'appels de bergers, d'abois de chiens, de rires. F. Mauriac, L'Enfant chargé de chaînes, p. 226 (Rob.). 2. Au fig. a) En parlant de l'homme : dep. la fin du xiies. cf. étymol. 2 et aussi : xvies. nombreux ex. ds Hug. et : Je vous prie, messieurs, s'il est permis de jecter encore ces derniers abois en liberté, considérons ung peu. Sat. Men., Harangue de d'Aubray, p. 128 (Gdf.). xixeet xxes. cf. sém. ex. 8 à 10. b) En parlant de l'estomac, de la faim : xvies. Rabelais (Hug.). xixeet xxes. cf. sém. ex. 10. − Rem. Le sing. qui était possible à l'orig. (cf. étymol. 2) ne l'est plus guère aux xixeet xxes. (l'ex. 7, de Claudel ds sém. est exceptionnel). B.− Sém. sens II (vén.). 1. Schéma de filiation des accept. a) le plur. les abois « cris des chiens »; b) tout en conservant encore longtemps ce sens gén. (cf. supr. II A et aboiement, hist.), ce plur. s'est très tôt spécialisé dans l'accept. « cris des chiens traquant le cerf ou plus généralement un gibier » (dep. xiiies. cf. Ysopet de Lyon ds étymol.); c) les abois « moment même où le cerf, − ou un autre gibier, ou enfin figurément toute chose assimilée −, prisonnier des chiens qui aboient, est à la dernière extrémité », « dernière extrémité, agonie, etc. ». 2. Bien que le terme les abois dans les accept. b et c ci-dessus soit toujours disponible pour des constr. originales, il se fige très tôt dans qq. expr. : a) Au propre : En parlant de la bête chassée : être aux abois, rendre aux abois (dep. 1394 cf. étymol.); tenir les chiens en aboi (disparu, cf. sup. I B 2 ex. H. Estienne); En parlant des chiens (et des chasseurs) : mettre aux abois venir aux abois (dep. mil. du xives. cf. étymol.); b) Au fig. : En parlant de tout ce qu'on assimile au cerf : être aux abois; rendre les abois : tenir qqn en aboi (disparu, cf. sup. I, B 2 ex. Hist. de Bayart); En parlant de tout ce qu'on assimile aux chiens : mettre qqn aux abois; réduire qqn aux abois. 3. ex. a) Au propre cf. étymol. 1 et aussi : xvies. : Rendre les abbois proprement se dit du povre cerf, quand ne pouvant plus courir, il s'accule en quelque lieu le plus avantageux qu'il peut trouver, et là attendant les chiens endure d'être abbayé par eux. H. Estienne, Precellence, 124 (Hug.). xviies. : Son frère ayant couru mainte haute aventure, mis maint cerf aux abois. La Font., Fab. VIII, 24 (Littré). xviiies. : Abois au pluriel, se dit proprement de l'extrémité où le cerf est réduit quand il est sur ses fins. Le cerf est aux abois, tient les abois. Ac. 1740. xixeet xxes. : cf. sém. ex. 11, 12; − Rem. Brunot (t. 6, p. 1335) signale qu'Ac. avait reproché à Vaugelas d'avoir fait rendre les abois à d'autres animaux qu'à des cerfs en parlant de chevaux, d'éléphants, de chiens (Quinte-Curce, V, 13; VIII, 14; IX, 1) et que Mercier (Tableau, I, 72) parle des abois d'un bœuf. Sur cette réaction gén. tendant à ramener abois à son sens strict en vén., (cf. aussi inf. b, rem.). b) Au fig. xves. : (...) lequel [le pauvre peuple] est a present aux plus grans abbois du monde. Caquet de l'accouchée, 3ejourn. (Gdf.). xvies. : S'ell' ne fait rendre les abbois à Monsieur, je veux qu'on me tonde. R. Belleau, La Reconnue, I, 4 (Hug.). − Rem. Nombreux ex. de cette expr. au propre et au fig. (Hug.). Expr. les derniers abois, les derniers abois de la mort, les abois de la mort, cf. 4 ex. ds Hug. dont : (...) leurs compaignons les plus foibles et alangouris, voire qui tendoient aux derniers abbays de la mort. (Cholieres, 1rematinée, p. 22). xviies. cf. très nombreux ex. ds Littré, 3o, dont 9 de Corneille : [Il] nous surprend, nous assiège, et fait un tel effort, Que, la ville aux abois, on lui parle d'accord. Corn., Rod. I, 6 (Littré). Unissons ma vengeance à votre politique Pour sauver des abois toute la République. Id., Sert. I, 3 (Littré). Et ses esprits légers approchant des abois, Pourraient bien se dédire une seconde fois. Id., Nic., IV, 2 (Littré). xixeet xxes. cf. sém. ex. 14 et 15 (être aux abois), 13 (réduire aux abois), 16 (mettre aux abois). − Rem. Le xviiies., notamment avec Voltaire dans ses éd. critiques de Corneille, amorce une réaction contre l'abus de l'emploi métaph. du mot. Si l'ex. de Rodogune cité plus haut n'a pas vieilli, il n'en est pas de même des ex. de Sertorius et Nicomède; à ce sujet cf. Cayrou s.v. abois et aussi : Corneille dans la tragédie de Sertorius a dit sauver des abois. C'est une faute; abois signifie les derniers soupirs. On ne sauve point d'un soupir, on sauve du péril et on tire d'une extrémité; on rappelle des portes de la mort, mais on ne sauve point des abois. (...). Dans la tragédie de Nicomède, M. Corneille dit encore approcher des abois. Cette expression, qui par elle-même n'est pas noble, n'est plus d'usage aujourd'hui. Voltaire (Trév. 1771). Littré après avoir rappelé ce jugement de Voltaire sur l'expr. des abois ,,qui n'est plus d'usage aujourd'hui`` remarque : Néanmoins cette expression est restée, à juste titre, dans l'usage et elle n'a rien qui l'empêche d'entrer dans le meilleur style. Seulement on en use moins librement qu'au xviiesiècle et on peut voir plus haut quelques emplois qu'en fait Corneille et qui paraissent un peu surannés.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 296. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 294, b) 579; xxes. : a) 544, b) 370.
BBG. − Baudr. Chasses 1834. − Littré-Robin 1865. − Remig. 1963.