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ÉCLAIR, subst. masc.
A.− MÉTÉOR. Lumière éblouissante accompagnant la décharge électrique des masses nuageuses, précédant le tonnerre, et zébrant de façon variée un ciel d'orage. Un éclair aveuglant, fulgurant. Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants :... (Rimbaud, Poés.,1871, p. 129).Moïse descendant du mont Sinaï où le Seigneur lui parla dans la foudre et les éclairs (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 174):
1. ... d'épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d'un violent coup de tonnerre, et la pluie commença à tomber lourdement. Musset, La Mouche,1854, p. 288.
Spéc. Éclair de chaleur. Lumière éclairant l'horizon grâce au pouvoir réflecteur de l'atmosphère, provenant d'orages assez lointains pour que le tonnerre qui suit ne soit pas audible. Non, Ce n'est pas encore l'orage; plutôt un éclair de chaleur (Green, Journal,1941, p. 136).
P. anal. Vive et brève lumière réfléchie par un objet. Un éclair électronique (ou flash). En même temps il pressa la détente de sa carabine. L'éclair jaillit (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 442).Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d'imperceptible écume (Valéry, Charmes,1922, p. 148).
SYNT. Un éclair d'acier, l'éclair blanc d'un couteau; l'éclair des baïonnettes, d'un bijou, d'une carpe, d'une griffe, d'une hache, du nacre, du sabre, du serpent.
L'éclair de + subst. (équivalent de subst. + syntagme adj. « qui a la vivacité de l'éclair »).Brandir l'éclair de son épée. Cette pure et radieuse figure de la Pucelle, qui n'eut qu'à brandir l'éclair de son épée pour éblouir et consterner les ennemis (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 145).
B.− Au fig.
1. Ce qui apparaît tout à coup, d'une façon soudaine et sans durer.
a) Ce qui brûle, ce qui flambe. Un éclair de haine, de malice, d'orgueil, de révolte. L'éclair de la colère brillait dans ses yeux [du père Alexis], une sueur froide ruisselait sur ses tempes dévastées (Sand, Spiridion,1839, p. 198).
b) Ce qui illumine, éblouit.
− Domaine de l'affectivité.Un éclair de bonheur, de gaieté. Un éclair de joie indicible illumina ce visage lugubre, comme fait un dernier rayon de soleil (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 462).Ne fûmes-nous pas deux ou trois fois unis par des éclairs de fraternité? (Barrès, Appel soldat,1900, p. IX):
2. J'ai éprouvé ce soir, dans une promenade solitaire, faite par le plus beau temps, quelques éclairs momentanés de cette jouissance ineffable que j'ai goûtée dans d'autres temps et à pareille saison, de cette volupté pure, qui semble nous arracher à tout ce qu'il y a de terrestre, ... Maine de Biran, Journal,1815, p. 81.
− Domaine de la conscience, de l'esprit.Un éclair de lucidité, de mémoire; avoir l'éclair du génie, du talent. Synon. illumination, intuition, révélation.L'idée, le principe, l'éclair, le premier moment du premier état, le saut, le bond hors de la suite (Valéry, Une Soirée avec Monsieur Teste,1895, p. 65).Un éclair dans la nuit, ainsi a-t-on défini la pensée (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 200):
3. Et tout à coup, de magnifiques éclairs de génie, des revirements comme Balzac n'en rêva jamais, une audace de fou inspiré qui justifie toutes les erreurs et tous les tâtonnements. Green, Journal,1932, p. 115.
4. ... le presque-rien est aussi métaphysiquement inépuisable que le renouveau est inlassable, et celui qui l'entrevoit dans l'émerveillement d'un éclair l'accueille comme le premier homme accueillerait le premier printemps du monde : ... Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 51.
Expr. Ce fut pour moi l'éclair (« l'illumination »). Fuir de ma cachette, Saisir et dévorer cette liste indiscrète, Ce fut pour moi l'éclair! (Laya, Ami loix,1793, II, 3, p. 38).Avoir quelques éclairs, son éclair. Son beau moment, son meilleur temps, le meilleur de son inspiration. Il [Balzac] a eu pourtant son éclair bien flatteur, bien chatoyant, son moment de sirène (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 2, 1846-69, p. 482).Avoir l'éclair. Le coup d'œil. Henri IV a plus que le bon sens qui plante ses jalons sur la route : il a l'éclair et l'illumination dans les périls, le rayon qui semble venir d'en haut (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 13, 1851-62, p. 221).Avoir un éclair. Quand tout d'un coup j'eus un éclair et compris que j'avais été bien naïf (Proust, Sodome,1922, p. 862).
