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ABATTIS, ABATIS, subst. masc.
Action d'abattre; ce qui est abattu.
A.− [Suivi ou non d'un compl. désignant un mur, et empl. au sing. ou au plur.] :
1. Abatis : les pierres qu'on a détachées et fait tomber. Gattel1797.
2. A mesure que nous avancions vers Niagara, la route, plus pénible, étoit à peine tracée par des abatis d'arbres : ... F.-R. de Chateaubriand, Voyage en Amérique, en France et en Italie,t. 6, 1827, p. 47.
3. Monument admirable, unique ici, le digne pendant conservé des plus belles constructions des grandes époques. On démolit tout autour, c'est un immense abatis, qui rappelle avec plus de désordre la démolition des vieux quartiers de Paris. E. Fromentin, Voyage en Égypte,1869, p. 143.
4. Le voisin de Delacroix, un ancien marchand de vin, avait un mur qui gênait la vue du peintre. Il lui proposait, pour l'abattis de ce mur, une grosse somme qu'il refusait; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1877, p. 1201.
5. Il tombe en pleine frénésie ... une scène sans nom! Les forts hommes des abatis et des coupes l'empoignèrent, à six, en détournant la tête, pour ne pas rencontrer ses regards, le ligotèrent sur une chaise (...). J. de La Varende, Le Sorcier vivant,1938, p. 51.
Rem. Except., le compl. désigne des pers. (emploi iron. ou péj.) ou des abstractions :
6. Ce lion [V. Hugo] ne ferait de vous [les académiciens] qu'une bouchée. S'il s'y mettait jamais, quel horrible abatis De Lilliputiens sous ses coups aplatis! A. Pommier, Crâneries et dettes,1842, p. 40.
7. « ... l'abattis, en quelques semaines, de 54 préfets, de 38 secrétaires-généraux et de 125 sous-préfets. » (Aug. Vacquerie, le Rappel du 23 octobre 1877.) L. Rigaud, Dict du jargon parisien,L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 2.
8. Ce fut comme un abatis d'arbres; tous tombaient les uns sur les autres. V. Hugo, Quatre-vingt-treize,1873, III, II, p. 3.
9. De tous ces préjugés par les siècles bâtis On a fait de nos jours un immense abattis. A. Pommier, Colères,1844, p. 19.
Canadianisme. ,,Dans les régions en voie de défrichement, terrain qui n'est pas encore complètement essouché.`` (G. Dulong, Canadianismes de bon aloi, Cahiers de l'Office de la langue française, no4, Gouvernement du Québec, 1969, p. 7) :
10. On traversa l'abatis du Colombier piqueté de souches, de recrus de plaines et de fougères brunes. F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur,1937, p. 48.
MILIT. Obstacle artificiel formé d'arbres abattus :
11. La hauteur était défendue par des lignes de palissades, des abatis, des fossés, et flanquée de redoutes formidables. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 281.
12. Vous me demandez en conséquence de vous mettre en mesure de pouvoir donner l'assurance que, sur tous les points de notre front, l'organisation au moins sur deux lignes a été prévue et réalisée avec tous les renforcements indispensables en obstacles passifs (fils de fer (...) abatis, etc...). J. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 200.
VÉN. Sentier frayé par les fauves passant régulièrement par le même endroit.
B.− [Plus particulièrement en parlant de volailles; toujours au plur.] Synonyme de abats* qui de nos jours s'applique de préférence aux autres anim. de bouch. :
13. ... trois dindes superbes, piquées de bleu comme un menton fraîchement rasé, dormaient sur le dos, la gorge recousue, dans l'éventail noir de leur queue élargie. A côté, sur des assiettes, étaient posés des abatis, le foie, le gésier, le cou, les pattes, les ailerons; ... É. Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 789.
14. Un bœuf entier sectionné en deux, pendu à l'arbre, et sur lequel s'escrimaient encore en jurant les quatre bouchers du régiment pour lui tirer des morceaux d'abatis. On s'engueulait ferme entre escouades à propos de graisses, et de rognons surtout ... L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 28.
