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ÉPÉE, subst. fém.
A.− [L'épée en tant qu'objet] Arme formée d'une longue lame d'acier aiguë, parfois triangulaire, mais le plus souvent à deux tranchants, emmanchée dans une poignée munie d'une garde, et que l'on porte au côté gauche dans un fourreau fixé à un ceinturon ou à un baudrier. Pointe d'une épée, épée à deux tranchants; ceindre son épée. − Conservez-la précieusement, (...) une épée est une amie fidèle, gardienne de la vie et de l'honneur de son maître (Gautier, Fracasse,1863, p. 97):
1. Le respect qu'on a pour toi, La longueur de mon épée En est la mesure, ô roi! Hugo, La Légende des siècles,t. 3, Après, le romancero du Cid, 1877, p. 246.
SYNT. a) Chapeau, coquille, filigrane, fusée, dragonne, pas-d'âne, pommeau, quillon d'une épée; talon, soie, gouttière, dos, fil d'une épée. b) Épée écossaise, romaine, ancienne, moderne; épée brillante, courte, étincelante, invincible, lourde, redoutable. c) Épée de salle d'armes, sans tranchant et mouchetée. d) Recevoir un coup d'épée; se battre à l'épée; frapper de son épée, d'estoc* et de taille*; brandir, croiser, esquiver, lever, manier une épée; passer l'épée au travers du corps de qqn; mettre l'épée à la main; jurer sur la croix de son épée; adouber un chevalier du plat de l'épée; être brave, vaillant comme son épée. e) Le cliquetis des épées; caractère sacré, mystique de l'épée (au Moyen-âge); l'épée, symbole d'honneur, de vaillance, signe de distinction.
Loc. Le fort de l'épée. Partie de la lame voisine de la garde. Le faible de l'épée. Extrémité de la lame. Le plat de l'épée. La partie large et plate, par opposition au tranchant. Nœud d'épée. ,,Nœud de rubans dont les hommes en habit de parure garnissaient autrefois la garde de leur épée`` (Ac. 1835, 1878).
Spécialement
1. Arme de parade portée lors de cérémonies solennelles par certains officiers et sous-officiers de l'armée, par certaines catégories de fonctionnaires civils, par les polytechniciens, les membres de l'Institut. La production, (...) est (...) spécialisée dans (...) les croix d'ordres militaires, les épées d'apparat et les objets de culte (Grandjean, Orfèvr. XIXes.,1962, p. 80).
2. HÉRALD. ,,L'épée paraît dans l'écu en pal, la pointe vers le haut de l'écu; épée garnie, celle dont la garde et le pommeau sont d'un autre émail que la lame`` (Grandm. 1852).
B.− [L'épée comme arme de combat (guerre, duel, etc.)]
1. [En parlant d'un gentilhomme, d'un militaire, d'un homme de guerre] Être un homme d'épée. Être exercé au maniement de l'épée :
2. L'aménité de ses manières, toutes les habitudes de sa vie, le soin qu'il (...) prenait de sa personne, son ancienne réputation de force et d'adresse, d'homme d'épée et de cheval, avaient fait un cortège de petites notoriétés à sa célébrité croissante. Maupassant, Fort comme la mort,1889, p. 4.
2. [L'épée, attribut et symbole de l'état ou du service militaire] Les fonctions publiques peuvent également, dans l'état actuel, se ranger toutes sous quatre dénominations connues, l'épée, la robe, l'église et l'administration (Siéyès, Tiers état,1789, p. 28).L'évangile défend l'épée aux moines (Péladan, Vice supr.,1884, p. 256).
Noblesse* d'épée. Qui sous l'Ancien Régime groupait les militaires par opposition à la noblesse* de robe. La fin du XVIIIe(...) aura vu, (...) la haine de la noblesse d'épée et de la noblesse de robe se fondre dans la même poussée (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 17).
Porter l'épée. Être militaire. Il était plus propre à porter l'épée qu'à bêcher la terre (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 107).
