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SUFFISANCE, subst. fém.
I. − Fait de suffire; état qui en résulte.
A. − [Dans le domaine de l'abstr.] La raison générale, progressant toujours, nie incessamment la plénitude et la suffisance de ses idées antérieures (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 194).Le rationalisme n'a qu'un principe, qui est la suffisance de la raison toute seule pour expliquer le mystère des destinées (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p. 179).
En partic. État de ce qui se suffit à soi-même. Il semble que l'œuvre belle ait une suffisance absolue, qu'elle vive, qu'elle soit non pas seulement le reflet d'une idée, mais une idée réelle (Blondel, Action, 1893, p. 229).
B. − [Dans le domaine du concr.] Avec le développement économique, et particulièrement depuis la période de suffisance alimentaire, les classes moyennes se sont fortement étoffées dans les pays occidentaux (Tiers Monde, 1956, p. 146).
1. Vieilli. Avoir sa suffisance de + subst.J'ai ma suffisance de pain, et même de fricot pour mettre dessus (R. Bazin, Blé, 1907, p. 41).Empl. abs. L'ancien secrétaire sautait le mur toutes les nuits (...). Alors le vieux a décidé que le suivant serait marié pour avoir sa suffisance à domicile (Sartre, Mains sales, 1948, III, 2, p. 78).
Il y a suffisance de + subst.Les pierres répandues dans la forme étaient légèrement cylindrées à sec avec le cylindre à vapeur (...). Lorsqu'on jugeait qu'il y avait suffisance de matière d'agrégation (...) on procédait au mouillage rapide avec le tonneau d'arrosage (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 107).
À la suffisance de qqn. Je l'aimais, le pauvre vieux, seulement (...) je ne savais pas le mignoter à sa suffisance (Renard, Nos frères farouches, 1910, p. 10).
2. En suffisance. Il y avait de l'eau en suffisance: il y a eu du vin plus qu'en suffisance dans deux tonnelets qui avaient été apportés par le mulet aux provisions (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 52).
Vieilli. À suffisance. Ce qui fournit à suffisance la preuve de la proposition que nous avons émise ailleurs (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 292).Il y a des millions de travailleurs qui n'ont à suffisance ni la nourriture, ni le vêtement (Jaures, Paix menacée, 1914, p. 169).
II. − [Corresp. à suffisant II] Synon. fatuité, prétention, vanité.Un (des) air(s) de suffisance; plein de suffisance. C'est le dédain, la morgue, l'incivilité obstinée, de la vanité (...) et de la suffisance infatuée d'elle-même (...). Encore si on avait de l'esprit (...). Mais hors de sa spécialité, on est nul (Amiel, Journal, 1866, p. 289).Il étale (...) une suffisance insupportable et un orgueil professionnel qui m'accablent (Nizan, Conspir., 1938, p. 157).
P. méton. Admiratif pour les suffisances qui se proclament intelligences supérieures, mon mépris caché rit et place sur tous ces visages enfumés d'encens des masques de Callot (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 468).
Prononc. et Orth.: [syfizɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1erquart xiiies. souffisanche « contentement, satisfaction » (Reclus de Molliens, Charité, 41, 12 ds T.-L.); 2. 1269-78 soffisance « situation qui suffit (à la subsistance) » (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 5034); 1370 a souffisance (Nicole Oresme, Ethiques, 210d, éd. A. D. Menut, p. 520); 1601 en suffisance (P. Charron, De la Sagesse, Trois Livres, p. 556); 3. fin xive-déb. xves. suffisance « aptitude, capacité intellectuelle » (Eustache Deschamps, Balade, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 362). B. 1588 « insolente présomption qui perce dans les manières » (Montaigne, Essais, III, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 1039 [v. FEW t. 12, p. 406b, note 3]: toute cette nostre suffisance, qui est au delà de la naturelle, est à peu près vaine et superflue); 1623 suffisance Turlipinesque et Caignardoise (le Père Fr. Garasse, La Doctrine Curieuse des beaux-esprits de ce temps, p. 281). Dér. de suffisant*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér.: 270. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 194, b) 150; xxes.: a) 417, b) 650. Bbg. Roch (J. L.). Les Mots aussi sont de l'histoire... Thèse, Paris, 1986, p. 338. − Schalk (F.). Sufficentia im Romanischen. Rom. Forsch. 1963, t. 75, pp. 81-82.