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-ERIE, suff.
[Suff. formateur de subst. féminins.]
I.− Le dér. a une valeur dépréciative, affective ou fréquentative.
A.− [La base est un subst. désignant une pers., ou un adj. substantivable s'appliquant à une pers. (parfois aussi un adj. non substantivable).]
1. Le dér. exprime un trait de caractère ou un comportement : ânerie, avocasserie, badauderie, bégueulerie, bigoterie, bouffonnerie, bougrerie, braverie, cagoterie, canaillerie, charlatanerie, charognerie, connerie, coquetterie, coquinerie, courtisanerie, crapulerie, cuistrerie, dégueulasserie, diablerie, douilletterie, drôlerie, effronterie, espièglerie, étourderie, filouterie, fourberie, friponnerie, fripouillerie, fumisterie, galanterie, gaminerie, gauloiserie, gloutonnerie, goinfrerie, goujaterie, gredinerie, gueuserie, ivrognerie, jobarderie, ladrerie, loufoquerie, maniaquerie, mesquinerie, momerie, muflerie, niaiserie, nigauderie, ourserie, pédanterie, pingrerie, pitrerie, pleutrerie, polissonnerie, poltronnerie, pruderie, rosserie, rouerie, saloperie, sauvagerie, sensiblerie, sournoiserie, tartufferie, truanderie, vacherie.
Spéc. Le dér. désigne des relations familières : camaraderie, copinerie.
Spéc. Le dér. désigne une insurrection : chouannerie (< Chouans), jacquerie (< Jacques « paysan »).
[La base est un adj. s'appliquant à une pers., mais difficilement substantivable : ] afféterie, bizarrerie, bonasserie, bravaderie, brusquerie, cocasserie, crânerie, folâtrerie, gaucherie, grivoiserie, maussaderie, mièvrerie, mollasserie, pudibonderie, veulerie.
2. Le dér. employé au plur. ou avec l'art. indéf. désigne concrètement un acte, un propos. P. ex., parmi les mots cités supra :
ânerie .« Propos ou acte stupide »
avocasserie .« Mauvaise chicane d'avocat »
bouffonnerie .« Action ou parole bouffonne »
cochonnerie .« Action, propos obscènes »
diablerie .« Parole, action pleine de turbulence, de malice »
espièglerie .« Tour d'espiègle »
gaminerie .« Acte, propos de gamin, dignes d'un gamin »
pédanterie .« Parole ou acte pédant »
vacherie .« Parole, action méchante »
[Certains dér. n'ont que cette valeur :]
chatterie .« Caresse, câlinerie »
clownerie .« Farce, tour de clown »
singerie1 . « Grimace, gambade, tour comique »
3. Le dér. employé au plur. ou avec l'art. indéf. désigne une chose concr. P. ex., parmi les mots cités supra :
chatterie .« Choses délicates à manger »
cochonnerie .« Chose sale ou mal faite, cochonnée; chose sans valeur »
diablerie .« Mystère dans lequel des diables sont en scène »
erie .« Pièce de théâtre, spectacle où apparaissent des personnages surnaturels »
saloperie .« Chose sans valeur »
[Certains dér. n'ont que cette valeur concr. :]
pouillerie .« Lieu, chose misérable »
turquerie .« Objet, composition artistique ou littéraire d'origine, de goût ou d'inspiration turcs, orientaux »
[Certains dér. sont employés surtout au plur. et peuvent prendre une valeur collective :]
chinoiserie1 . « Bibelot qui vient de Chine ou qui est dans le goût chinois »
japonaiserie (oujaponerie). « Objet d'art, bibelot japonais »
vieillerie .« Objet vieux, démodé, usé »
4. Rare. Le dér. exprime une qualité abstr. P. ex., parmi les mots cités supra :bizarrerie (la bizarrerie du temps), féerie, sauvagerie (la sauvagerie du paysage).
B.− [La base est un verbe.]
