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ÉGOÏSME, subst. masc.
A.− Vieilli, lang. littér. Attitude ou expression de celui qui parle sans cesse de soi ou fait constamment référence à soi. Synon. amour-propre, amour de soi, égocentrisme, égotisme :
1. Peut-être y a-t-il de la faiblesse dans cette pente d'esprit vers le cœur, vers soi et tout ce qui tient à soi; c'est amour-propre, égoïsme. E. de Guérin, Journal,1840, p. 364.
2. Mon égoïsme est tel que je ne vous parle pas de vous! je m'en aperçois. Que n'ai-je vos maux! et je ne souhaite les miens à personne. Flaub., Corresp.,1875, p. 189.
B.− Cour. Attitude ou conduite de celui qui, le plus souvent consciemment, ne se préoccupe que de son intérêt ou de son plaisir propre au détriment ou au mépris de celui d'autrui. Agir par égoïsme; être d'un égoïsme cynique, dur, sordide; lutter contre son égoïsme. Je ne suis rien, je ne sais rien par ta faute, par la faute de ton égoïsme maternel (Maupass., Une Vie,1883, p. 209).Tous deux nous ignorons l'égoïsme hideux qui nargue ce prochain même qu'il faut qu'on aime comme soi-même (Verlaine, Œuvres compl.,t. 2, Amour, 1888, p. 56).
3. La société a bien des vices, sans doute; mais il semble que plus on s'en éloigne, sous le prétexte de les éviter, et plus le cœur perd de cette tendre humanité qui compatit aux maux d'autrui. La trop longue solitude suffit seulement pour façonner l'homme à l'égoïsme. Il paraît que l'on ne pense qu'à soi quand on s'éloigne des autres, et que c'est en fréquentant l'homme qu'on prend intérêt à lui. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 35.
4. Il goûte une jouissance voluptueuse à s'évader de son égoïsme, à être le meilleur des deux, celui qui comprend, qui pardonne, qui cède. Martin du Gard, Jean Barois, 1913, p. 273.
SYNT. a) Être enfermé, isolé, muré dans son égoïsme; s'élever au dessus de, s'évader de, se réfugier dans son égoïsme; être cuirassé d'égoïsme; sombrer dans l'égoïsme; être aveuglé par l'égoïsme. b) Les cloisons de l'égoïsme; un abîme, un désert, un gouffre d'égoïsme. c) Un égoïsme aride, désséchant, étroit, froid, profond, stérile; un solide égoïsme; un égoïsme brutal, exécrable, farouche, féroce, implacable, monstrueux, odieux, sot, vil; un égoïsme béat, satisfait, superbe; le splendide égoïsme. d) Un monstre d'égoïsme; l'égoïsme des enfants, des vieillards; les calculs de l'égoïsme.
Expressions
Égoïsme à deux. La profondeur de cette définition de l'amour, devenue vulgaire : un égoïsme à deux. Nous nous aimons nous-même en l'autre (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 223).Et si elle te demande de t'occuper d'elle tout entière et de t'enfermer dans son amour elle te sollicite de n'être plus qu'égoïsme à deux, lequel, faussement, on nomme lumière de l'amour quand il n'est là qu'incendie stérile et pillage des granges (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 646).
Égoïsme familial; égoïsme de classe. La grande curée de l'égoïsme bourgeois (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 455).L'égoïsme étroit d'une classe, d'une caste, d'un groupe quelconque d'individus (Faure, Hist. art,1914, p. 350).
Égoïsme national. Ce principe d'égoïsme national : il faut que l'Angleterre cherche partout et à tout prix des consommateurs (L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 75).Spéc. [P. allus. hist.] Égoïsme sacré. Considération exclusive de l'intérêt de la patrie. L'égoïsme sacré qui dicte toujours ses lois aux patries menacées lorsqu'elles ne veulent point périr (L. Febvre, Combats pour hist.,H. Pirenne, 1920, p. 364).
C.− Emplois spéc.
1. Vx, PHILOS. Égoïsme métaphysique. Position-limite d'un idéalisme pour lequel seul existe le sujet pensant, le monde extérieur n'étant que sa représentation. Synon. plus usité solipsisme.
2. PSYCHANAL. Caractère des rêves dans lesquels le moi apparaît lui-même ou par identification. Comment distinguerait-on théoriquement le narcissisme de l'égoïsme? Or, à mon avis, celui-là est le complément libidineux de celui-ci (Freud, Introd. psychanal.,1959, p. 446).
3. PSYCHOPHYSIOL., sans nuance péj. [S'oppose à altruisme] Ensemble des tendances ou instincts qui poussent l'individu dans le sens de sa conservation et de son développement (cf. instinct de conservation).Le grand problème humain, subordonner l'égoïsme à l'altruisme. En effet, l'énergie supérieure des instincts personnels peut ainsi servir à compenser la langueur naturelle des instincts sympathiques, par une impulsion initiale que ceux-ci n'auraient pas spontanément (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 166).
Rem. 1. La plupart des dict. enregistrent le verbe intrans. égoïser. ,,Parler trop de soi`` (Ac. 1835). 2. On rencontre ds la docum. a) Le subst. fém. égoïsterie. Caractère égoïste d'une démarche intellectuelle. N'êtes-vous pas fatiguée de m'entendre varier ma chanson sur tous les modes? Cette continuelle égoïsterie d'un homme qui se débat dans un cercle donné, ne vous ennuie-t-elle pas? (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 405). b) L'adj. égoïstique, peu usité. Qui a son origine dans l'égoïsme. Cette pauvre créature bornée qui s'intitule elle-même l'homme du monde, remplie de préjugés étroits et égoïstiques (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 402). c) Le subst. fém. égologie, peu usitée. Étude du moi. Une ontologie absorbée dans l'égologie (R. Chambon, Le Monde comme perception et réalité, Paris, Vrin, 1974, p. 585).
Prononc. et Orth. : [egɔism̥]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1755 (Encyclop. t. 5 : Mm. de Port-Royal ont généralement banni de leurs écrits l'usage de parler d'eux-mêmes à la première personne [...] Pour en marquer leur éloignement, ils l'ont tourné en ridicule sous le nom d'égoïsme, adopté depuis dans notre langue); 1789 « attachement excessif à soi-même qui fait que l'on subordonne l'intérêt d'autrui à son propre intérêt » (Sieyès, Tiers état, p. 54). Dér. du lat. ego « moi »; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 1 904. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 164, b) 2 651; xxes. : a) 3 067, b) 2 131. Bbg. Gohin 1903, p. 278 (s.v. égoïstique).