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-IER, -IÈRE, -ER, -ÈRE, suff.
I. − Le dér. est un subst. désignant une personne.
A. − La personne exerce une activité à caractère professionnel.
1. La base est un subst. désignant le produit ou la matière sur lesquelles s'exerce l'activité, ce qui est objet de commerce.
a) Le dér. prend la marque des deux genres : bijoutier, bimbelotier, brossier, cartonnier, chaisier, chanvrier, chapelier, charbonnier, chaudronnier, chiffonnier, chocolatier, costumier, coutelier, crémier, crêpier, culottier, drapier, épicier, faïencier, fripier, gantier, giletier, grainetier, imagier, joaillier, lainier, laitier, limonadier, lunetier, matelassier, miroitier, oiselier, papetier, parcheminier, passementier, peaussier, pelletier, poissonnier, résinier, sabotier, tabletier, tapissier, teinturier, toilier, tripier; horloger.
b) Le dér. est le plus souvent au masc. : armurier (< armure « ensemble des armes défensives »), barbier, betteravier, bottier, bouteiller, briquetier, bronzier, cartier, casquetier, céréalier, chaînier, chemisier, cimentier, cloutier, ferblantier, financier, fontainier, gazier, houblonnier, ivoirier, lanternier, luthier, maroquinier, mégissier, négrier, perruquier, pétrolier, plombier, potier, robinetier, savetier, sellier, serrurier, sourcier, tuilier, vannier, vitrier; fromager.
c) Le dér. est au fém. : bouquetière, cigarière, dentellière; harengère.
2. La base désigne l'animal ou le troupeau d'animaux dont la personne a la charge.
a) Le dér. prend la marque des deux genres : ânier, chevrier; porcher, vacher.
b) Le dér. est le plus souvent au masc. : bouvier, caravanier, chamelier, fauconnier, muletier, palefrenier.
3. La base désigne l'instrument ou l'équipement, le poste de travail, le lieu, la fonction dont la personne a la charge.
a) Le dér. prend la marque des deux genres : ambulancier, batelier, caissier, cavalier, charretier, éclusier, geôlier, gondolier, guichetier, liftier, portier, postier; messager.
b) Le dér. est au masc. : aérostier, boursier (< Bourse), brancardier, égoutier, greffier, grutier, huissier, îlotier, magasinier, pompier, pontonnier, pressier, routier, scaphandrier, soutier, timonier, voiturier; cocher.
En partic. La personne exerce une fonction milit. : arbalétrier, arquebusier, canonnier, cuirassier, fusilier, grenadier, hallebardier, lancier, piquier; archer.
c) Le dér. est au fém. : chaisière, chambrière; lingère.
4. La base désigne un établissement, une exploitation.
a) Le dér. prend la marque des deux genres : bordier, boutiquier, cabaretier, cafetier, cantinier, fermier, gargotier, geôlier, hôtelier, jardinier, taulier, tavernier, tenancier; herbager, maraîcher.
b) Le dér. est le plus souvent au masc. : banquier, forestier, manufacturier.
5. La base est un subst. désignant une activité.
a) Le dér. prend la marque des deux genres : correspondancier, coursier, couturier, cuisinier, facturier, placier, teinturier.
b) Le subst. est le plus souvent au masc. : charpentier, douanier, marinier, policier, roulier, terrassier.
c) Le subst. est au fém. : ménagère.
6. La base désigne le groupe auquel appartient la personne. Le dér. prend la marque des deux genres : équipier. Le dér. est au masc. : brigadier, goumier, troupier.
Rem. 1. Sont aussi des formations fr. : boulanger < pic. boulenc « celui qui fabrique des boules de pain »; bourrelier < a. fr. bourrel « collier, harnais »; cantonnier < prov. cantoun « coin »; charcutier, d'abord chaircuitier < chair cuite; chaufournier < chaufour « four à chaux »; cordonnier < a. fr. cordouan « cuir de Cordoue »; courtier, d'abord corretier, corratier < a. fr. corre « courir »; dinandier < Dinant (ville belge célèbre par ses cuivres); infirmier, d'abord enfermier < enferm(e) « malade »; menuisier < menu, le terme ayant d'abord désigné l'artisan exécutant toutes sortes de travaux délicats, p. oppos. au grossier (cf. É. Benveniste, Probl. de ling., Paris, Gallimard, t. 2, Comment s'est opéré une différenciation lex. en fr., 1974, pp. 258-271); mercier < a. fr. merz « marchandises »; métayer < a. fr. meitié « moitié »; minotier < a. fr. minot « mesure de grain »; pâtissier < a fr. *pastitz < *pasticium « pâté »; plumassier < plumas < plume + suff. -as; quincaillier < a. fr. quincaille/chincaille, sur même rad. que clinquant. 2. Le dér. est souvent associé à un autre subst. désignant un être hum. à valeur de générique ou désignant un statut, une qualification : agent forestier, hospitalier, voyer; aide-cuisinier; artisan verrier; élève infirmier(e), officier; garde forestier; garçon boucher, boulanger, étalier; géologue pétrolier; marchand drapier, gantier; ouvrier bijoutier, drapier, faïencier, gantier, matelassier, papetier, parcheminier, taillandier, verrier; sœur infirmière.