Prendre, quitter l'épée. Embrasser, quitter la carrière des armes. Il n'était point de haute noblesse, étant fils de M. Dupin, fermier général, qui avait quitté l'épée pour la finance (Sand, Hist. vie,1855, p. 41).
Mettre son épée au service de qqn. Guy mit son épée à la disposition du roi d'Angleterre et l'aida à conquérir l'île (Grousset, Croisades,1939, p. 266).
P. méton. Homme exercé au maniement de l'épée. Comminges est une de nos meilleures épées (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p. 92).
Locutions. Traîneur d'épée (fam. et par mépris). ,,Bretteur, batteur de pavé qui porte une longue épée sans aller à la guerre`` (Ac. 1835, 1878). Homme, roman de cape* et d'épée.
3. Loc. diverses
a) Loc. relatives aux phases du combat, d'un militaire, d'une collectivité en guerre, etc.
Tirer l'épée (hors du fourreau). Commencer la guerre, combattre. Que la France tire l'épée pour la liberté des peuples, tous les hommes de cœur applaudiront (L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 84).
Ils (en) sont aux épées et aux couteaux. ,,Ils sont en grande inimitié, ou en grand procès, en grande querelle. Ces parents ne peuvent s'accorder, ils sont aux épées et aux couteaux`` (Ac. 1835, 1878).
Remettre l'épée au fourreau. Cesser le combat, faire la paix. P. métaph. J'avais compris que j'appartenais à l'espèce inférieure. Il fallut le proclamer, remettre l'épée au fourreau, rejoindre le bétail ordinaire (Sartre, Mots,1964, p. 134).
Rendre son épée. Se rendre au vainqueur et au fig. s'avouer vaincu. « La Révolution a rendu son épée en 1815; on a cru qu'elle allait la reprendre en 1830 » (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 167).
Passer au fil de l'épée. Massacrer sans pitié. Les Espagnols, (...), ont pillé Anvers, brûlé huit cents maisons, et passé sept mille habitants au fil de l'épée (A. Dumas père, Henri III,1829, II, 4, p. 152).
Mourir d'une belle épée. ,,Succomber sous un ennemi auquel il est glorieux d'avoir résisté; et au fig., recevoir du dommage par une cause honorable, flatteuse, agréable`` (Ac. 1835, 1878).
b) Loc. relatives à différentes attitudes ou sentiments du combattant
Son épée ne tient pas au fourreau. ,,Se dit d'un homme querelleur, qui est toujours prêt à mettre l'épée à la main`` (Ac.).
Mettre, tenir à qqn l'épée (dans les) aux reins. Le serrer de près, le harceler :
3. Je vais m'en mêler parce qu'il est temps que cela finisse (ce brave garçon mettrait tout bonnement son enfant sur la paille). (...) Je vais, à tous, leur pousser l'épée dans les reins d'une belle façon. Flaubert, Corresp.,1854, p. 47.
Mettre, tenir l'épée à la gorge de qqn. Le harceler, le menacer. Emploi pronom. réciproque :
4. ... les Guises et ceux de Navarre se poussaient, les uns aux autres, l'épée et la dague à la gorge pour essayer de devenir chacun le premier, ... Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 162.
C.− [L'épée symbole de la force ou de la violence]
1. [Symbole de la force armée d'un État] L'épée est l'axe du monde (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 10):
5. L'organisation militaire me paraît le vrai type de toute bonne société civile, l'épée est la tutrice d'un peuple. Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 161.
6. ... nous sommes en plein moyen-âge. Le droit de l'épée décide de tout comme au temps de la chevalerie. Mérimée, Lettres Mmede la Rochejacquelein,1870, p. 309.
En partic. [En parlant d'un État, p. réf. au chef gaulois Brennus victorieux sous Rome (390 av. J.-C.), jetant brutalement son épée dans le plateau de la balance de manière à augmenter le poids de la rançon exigée par lui pour lever le siège de la ville] Jeter son épée dans la balance. Mettre brutalement fin à une situation tendue en intervenant militairement dans le conflit :
7. ... l'événement précis (...) avait décidé Grey à jeter enfin l'épée britannique dans la balance, au cours de son entretien d'hier avec l'ambassadeur d'Allemagne. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 519.
