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TENACE, adj.
A. −
1. Vieilli. [En parlant d'une substance molle ou liquide] Qui adhère fortement, qui est de consistance visqueuse, très collante. Le cérat est plus ou moins tenace, à-peu-près comme la térébenthine, et plus ou moins mou et onctueux, selon les ingrédiens qui en font la base (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 173).On examina le lourd véhicule. Il se trouvait embourbé au milieu d'une vaste dépression du sol dans une glaise tenace (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 209).
En partic. [En parlant d'un tissu organique] Qui possède une grande cohésion, de la résistance. On retrouve dans cette classe d'animaux un derme, ou cuir fort tenace au dessous des écailles (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 559).Il en est [de certains corps] dont les chairs et les membranes compactes et tenaces, résistent aux compressions, aux tiraillemens les plus forts, et même au tranchant du scalpel (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 343).
2. [En parlant d'un matériau] Qui oppose une grande résistance à la rupture, qui possède des qualités de solidité. Des calcaires du Poitou d'une qualité supérieure, sans délits et tenaces (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 53).Les bois denses sont plus tenaces que les bois poreux; orme, chêne, frêne, charme sont des bois tenaces. La valeur technique du bois détermine son utilisation (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 3).
En partic. [En parlant d'un métal] Qui résiste à la rupture même sous une forte traction. Comme dans le procédé acide, on doit donc recarburer le bain, le désoxyder, et doser par des additions convenables les pourcentages en réducteurs tels que le manganèse et le carbone, afin d'obtenir un métal malléable, tenace et bien lié (Barnerias, Aciéries, 1934, p. 195).
B. − P. anal. Dont on peut difficilement se débarrasser, qui s'accroche ou persiste longtemps.
1. [En parlant de plantes, de végétaux] Ainsi le lichen tenace qui s'identifie avec le rocher unit le minéral à la plante (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 60).Quelques rosiers tenaces aux belles roses épanouies étaient restés vivants dans ce désert au-dessous duquel dormait tout un peuple de morts (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 248).
En partic. Persistant. [Les collines] n'ont point de vrais arbres, mais des genêts, des genévriers, des lentisques, des ajoncs, d'autres arbres encore à feuilles tenaces (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 12).
2. [En parlant de sensations olfactives ou gustatives] Synon. persistant.Il garde au fond de la gorge, un goût tenace d'essence, de vernis brûlé (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 737).La voie du sanglier est forte et tenace, un chien même d'un nez moyen prendra facilement connaissance d'animaux passés quelques heures auparavant (Vidron, Chasse, 1945, p. 103).
3. [En parlant d'une substance qui tache ou qui colore] . Le café, c'est une encre d'un noir olivâtre, qui laisse aux parois des tasses une teinture tenace (Colette, Vagab., 1910, p. 122).V. patafioler A, ex. de Farrère.
4. [En parlant de manifestations naturelles] Une pluie tenace. À la jointure de la fenêtre le vent du nord, léger mais tenace sifflotait comme un grillon (Giono, Que ma joie demeure, 1935, p. 66).Il faisait un rude hiver (...) avec de grands vents librement accourus du pôle, une neige épaisse durcie sitôt sa chute, une gelée tenace de dix et douze semaines (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 180).
5. En partic. [En parlant d'affections, de maladies] Qu'il est difficile d'enrayer, de guérir. Lésion, affection tenace; insomnie, rhume, bronchite tenace. Malgré ma sciatique tenace, je serais tout de suite parti pour La Haye sans le dernier mot désolant de ton article (Hugo, Corresp., 1870, p. 258).Pour se hisser dans le coupé, Antoine avait dû faire une suite d'efforts qui lui avaient irrité les bronches. À peine assis, il fut secoué par une quinte de toux tenace, et dut rester, un bon moment, tête baissée, le mouchoir aux lèvres (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 777).
C. − Au fig.
1. [En parlant d'une pers., d'une collectivité] Qui est opiniâtre, obstiné dans ses opinions, ses projets, ses actions. Synon. acharné; anton. changeant, versatile.J'ai la réputation d'un homme très tenace en fait d'opinion littéraire, et fort exagéré en romantisme (Sainte-Beuve, Corresp., t. 1, 1830, p. 193):
Elles [des carrioles] portaient des paysannes toutes semblables aux cousines, comme elles en noir, de cette même très ancienne race, tenace, positive et utilitaire, traversée et marbrée de rêves, de goûts de départ et d'émigrations. Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 222.