C.− Emplois fam. ou arg.
1. Au sing., emploi fam. (cf. sup. ex. 7); emploi rare (cf. l'expr. abattre de la besogne, sém. abattre, A 4 ex. 17). Amoncellement d'obj. abattus :
15. Ce matin, levé à neuf heures. Lu le journal. (...) Déjeuné. − Écrit des lettres, − un abatis! ... J. Barbey d'Aurevilly, Premier memorandum,1838, p. 29.
2. Au plur., arg. (arg. des ateliers de peint.) Bras et jambes d'une pers., p. anal. avec les ailes et les pattes d'une volaille ou d'une bête :
16. Et d'un bond ils furent à la porte. M. Frédéric la gardait! Dégringolé de son comptoir avec la soudaineté d'une avalanche, il barrait la sortie, de ses jambes écartées et de ses abatis en croix. G. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 179.
17. L'intérêt de cette exposition, ce sont ses danseuses gravées (...), où l'on perçoit la vulgarité des abattis, la roture des attaches, le canaille des anatomies, le faubourisme des minois, les ascendances alcooliques des formes et des contours de ces fillettes dans leur métier de grâce, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1896, p. 962.
3. Numéroter ses abattis. Être sur ses gardes contre les coups de son adversaire notamment au moment d'engager la lutte, comme si on risquait de ne pas retrouver, après le combat, la disposition de ses membres si on ne les marquait pas d'avance :
18. On y va, cette fois, ça y est. Numérotez vos abatis! R. Benjamin, Gaspard,1915, p. 30.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abati]. Enq. : /abati/. 2. Homon. et homogr. − Homon. : abattit (il) du verbe abattre Homogr. : abattis (je, tu). 3. Dér. et composés : cf. abattre. 4. Hist. des formes. − On rencontre le mot sous sa forme graph. actuelle dès le xves. (cf. Gdf., ex. de Waurin). Cette forme en vedette ds les dict. d'Ac. 1740, de Trév. 1752, 1771 et ds Besch. 1845 ne l'emporte définitivement qu'à partir d'Ac. 1932, étant encore sous les 2 formes ds Lar. 20e. A son entrée dans la lang. au xiies., le mot se présente sous la forme abatis (un seul b et t, cf. ex. étymol.) qui apparaît régulièrement jusque ds DG et Lar. 20e(vedette abatis). Au xvies., on rencontre surtout la forme abbatis, avec redoublement de b, en vedette ds Nicot 1606, Cotgr. 1611. Cette forme est encore en vedette ds Ac. 1694 et 1718. − Rem. Fur. 1690 (cf. sussi Trév. 1704, 1752, 1771) réserve 2 entrées à ce mot : Abateis : -eis, forme anc. du suff. -is* (cf. étymol. et ex. Gdf.) avec la rem. ,,vieux mot (...) il est hors d'usage``. Abatis : cf. sup.