2. [Symbole de la force menaçante]
Épée de feu (de l'archange, du chérubin). [P. réf. aux Chérubins armés d'une épée et placés par Dieu à la porte du paradis terrestre, pour empêcher Adam et Ève d'y entrer (cf. Gen. III, 24)] Il [le Père Lacordaire] a à son service le dédain, non moins commode, l'interdiction hautaine et tranchante, l'épée de feu du chérubin sur laquelle il est écrit : On ne passe pas là! (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 4, 1863-69, p. 403).
Épée de Damoclès. [P. réf. à l'épée nue retenue à un crin de cheval que Denys l'Ancien fit suspendre lors d'un festin au-dessus de la tête d'un de ses courtisans, Damoclès, qui exaltait le bonheur de la royauté] Danger permanent :
8. [Camille :] − ... le monde est juste, il n'accorde les honneurs de son intérêt qu'aux sentiments vrais. Béatrix jouant la comédie est jugée comme une actrice de second ordre. Sa fuite n'était autorisée par aucune contrariété. L'épée de Damoclès ne brillait pas au milieu de ses fêtes... Balzac, Béatrix,1839-45, p. 237.
3. [Symbole de violence]
Proverbe. [Évangile St Matthieu 26, 52] Qui se sert de l'épée périra par l'épée. La violence appelle la violence. Tout le monde a signé, à Stanislas? − Bien sûr. Sauf un nouveau, sous prétexte que qui frappera avec l'épée périra par l'épée... Vous savez, il y a de ces catholiques excessifs! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 265).
D.− [L'épée, symbole de toute espèce d'action demandant un effort]
1. [Attitudes gén. devant les difficultés de la vie]
À vaillant homme, courte épée. ,,La valeur supplée aux armes`` (Ac.).
Son épée est trop courte. ,,Se dit d'un homme qui n'a pas assez de crédit ou assez de force pour réussir dans quelque entreprise`` (Ac.).
Se laisser dire qqc. d'injurieux, l'épée au côté (fam.). ,,Souffrir des propos injurieux sans rien répondre, sans répliquer`` (Ac. 1835, 1878).
2. [Formes du comportement]
Se faire blanc de son épée. ,,Se prévaloir de son courage, de son crédit, etc. pour garantir le succès d'une affaire`` (Ac.).
Mettre, faire passer qqc. du côté de l'épée. ,,Mettre quelque profit, quelque fonds à couvert, en réserve. On le dit plus ordinairement en mauvaise part. Il abandonna ses biens à ses créanciers, mais il mit qqc. du côté de l'épée`` (Ac. 1835, 1878).
3. [Résultats de l'effort]
L'épée use le fourreau. ,,Se dit des personnes en qui une grande activité d'âme ou d'esprit nuit à la santé`` (Ac.).
Il a fait un beau coup d'épée. ,,Se dit ironiquement de quelqu'un qui a fait une sottise remarquable`` (Ac.).
C'est un coup d'épée dans l'eau. C'est un effort inutile :
9. − Mais Madame, (...) Monserfeuil n'a aucune espèce de crédit ni de pouvoir avec le nouveau gouvernement. Ce serait un coup d'épée dans l'eau. Proust, Guermantes 2, 1921, p. 515.
Rem. On rencontre ds la docum. le comp. épée-baïonnette. Baïonnette à lame quadrangulaire. Le (...) fusil [Lebel] mesure, sans son épée-baïonnette, 1 m 307 de hauteur (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., 1899, p. 212).
Prononc. et Orth. : [epe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 880 spede (Eulalie, 22 ds Henry Chrestomathie, p. 3). Du lat. impérial spatha « battoir; spatule; épée longue ». Fréq. abs. littér. : 3 656. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 390, b) 6 819; xxes. : a) 4 127, b) 3 105. Bbg. Behrens D. 1923, p. 44. − Rog. 1965, p. 95.