1. Le dér. a une valeur dépréc. et exprime notamment :
la tromperie et la vantardise : cachotterie, duperie, flagornerie, flatterie, hâblerie, menterie (vieilli), piperie (vieilli), tricherie, tromperie, vanterie (vieilli)
la fraude et le vol : baraterie, chaparderie, escroquerie, grivèlerie, mutinerie, pillerie (vx).
l'action de s'exprimer par cris, comme un animal : clabauderie, criaillerie, grognerie, jacasserie, jaserie, piaillerie
les excès de table et l'acte amoureux : beuverie, coucherie, mangerie, soûlerie
le goût de la complication : chinoiserie2, finasserie, jonglerie (fig.), tracasserie.
2. Le dér. a une valeur affective et atténuative et exprime notamment :
la brouille et la dispute légères : bouderie, brouillerie, fâcherie, gronderie
la moquerie : agacerie, chicanerie, gouaillerie, momerie, moquerie, picoterie (vieilli), plaisanterie, pointillerie (vieilli), raillerie, singerie2, taquinerie, tracasserie
le marivaudage : badinerie, cajolerie, câlinerie, gâterie, lutinerie, minauderie
un état de conscience ou une activité relâchés : flânerie, griserie, rêvasserie, rêverie, songerie.
3. Le dér. désigne une activité quelconque, mais avec des connotations diverses :
valeur fréquentative :
boiterie .« Démarche de celui qui boite »
tiraillerie .« Tiraillements répétés »
tousserie .« Toux prolongée »
volerie .« Vol ou suite de vols, de larcins »
valeur atténuative :
causerie .« Entretien familier; discours, conférence sans prétention »
sauterie .« Réunion dansante d'un caractère simple et intime »
valeur intensive :
tuerie « action de tuer en masse, sauvagement ».
Rem. 1. La valeur fréquentative et la fréquence des emplois au plur. des dér. cités supra B expliquent les nombreuses déf. par des subst. au plur. ou par des énumérations : agacerie, « surtout au plur. mines ou paroles inspirées par une coquetterie légèrement provocante »; chinoiserie « subtilités excessives »; grognerie « murmures, plaintes, gronderies continuelles »; minauderie, « au plur. airs, attitudes, manières, gestes affectés d'une personne qui minaude ». 2. Pour certains dér., la base n'est plus connue des locuteurs : baraterie < a. fr. barater « tromper »; grivèlerie < griveler, formé sur grive, p. allus. au pillage des grives dans les vignes; momerie < a. fr. momer « se déguiser ».
II.− Le dér. désigne une activité, un lieu où se déroule une activité.
A.− Le dér. désigne une activité.
1. [La base est un nom d'agent, -erie commutant avec -ier/-er ou s'ajoutant directement au nom d'agent.]
a) Le dér. désigne une activité artis. ou industr.
[La base est un nom d'agent en -ier (/-er) lui-même dér. d'un subst. concr. : ] armurerie, batellerie, bijouterie, bimbeloterie, bonneterie, brosserie, carrosserie, chapellerie, charpenterie, chaudronnerie, chemiserie, clouterie, corderie, coutellerie, draperie, épicerie, ferblanterie, friperie, fromagerie, ganterie, graineterie, horlogerie, hôtellerie, huilerie, imagerie, joaillerie, laiterie, lingerie, lutherie, maroquinerie, messagerie, miroiterie, papeterie, passementerie, pelleterie, plomberie, poissonnerie, poterie, sellerie, serrurerie, tabletterie, teinturerie, tonnellerie, triperie, vannerie, verrerie, vitrerie.
[La base du nom d'agent n'est plus sentie en fr. contemp. : ] boucherie, boulangerie, charcuterie, cordonnerie, dinanderie, ferronnerie, mégisserie, menuiserie, mercerie, meunerie, minoterie.
