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ÉNERGIE, subst. fém.
I.− Principe d'action qui rend une personne apte à agir ou dont se trouve animée une chose pour agir sur la nature.
A.− Domaine philos.
1. COSMOL. Principe actif, fondamental et initial, de l'univers :
1. L'énergie, entité flottante universelle, d'où tout émerge, et où tout retombe, comme dans un océan. L'énergie, le nouvel esprit. L'énergie, le nouveau dieu. Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 286.
2. THÉOL., rare. Puissance d'agir de la divinité; p. méton., cet agir lui-même. Fils [de Dieu] qui êtes l'énergie, le verbe et la seconde personne (Claudel, Messe là-bas,1919, p. 488).
B.− Usuel
1. [L'énergie est envisagée comme une force phys.]
a) [Domaine des êtres vivants] Dynamisme physique qui permet d'agir ou de réagir. Elle [l'eau-de-vie] diminue réellement l'énergie physique (Michelet, Journal,1820, p. 93).Cette richesse d'énergie physique qui, chez les animaux, supporte les inclémences de la nature (Sand, Lélia,1833, p. 181).Il s'agrippa au récif de toute l'énergie de ses mains (Queffélec, Recteur,1944, p. 133).
En partic. Force vive d'un organe. L'activité du système nerveux, l'énergie du cœur et des artères (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 240).Énergie musculaire (s.v. afférent ex. 6).
P. méton. Force avec laquelle un son est articulé. La sonorité des diphtongues, l'énergie des labiales (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 549).
b) [Domaine des inanimés concr.] Contre nous (...) se leva l'énergie du vent irrésistible! (Claudel, Violaine,1892, IV, p. 559):
2. Là où les hommes de nos jours ne voient que des choses inertes, les anciens reconnaissaient des énergies vivantes, et ce sont ces puissances cachées qu'ils ont appelées les dieux. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, p. 72.
En partic., vieilli. Synon. de efficacité.L'énergie d'un remède (Ac.1835-1932).C'est quand il est en fleur [le haschisch] qu'il possède sa plus grande énergie (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 352).
Au fig. [Sous l'effet du haschisch] les couleurs prendront une énergie inaccoutumée et entreront dans le cerveau avec une intensité victorieuse (Baudel., Paradis artif.,1860p. 375).
2. [L'énergie est envisagée comme une force mor.] Force de la volonté qui l'oriente vers l'action. Ce culte du moi dont Barrès sut faire un système qui exalte l'énergie nationale (Blanche, Modèles,1928, p. 237).Au découragement qu'avait éprouvé Gilbert à Venise succéda une période d'énergie (Arland, Ordre,1929, p. 192).J'intervins aussitôt pour stimuler les énergies, et m'opposai à un ralentissement dans l'action quotidienne (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 58):
3. L'énergie créatrice de tel peuple pris au hasard n'est sans doute qu'un moment de son énergie générale. L'art, qui est une façon de parler, est aussi une façon d'agir, mais il en est d'autres, l'industrie, le commerce, la domination politique, l'ordre imposé aux voisins. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 94.
4. La force dont j'ai rêvé et dont je dispose aujourd'hui ne s'obtient que par une application paysanne, par une énergie persévérante, par la volonté constante d'ajouter à ce que nous possédons l'homme ou l'élément qui nous manque. Malraux, Les Conquérants,1928, p. 54.
P. méton., au sing. Manifestation concrète chez une personne de l'aptitude à agir. L'œil plein d'une énergie étonnante et d'une assurance prodigieuse (Balzac, Annette, t. 1, 1824, p. 102).Luttant avec l'énergie du désespoir contre les étreintes d'un sommeil mortel (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 7).Elle avait dit non avec la dernière énergie (Beauvoir, Mém. j. fille,1948, p. 248):
5. Le chanoine de Virmontal était bel homme; sur son noble visage éclatait une mâle énergie qui jurait (si j'ose dire) étrangement avec l'hésitante précaution de ses gestes et de sa voix, comme étonnaient ses cheveux presque blancs, près de la carnation jeune et fraîche de son visage. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 746.
P. compar. Elle [la joie] est comme une énergie qui rayonne d'un être, une lumière d'or qui lui dore tout ce qu'il voit (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 56).
Au fig. domaine de l'expression de la pensée, des sentiments et de la création artistique.Synon. vigueur.Les grâces du style de Fénelon et l'énergie de celui de Jean-Jacques (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 282).L'énergie du dessin [dans le Radeau de la Méduse] a quelque chose qui saisit d'admiration (Green, Journal,1955-58, p. 324):
6. Le feuillé des paysages de M. de Crissé manque évidemment de vérité et d'énergie car il peut y avoir de l'énergie, de la grâce, de la magnificence dans le feuillé d'un groupe d'arbres. Stendhal, Mélanges d'art,Salon de 1824, 1842, p. 93.