ÉTYMOLOGIE I.− Emploi actif. − 1130 « action de tuer (dans un combat), massacre » (Cour. Louis, éd. Jonchbloet, 2299 ds Gdf. : La veissiez un abateiz fier Costes et bras et testes peçoier); apr. 1160 « id. » (Rou, éd. Andresen, III, 4094 ds Keller, Et. vocab. Wace, 276b : Ranof vit le grant poigneiz E vit le grant abateiz). II.− Emploi passif. − 1. 1173 « espace de la forêt où les arbres ont été taillés, taillis » (Aiol et Mirabel, éd. Förster, 4919 ds T.-L. : Je m'en irai avant se vous volés A cel abatëis que vous veés); 2. xiiies. « monceau de cadavres » (S. Graal, Bibl. nat., 2455, fol. 57a ds Gdf. : Quant il vit ses compaignons mors si joint les pies et tressalt l'abaiteis qui estoit antor lui). Dér. du thème verbal de abattre* 1, sens propre; suff. -is* (a. fr. -eïz, -eïs devenu régulièrement -is). HIST. − Entré dans la lang. au xiies. (cf. étymol.), apparaît comme synon. partiel de abat à partir du xves. (cf. ce mot) et indique actuell. le résultat de l'action, princ. dans le vocab. techn. (bouch.) et dans la lang. arg., l'action elle-même étant plutôt sentie dans abattage (cf. ce mot). I.− Disparitions av. 1789. − A.− « Action d'abattre ». 1. L'obj. est un animé : « massacre », 1reattest. 1130 (cf. étymol. I), Nicot 1606 : On dit aussi, en cas de guerre, Après une bataille faire grand abbatis. Cet emploi est auj. senti comme fig. (cf. sém. A). 2. L'obj. est un inanimé. − Attest. xvies. : Avec le fouet on ordonne l'abatis des cheveux, comme peine extraordinaire. É. Pasquier, Recherches, [1546], VIII, 9, (Hug.). Gattel 1797 ,,abatis, les bêtes tuées par les vieux loups`` paraît un arch. dont la vie est prolongée par le dict. B.− « Monceau de cadavres », 1reattest. xiiies. (cf. étymol. II 2), dernière attest. début xvies. : La mer fut tant orgueilleuse qu'elle monta à fleur de cette muraille, et en rua grant abbatys en mer. D'Auton, Chron., Richel. [Bibl. Nat.], 5082, fol. 110b, (Gdf.). C.− « Partie de la forêt dont les arbres ont été abattus », 1reattest. 1173 (cf. étymol. II 1); Fur. 1690 le signale pour la 1refois comme hors d'usage. Au xixes. et auj. peut-être région de l'Ouest (Fromentin, La Varende; cf. sup. ex. 5?) Cf. aussi sém. I A, canadianisme. D.− « Abattoir », Fur. 1690, Trév. 1752 : Les reglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers seront hors les villes. (...) En cet endroit, il semble signifier le lieu où un boucher tue ses bestiaux. Ac. 1798. Encore ds cette accept. disparaît au xixes. (cf. Besch. : ,,Ce mot avait anciennement l'acception d'abattoir.``) II.− Sens attestés apr. 1789. − A.− « Action d'abattre; ce qui est abattu (chose ou animal) », 1reattest. xiies. (cf. étymol. II) (cf. sém. A) : xviies. : Faire un grand abattis de gibier. Ac. 1694. xviiies. : Il y a eu un grand abatis de maisons par le tremblement de terre. Il y a plusieurs abatis de pierre dans cette carriere. Trév. 1704. B.− P. ext. « obstacle artificiel », terme milit., 1reattest. fin xviies. (FEW ca 1680) (cf. sém. A) : Les ennemis traversèrent les chemins par des abbatis des grands arbres. Ac. 1694. C.− « Chemin », terme de vén. (parfois synon. de abatture, cf. ce mot); 1655 (FEW) Fur. 1701 : Chemin que se font les jeunes loups, lors qu'en allant souvent au lieu où ils ont été nourris, ils abatent l'herbe. Encore ds Lar. 20e. D.− Synon. de abats (terme de bouch.), 1reattest. ds Fur. 1690, subsiste (cf. sém. B) : On dit aussi en cuisine, faire des potages d'abatis d'agneau, d'abatis de poulet d'Inde ... E.− « Membres » (d'une pers.), terme arg., ext. du précédent, apparu dans le vocab. de la peint. (1839) : Les pieds du genre de ceux que les peintres appellent des abattis étaient ornés. Cf. Numéroter ses abattis. Balzac, Pierre Grassou (Quem.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 66.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Barb.-Card. 1963 − Baudr. Chasses 1834. − Chabat t. 1. 1875. − Chesn. 1857. − Dumas 1965. − Jossier 1881. − Mont. 1967.