[La base est un nom d'agent auquel vient s'ajouter -erie :] ébénisterie, fumisterie, herboristerie, maçonnerie, maréchalerie (< maréchal-ferrant), orfèvrerie.
b) Le dér. désigne un élevage agricole, une activité de chasse (et p. méton. le lieu) : faisanderie (/-ier), fauconnerie (/-ier), louveterie (/-ier) « chasse au loup ».
c) Le dér. désigne une charge, une fonction (et, souvent, p. méton., le lieu où elle s'exerce, l'ensemble des pers. qui l'assument)
[La base est un nom d'agent en -ier :] aumônerie, cavalerie, chancellerie, chevalerie, pénitencerie, trésorerie.
[-erie s'ajoute au nom d'agent : ] capitainerie, conciergerie, gendarmerie, gentilhommerie, sénatorerie.
d) Le dér. désigne la pratique de la pers. : piraterie (< pirate), sorcellerie (< sorcier).
2. [La base est un nom désignant un produit : ] biscuiterie, bouquinerie, buffleterie, cristallerie, droguerie, féculerie, magnanerie (< prov. magnan « ver à soie »), quincaillerie.
Rem. Il existe, parallèlement à certains de ces mots, des noms d'agents dérivés, mais qui sont tous postérieurs : bouquinerie, (Ca 1650, TLF)/bouquiniste (1721); droguerie (1386-87, TLF)/ droguiste (1549); quincaillerie (vers 1268, Lar. Lang. Fr.)/quincaillier (1428).
3. [La base est un verbe (souvent avec, en parallèle, un nom d'agent en -eur, -ier).]
a) Le dér. désigne une activité industr. ou artis. : brasserie, confiserie, corroierie, émaillerie, fonderie, imprimerie, marqueterie, parfumerie, pâtisserie, taillerie, tannerie, tapisserie.
b) Vx. Le dér. désigne un type de chasse :
vénerie (< a. fr. vener). « Chasse à courre »
volerie (< voler). « Chasse avec des oiseaux de proie »
B.− Le dér. désigne le lieu où se déroule une activité économique ou domestique, plutôt que l'activité elle-même.
1. [La base est un nom d'agent.]
a) Le dér. désigne le lieu où se déroule une activité artis., comm., industr. ou agric. : bergerie (/-er), bouverie (/-ier), briqueterie (/-ier), chocolaterie (/-ier), crémerie (/-ier), porcherie (/-er), sardinerie (/-ier), savonnerie (/-ier), tuilerie (/-ier), vacherie (/-er).
[Le nom d'agent n'est pas dér. d'une base identifiable : ] borderie (/-ier), métairie (< métayer), porterie (/-ier) « logement du portier dans un couvent, un monastère ».
[La base est un nom d'agent en -eur : ] factorerie< facteur.
b) Le dér. désigne un lieu où vit un religieux, où est hébergé un malade : bonzerie, infirmerie, lamaserie, léproserie, maladrerie.
c) Le dér. désigne un lieu où l'on se livre à une activité domestique : lingerie (/-er), paneterie (/-ier).
d) Le dér. désigne un lieu où l'on range : lampisterie (< lampiste), timonerie (/-ier).
2. [La base est un subst. désignant un produit (le nom d'agent correspondant n'existe pas, tout au moins en fr. moderne).]
a) Le dér. désigne le lieu où s'exerce une activité industr. ou artis. : aciérie, caisserie, cartoucherie, cokerie, poudrerie, sucrerie.
b) Le dér. désigne le lieu où l'on range la chose désignée par la base : fruiterie, machinerie, orangerie.
3. [La base est un verbe (avec parfois en parallèle un nom d'agent en -eur).]
a) Le dér. désigne le lieu d'une activité industr. ou comm. : blanchisserie, brûlerie, distillerie, foulerie, laverie, pêcherie, raffinerie, rôtisserie, sécherie, soufflerie.
