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MARGE, subst. fém.
A. − Domaine de l'impr. et usuel
1.
a) Espace vierge laissé entre le pourtour de ce qui est imprimé (texte, gravure) et le bord de la page. Marge large, étroite; marge inférieure, supérieure; faire, régler la marge. Ce ne fut qu'à la fin que ses yeux furent attirés par une grande marge rouge qui encadrait un article (Rolland,J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 501).Certaines éditions rares qu'il avait le plus aimées lui étaient devenues odieuses (...) comme si le luxe et l'éclat des reliures, la blancheur des marges, la bonne odeur du papier net, intact, l'eussent défié (Bernanos, Imposture, 1927, p. 461):
1. − Passons au format, dit Vallette. On aurait peut-être dû commencer par là. − M'est égal. − Je m'en f... − Pardon, dit Aurier. Il faut de l'air, des marges, de belles marges. Il faut que le texte ait la possibilité de se mouvoir sur le papier. Renard,Journal,1889, p. 43.
IMPRIMERIE
Table de marge. Plan incliné de la presse sur lequel arrive la feuille à imprimer (d'apr. Comte-Pern. 1963). La table de marge est en fonte rabotée et polie; elle est boulonnée aux supports, et amincie suivant la courbe du cylindre (Villon,Dessin. et impr. lithogr.,1932, p. 472).
Cylindre de marge. Le groupe de dessous verso ne comprend qu'un cylindre de plaque qui se décalque sur le cylindre de marge muni d'un blanchet (Civilis. écr.,1939, p. 10-10).
Marge de côté/de tête/de pied (de queue). Marge située à côté/au-dessus/au-dessous de ce qui est imprimé. La marge de côté et la marge de pied n'ont pas la même rigueur [que la marge de tête et la marge de fond] (Valotaire,Typogr.,1930, p.27).Cette marge de tête, très amplifiée, est décorée de deux monogrammes fleuris et ornementés (E. Leclerc,Nouv. manuel typogr.,1932, p. 359).
Fausse marge. Marge résultant d'une impression non centrée en milieu de page. S'il est de coupe régulière, la fausse marge ne dépassera pas deux à trois millimètres, principalement dans les petits formats (E. Leclerc,Nouv. manuel typogr.,1932p. 301).
b) Spécialement
α) IMPR. Feuille placée sur le tympan et servant de repère à celles que l'on tire en blanc. (Dict. xixeet xxes.).
β) GRAV. Feuille de papier placée sous la plaque de cuivre pour servir à marger l'estampe (Dict. xixeet xxes.).
2. En partic. Espace vierge laissé à droite du recto et à gauche du verso d'une page imprimée et (généralement) à gauche d'une page manuscrite. Laisser une marge; aller à la marge. Je dessinais un pistolet à la marge d'un mauvais drame d'amour que je barbouillais alors (Stendhal,Souv. égotisme,1832, p. 9).Ces dessins de maisons que les écoliers griffonnent sur la marge de leurs livres de classe (Gautier,Fracasse,1863, p. 2).Beaucoup de passages marqués de petits traits ou d'x dans la marge, et de quelques dates (Green,Journal,1945, p. 212).
Écrire à mi-marge. Écrire sur la moitié de la page seulement. Il était dans l'usage d'écrire au Roi à mi-marge, et le Roi mettait la réponse à côté (Chamfort,Caract. et anecd.,1794, p. 138).
B. − P. anal.
1.
a) Vieilli ou littér. Espace situé sur le pourtour externe immédiat de quelque chose. Synon. lisière; anton. centre, milieu.Les marges d'un bois, d'un pré, d'un enclos, d'un lac; la marge d'un terrain, d'une cuvette, d'un canal. Les adolescents (...) s'étalant sur les nappes de verdure, aux marges ombragées des clairières (Sainte-Beuve,Volupté,t. 2, 1834, p. 139).Ses cheveux sombres (...) encadrent d'une marge brutale l'ovale toujours mince d'une figure brune (Colette,Cl. s'en va,1903, p.244).Tout autour du navire, il y avait une marge plus claire où l'eau noire venait se saisir des embarcations et les emportait dans la nuit (Peisson,Parti Liverpool,1932, p. 230).
