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BILLEVESÉE, subst. fém.
Gén. au plur., littér. ou fam.
A.− Propos, écrit vide de sens et souvent erroné. Synon. baliverne, faribole, sornette :
1. « (...). − Soyez tranquille, ma nièce, quand les fadaises et billevesées que débitent ces baladins dont les affaires m'intéressent fort peu m'ennuieront par trop grièvement, je regarderai et soudain j'ouvrirai l'œil clair comme basilic. » T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 264.
2. Les gens qui racontent une histoire en plaisanterie finissent par y croire. Les médecins praticiens finissent certainement par croire à des billevesées qu'ils ont d'abord racontées à leurs malades pour les satisfaire; un homme finit par prendre l'opinion du journal qu'il lit tous les jours. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 223.
Spéc., p. plaisant. :
3. Eh! Mon dieu, que nous font la France, le trône, la légitimité, le monde entier? Ce sont des billevesées auprès de mon bonheur. Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 272.
Billevesées! Emploi exclamatif Sornettes que ces choses-là! Trêve de billevesées (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863p. 307).
B.− P. ext. Idée, comportement, occupation ou préoccupation frivole, sans fondement réel. Synon. chimère, futilité, niaiserie :
4. − Eh! Parle, cette vie que tu te fais si charmante, qui te l'a conservée? À qui dois-tu de respirer cet air, de voir ce ciel, et de pouvoir encore amuser ton esprit d'alouette de billevesées et de folies? Sans elle, où serais-tu? Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 449.
5. « De quelles billevesées embarrasses-tu ta pauvre cervelle, rejeton dégénéré de ma race orgueilleuse? De quelle chimère d'égalité remplis-tu tes rêves? L'amour n'est pas ce que tu crois; ... » G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 32.
Iron. Érudit de billevesées (A. Arnoux, Le Chiffre,1926, p. 205).
PRONONC. : [bilvəze] ou [bijvəze].
ÉTYMOL. ET HIST. − xves. « parole vide de sens » (Farce de Badin, Anc. Théâtre fr., I, 184 dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 292 : Quel bailleur de billevesées); 1574 « id. » (G. des Autels, Mitistoire Barragouyne, 10 dans Hug., s.v. bailleur : bailleurs [...] de belles visées). Composé de vesé/vezé « ventru » (cf. Thierry 1564 dans FEW t. 14, p. 339a) pris peut-être au sens de « gonflé », dér. de veze « cornemuse » (1532, Bourdigné, Faifeu, ch. 45 dans Hug.) encore attesté dans les dial. (L. Favre, Gloss. du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis, Niort, 1867), appartenant à la racine onomatopéique ves- exprimant un léger bourdonnement, un souffle (cf. FEW, loc. cit., pp. 339-340). Le premier élément demeure obscur; bille* semble exclu puisque désignant un objet solide qui ne peut être gonflé; une altération de beille « boyau » (Sain. Lang. Rab. t. 2, p. 163; Dauzat 1973) issu du lat. *botula (cf. FEW t. 1, p. 470) présente des difficultés phonét. (il faudrait p. ex. admettre que bille représente une fausse régression à partir de beille d'apr. les formes où -eille correspond à -ille dans l'extrême ouest du domaine poitevin, cf. J. Pignon, L'Évolution phonét. des parlers du Poitou, Paris, 1960, pp. 321 sqq.). L'hyp. d'un composé tautologique (Guir. Étymol., p. 15) d'un verbe biller qui signifierait « courir çà et là » et de vezer « id. » offre des sens trop éloignés du sens du composé à expliquer.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 54.
BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 320; t. 3 1972 [1930], p. 421.