Rem. Buanderie et buandier sont formés sur le verbe a. fr. buer.
b) Le dér. désigne le lieu d'une activité agric. :
écorcherie .« Lieu d'un abattoir où l'on écorche les bêtes »
forcerie .« Serre chaude pour le forçage »
nourricerie .« Lieu où l'on engraisse les animaux »
c) Le dér. désigne un lieu à destination partic. :
chaufferie .« Salle de chauffe »
fumerie .« Lieu où l'on fume l'opium »
garderie .« École, local où l'on garde les enfants en bas âge »; rare « étendue de bois que surveille un garde forestier »
penderie .« Petite pièce, placard où l'on suspend les vêtements »
III.− Le dér. est un collectif de l'inanimé.
A.− Le dér. désigne un ensemble de choses :
argenterie .« Vaisselle, couverts, ustensiles d'argent »
ivoirerie .« Objets en ivoire sculpté »
pierreries .« Pierres précieuses travaillées, employées comme ornement »
verroterie .« Petit(s) ouvrage(s) de verre coloré et travaillé dont on fait des bijoux et des ornements »
Spéc. Le dér. désigne un type d'étoffes :
rouennerie (< Rouen). « Tissu en laine, en coton »
soierie .« Tissu de soie »
Rem. De très nombreux dér. cités supra II A ont ce sens collectif, comme p. ex. : bijouterie, bibeloterie, dinanderie, épicerie, friperie, imagerie, lingerie, papeterie, etc.
[La base a une valeur collective et péj. :]
antiquaillerie .« Objet ou ensemble d'objets plus ou moins anciens et de peu de valeur »
paperasserie .« Accumulation de paperasses; multiplication abusive des écritures administratives »
B.− Le dér. désigne un ensemble concourant à une finalité :
boiserie .« Revêtement en bois de menuiserie »
literie .« Tout ce qui entre dans la composition d'un lit; matériel de couchage »
machinerie .« Ensemble de machines réunies en un même lieu »
tuyauterie .« Ensemble des tuyaux (d'une machine, de conduites d'eau, de gaz) »; « ensemble des tuyaux d'un orgue »
voierie .« Ensemble des voies aménagées et entretenues par l'administration publique »
Rem. 1. Minuterie désigne un dispositif. 2. Des dér. de verbes ont également un sens concret collectif : batterie « réunion de pièces d'artillerie et du matériel nécessaire à leur service »; sonnerie « ensemble de cloches ». 3. Armoiries « ensemble des armes peintes à l'emblème du porteur » (TLF), est dér. d'un verbe disparu (< armoyer) ainsi que artillerie (< verbe artillier) « matériel de guerre comprenant les canons, obusiers, etc. et le matériel nécessaire à leur service ».
Productivité. Cet art. a pour base 320 mots figurant à la fois dans le Pt Rob. et ds Fréq. t. 1 1971 (mots du fonds littér., les hapax étant exclus). On y a ajouté une liste très limitée (une vingtaine de mots) non retenus ds le Pt Rob., mais bien attestés dans le fonds littér. comme p. ex. : bougrerie, braverie, dégueulasserie, gentilhommerie, jaserie, picoterie, etc. -erie est un suff. partic. productif. En dehors des mots retenus, le fonds littér. TLF en fournit 420 autres, dont environ 300 hapax. L'immense majorité de ces vocables sont des dér. à valeur péj. ou fam. ou pop. -erie dans les dér. à valeur péj., pop. ou fam. Les créations foisonnent, notamment après 1850. Nyrop t. 3 1936, § 395 note la prédilection de Flaubert pour ce suff. : ,,on trouve chez Flaubert : charognerie, féminotteries, goujaterie, janoterie, jeanfoutrerie, micheletteries, quinetteries, pignouferie``. Dans