SYNT. Énergie de l'âme, du caractère, d'esprit, de volonté; énergie et activité, et résolution; énergie indomptable, farouche, morale, sauvage, singulière, spirituelle, surhumaine, virile; avec une extrême énergie; une expression, un homme d'énergie; force et énergie; dépenser, déployer, retrouver son énergie; manquer, redoubler d'énergie; ranimer, rassembler les énergies.
II.− SCIENCES
A.− PHYSIQUE
1. Au sing. Capacité d'un corps ou d'un système à produire du travail mécanique ou son équivalent. Transformer directement l'énergie thermique en énergie électrique (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 215).Le développement industriel de l'énergie atomique (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 10):
7. ... l'énergie totale, c'est-à-dire la somme des énergies cinétique et potentielle, reste constante. Or, s'il n'y avait que de l'énergie cinétique dans le monde, ou même s'il n'y avait, en outre de l'énergie cinétique, qu'une seule espèce d'énergie potentielle, l'artifice de la mesure ne suffirait pas à rendre la loi artificielle. La loi de conservation de l'énergie exprimerait bien que quelque chose se conserve en quantité constante. Mais il y a en réalité des énergies de nature diverse, et la mesure de chacune d'elles a été évidemment choisie de manière à justifier le principe de la conservation de l'énergie. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 243.
8. Chaque organisme de l'ensemble (c'est-à-dire de la matière vivante) accapare incessamment l'énergie rayonnante du soleil et la transforme en énergie chimique et libre. La grande partie de l'énergie rayonnante du soleil, qui atteint la surface terrestre, est ainsi reprise et transformée. Vernadsky, La Géochimie,1924, p. 60.
2. Au sing. ou au plur., domaine de l'écon.Ensemble des forces susceptibles de mouvoir les machines nécessaires à la production industrielle ou à la vie domestique. Crise de l'énergie. Cette énergie naturelle qui nous est donnée dans le charbon et le pétrole (Alain, Propos,1932, p. 1083).L'immense réservoir d'énergie que constituent les marées (H. Bazin, Vipère,1948, p. 161).
B.− PHYSIOL. Potentiel fourni par un apport alimentaire chimiquement transformé par l'organisme vivant pour couvrir les besoins du métabolisme basal, du fonctionnement et de la production. Incessantes réactions chimiques, qui libèrent l'énergie nécessaire aux manifestations vitales (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 20).
SYNT. Énergie calorifique, hydraulique, lumineuse, mécanique, nucléaire; consommation, dégradation, densité, défense, distribution, libération, perte, production, réserve(s), source(s), transport, utilisation, variation d'/de l'énergie; capter, fournir, libérer, produire (de) l'énergie.
Rem. On rencontre ds la docum. énergisant, ante, adj. et subst. masc. (Substance, médicament) qui stimule le tonus psychique. Au niveau des éléments riches en nucléo-protéine se trouvent également accumulés les moyens énergisants (P. Morand, Confins vie, 1955, p. 107).
Prononc. et Orth. : [enε ʀ ʒi]. Enq. : /eneʀ ʒi/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1500 « puissance d'action, efficacité, pouvoir » (Jard. de santé, I, 446 ds Gdf. Compl.); 1680 au fig. mot plein d'énergie, façon de parler qui a de l'énergie (Rich.); 2. 1790 fig. « force, fermeté dans l'action, détermination » (Moniteur, t. 3, p. 35 : au moment où leur énergie a causé des alarmes [les Français] ne voulaient qu'affermir l'autorité légitime). B. 1. 1877 phys. (Littré); 2. 1883 énergie musculaire (Bourget, Essais psychol., p. 118); 1889 énergie cinétique et potentielle (Bergson, Essai donn. imm., p. 122). Empr. au b. lat.energia « force, énergie » (gr. ε ̓ ν ε ́ ρ γ ε ι α « force en action » p. oppos. à δ υ ́ ν α μ ι ς « force en puissance »). B a peut-être été suscité par l'angl. energy employé en phys. dep. 1807 (T. Young ds NED); cf. les syntagmes 1852 mechanical energy; 1853 potential or latent energy; conservation of energy (NED). Fréq. abs. littér. : 4 715. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 930, b) 4326; xxes. : a) 8 362, b) 7 632. Bbg. Gohin 1903, p. 354. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 137. − Sckomm. 1933, pp. 138-139.