B. − La personne exerce une activité à caractère quasi-professionnel.
1. La personne exerce une activité littér., artist. ou journalistique. Le subst. prend la marque des deux genres : conférencier, préfacier, romancier. Le subst. est au masc. : animalier, chansonnier, échotier, ensemblier, parolier.
2. La personne a des activités sportives ou de loisirs. Le subst. prend la marque des deux genres : canotier, festivalier, plaisancier, vacancier.
3. La personne tire ses revenus d'activités illégales. Le subst. prend la marque des deux genres : aventurier, contrebandier, usurier. Le subst. est au masc. : braconnier.
Rem. En fr. mod. et contemp., guerrier, justicier, messager ne renvoient plus à des fonctions écon. ou soc. précises.
C. − La personne a un statut défini.
1. La personne détient un titre lui assurant un revenu ou la possession de biens. Le dér. prend la marque des deux genres : boursier, créancier, crédirentier, héritier, rentier. Le dér. est au masc. : prébendier.
2. La personne détient un droit d'utilisation. Le dér. prend la marque des deux genres : écolier, passager. Le dér. est au masc. : usager.
3. La personne a un titre ou une fonction élective. Le dér. prend la marque des deux genres : bachelier, trésorier. Le dér. est au masc. : argentier (p. plaisant. dans grand argentier), bâtonnier.
4. La personne a un statut défini par la loi ou l'usage. Le dér. prend la marque des deux genres : banqueroutier, meurtrier, prisonnier; étranger. Le dér. est au masc. : dettier.
D. − Le dér. (gén. masc.) a une valeur péj. ou minorative.
1. La base désigne une activité littér., artist. ou journalistique : articlier; brochurier, bulletinier, écriturier.
Le dér. fonctionne en oppos. à un nom d'agent usuel : contier, écrivassier, peinturier et
sculptier. Nous savons que quelques-uns des sculptiers dont nous allons parler sont très aptes à relever les quelques défauts d'exécution (Baudel., Salon,1845, p. 861)
théâtrier. Que sont, en comparaison de ce drame vraiment divin qui se joue entre l'âme et Dieu, les pauvres machines inventées par les théâtriers anciens ou modernes? (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 28)
2. La base désigne une activité boursière : baissier, boursicotier, coulissier, haussier.
3. La base désigne une pièce vestimentaire ou un lieu caractérisant un état social : blousier, boulevardier, églisier, épauletier et
salonnière. Tout un côté visible de femme du monde, de salonnière prudente et réservée (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 166)
soutanier. L'un des prêtres, un long soutanier (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 83)
4. La base désigne une activité séditieuse : barricadier, émeutier.
5. La base a elle-même une valeur péj. : cochonnier, gonzier et
fumellier. Le mettre dans ton lit, ce fumellier-là! (Colette, Cl. école,1900, p. 316)
pétardier. En v'là des pétardiers! Ils sont deux et ils font du foin comme trente-six! (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 8, p. 191)
traînier. Un étranger, un traînier sans pays (Genevoix, Raboliot,1925, p. 89)
II. − Le dér. est un subst. désignant un inanimé.
A. − Le suff. exprime l'idée de production.
1. Le subst. (masc.) désigne
l'arbre ou la plante qui produit le fruit, la fleur, la feuille ou la graine dénommée par la base : abricotier, amandier, arbousier, bananier, cacaotier, caféier, calebassier, câprier, cerisier, châtaignier, citronnier, cognassier, cormier, dattier, fraisier, framboisier, genévrier, giroflier, goyavier, groseillier, jujubier, mandarinier, manglier, marronnier, merisier, mirabellier, mûrier, muscadier, néflier, noisetier, noyer, olivier, palmier, pamplemoussier, poirier, pommier, prunier, rosier, sorbier, tamarinier, théier, vanillier; oranger, pêcher.
l'arbre à partir duquel est produite la substance dénommée par la base : camphrier, cannelier, cotonnier, ébénier, gommier, indigotier, sagoutier.
l'arbre ou la plante dont la fleur ou le fruit présente une analogie avec ce que dénomme la base : frangipanier, muflier, tulipier.