la liste des 420 vocables évoqués supra, 54 appartiennent en propre aux Goncourt, dont antiquaillerie (les 4 occurrences du corpus), bécasserie (3), butorderie (2), cocotterie (4), coyonnerie (3), dinderie (2), dindonnerie (2), friturerie (2), furibonderie (5), gandinerie (4), paillasserie (3), pignouflerie (5), pocharderie (5), prêcherie (2), putinerie (10), roublarderie (3), vantarderie (2), voyouterie (9). Au xxes., les néol. d'aut. sont nombreux chez Montherlant, Céline, ou, en dehors du corpus TLF, chez Audiberti. -erie formateur de dér. désignant une activité artis. ou industr., ou le local où elle a lieu. J. et C. Dubois, Introd. à la lexicogr. : le dict., Paris, Larousse, 1971, pp. 168-169 note pour ce sens que le mouvement de retrait est considérable : 72 sorties dans l'éd. 1961 du Pt Lar. par rapp. à celle de 1949 : ,,la plupart des mots qui ont cessé d'être enregistrés intéressent des techniques disparues ou transformées``. Il y a cependant, quoiqu'en petit nombre, des créations au xxes. : cimenterie (1953, TLF), glucoserie (1907, Lar. Lang. fr.), margarinerie (xxe, ibid.). On notera aussi la résurgence du type de dér. désignant un lieu non lié à une activité industr. ou artis. : animalerie (mil. xxe, Lar. Lang. fr.), bagagerie (TLF « nom d'un magasin parisien de maroquinerie » mais aussi « mot désignant un local ou un réduit où l'on range les bagages »), biberonnerie (Jocart, Tour. et action État, 1966, p. 151), fauverie (1948, Lar. Lang. fr.) et, par néol. de sens, laverie (Gilb. 1971). Dans le cas de ingénierie, adaptation de l'angl. engineering, désignant une activité, on a plutôt le suff. -ie, avec modification de la voyelle finale de ingénieur.Morphologie A.− La base est un subst. ou un adj. à finale vocalique ou à finale [ʀ]. La jonction du suff. à la base se fait de différentes manières. 1. Insertion d'une consonne : [t] : la finale de la base se termine par le graphème -t :
bigot[o]=>bigoterie
lait[ε]=>laiterie
pédant[ɑ ̃]=>pédanterie
la finale de la base comporte un autre graphème que -t ou n'en comporte pas :
bijou[u]=>bijouterie
ferblanc[ɑ ̃]=>ferblanterie
filou[u]=>filouterie
tuyau[o]=>tuyauterie
voyou[u]=>voyouterie
[d] : la finale de la base se termine par -d :
finaud[o]=>finauderie
pudibond[ɔ ̃]=>pudibonderie
la finale comporte un autre graphème que -d ou n'en comporte pas :
boyau[o]=>boyauderie
butor[ɔ:ʀ]=>butorderie
Dinant[ɑ ̃]=>dinanderie
faisan[ɑ ̃]=>faisanderie
[z] : le graphème final est -s, -x :
bois[wɑ/a]=>boiserie
gaulois[wa]=>gauloiserie
gueux[o]=>gueuserie
niais[ε]=>niaiserie
la voyelle finale passe de [ø] à [ɔ] :
lépreux[o]=>léproserie
la voyelle finale ne comporte pas de graphème :
Bon Dieu[o]=>bondieuserie
lama[a]=>lamaserie
[b] : le graphème final est -b :
plomb[ɔ ̃]=>plomberie
[ʃ] : le graphème final est -c :
porc[ɔ:ʀ]=>porcherie
Rem. Le mot saloperie est, selon la règle gén., dér. sur la forme fém. de l'adj. (salope) mais l'on trouve, chez les Goncourt notamment, la var. salauderie; avocasserie (et avocassier) ont pour base avocat (graphème final -t). 2. Dénasalisation de la voyelle finale par développement de [n] : [ɑ ̃] :
charlatan=>charlatanerie
paysan=>paysannerie
ruban=>rubanerie
[ε ̃] :
crétin=>crétinerie
gamin=>gaminerie
gredin=>gredinerie
[ɔ ̃] :
bouffonn=>bouffonnerie
charbon=>charbonnerie
