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LAMENTATION, subst. fém.
A. − Plainte forte et prolongée, parfois de caractère religieux et rituel, par laquelle on déplore un malheur public ou personnel. Pousser une lamentation; de longues lamentations; lamentations funèbres, prophétiques; les Lamentations du Tasse (poème de Byron). C'était commencer ainsi une de ces conversations de paysans qui sont comme une interminable mélopée pleine de redites (...). Et le sujet en fut tout naturellement l'éternelle lamentation canadienne : la plainte sans révolte contre le fardeau écrasant du long hiver (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 36).Elle prit immédiatement son rôle de pleureuse et commenta la mémoire du mort de lamentations, de thrènes désespérés. Elle exhibait son chagrin (Proust, Temps retr.,1922, p. 849):
1. Enseignez vos filles à se lamenter et que chacune apprenne à sa compagne à faire des complaintes... Car la mort est montée par nos fenêtres, elle s'est logée dans nos demeures... Qu'elles se hâtent, qu'elles prononcent à haute voix une lamentation sur nous, et que nos yeux se fondent en pleurs, et que nos paupières fassent ruisseler des larmes! Sand, Lélia,1839, p. 457.
RELIG. JUDÉO-CHRÉT.
1. Mur des lamentations. Fragment de l'enceinte d'Hérode à Jérusalem, devant lequel les Juifs venaient chaque vendredi se recueillir et pleurer sur la ruine de leur ville et où sont célébrés les offices quotidiens depuis 1967. Synon. mur occidental (v. mur).Si je séjournais à Jérusalem, il me semble que j'irais au mur des lamentations (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 61):
2. J'ai encore dans les oreilles les lamentations du Mur, je revois ces yeux remplis de larmes, ces dos courbés par des siècles d'infortune, ces longues barbes inconsolables, ces mains avides de saisir le bonheur et qui ne trouvent pour s'accrocher que la pierre glissante et nue. Tharaud, An prochain,1924, p. 75.
2. Les Lamentations (de Jérémie), le Livre des Lamentations. Livre de l'Ancien Testament évoquant la destruction de Jérusalem et qui comporte cinq complaintes attribuées au prophète Jérémie mais en réalité anonymes. Jérémie lui dut [à la religion] ses lamentations, et David ses pénitences sublimes (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 3).
[Souvent p. allus. plaisante (cf. aussi B)] Il [Rousseau] s'était mis « à chanter ses peines ». C'étaient des lamentations de Jérémie, sa « jérémiade » (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 148).
LITURG. CATH. Certaines leçons (lectures) de l'office des Ténèbres, aux trois derniers jours de la semaine sainte, dont le texte est constitué par quelques versets des Lamentations de Jérémie. La belle et grande musique de la cathédrale empêchait qu'on ne se crût tout à fait en pays barbare. Les lamentations du Vendredi Saint (Hierusalem! Hierusalem!) lui semblaient faites exprès pour elle et elle était inondée de pleurs (Michelet, Journal,1861, p. 579).Maintenant je suis en semaine sainte et n'aie [sic] garde de manquer nulle lamentation (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 158).MUS. Composition de musique religieuse, souvent à destination liturgique, dont les paroles sont tirées des Lamentations de Jérémie. Synon. (aux xviieet xviiies.) leçon de ténèbres.Allegri (...) Compositeur de motets, de lamentations et surtout d'un Miserere à deux chœurs, chanté à la semaine Sainte dans la chapelle Sixtine à Rome (Rougnon1935, p. 311).En ce qui concerne le xviiies., il faut citer les lamentations de Fr. Couperin, S. de Brossard et M.R. Delalande, qui comptent parmi les œuvres françaises de musique sacrée les plus remarquables de leur époque (Mus.1976).
B. − P. ext., gén. au plur. Longue plainte amère et vive, exprimant, de manière souvent outrée, le dépit, le regret, des récriminations, etc. Synon. doléances, jérémiades.Lamentations perpétuelles; se livrer à des lamentations; se répandre en lamentations. Hélas, je voudrais éviter de monotones lamentations, non pas sur des malheurs réels, mais sur les lois générales de la nature, sur la vieillesse (Constant, Journaux,1804, p. 133).Quand le temps se voile les pêcheurs sont mécontents et font entendre leurs lamentations jusqu'à la tribune du parlement (Cendrars, Du monde entier,1957, p. 176):
3. ... ce qu'il y a eu de lamentations et de gueulades était fort aussi. Ç'a été une symphonie de jérémiades, pendant deux jours, à rendre sec comme un caillou le cœur le plus sensible! Flaub., Corresp.,1853, p. 275.
C. − P. anal., littér. Cri, bruit plaintif (émis par un animal ou une chose). Puis la vision changeait, et l'antique Égypte s'ouvrait avec ses pyramides, où le Voyant se sentait enseveli depuis des siècles au milieu des momies royales et parmi les lamentations des crocodiles (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 147).La houle des pins entourait la métairie abandonnée d'une lamentation infinie (Mauriac, Fin nuit,1935, p. 228):
4. Mon roquet famélique et galeux traînait encore, dans l'éloignement, ses glapissantes lamentations; aux douloureux accents de ce cerbère de tripot, un matou enroué mêlait par intervalles son amoureuse plainte. Milosz, Amour. initiation,1910, p. 12.
Prononc. et Orth. : [lamɑ ̃tasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1225 lamentacïon (G. de Coinci, éd. V.F. Koenig, II Mir 11, 218). Empr. au lat.lamentatio « lamentations, gémissements ». Fréq. abs. littér. : 421. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 438, b) 690; xxes. : a) 940, b) 480.