Rem. 1. Le suff. a pu s'ajouter à des bases désignant elles-mêmes des arbres : coudrier < a. fr. coudre « coudrier »; églantier < a. fr. aiglant; peuplier < a. fr. peuple « peuplier »; violier < a. fr. viole « violette ». 2. -ier intègre au système fr. des empr. : balisier, latanier, micocoulier, palétuvier, pourprier.
2. Le subst. fém. désigne
le lieu où croît, d'où l'on extrait ce qu'exprime la base : ardoisière, champignonnière, cressonnière, cyprière, érablière, garancière, genêtière, houblonnière, linière, luzernière, marnière, melonnière, pépinière, pinière, plâtrière, rizière, sablière, sablonnière, sapinière, soufrière, tourbière, truffière; houillère.
le lieu où l'on fabrique, où l'on entrepose : charbonnière, fruitière (< fruit « production »), poudrière, salpêtrière, soudière.
B. − Le suff. exprime un rapport de contenant à contenu.
1. Le dér. désigne un contenant ou un support.
a) Au masc. : baguier, bénitier, beurrier, boulier, cartonnier, cendrier, chandelier, chéquier, compotier, coquetier, dentier, doigtier, encrier, fichier, herbier, huilier, légumier, médaillier, moutardier, plumier, poudrier, ravier, sablier, saladier, sucrier, vaissellier, vinaigrier.
En partic.
Désigne un recueil, un registre : coutumier, échéancier, fablier, fichier, minutier, semainier, sottisier.
Désigne un objet dont la fonction implique un ensemble d'autres objets : damier, échiquier, nuancier, onglier.
b) Au fém. : bonbonnière, bonnetière, cartouchière, glacière, grenadière, laitière, poissonnière, poivrière, saucière, soupière, tabatière, tourtière, turbotière, salière; torchère.
2. Le dér. désigne un habitat d'animaux sauvages ou un lieu d'élevage.
a) Au masc. : colombier, guêpier, pigeonnier, pucier (pop. et fig.); poulailler.
b) Au fém. : fourmilière, héronnière, lapinière, poussinière, renardière, taupinière, termitière, volière (sur voler); grenouillère.
P. anal. Le dér. a pour base un subst. désignant une personne : garçonnière, gentilhommière, pétaudière, pouponnière.
3. Le dér. (masc.) désigne l'ensemble constitué de ce que dénomme la base : bourbier, brasier, crassier, épinier, gerbier, glacier, merdier (pop. et fig.), polypier, roncier; bûcher, clocher, pailler, rucher.
Rem. Noter -ier au lieu de -aine pour exprimer la quantité de mille dans millier.
4. Le dér. (fém.) désigne une pièce d'armure, de harnachement ou de vêtement en rapport avec ce que dénomme la base.
a) Il désigne une pièce de l'armure : brassière, épaulière, jambière, mentonnière, têtière, visière (< a. fr. vis « visage »); genouillère, œillère.
P. anal. Il désigne un élément de protection dans un équipement sportif, professionnel, orthopédique : coudière, jambière, mentonnière; genouillère.
b) Il désigne un élément vestimentaire : brassière, jarretière.
Rem. Au masc. : bustier.
c) Il désigne une pièce de harnais : croupière, muselière, sous-ventrière, ventrière; œillère.
Rem. Au masc. : collier.
C. − Le dér. a un sens instrumental; il désigne un dispositif, un appareil permettant la réalisation du produit ou de l'action qu'exprime la base.
1. Au masc. : balancier, bombardier, gaufrier, obusier, pédalier, pilulier, tisonnier.
2. Au fém. : bétonnière, cafetière, cuisinière, filière, fromagère (néol.), glissière, gouttière, pissotière, théière, yaourtière (néol.).
Rem. 1. De nombreux dér. ont pour orig. l'ellipse du subst. dans un groupe nom. a) Au masc. : bouclier, chalutier, cimier, fruitier, humier, pénitencier, terrier, voilier; oreiller, potager. b) Au fém. : baleinière, boutonnière, canonnière, chaumière, étrivière, jardinière, marinière, rapière, verrière; bétaillère, crémaillère, étagère. 2. Le subst. désigne des animaux. a) Au masc. : bousier, échassier, fourmilier, paradisier, ramier. b) Au fém. : courtilière. 3. Il existe une série de mots qui sont comme des doublets (avec spécialisation sém.) des subst. servant de base : cuvier/cuve, gravier/grève, pilier/pile, ratelier/rateau, rocher/roche, sentier/sente, tablier/table; barrière/barre, litière/lit, portière/porte.