faucon=>fauconnerie
3. Alternance [o]/[εl] :
bateau=>batellerie
couteau=>coutellerie
oiseau=>oisellerie
4. Effacement de la voyelle finale :
affété[e]=>afféterie[tʀi]
étourdi[i]=>étourderie[də ʀi]
roué[e]=>rouerie[ʀuʀi]
5. -erie s'ajoute directement à la voyelle :
acier[je]=>aciérie
fée[e]=>erie
soie[wa]=>soierie
voie[wa]=>voierie
6. La base est un subst. en -eur; il y a passage à -orerie [-ɔ rri] :
facteur[-œ:ʀ]=>factorerie[-ɔ rri]
sénateur[-œ:ʀ]=>sénatorerie[-ɔ rri]
7. -erie commutant avec -ier est en contact avec une voyelle :
métayer[eje]=>métairie[-eʀi]
plaidoyer[waje]=>plaidoirie[-waʀi]
Rem. On notera alors, au plan graphique, que le -y- dont la fonction était de noter simultanément ai, oi d'une part et le yod de -ier d'autre part devient -i-, n'ayant plus à noter de yod dans métairie et plaidoirie. On notera également l'absence du graphème e. B.− Élargissements du suff. 1. La base est un subst. :
buffle=>buffleterie
louve=>louveterie
miroir=>miroiterie
verre=>verroterie
Rem. Dans miroir, le -r final n'était pas prononcé en m. fr. 2. La base est un subst. en -ier :
papier=>papeterie
sorcier=>sorcellerie
3. La base est un verbe du 2egroupe; le suff. a la forme -isserie :
blanchi=>blanchisserie
nourri=>nourricerie (ou -isserie
rôti=>rôtisserie
Prononc. : [-(ə)ʀi].
Étymol. et Hist. A.− Étymol. L'étymol. la plus gén. admise (Nyrop t. 3 1936; Meyer-L. t. 2 1966) est celle qui fait remonter -erie à des noms de pers. en -ier auxquels on a ajouté le suff. -ie, p. ex. dans cheval-ier/chevalerie qui désigne « l'état du chevalier » ou tuil-ier/tuilerie « lieu où travaille le tuilier ». Mais chevalerie peut également désigner « l'ensemble des chevaux dont se sert le chevalier » et tuilerie « le lieu où sont fabriquées les tuiles », de telle sorte que la base paraît être : cheval et tuile; d'où la formation d'un nouv. suff. -erie qui va peu à peu remplacer -ie : biscuiterie, toilerie. Il se peut d'autre part que les formations du type : charpentier, charpenterie, à côté de charpenter et gab, gaberie, à côté de gaber, aient entraîné p. anal. des formations en -erie à partir de verbes. D'autres grammairiens (Moldenhauer et Gamillscheg) considèrent que les formations primitives sont post-verbales, et que l'on a accolé -ie à des verbes en -(i)er : chanter/chanterie; piper/ piperie; tricher/tricherie. Baldinger 1950, p. 43, tout en reconnaissant que les dénominaux en -erie sont plus nombreux en a. fr. que les déverbaux, ne se prononce pas sur l'orig. de ce suff. B.− Hist. Dès le xiies., -erie est productif et concurrence -ie; au xvies., -erie a totalement supplanté -ie. 1. -erie formateur de dér. à valeur péj. ou affective. Dès le xiies. on a des dér. à partir de subst. ou d'adj. : bougrerie, drôlerie, fourberie, etc.; on trouve aussi des dér. à partir de verbes : boquelerie « chicane », chaplerie « massacre », desverie « folie », goderie « plaisanterie », etc. En m. fr., ils foisonnent. Pour les dér. formés à partir de subst. ou d'adj., Lew. 1960 donne pour les xveet xvies. : belistrerie. « Art du belistre » besterie. « Bêtise » cafarderie. Synon. de bigoterie mincerie. « Pauvreté » ruderie. « Mauvais traitements » Pour les dér. (formés à partir d'un verbe) apparus en m. fr., Baldinger 1950, pp. 44-45, cite : babillerie, cajolerie, caqueterie, causerie, clocherie, criaillerie, crierie, croquetterie, écorniflerie, engorgerie, ergoterie, flânerie, gaubergerie, giberie, grognerie, gronderie, japperie, jaserie, joncherie, juperie, maugreerie, minauderie, picoterie, taquinerie. 