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ÉCHAFAUD, subst. masc.
A.− Domaine techn.[Sans idée de spectacle] Vieilli. Construction provisoire, fixe ou mobile, dont les planchers superposés supportent à une certaine hauteur du sol les ouvriers et les matériaux, dans l'édification, la réparation, la peinture, la décoration des bâtiments. Dresser, élever un échafaud; madriers, plancher d'un échafaud; échafaud léger, mobile. Synon. mod. échafaudage.Les maçons qui réparaient l'arcade avaient leur échafaud dessus [les armoiries de la porte] (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 215).Il était occupé dans quelque église, sur un échafaud, à représenter le Christ mort ou le Christ dans sa gloire (France, Puits ste Claire,1895, p. 90):
1. Il m'est arrivé ce qui arrive à tout entrepreneur qui travaille sur une grande échelle : j'ai, en premier lieu, élevé les pavillons des extrémités, puis, déplaçant çà et là mes échafauds, j'ai monté la pierre et le ciment des constructions intermédiaires... Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 10.
Échafaud volant. Sorte de pont que ,,l'on monte au fur et à mesure des besoins le long des murs extérieurs au moyen de cordes et de moufles`` (Lar. 20e). Échafaud à bascule. ,,Qui n'est tenu au mur que d'un seul côté`` (Lar. 20e).
P. métaph. Un clair obscur mauve tout à fait demi-deuil sur un échafaud grêle qui attendait le cercueil (Nizan, Conspir.,1938, p. 36).Le catafalque roulant arriva, un étrange échafaud rouge et or (Nizan, Conspir.,1938p. 41).
P. anal. Échafaud de + subst. gén. au plur., fam.Amas d'objets superposés. Synon. échafaudage (au sens fam.) :
2. Quelques-uns se montaient confusément sur la tête tout un échafaud de coiffures, une perruque, une calotte, un bonnet rouge, un chapeau à plume tricolore, un chapeau à cornes, un chapeau bourgeois. Valéry, Variété II,1929, p. 110.
MAR. ,,Plateforme suspendue le long de la coque ou le long du mât, pour permettre à des hommes qui travaillent sur la coque ou dans la mâture d'atteindre les parties lisses du navire`` (Le Clère 1960). Région. (Canada). ,,Grand treillis de bois sur lequel on fait sécher la morue de Terre-Neuve`` (Canada 1930).
B.− Domaine techn.[avec une idée de spectacle donné en public]
1. Vx. Estrade.
a) Estrade sur laquelle jouent les comédiens. Marches d'un échafaud; échafaud d'un orchestre. La machinerie [théâtrale] doit donc conserver ce caractère d'échafauds analogues à ceux des ouvriers du bâtiment, montables et démontables à la demande (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 44).
b) Estrade où prennent place des spectateurs. Cinq échafauds ou galeries contenaient les spectateurs étrangers (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 11).Le jour du supplice de Jeanne, furent dressés les échafauds pour le cardinal de Winchester, pour Pierre Cauchon (Brasillach, Corneille,1938, p. 276):
3. Inutiles, des échafauds de bois pour les concours de ski, déchaussés par la fonte des neiges, écorchaient le ciel de leur squelette. Morand, Ouvert la nuit,1922, p. 235.
2. Usuel
a) Plate-forme en charpente, employée pour l'exposition et l'exécution des condamnés. Monter sur, à l'échafaud; mourir sur l'échafaud. L'on a vu des condamnés obtenir leur grâce au pied même de l'échafaud (Dumas père, P. Jones,1838, I, 5, p. 138).Qu'au moins ma tête serve à quelque chose avant de rouler sur l'échafaud (Verlaine, Corresp.,t. 3, 1889, p. 54).Pour aller à la guillotine, il fallait monter sur un échafaud (Camus, Étranger,1942, p. 1202):
4. Brotteaux vit sur la place de la Révolution étinceler (...) : c'était la guillotine. Une foule énorme et joyeuse de curieux se pressait autour de l'échafaud... France, Les Dieux ont soif,1912, p. 207.
SYNT. Marcher, aller à l'échafaud; envoyer, conduire, mener, accompagner à l'échafaud; traîner à, sur l'échafaud; porter sa tête sur l'échafaud (être décapité); finir, périr sur l'échafaud; gibet et échafaud.
b) P. méton. Peine de mort par décapitation. Le bagne, les galères ou l'échafaud; risquer, éviter l'échafaud; sauver sa tête de l'échafaud; promis à l'échafaud; mériter l'échafaud. C'est vous qui l'avez détournée, qui l'avez dévoyée, salaud, voyou, gibier d'échafaud (Aymé, Tête autres,1952, p. 82):
Au fig. et p. métaph. :
5. L'Université de Zurich est un monument imposant. (...). L'on me poussa dans la salle. Je montai à l'échafaud. Il fallait parler debout devant un pupitre élevé auquel je me cramponnais, épuisé que j'étais d'anxiété et de fatigue. Valéry, Entretiens[avec F. Lefèvre], 1926, p. 92.
Prononc. et Orth. : [eʃafo]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 eschaafauz « charpente, échafaudage » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 21267); 2. ca 1170 eschalfaut « estrade (pour un prédicateur) » (G. de Saint-Pair, Mont Saint-Michel, éd. P. Redlich, 1003); 1319 eschaiffaut « estrade pour jouer » (cité ds Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1876, 350 : eschaiffaut aus trompeurs encontre la venue du roy); 1550 fig. échaufaut (Ronsard, Ode à Baïf, éd. P. Laumonier, p. 130); 3. fin xiiies. escaffaus « estrade pour spectateurs » (Chastelain de Coucy, éd. J.E. Matzke et M. Delbouille, 1390); 4. 1357 eschafaud (L. Dottin, Recherches sur Orléans, t. 1, p. 154 : eschafaud, sur lequel se retirent les criminels). Altération d'apr. échelle (Regula ds Z. rom. Philol., t. 44, p. 646) ou échasse « étai » (Brüch ds Z. fr. Spr. Lit., t. 50, p. 336) de l'a. fr. chafaud « échafaudage » (ca 1160, B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 3016) encore attesté dans quelques pat. (FEW t. 2, p. 486 a), d'un lat. pop. *catafalicum (v. aussi catafalque) issu du croisement du lat. class. fala « tour de défense en bois » préf. d'orig. et du gr. cata-, sur le modèle de catasta (gr. κ α τ α ́ σ τ α σ ι ς) « estrade où l'on expose les esclaves à vendre », cf. aussi *catalectus (v. châlit) (FEW t. 2, p. 487 b). Fréq. abs. littér. : 857. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 526, b) 1 270; xxes. : a) 735, b) 365. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 156.