En partic., vx. Assise de pierres sur le pourtour de quelque chose. La maison, bâtie en brique dont les fenêtres sont décorées d'une marge cintrée également en brique (Balzac,Cabinet ant.,1839, p. 129).Synon. de margelle.C'était un bassin rectangulaire entouré de tous côtés d'une belle marge de pierre fort gâtée par les gelées (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p.161).
b) Au fig. Nul [autre que Gérard de Nerval] (...) n'a exploré plus sûrement (...) ces marges et ces franges de la raison où nous hésitons à nous risquer de sang-froid (Arnoux,Visite Mathus.,1961, p. 186).V. filet3ex. 6:
2. Sa science [d'Apollinaire] était faite de tout ce que la science néglige et qu'il dénichait en marge d'elle. Il ne se penchait que sur les marges. C'est là qu'on découvre le principal... Cocteau,Poés. crit. I,1959, p. 99.
c) Loc. prép. En marge (de qqc.).
À la périphérie de quelque chose. Je voyais en marge de mon champ visuel et à quelque distance une grande ombre en mouvement (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p.344).
À l'écart de quelque chose. Se mettre, rester, se trouver en marge; position en marge. Ils vivent pour ainsi dire en marge de la société, dans l'isolement et dans l'inertie (Murger,Scènes vie boh.,1851, p. 7).J'étais étrangement irrité à cette minute de le voir ainsi se mettre en marge du débat (Gracq,Beau tén.,1945, p. 142):
3. Depuis l'Armistice, il n'était plus possible de «rester en marge» ç'eût été quand même prendre parti et prendre parti contre les siens; maintenant donc il combattait. Vailland,Drôle de jeu,1945, p. 99.
Emploi subst. masc., rare. J'en ai fini − ou du moins espère en avoir fini − avec les souterrains, les caves, les en marge, les gratuités dans l'ordre de l'action et de la pensée (Du Bos,Journal,1926, p. 35).
2. Spécialement
a) ANAT. Bordure externe de certains organes ou de certains orifices anatomiques. Marge buccale. On les rencontre [des vers parasites] depuis l'estomac jusqu'à la marge de l'anus (Garcin,Guide vétér.,1944, p. 67).Il est, en effet, nécessaire de déplisser l'anus avec les deux pouces pour découvrir cette lésion qui se cache dans les plis radiés de la marge anale (Quillet Méd.1965, p. 172).
b) GÉOGR. Espace situé sur le pourtour d'une région considérée comme une unité géographique. Les régions méditerranéennes et leurs marges arides (Wolkowitsch,Élev.,1966, p.32):
4. Nous sommes très loin des chiffres cités récemment (...), où il est fait état pour les Alpes du sud, d'unités culturales d'une vingtaine d'hectares cultivés et de 100 à 400 hectares de marges pastorales ou forestières... Forêt fr.,1955, p. 24.
c) GÉOL., GÉOGR.
Marge continentale. Partie immergée de la bordure d'un continent faisant le raccord avec les fonds océaniques (d'apr. Fouc.-Raoult Géol. 1980). Marge active, passive. L'étude des phénomènes actuels (...) permet de comprendre la genèse et l'évolution des formes que nous avons sous les yeux: rôle de l'érosion et de la sédimentation sur les continents et la marge continentale, volcanisme, etc. (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2,1964, p.508).
Marge glaciaire. Bord du glacier se trouvant au contact avec les reliefs encadrants (d'apr. George 1970).
d) MÉTÉOR. Zone latérale d'un système nuageux. Cirrus de marge. La marge correspond à la partie latérale d'une perturbation, c'est-à-dire à une zone de variations faibles tant de température que de pression, généralement en bordure d'anticyclone (Delc. t. 5 1928, p. 259).
C. − P. ext.
1. Espace laissé entre la limite de deux choses se côtoyant. Il [le fleuve du chien] remplit toute la vallée dans certains endroits; dans d'autres, il laisse seulement une marge étroite entre ses ondes et le rocher (Lamart.,Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 122).On va d'abord à plat sur la rive gauche du torrent coulant dans un lit très encaissé, entre deux fortes marges de sable (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p. 15).
2. Au fig. Espace dont on peut disposer entre des limites qui sont imposées. Synon. latitude.Les premiers voeux ne se prononcent qu'après un an. Ainsi vous voyez que la marge est large autant que possible (M. de Guérin,Corresp.,1832, p. 56).Je lui ai même dit (...) combien il reste de marge aux croyants les plus orthodoxes, pour l'interprétation de ces dogmes (Martin du G.,J. Barois,1913, p. 541):
5. Mais la petite phrase, dès qu'il l'entendait, savait rendre libre en lui l'espace qui pour elle était nécessaire, les proportions de l'âme de Swann s'en trouvaient changées; une marge y était réservée à une jouissance... Proust,Swann,1913, p. 236.