2. -erie formant des dér. exprime l'activité, l'état, le lieu. a) Le dér. exprime l'idée de fabrication. La base est un subst. : carderie (< cardier). « Métier de cardeur » chaussetterie. « Fabrication des chaussettes » cousturerie. « Métier de couturier » cuvellerie. « Métier de fabricant de cuves » forceterie. « Métier du forcetier » imagerie. « Art de l'imagier » La base est un verbe (les ex. sont relativement rares en a. et m. fr.) : aunerie. « Mesurage à l'aune » filerie. « Action de filer » grasserie. « Action d'engraisser une bête » b) Le dér. désigne une dignité, un état : baronerie. « Dignité de baron » capitainerie. « Charge de commandant » censorerie. « Charge de censorier » chevalerie. « Ensemble des qualités chevaleresques » minerie. « Qualité de médecin » c) Le dér. évoque l'idée de lieu où l'on fabrique : corderie et tuilerie. Le dér. désigne le lieu, sans idée de production. Cf. Baldinger 1950, p. 199 : audiencerie. « Lieu où l'on appelle et juge les causes » chefferie. « Bureau du commandement » justiserie. « Tribunal » prévosterie. « Tribunal du prévôt » recluserie. « Couvent » tavernerie. « Taverne » 3. -erie formateur de collectifs (cf. ibid., pp. 193-196). a) Le dér. désigne l'ensemble des produits fabriqués ou vendus. La base est un subst. : blacterie (< blactier « marchand de blé »). « Les diverses espèces de blé » cousticerie (< cousticier « faiseur de matelas »). « Tout ce qui a rapport aux matelas » frenerie. « Objets fabriqués par le frenier » lormerie. « Objets fabriqués par le lormier » La base est un verbe : baterie. « Engins d'artillerie » croiserie. « Ouvrage de vannerie » cueillerie. « Ce qu'on récolte » diaprerie. « Action d'orner un travail » et « travail orné » b) Le dér. est un collectif de l'animé. Il désigne : des hommes : ancesserie. « Ensemble des ancêtres » bachelerie. « Jeunesse guerrière » chenillerie. « Groupement de personnes dangereuses » escuierie. « Classe des écuyers » goujaterie. « Ensemble des valets d'armée » grosserie. « Ensemble des domestiques d'une maison » des animaux : chenerie. « Ensemble de chiens » gelinerie. « Poulailler » porchaillerie. « Troupe de porcs » vacherie. « Troupeau de vaches » volaillerie. « Ensemble des volailles »
BBG. − Baldinger 1950, pp. 43-54, 189-207, 221-224, 244-246. − Becherel (D.). La Dér. des n. abstraits en fr. Thèse, Paris-Sorbonne, 1976, pp. 240-243. − Darm. 1877, p. 72; pp. 97-100. − Dub. Dér. 1962, p. 7, 14, 16; pp. 61-62; p. 95, 107. − Gall. 1955, p. 352. − Lew. 1960, p. 16; pp. 103-114, 125-127, 129-132, 176-178, 187-192, 206-208. − Lüdtke (J.). Prädikative Nominalisierungen mit Suffixen im Französischen, Katalanischen und Spanischen. Tübingen, 1978, pp. 150-151, 160-161, 191-193, 206-211. − Moldenhauer (G.). Suffixstudien. Z. fr. Spr. 1934, t. 58, pp. 296-306. − Spitzer (L.). Warum ersetz frz -erie (dtsch -erei) das alte -ie (-ei)? Z. rom. Philol. 1931, t. 51, pp. 70-75. − Tomassone (R.), Combettes (B.). Rem. sur la formation des collectifs de n. d'arbres et de plantes. R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 224-233.