III. − Le dér. est un adj.
A. − C'est un adj. de relation.
1. La base est un subst. quelconque : bocager/-ère (oiseau -, région -), buissonnière (école -, pie -), cochère (porte -), côtier (fleuve -, région -), coutumier (droit -, pays -), douanier (barrière -, tarif -), écolier (papier -), épinière (moelle -), faîtière (tuile -), fermier (beurre -), fessier (muscle -, région -), financier (politique -, contrôle -, société -), foncier (impôt -, crédit -), langagière (activité -), long-courrier (avion -, navire -), meulière (pierre -), mobilier (biens -, propriété -), muletier (chemin -), peaucier (muscle -), piétonnier (chemin -, rue -), princier (famille -, rang -), printanier (chaleur -, temps -), roturier (biens -, famille -), routier (carte -, voiture -), saisonnier (travail -), sourcilier (muscle -), traversière (flûte -).
Emploi subst. : faîtière « tuile... »; fessier « muscle...; les deux fesses »; foncier « impôt... »; long-courrier « navire..., avion... »; meulière « pierre... »; mobilier « ensemble des meubles »; peaucier « muscle... »; sourcilier « muscle... »; routière « voiture... ».
2. La base désigne un produit agricole ou industriel, ou une activité de services.
a) L'adj. est associé à un subst. désignant une activité de production ou son résultat : industrie baleinière, chanvrière, charbonnière, gazière, houillère, minière, morutière, perlière, pétrolière, résinière, soudière, sucrière; cultures betteravières, céréalières, légumières, maraîchères, vivrières; production betteravière, céréalière; produits laitiers, pétroliers.
Le syntagme industrie + adj. en -ier fonctionne en parallèle avec un dér. en -erie ne désignant pas le procès industriel : industrie chapelière, fromagère, horlogère, hôtelière, lainière, laitière, lunetière, papetière, passementière, toilière.
Rem. À partir de l'adj., la formation de nouveaux noms d'agents est possible : les betteraviers, les céréaliers, les pétroliers.
b) L'adj. est associé à des subst. désignant des navires ou des installations permettant le transport du produit ou l'activité que désigne la base : navire baleinier, bananier, contrebandier, négrier; cargo méthanier, minéralier, pétrolier; port baleinier, pétrolier.
Emploi subst. : un bananier, un méthanier, un minéralier, un pétrolier.
c) P. méton. L'adj. signifie
« où il y a une activité fondée sur... » : région betteravière, forestière, houblonnière, manufacturière, minière; pays (= nation) pétrolier; bassin houiller, minier; centre hospitalier, hôtelier; coopérative cotonnière, laitière; compagnie, société pétrolière.
« relatif, propre à la profession de... » : association fromagère; code forestier; école hôtelière; société pétrolière; syndicat cotonnier, horloger, hôtelier.
« qui produit... » : gisement pétrolier; huître perlière; jument mulassière, poulinière; plante fourragère, potagère; vache laitière.
Emploi subst. : une laitière, une mulassière, une poulinière.
B. − C'est un adj. de caractérisation à valeur morale, presque toujours péj.
1. La base est un subst. : boulevardier, cocardier, droitier, moutonnier, paperassier, populacier, salonnier.
Le subst. désigne une activité ou une qualité morale : cancanier, dépensier, grimacier, manœuvrier, ordurier, outrancier, potinier, primesautier, procédurier, routinier, tracassier.
2. La base est un verbe : cachottier, carottier, jacassier, rêvassier.
3. La base est un adj. : grossier.
Prononc. : [-je], [-jε:ʀ]. Morphol. Pour le rattachement du suff. à des bases se terminant par une voyelle, cf. -erie. Pour les dér. en -andier (buandier, filandière, lavandière, taillandier), cf. -ande/-ende. Lorsque la base se termine par -che [ʃ], -ge [ʒ], -gne [ɳ], -ille [j], -ier est réduit à -er (infra étymol. B 2). Cependant -ier s'est conservé dans châtaignier, imagier, langagier, pistachier, et dans groseillier, joaillier, médaillier, vanillier.
