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PERLE, subst. fém.
A.−
1. Petite concrétion, généralement sphérique, d'un blanc argentin à reflets irisés, qui se forme par sécrétion de couches concentriques de nacre autour d'un corps parasite entré dans la coquille de certains mollusques marins (huîtres) ou d'eau douce, et qui est recherchée pour la fabrication des bijoux ou des parures. Collier, broderies, parures de perles; rang de perles; perles d'une belle eau; perle blanche, grise, rose, noire; perle d'eau douce; orient d'une perle; pêcheur de perles; huître à perle. Les femmes n'ont qu'une ficelle ou qu'un rang de perles autour des reins (Gide, Retour Tchad,1928, p. 951).La perle la plus appréciée a un orient rosé qui émerge d'une surface lustrée crème (Metta, Pierres préc.,1960, p. 120):
1. Il vivait à Anvers avec sa sœur, guérisseuse ou plutôt éplucheuse de perles, au doigté et au toucher prestigieux, renommée dans tous les ateliers, et on lui envoyait des tas de perles malades ou défectueuses de Paris, de Londres et de New-York. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 81.
En partic.
Perle fine. Perle véritable. J'avais aussi (...) la sabretache avec un aigle brodé en perles fines (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 198).
Loupe de perle. V. loupe1A 2.
Loc. Gris (de) perle. Couleur de la nacre. Une grande femme maigre fit son entrée dans le salon d'attente gris perle où Maigret restait debout (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 157).Stoïque, pantalonné de gris perle, le jeune premier reste debout (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 197).V. nuance I A 2 c β ex. de Gautier.
Pêcheur de perles. Pêcheur d'huîtres perlières. V. catamaran A ex. de Claudel.
JOAILLERIE
Perle baroque. V. baroque B.
Perle de compte. Perle assez grosse pour être comptée (d'apr. Littré).
Semence de perles. Perles trop petites pour être comptées et qui se vendent au poids. (Dict. xixeet xxes.).
Perle de culture, japonaise. Perle produite par l'introduction d'un corps parasite à l'intérieur d'une huître, généralement une sphérule de nacre. Les Japonais produisent artificiellement des perles de culture (Husson1970).
Perle morte. Perle que l'âge a terni et qui a perdu son éclat. (Dict. xixeet xxes.).
2. P. anal. Petite boule ou cylindre (de bois, de verre, de plastique, etc.) percé(e) de part en part, utilisé(e) principalement pour confectionner des bijoux ou diverses garnitures. Synon. grain.Perle de verre, d'ambre, de quartz; perles bleues, rouges, vertes; perles du chapelet. Du petit sac en perles d'acier, sortirent deux pièces d'or et un billet fin, bleu et rose, cinquante francs (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 309).
Enfiler des perles. Passer son temps à ne rien faire. Et veux-tu savoir ce qui t'embête, chéri?... C'est que toi-même tu trompes ta femme. Hein? Tu ne découches pas pour enfiler des perles. Ta femme doit s'en douter (Zola, Nana,1880, p. 1415).
Spécialement
ARCHIT. Décoration consistant en de petits grains ronds sculptés sur les moulures. Des entrelacs, des losanges, des lignes de perles s'alternaient sur les murs (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 79).
IMPR., vx. ,,Le plus petit des caractères, appelé maintenant corps-4`` (Chesn. 1858).
PÊCHE. Petite boule de verre à facettes, noire, bleue ou rouge, attachée près de l'hameçon et utilisée comme leurre pour pêcher le gardon (d'apr. Pollet 1970). En général, on pêche à la perle très près du fond, en lançant la ligne en amont pour la laisser dériver (Schreiner1975).
TAPISS. Petite boule de bois recouverte de laine ou de soie dans laquelle passent les fils d'une frange. Le fil fixe est passé dans le maillon de la lame et entre les liais qui supportent la perle ou anneau (Araud, Ch. Thomas, Fabric. drap,1921, p. 26).
MÉD. Abcès de la cornée. Les cellules (...) s'imbriquent, formant une sphérule (...) : c'est la perle ou le globe épidermique (Roussyds Nouv. Traité Méd.fasc. 5, 21929, p. 130).
B.− P. anal. Ce qui a la sphéricité et l'éclat d'une perle. Les vieux troncs des peupliers portent souvent des touffes de scolopendre; ceux des pommiers, le gui aux perles argentées (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 76).Jusqu'à passé minuit les enseignes multicolores, les phares, les perles électriques délimitent le lac (Colette, Fanal,1949, p. 25):
2. Un cognassier tortueux, quelques genévriers aux perles noires et une immense torche d'aubépine (...) s'étaient enracinés dans une corniche naturelle du roc. Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 412.
