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EMBRASSEMENT, subst. masc.
Littéraire
I.− [Correspond à embrasser I]
A.− Au sing. ou au plur.
1. [Correspond à embrasser I A 2] Action ou fait de prendre quelqu'un entre ses bras en serrant. Synon. fam. embrassade.Il rêvait ensuite que le noyé le serrait contre sa poitrine pourrie, dans un embrassement glacial (Zola, Th. Raquin,1867, p. 114).Foulques arrêta son élan (...) trop tard (...) pour que l'embrassement conjugal fût complètement inoffensif (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 247):
1. Un soldat et un insurgé glissaient ensemble sur le talus de tuiles du toit, et ne voulaient pas se lâcher, et tombaient, se tenant embrassés d'un embrassement féroce. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 501.
Rare. [En parlant d'une chose] Si j'osais presser d'un embrassement sacrilège tout ce lit de fraîche verdure (Nodier, Smarra,1821, p. 69).
[Correspond à embrasser I A 2 spéc.] Action ou fait d'étreindre quelqu'un avec ses bras, généralement avec sincérité et sentiment, par amitié, affection, amour... Synon. fam. embrassade.Contentez-vous de ma tendresse épurée, de mes platoniques embrassements (Sand, Lélia,1833, p. 233).La malade l'avait prise, et elle l'étreignait, et elle la gardait dans un embrassement désespéré (Zola, Bonh. dames,1883, p. 738).
[Correspond à embrasser I A 2 p. ext.] Action ou fait de donner un ou plusieurs baisers à quelqu'un généralement en le prenant et le serrant dans ses bras. Cet époux si tendre et si fidèle, cherchant à se dérober aux derniers embrassements des êtres qu'il aimait le plus au monde (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 129):
2. Des messieurs − le maire, le chef de la police, le capitaine des pompiers − me recevaient dans leurs bras, me donnaient des baisers, une médaille, je perdais mon assurance, je ne savais plus que faire de moi; les embrassements de ces hauts personnages ressemblaient trop à ceux de mon grand-père. Sartre, Les Mots,1964, p. 95.
Rem. Cf. rem. 2 sous embrasser I A 2.
SYNT. Embrassements d'une mère; embrassement(s) paternel, fraternels, tendre, sans chaleur; grands, long, rapide embrassement(s); ardeur, tiédeur d'un embrassement; recevoir, rendre les embrassements de qqn; se donner des embrassements; étouffer qqn de ses embrassements; échapper, se soustraire aux embrassements de qqn; s'arracher, se dégager des embrassements de qqn; repousser les embrassements de qqn.
[Formules épistolaires] Adieu, mon frère, présentez mes hommages respectueux à votre famille et recevez mes embrassements pleins de larmes (M. de Guérin, Corresp.,1835, p. 200).Je vous envoie tous mes plus affectueux embrassements. Vous savez comme mon vieux cœur est à vous (Hugo, Corresp.,1873, p. 334).
Spéc., dans la mystique chrét.Union spirituelle avec Dieu :
3. La religion et l'amour exercent à-la-fois leur empire sur son cœur : c'est la nature rebelle, saisie toute vivante par la grâce, et qui se débat vainement dans les embrassemens du ciel. Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 1, 1803, p. 386.
2. [Correspond à embrasser I B; en parlant de qqc.] Fait d'enserrer, d'entourer quelque chose ou quelqu'un. Des fauteuils mous dont l'embrassement fait dormir (Romains, Vie unan.,1908, p. 250).Un mur très bas va d'une case à l'autre et rattache dans un embrassement circulaire toutes les constructions d'une même communauté (Gide, Retour Tchad,1928, p. 881).
B.− P. euphém., le plus souvent au plur., littér. ou vieilli. [En parlant de pers.] Union sexuelle. Embrassements légitimes, illégitimes (Ac. 1835, 1878). Embrassements des amants, voluptueux embrassements; se livrer aux embrassements de qqn, subir les embrassements de qqn. Des femmes avec des femmes, des hommes avec des hommes... Sexes mêlés, confondus dans des embrassements fous, dans des ruts exaspérés... (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 115):
4. L'amour des époux est comme le consentement de deux étrangers; ne sachant rien d'eux-mêmes, ils ont résolu de se donner l'un à l'autre dans la foi. Voici l'union sacramentelle, voici la servitude conjugale par qui le sein de la femme se gonfle de lait! Mais cette connaissance qu'ils perdent dans leur embrassement mutuel, L'enfant qui naît la reçoit pour héritage, et elle est appelée la reconnaissance. Claudel, La jeune fille Violaine,2eversion, 1901, I, p. 590.
P. métaph. ou au fig. [En parlant de choses, pour signifier leur étroite union] L'embrassement profond de la terre et du ciel Emplit d'un même amour le cœur universel (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1872, p. 11):
5. Un moment après, au lieu d'une ombre sur le sable il y en avait deux, elles se confondaient, et Gilliatt voyait à ses pieds l'embrassement de ces deux ombres. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 415.
II.− [Correspond à embrasser II] Rare
A.− [Correspond à embrasser II A]
1. [Correspond à embrasser II A 1 p. ext. a] Action ou fait de s'attacher par libre choix à quelque chose, d'y adhérer, de l'adopter et de s'y consacrer. Embrassement d'une croyance, de la mysticité, des intérêts de sa nation, d'une erreur. Ce nihilisme mène parfois, en raison de la souffrance qu'il crée chez certains, à l'embrassement fanatique d'une croyance (Benda, Fr. byz.,1945, p. 233):
6. Aussi repousser son concours [de Dieu], livrer nos cœurs et nos œuvres à l'embrassement des faux biens, c'est un adultère. Blondel, L'Action,1893, p. 371.
2. [Correspond à embrasser II A 2] Action de saisir quelque chose, globalement et dans toute son étendue, par le regard :
7. ... Germinie regarda un moment tout autour d'elle : elle enveloppa la pièce d'un embrassement suprême et qui semblait vouloir emporter les choses. Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 253.
[Correspond à embrasser II A 2 p. ext.] Action de saisir par l'esprit, d'appréhender quelque chose − dans son ensemble et sous tous ses aspects − par la pensée, l'imagination, la mémoire, etc. Rembrandt (...) n'a reculé devant aucune des laideurs et des difformités physiques (...) audacieux et douloureux embrassement du réel tout entier (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 305):
8. ... il étreignait d'une étreinte aussi neuve, il saisissait d'une saisie aussi neuve, il embrassait l'univers, charnel, d'un embrassement charnel, d'un embrassement aussi neuf, la terre entière, ... Péguy, Victor-Marie, comte Hugo,1910, p. 746.
B.− [Correspond à embrasser II B spéc., typogr.] :
9. Pour mieux figurer l'embrassement, les deux parties qui constituent l'accolade sont incurvées en proportion de leur longueur et réunies au centre par un angle minuscule dit le nez. E. Leclerc, Nouveau manuel complet de typogr.,1932, p. 172.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃bʀasmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1160 embracement (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 7964). Dér. du rad. de embrasser*; suff. -(e)ment1* Fréq. abs. littér. : 326. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 627, b) 770; xxes. : a) 409, b) 191.