Étymol. et Hist. A. − Le suff. -ier/-ière, attesté le plus fréq. dans les textes les plus anc. sous la forme -er, a une orig. composite. 1. Il remonte au suff. lat. -arius, -aria, -arium, et s'observe dans trois séries de formes : a) De noms d'artisans ou de professions : argentier (1272 « banquier » < argentarius) bouvier (1119 < bovarius) chancelier (ca 1050 < cancellarius) charbonnier (fr. prov. charboner fin xiies., pic. carbonnier ca 1230 < carbonarius) charpentier (1174-76 < carpentarius) chevalier (-er 1080, -ier 1130-40 < caballarius) écuyer (esquier 1080 < scutarius) héritier (ca 1131 < hereditarius) sorcier (ca 1130 < sorcerius < *sortiarius) b) De subst. inanimés : acier (-er 1080, -ier ca 1200 < aciarium) bruyère (1140 < lat. pop. *brucaria) charnier (-er 1080 < carnarium) denier (-er 1080, -ier ca 1175 < denarium) fumier (-ier ca 1170 < *femarium) gésier (giser fin xiies., -ier fin xiiies. < gigerium) grenier (xiies. < granarium) métier (menestier fin ixes., mistier fin xes. < ministerium) moutier (-ier fin xes., -er 1080 < monasterium) ornière (ordiere fin xiies. < lat. pop. *orbitaria) panier (ca 1170 < panarium) rivière (fin xiies. < lat. pop. *riparia) sentier (-er 1080, -ier xiies. < lat. pop. *semitarius) sommier (-er 1080, -ier ca 1155 < sagmarium) verger (-er 1080 < *viridiarium) c) D'adj. (ou d'adj. substantivés) : février (xiies. < bas lat. febrarius) janvier (xies. < januarius) léger (-er 1080 < *leviarius) plénier (-er 1080, -ier mil. xiies. < plenarius) premier (primer ca 980, premer 1080) 2. Il remonte au suff. lat. -aris, -are. a) Dans des subst. désignant des pers. : bachelier (-er 1080, -ier 1260 < baccalaris) écolier (-er xiiies., -ier 1206 < scholaris) b) Des subst. désignant des inanimés : collier (-er xies., -ier xiies. < collare) pilier (-er fin xiies., -ier ca 1155 < lat. pop. *pilare) soulier (-er 1080, -ier 1175 < subtelare) c) Des adj. : particulier (-ere 1265, -ier 1275 < particularis) régulier (-er ca 1119, -ier début xives. < regularis) singulier (-er 1140, -ier 1295 < singularis) Rem. V. aussi -aire1et -aire2. B. − Histoire 1. Le suff. est très productif dès le plus anc. fr. Les dér. attestés dès la Chanson de Roland montrent déjà les principaux secteurs où la créativité du suff. s'est manifestée : les noms d'agents (guerrier, gonfanoner, messager, soldeier, tresorer); les noms d'arbres (eglanter, pommer), les adj. substantivés (boucler (escut-), destrer). 2. Le suff. -ier tend à l'emporter sur -er au xiies. Il s'est réduit à -er lorsque, le rad. se termine par ch [ʃ], g [ʒ], l et n mouillés. D'après Fouché t. 3 1961, p. 735, cet [i] a commencé à s'amuïr dès la seconde moitié du xiies. Au xvies. il y a encore des résistances. Meigret (ds Thurot Prononc. t. 1 1881, p. 485) écrit en 1542 : ,,En chef, cher, danger (...) indubitablement nous prononçons la diphthongue ie (...). J'entens bien que l'ung et l'autre sont en usage; mais celuy qui est proferé par diphthongue est plus armonieux et plus usité``. L'orth. correspondant à la prononc. mod. ne s'imposera qu'au xviies. Oudin (ds Thurot op. cit., p. 486) écrit en 1633 : ,,Nous n'escrivons plus estrangier, dangier, etc. mais estranger, danger et ainsi des autres``. Ac. 1694 adopte la graph. -er/-ére, modification qui concerne un grand nombre de mots. Ac. 1762 remplace l'accent aigu par l'accent grave (cf. R.E.N.A. Dict. hist. de l'orth. fr. par N. Catach, J. Golfand, O. Mettas, L. Pasques, Paris, CNRS-HESO, 1976, s.v. berger). Pour les exceptions en -ier, v. supra morphologie.
BBG. Diekmann (E.). Wortbildungsstruktur und Mengenlehre. Z. rom. Philol. 1973, t. 89, pp. 52-65; 1975, t. 91, pp. 129-142, 537-539; zu frz. -ier. In : [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t. 1, pp. 375-391. - Dub. Dér. 1962, p. 43, 56, 80, 95, 108; Dub. Gramm. t. 3 1969, pp. 146-149. - Gawelko (M.). Évolution des suff. adj. en fr. Wroclaw-Warszawa, 1977, pp. 53-55. - Lar. Lang. fr. t. 1 1971, p. XL.