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-AUD, -AUT, suff.
Suff. péj. à valeur augm. formateur d'adj. et de subst. qualifiant ou désignant des personnes.
A.− [La base est un adj.]
1. Le dér. est adj. et subst. :
courtaud .« De taille courte »
finaud .« Qui cache de la finesse sous un air de simplicité »
lourdaud .« Maladroit, gauche »
rougeaud .« Qui a le teint trop rouge »
noiraud .« Qui a le teint noir »
rustaud .« Qui manque de délicatesse »
connaud .« Personne sans grande intelligence »; je trouve le Négus un peu connaud (Malraux, L'Espoir,1937, p. 604)
2. Le dér. est uniquement subst. :
salaud .« Personne méprisable »
soulaud .« Personne qui boit avec excès »
pitaud .« Homme grossier »; il suffisait de voir cette face à peau luisante, les yeux un rien ahuris, et la bouche entr'ouverte, à la façon des pitauds de campagne (Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 22)
B.− [La base est un subst.] Le dér. est adj. et subst. :
pataud .« Qui est lourd dans ses mouvements »
penaud .« Honteux à la suite d'une maladresse »
bêtaud .« Personne qui sans être bête fait une bêtise »
moricaud .« Qui a le teint basané » (sur More, Maure, avec forme élargie -icaud).
Rem. 1. Les termes brifaut « glouton », ribaud « débauché » sont formés sur les verbes d'a. fr. briffer « manger voracement » et riber « faire le débauché »; pelaud « bon drôle, bon diable », région. Clermont-Ferrand, FEW t. 8, p. 487a, de peler, foutraud (Malègue, Augustin, 1933, p. 230), de foutre; miraud « myope, aveugle » (de mirer), Combat, 21 oct. 63, pp. 1-6 cité par W. Blochwitz et W. Runkewitz ds Neologismen der Französischen Gegenwartsprache, Berlin, 1972, p. 114. Les bases ne sont plus discernables en fr. moderne. 2. Noiraud et pataud sont des termes qui désignent et qualifient des animaux. FEW signale plusieurs subst. désignant aussi des animaux : clabaud « chien courant à oreilles pendantes » (FEW t. 2, 1, p. 733a, monaut « chien ou chat qui n'a qu'une seule oreille » (FEW t. 6, 3, p. 223b)); Sain. Sources t. 1 1925, p. 64, cite goussaut « cheval court de reins », Id., ibid., t. 2, p. 84 cite quinaut « singe », terme vivace en Périgord.
PRONONC. : [-o]. Pour Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 la finale -aud est longue. Pour la prononc. mod. par [o] fermé bref, cf. Fouché Prononc. 1959, pp. 53 et 54.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Étymol. − D'apr. Nyrop et Brüch, R. Ling. rom., t. 2, 1926; Meyer-L., pp. 125-126, le suff. -aud/-aut, a.fr. -alt remonte au suff. frq. -wald, tiré de walden « gouverner » qui servait à former certains noms propres tels que Answald, Grimwald. Ce suff., en fr., a d'abord formé des noms propres tirés de rad. d'orig. germ., Renaud (ca 1160, B. De Ste Maure, Ducs Normandie, éd. C., Fahlin, 31 160 : Reinaut), puis d'orig. lat. type Bonnaud, Bellaud et ensuite est passé à la formation de noms communs. II.− Hist. − Le suff. -alt, -aud/-aut, est peu attesté au Moy. Âge. xiies. : ribaud, guaraut (Thèbes, 5845, « rustre »); xiiies. : briffaud; xves. : courtaud, lourdaud. -aud/-aut semble productif au xvies. où l'on trouve : noiraud 1538, rustaud 1530, salaud 1584, penaud 1544, pelaud « lièvre » (La Pléiade), coupaud .« mari trompé par sa femme », pitaut « homme rustre » 1572, couillaud 1552 (Rabelais, II, 1 ds Hug.), quinaud, -aude 1532, belaud terme d'amitié (Baif, Le Brave, v. 4 ds Hug.), bedaud « id. » (Rabelais, II, 15, ibid.), barraud, harpaud qualificatifs de chien (M. de La Porte, Epithète, 81, ibid.); xviies. rougeaud; xviiies. finaud, baillaud, goussaut; xixes. soulaud. En fr. contemp. les créations sont rares; la docum. atteste connaud (Malraux, L'Espoir, 1937, p. 604) et foutraud (Malègue, Augustin, 1933, p. 230), miraud (Combat, 21 oct. 1963, p. 1, col. 6). Cependant, Jaub. atteste un grand nombre de dér. en -aud, ainsi : baillaud « nigaud », bégaud « id. », bougaud « bègue », bouillaud « boudeur », buraud, -aude « grisâtre », busaud « sot », câgnaud, -aude « confus », calaud, -aude « câlin ». Rem. 1. Le suff. -aud, spécifique de l'animé, est moins vivant que -âtre : rougeaud/rougeâtre, noiraud/noirâtre. 2. Dans plusieurs dial. on constate une concurrence -aud/-ard : Nohant, b. Berry, Sologne, cagnaud, fr. cagnard (FEW t. 21, p. 186b); Centre, Berry busaud, norm. buzard (FEW t. 1, p. 655b); bêtaud/bêtard (FEW t. 1, pp. 341b-342a); bégaud, norm. begard (FEW t. 1, p. 314b). − -aud s'est substitué à un autre suff. ou finale. . À -ot : levraut (a.fr. levrot); crapaud (a.fr. crapout, crapot); saligaud (saligot); pequenaud (pequenot); boulaud, -aude, dial. du Centre ds Jaub. t. 1 1855 (boulot); fieraud, ibid. (fierot). . À -eau : corniaud « chien mâtiné, imbécile » (corneau); salopiaud (< dial. parisien salopiau, FEW t. 17, p. 14a); taraud (altération de *tareau pour tarel). . À -al : quartaut (< quartal, forme dial. de l'Est). . Arrangement orth. d'une termin. étrangère : boucaut (< prov. boucau); badaud (< prov. badau); artichaut [< ital. articioc(co)]; cabillaud (< neerl. kabeljau); échaffaud (< lat. pop. *catafalicum); panicaut (< prov. panicau). Rem. Gerfaut (1180 gerfalc) est composé de l'a.fr. gir et de fauc « faucon ». Nigaud est un dimin. de Nicodème.
BBG. − Darm. 1877, p. 92. − Dub. Dér. 1962, p. 17. − Kuhn 1931, passim.