En partic. [La chose désignée est un liquide] Synon. goutte.Et les purs diamants et les perles humides Ruisselaient de sa bouche et de ses blonds cheveux (Banville, Stalactites,1846, p. 354).De longues et fines végétations (...) égrenant, l'une après l'autre, à leur extrémité, une goutte d'eau, une perle (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 280).
[En parlant du vin] Le vin [du Muscadet] contient encore une certaine dose de gaz carbonique qui, au moment du débouchage, donne ce chapelet de bulles fines que l'on appelle « la perle » (R. Dumay, Guide du vin,Paris, Stock, 1967, p. 217).
Perle de + subst.Perle de sang; perles de feu, de rosée. Une branche d'un cèdre, ainsi qu'un noir nuage, S'abaissant sur la place avec tout son feuillage, Dont les perles d'écume étincelaient au jour (Lamart., Chute,1838, p. 814).Elle laissa couler de ses yeux le long de ses joues deux grosses larmes sans répondre, et Lousteau ne s'en aperçut qu'au moment où elle prit son mouchoir pour essuyer ces deux perles de douleur (Balzac, Muse départ.,1844, p. 226).Tout effort s'achève en perles de sueur (Rodenbach, Règne sil.,1891, p. 164).
Loc. adv. Perle à perle. Goutte à goutte. Il buvait sur elle [la joue de sa mère] une amère rosée, versée perle à perle (Colette, Gigi,1944, p. 125).
Loc. verb. Faire la perle. Laisser apparaître des gouttelettes. Synon. perler.La rosée couvrait les champs où le blé avait été coupé et l'éteule en était rose comme un beurre qui fait la perle (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p. 181).
C.− Au fig.
1.
a) Ce que quelqu'un ou quelque chose peut produire de mieux. Victurnien brillait partout, car partout il jetait les perles de son esprit, il jugeait par des mots profonds les hommes, les choses, les événements (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 72).Je vais vous montrer le chef-d'œuvre du Monrealese : oui, Excellence, son chef-d'œuvre! Une Adoration des bergers! C'est la perle de l'école sicilienne! (A. France, Bonnard,1881, p. 319).
[P. allus. biblique Matt. VII, 6] Jeter des perles aux pourceaux. Donner, fournir à quelqu'un qui ne saura pas en tirer profit quelque chose de précieux. Ce n'était pas parce qu'ils étaient riches qu'ils écœuraient Costals, mais parce que de cette richesse ils étaient si indignes : des perles aux pourceaux, vraiment (Montherl., J. filles,1936, p. 1062).
b) Personne ou chose qui, par sa grande valeur, surpasse toutes celles de son genre. Synon. parangon.Joseph était redevenu silencieux et dévoué, le serviteur familial, la perle rare (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 370).Il entreprenait de reconquérir Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, la perle des Antilles, qui avait si longtemps fourni la France de sucre et de café (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 111).
Perle de + subst. indiquant l'ensemble de référence.Enfin je me décidai pour un jeune étalon blanc de trois ans, qui me parut la perle de tous les chevaux du désert (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 223).Or, ce jeune homme avait la perle des maîtresses (Banville, Odes funamb.,1859, p. 85).
Empl. en nom de qualité. Perle de + subst.Elle me juge un peu ours mal léché pour sa perle de fille (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 122).
Loc. Être une perle de + subst. exprimant une qualité, une capacité ou une fonction. Exceller dans telle ou telle activité, dans telle ou telle fonction. La servante de feu M. l'abbé Vayssier était une « perle » de discrétion, d'ordre, d'économie et de talent culinaire (Bourget, Disciple,1889, p. 16).Ah! ma pauvre Martine, c'est donc ça que nous avons mangé tant de pommes de terre! Vous êtes une perle d'économie, mais vraiment gâtez-vous un peu plus (Zola, Dr Pascal,1893, p. 180):
3. Comment avez-vous pu écouter une pareille proposition sans éclater de rire! Une fille, qui est une perle de vertu et d'innocence, qui n'a jamais dansé que devant les personnes les plus respectables... Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 35.
c) Arg., pop. Pet. Lâcher une perle. S'il dit : « Je lâche une perle » ou « Une perlouze a tombé », il veut dire qu'il a pété d'une certaine façon, très doucement, que le pet s'est coulé sans éclat. Admirons qu'en effet il évoque une perle à l'orient mat : cet écoulement, cette fuite en sourdine nous semblent laiteux autant que la pâleur d'une perle, c'est-à-dire un peu sourds (J. Genet, Notre-Dame des Fleurs,Paris, Gallimard, 1976 [1948], p. 51).
2. P. antiphr. Mot, phrase, écrit dont la cocasserie et le ridicule, souvent involontaires, suscitent la moquerie. Là-dessus, lettre pressante d'Aurel, reçue ce matin par Dumur (...) et se terminant par cette perle, qui la montre encore tout entière (Léautaud, Journal littér.,4, 1923, p. 163).Recueillons seulement deux de ces « perles », comme ils ont dit sans ironie [les journaux] (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 44).