Empl. subst. Toujours, jusqu'à la fin (...) dans cet œil (...) la seule chose qu'on voyait de lui, cette flamme des croyants, des martyrs, des tenaces (Vialar, Clos Trois Mais., 1946, p. 83).
En partic. Qui est obstiné, entêté; dont on ne peut se débarrasser. Quémandeur, solliciteur tenace. J'ai une peur atroce... Tu n'as pas idée comme il est tenace... et volontaire... Que faire... dis... que faire? (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Signe, 1886, p. 1052).Vous sentiez des gens collants et tenaces, des mendigots de privilèges et de faveurs, à qui il pouvait entrer dans le crâne que M. Jean Erlane soit traité comme le fils d'un de ses fermiers! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 159).
2. [En parlant de comportements intellectuels ou affectifs] Qui implique l'opiniâtreté, l'obstination. Colère, espoir, haine, malveillance, patience, rancune, vitalité tenace; désespoir, volonté tenace. Rien n'use les vieillards comme un chagrin tenace (Amiel, Journal, 1866, p. 83).J'aime et je respecte, pourtant, l'humble et tenace fidélité que certaines gensdes femmes surtoutgardent à leurs goûts, à leurs désirs, à leurs anciennes entreprises (Sartre, Mots, 1964, p. 199).
3. [En parlant d'une action] Qui s'exerce avec obstination, sans faiblesse. Les Anglais, par une résistance tenace, ne cèdent le terrain que très lentement, de façon à éviter que notre aile gauche en se repliant trop vite ne favorise la menace enveloppante adverse (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 311).Tubeuf, concessionnaire des mines d'Alais, dont la vie, de 1772 à 1790, ne sera qu'une lutte tenace contre les propriétaires-paysans (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 129).
4. [En parlant d'un fait, d'un phénomène d'opinion] Qu'il est difficile d'extirper, dont il est difficile de se défaire. Croyance, foi, mode, habitude tenace. Nous nous trouvons donc ici en présence d'une illusion si profonde, d'un préjugé si tenace, que nous ne saurions en avoir raison sans les attaquer dans leur principe même, qui est le principe de causalité (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 157).L'irrégularité des laitiers, qui semble être une conséquence inéluctable du fait qu'il ne s'agit pas d'un produit spécialement fabriqué en vue de l'utilisation qui en est faite, est donc, en pratique, beaucoup moins grande qu'une légende tenace ne l'admet (Cléret de Langavant, Ciments et bétons, 1953, p. 82).
Prononc. et Orth.: [tənas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1501 « qui retient bien et longtemps (en parlant de la mémoire) » (F. Le Roy, Le Livre de la Femme forte, c 1 a ds Rom. Forsch. t. 32, p. 171); 2. 1530 « qui implique la ténacité » (Reg. cons. de Limoges, I, 192 ds Gdf. Compl.: Si dur et tenax cueur); 1585 « id. » (Cholières, 4eMatinée, p. 136 ds Hug.: S'ils sont trop tenax, obstinez et opiniastres); 1748 obstination tenace (Montesquieu, Esprit des lois, XXV, 2 ds Littré); 3. a) 1628 [éd.] « qui est adhérent, visqueux (par la pituite) » (Paré, Œuvres, XX, 27, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 3, p. 145); b) 1745 « dont les parties tiennent fortement ensemble (en parlant d'un métal, du fil, etc.) » (Mém. de l'Académie de Berlin ds Ac. 1765); 4. ca 1590 « qui est difficile à détruire (en parlant de l'absence d'un bon jugement) » (Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 656); 5. 1660 « avare » (Oudin Fr.-Esp.). Empr. au lat.tenax, -acis « qui tient fortement, parcimonieux, adhérent, obstiné, opiniâtre », dér. de tenere « tenir* ». Fréq. abs. littér.: 618. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 338, b) 730; xxes.: a) 1 116, b) 1 276.
DÉR.
Tenacement, adv.[Corresp. à supra C] Avec ténacité, opiniâtreté. Synon. obstinément, opiniâtrement.Les traditions corporatives se maintenaient ici tenacement: l'ouvrier principal coiffait le plus gros bonnet (Hamp, Marée, 1908, p. 66).Il faudrait aller au delà, se demander pourquoi Léonard oppose un tel refus au libre exercice de sa sensibilité et lui substitue tenacement l'intelligence (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 330). [tənasmɑ ̃]. 1reattest. 1557 (Bugnyon, Erotasmes, sonn. 42 ds Hug.); de tenace, suff. -ment2*.