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LIARD1, subst. masc.
A. − NUMISM. Petite monnaie de bronze valant le quart d'un sou, qui a eu cours en France du xiveau xviiiesiècle. Le prêtre pauvre au point de ne distinguer plus Le cuivre d'un liard de l'or d'un carolus (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 115).Ses yeux avaient la couleur de liards devenus verts à toutes les intempéries (Jammes, Robinsons,1925, p. 61).
B. − P. ext. Synon. vieilli de sou.
1. Unité de valeur vénale minimale. Payer de sa propre bourse jusqu'au dernier liard (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 118).Tu n'as pas pour deux liards de crédit; tout le monde parlait de ton désastre (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 330):
Monsieur le comte, lui dit Rastignac, monsieur votre beau-père expire en ce moment dans un bouge infâme, sans un liard pour avoir du bois; il est exactement à la mort et demande à voir sa fille... Balzac, Goriot,1835, p. 297.
N'avoir pas un (rouge) liard, n'avoir pas le liard, être sans un liard. Être sans argent, très pauvre. J'étais sans un rouge liard et ne devais avoir de l'argent que le soir (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 141).
Couper un liard en deux (en quatre). Chipoter pour une faible somme d'argent, liarder. On n'amassait que des rides, bien heureux encore, lorsque, après avoir coupé les liards en quatre, s'être couché sans lumière et contenté de pain et d'eau, on gardait de quoi ne pas mourir de faim, dans ses vieux jours (Zola, Terre,1887, p. 83).
Se faire fesser pour un liard. Être excessivement avare. (Ds Ac. 1798-1878).
2. [Avec disparition presque totale de l'idée d'argent]
a) Un, deux liards de. Une très petite quantité de. On n'a pas un liard d'espoir et il faut parler et agir (Amiel, Journal,1866, p. 280).S'il avait eu pour deux liards de sens! (Giono, Baumugnes,1929, p. 198).Si cette vieille guenon a pour un liard de comprenette, elle va raconter des horreurs (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 144).
b) Plais. [Avec une valeur qualificative] Cette mince carcasse, ce liard de chat (...) il tient une place grande comme un pays (Genevoix, Rroû,1931, p. 255).
Prononc. : [lja:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1383, 20 févr. (Arch. de l'Isère, Chambre des Comptes du Dauphiné B 4400 [Inventaire par A. Prudhomme, t. 4, p. 235a]); 1384, 20 sept. (Ordonnances des rois de France de la 3erace, t. 7, p. 89 : Lettres qui fixent le prix des Monnoyes qui doivent avoir cours dans le Dauphiné : ... que aucun ... ne prengne ne mette aucunes Monnoyes d'Or ou d'Argent ... pour quelque prix que ce soit excepté les Francs d'Or fin ... les liards pour six Deniers Viennois); 1467, 18 sept. (op. cit., t. 17, p. 14 : Lettres pour ordonner la fabrication de liards en Daulphiné : informés ... que ... en Daulphiné ait si grant faulte de menue monnoye, mesmement de lyards dont de toute ancienneté nos subgects dudict pays ont accoustumé de user, ...; seront forgéz deniers blancs appelez lyards de France de trois deniers de loy argent le Roy ...); 1526 la valleur d'un liard pour exprimer une minime valeur (Jean Marot ds Œuvres de Clément Marot, éd. La Haye, 1731, t. 5, p. 144); 1578 un liart de salade (Traduct. de Térence, fol. 22 vo, éd. 1578 ds Gdf. Compl.). Étymol. controversée. L'information fournie par Guy Allard, Bibl. du Dauphiné, p. 137 (rapportée par Mén. 1694) selon laquelle liard serait issu du nom de Guigues Liard, de Crémieu-en-Viennois, qui aurait frappé cette monnaie en 1430, conviendrait bien à son origine géogr., mais la date est de toute évidence erronée; les recherches menées dans les inventaires impr. de la Chambre des Comptes de Dauphiné (série B, t. 3 et 4) n'ont pas permis de vérifier cette information. L'hyp. couramment avancée (FEW t. 5, p. 316b) est celle d'une substantivation de l'adj. a. fr. liart « de couleur grisâtre » [en parlant de la robe d'un cheval ou, à partir du xiiies., et plus rarement, de la chevelure d'une personne] (ca 1150 le lïart rous, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4763); l'emploi de cet adj. pourrait convenir pour désigner cette monnaie d'argent (le liard de cuivre n'étant pas antérieur au xviies.), v. A. Blanchet, et A. Dieudonné, Manuel de numism. fr., t. 4, pp. 46 et 177 [v. note 1]; l'adj. liart est lui-même d'orig. controversée, certains le tirant du m. irl. liath « gris » (EWFS2), d'autres le faisant dériver de lie (de vin)*, le marc de raisin blanc étant de couleur jaune grisâtre (FEW, loc. cit.).