REM. 1.
Perlouse, perlouze, subst. fém.,arg. a) Perle. Gonzesse à perlouzes. Tu remontes de taule? Et à voix basse : − Les perlouzes, bien sûr que c'était pas catholique; on les a lavées en vitesse, et, tu vois, je me suis établie... Finie la poisse (Morand, Bouddha,1927, p. 132).[Les frangines voient déjà] les diams, les perlouzes et la grosse mensualité (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 186).b) Pet. Qui c'est qu'a lâché une perlouse? (Lacassagne, Arg. « milieu »,1928, p. 154).V. supra ex. de Genet.
2.
Éperler, verbe trans.,rare, littér. a) Faire entendre une suite de sons, en les détachant un à un. Synon. égrener, perler.Et puis, soyons joyeux, ou plutôt sois joyeuse, Toi dont la joie éperle une gamme soyeuse (Verlaine, Poèmes div.,1896, p. 799).La petite cadence de flûte (...) que Bertram nous a délicatement éperlée (Willy, Notes sans portées,1896, p. 81).Empl. pronom. réfl. Ah! ce rire de sa mère, comme il était joli! Et il l'écoutait s'éperler dans son souvenir (D'Esparbès, Yeux clairs,1894, p. 137).b) Empl. pronom. réfl. S'écouler en une suite de perles. Synon. perler.Une source qui s'éperle dans les hautes régions de l'air (Suarès, Voy. Condottière,t. 1, 1910, p. 191).
3.
Perlette, subst. fém.Petit grain en forme de perle. Les cerises sont fraîches à souhait, et craquent sous la dent comme des perlettes de grésil (Fabre, Norine,1889, p. 64).
Prononc. et Orth. : [pε ʀl̥]. Homon. pairle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoit. xiies. « petite concrétion ronde, brillante et dure, qui se forme à l'intérieur de certaines huîtres » (1retrad. du Lapidaire de Marbode, 854 ds Anglo-Norman Lapidaries, éd. P. Studer et J. Evans, p. 64); spéc. a) 1260 pelles fausses (É. Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 193); b) id. fines pelles (Id., ibid.); c) 1307 perles d'orient (doc. ds Kalendars and inventories, éd. Fr. C. Palgrave, t. 3, p. 139); d) 1690 mère perle (Fur.); e) 1936 perles de culture (Cat. Madélios, Cadeaux); f) 1534 emphiller des perles (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 31, p. 200 : passons avec les dames nostre vie à emphiller des perles, ou à filer comme Sardanapalus!); g) 1553 jeter des perles aux pourceaux (Bible Gérard, Matthieu 7, 6 d'apr. Rey-Chantr. Expr.); 2. 1260 désigne un petit ornement de même forme que les perles mais d'une autre matière, ici, pelles d'argent (É. Boileau, loc. cit.); 3. 1552 au fig. ici, désigne les dents de la femme aimée (Ronsard, Amours ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 94); 4. p. ext. a) 1751 typogr. désigne le plus petit des caractères d'imprimerie (Encyclop. t. 2, p. 663); b) 1835 archit. (Ac.); c) 1853 pharm. (Dr Clertan in Journ. de méd. et de chir. pratiques, t. 24, p. 170 ds Quem. DDL t. 8). B. P. métaph. 1. 1532 « personne remarquable dans un domaine particulier » (P. Crignon in J. Parmentier, Œuvres poétiques, p. 4 ds Quem. DDL t. 30); 1549 « personne qui dépasse toutes les autres en son genre » (Est.); 2. 1923 « mot, expression ou phrase involontairement cocasse » (Léautaud, loc. cit.). C. 1669 gris de perle (Widerhold d'apr. FEW t. 8, p. 254a); 1671 gris perle (Pomey, s.v. gris). Issu du lat. perna « cuisse », également « coquillage », prob. par l'intermédiaire d'un dimin. lat. vulg. *pernula. Un empr. à l'ital. perla « perle » (Bl.-W.1-5; REW3no6418; Hope, p. 47) est peu probable car le mot ital. n'est att. que dep. le xiiies. (Giamboni d'apr. DEI; lat. médiév. perla à Rome ds Blaise Latin. Med. Aev.). V. FEW t. 8, p. 256a et Cor.-Pasc. Fréq. abs. littér. : 1 950. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 466, b) 4 445; xxes. : a) 2 763, b) 2 148. Bbg. Barb. Misc. 28 1944-52, pp. 345-347. − Gall. 1955, p. 484. − Kristol (A. M.). Color : les lang. rom. devant le phénomène de la couleur. Berne, 1978, pp. 89-91. − Quem. DDL t. 15.