Marge de + subst. exprimant un domaine conceptuel ou un affect.Espace dans lequel peut s'exercer quelque chose. Marge de sécurité, de tolérance, d'erreur. Elle suivait, appelée, encouragée comme une enfant docile par la voix virile qui ne lui laissait aucune décision, aucune marge d'inquiétude ou de doute (Peyré,Matterhorn,1939, p. 165).Mais l'avance technique s'amenuise tous les jours et la marge de supériorité économique (...) aura disparu avant vingt ans (Billotte,Consid. strat.,1957, p. 4210).Le «jeu», dans ces conditions, est extrêmement réduit, parce que la marge d'imprévisibilité est faible (Jeux et sports,1967, p. 810):
6. Vu (...) la multiplicité des prix et des marges de liberté des politiques nationales, il est donc recommandable de ne pas parler (...) de la stabilisation internationale du prix du blé. Perroux,Écon. XXe s.,1964, p. 575.
ÉCONOMIE
Marge bénéficiaire, de bénéfice. Différence entre le prix de vente et le prix d'achat qui apporte un bénéfice au vendeur. Marge réduite. Ou bien, il achète une devise par l'intermédiaire d'une autre, de façon à profiter d'une marge bénéficiaire (Baudhuin,Crédit et banque,1945, p. 138).Les patrons voyaient leurs affaires compromises, c'était vrai, mais ils voulaient quand même préserver une marge de bénéfices (Camus,Exil et roy.,1957, p.1596).
Marge de profit. Extension d'un profit escompté. Grande, faible marge de profit. La détermination du prix par adjonction au coût moyen d'une certaine marge de profit, correspond à cette nécessité de composer avec un futur imparfaitement prévu (Univers écon. et soc.,1960, p. 12-2).
Marge de + subst. exprimant une opération de fabrication ou de commercialisation.Coût escompté de telle ou telle opération. Pour se faire une idée complète du prix de la bière, il convient d'ajouter encore d'autres données aux chiffres nets qu'on vient de voir: les marges d'embouteillage, de pasteurisation et de distribution (Industr. fr. brass.,1955, p. 23).
Expr., fam. Avoir, donner, laisser de la marge. Avoir, donner, laisser une certaine latitude. Il faut respecter la loi (...) Mais, à côté de la loi, il y a de la marge (...) eh! eh! on ne se doute pas, ma fille, de tout ce qu'on peut faire sans être pendu (Feuillet,Scènes et prov.,1851, p. 122).Six gouttes, n'est-ce pas beaucoup?... Martin: Le docteur dit qu'il en faut cinquante gouttes pour tuer un homme... ainsi nous avons de la marge (Labiche,Prix Martin,1876, II, 3, p. 49).
3. En partic. Extension de quelque chose au delà des limites normalement nécessaires, requises ou prévues. Synon. surplus.Nous retirer pour plusieurs années en Bretagne ou en Provence, vivant des trois mille francs de la sous-location mensuelle du second étage, avec les mille francs de pension de mon père comme marge (Du Bos,Journal,1927, p. 311).Sur un avis que je venais de recevoir qu'un sensible accroissement de production industrielle pouvait être escompté, je demandai que cette marge fût reportée en totalité sur les munitions de gros calibre (Joffre,Mém., t. 2, 1931, p. 31).
Prononc. et Orth.: [maʀ ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 «bord, bordure» ici fig. nostre vie est pres de marge (Reclus de Molliens, Miserere, 265, 8 ds T.-L.); b) 1831 vivre en marge de (Balzac, Peau chagr., p. 7); 2. a) xiiies. marce du calendrier «espace blanc autour du texte écrit» (Comput, f. 9 ds Littré); 1521 marge «id.» (Invent. de Raoul Laliseau, 63 ds L. Wolf Buchdruck); b) 1680 «feuille blanche qui sert pour marger une estampe» (Rich.); 3. a) 1790 «intervalle de temps, latitude dont on dispose entre certaines limites» (Le Moniteur, t. 3, p. 156); b) 1747 avoir de la marge (Marivaux, Le Préjugé vaincu, II, 416); 1835 laisser de la marge (à qqn) (Ac.); 4. 1945 marge bénéficiaire (Baudhuin, loc. cit.). Du lat. margo, marginis «bord, bordure». Fréq. abs. littér.: 732. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 518, b) 754; xxes.: a) 735, b) 1 825.