2. [P. réf. au temps considéré dans sa rupture avec la continuité de la durée] Ce qui apparaît et disparaît aussitôt. L'éclair d'un instant, le temps d'un éclair. En un clin d'œil, le temps qu'un éclair passe, toute sa construction avait croulé (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 217).L'homme n'échappe aux lois de ce monde que la durée d'un éclair (Weil, Pesanteur,1943, p. 21):
5. ... il en est de lui [le corps de la danseuse] comme de l'âme, pour laquelle le Dieu, et la sagesse, et la profondeur qui lui sont demandés, ne sont et ne peuvent être que des moments, des éclairs, des fragments d'un temps étranger, des bonds désespérés hors de sa forme... Valéry, Eupalinos,1923, p. 41.
3. [P. réf. à l'espace considéré comme le champ représentatif de la promptitude, de la vitesse] Ce qui est (ou passe) très rapide(ment). Passer comme l'éclair; fondre sur qqc. comme l'éclair; prompt, vif comme l'éclair. Plus prompt que l'éclair, il s'élance sur son coursier (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 5).L'empereur allait comme l'éclair. « La victoire, disait-il, devait être dans ma célérité. (...) » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 87):
6. ... tenez, Monsieur de Villefort, voici un poison qui n'a pas d'antidote connu, prompt comme la pensée, rapide comme l'éclair, mortel comme la foudre; ... Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 314.
Expr. (concernant 2 et 3). Dans un éclair. Dans un éclair, elle revit le passé (Zola, M. Férat,1868, p. 69).En un éclair. En un éclair, j'ai vu ma triste adolescence (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1211).Par éclairs; travailler par éclairs. Par intermittence et chaque fois en très peu de temps. En tout cas, Racine ne soupçonna la Maintenon que par éclairs; elle jouait serré avec lui (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 211).
C.− En constr. d'appos. avec valeur d'adj. invar. L'homme-éclair. Et voici Mirabeau, l'homme-éclair (Hugo, Paris,1867, p. 48).L'idée-éclair. Leurs péans vont chez presque tous à l'idée-éclair, à l'« intuition » (Benda, Fr. byz.,1945, p. 245).Au sens de « rapide, très rapide » déjeuner-éclair, voyage-éclair, guerre-éclair. En Yougoslavie et en Grèce, la guerre-éclair se déroule, plus rapidement encore qu'en Pologne (M. Déat dsL'Œuvre,10 avr. 1941).Victoire éclair. Un tiers loufiat qui s'y connaissait en matière de bagarre, voulut remporter une victoire éclair (Queneau, Zazie,1959, p. 239).
Fermeture éclair. Fermeture à glissière. Un sac à fermeture éclair. Ceux qui portaient les combinaisons de mécanicien à fermeture éclair, devenues l'uniforme des milices (Malraux, Espoir,1937, p. 476).
D.− Spéc., PÂTISS. Gâteau de forme allongée, glacé par-dessus, fourré à la crème et que pour cette raison, il convient de manger rapidement. Éclair au café, au chocolat. Ces sortes de gâteaux qu'on m'a dit se nommer éclairs et babas (France, Orme,1897, p. 30).
Prononc. et Orth. : [eklε:ʀ]. Enq. /ekleʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. a) Ca 1121 « clarté, lumière » (St Brendan, éd. G.-R. Waters, 500) − Villon ( Œuvres, éd. Longnon et Foulet, IX, 18); b) fin xiies. « lumière vive et soudaine pendant l'orage » (S. de Freine, Vie de St Georges, éd. J.-E. Matzke, 529); c) au fig. 1604 (Montchrestien, Cartaginoise ds Œuvres, éd. Petit de Julleville, p. 141 : L'esclair trompeur d'une fausse esperance) au fig. rare avant le xixes. II. 1864 « petit gâteau de forme allongée [qui se mange très vite] » (Littré). Déverbal de éclairer*; au sens I b le mot d'abord norm. et agn. a évincé le plus usuel et plus ancien espart (espartir cf. FEW t. 7, p. 684a). Fréq. abs. littér. : 3 192. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 966, b) 7 089; xxes. : a) 4 474, b) 3 701. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 33. − Gohin 1903, p. 335. − Göhri (K.). Die Ausdrücke für Blitz und Donner im Galloromanischen. R. de dialectol. rom. 1912, t. 4, p. 45, 140. − Gottsch. Redens. 1930, p. 10.