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DOMINER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− [L'idée est celle d'une supériorité physique ou morale]
1. Avoir la suprématie, exercer une puissance souveraine. Synon. commander, régner.Son teint [à Charles Grandet] avait bruni, ses manières étaient devenues décidées, hardies, comme le sont celles des hommes habitués à trancher, à dominer, à réussir (Balzac, E. Grandet,1834, p. 237):
1. Il y a ainsi dans chaque révolution, une fois liquidée la caste qui dominait jusque-là, une étape où elle suscite elle-même un mouvement de révolte qui indique ses limites et annonce ses chances d'échec. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 355.
Dominer dans/sur + subst. désignant une personne, un groupe social ou p. méton. un lieu.Alexandre domina sur l'Asie; ce peuple, cette puissance domine sur les mers (Ac. 1835-1932). Philippe n'a pas cru, comme la première branche restaurée, qu'il était obligé pour régner de dominer dans tous les villages (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 516).
2. Au fig. [Le suj. désigne gén. un inanimé abstr.]
a) Exercer une emprise, une influence prépondérantes. Un cœur où l'ambition domine (Ac.1835-1932).Synon. l'emporter, prédominer, prévaloir.Les pays où la religion réformée domine (Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 158).Au Moyen Âge, et jusqu'au XVesiècle, c'est l'idée de la spiritualité de la vie qui domine sans conteste (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 136).
Dominer dans/sur + subst.Le principe de l'utilité domine dans notre littérature comme dans notre vie (Constant, Wallstein,1809, p. XLIX).L'autorité de la loi domine sur toutes les puissances de l'état en Angleterre, comme la destinée de l'ancienne mythologie sur l'autorité des dieux mêmes (Staël, Consid. révol. fr.,1817, p. 339).
b) P. ext. Être le plus marquant, le plus important, le plus nombreux (dans un ensemble). Teintes claires parmi lesquelles dominaient le bleu et le rose (France, Vie littér.,1890, p. 91).
Dominer dans/sur + subst. (désignant un ensemble).Cette figure domine dans le tableau; le goût de poivre domine dans cette sauce (Ac.1835-1932) :
2. Et dans le fond de la salle, l'auditoire houleux, une foule où dominait la plèbe, manifestait une approbation véhémente, prenait une espèce de revanche, à voir glorifier David, l'homme sorti d'elle, et qui avait roulé les riches, les forts. Van der Meersch, L'Invasion 14,1935, p. 488.
B.− [L'idée est celle d'une situation spatiale plus élevée] Être plus élevé, occuper une situation plus élevée que les choses ou personnes environnantes.
Vieilli. Dominer au dessus de/sur + subst.Il domine, sa tête domine au-dessus de la foule; ce château, cette tour domine sur toute la plaine; la citadelle domine sur toute la ville (Ac. 1835-1932). Des temples majestueux de verdure, élevés par les siècles sur des troncs couverts de mousse, dominent au-dessus de la forêt (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 77).
II.− Emploi trans.
A.− [L'idée est celle d'une supériorité physique ou morale]
1. [Le suj. et l'obj. désignent une pers., un groupe social, un état] Avoir, tenir sous sa suprématie, sa puissance souveraine. Synon. diriger, gouverner, régir.Les privilégiés trop accoutumés à dominer impérieusement le peuple (Sieyès, Tiers état?1789, p. 40):
3. La politique, se ramène à une lutte sans espoir contre de très vieux mensonges − des mensonges qui ont fait leurs preuves depuis qu'il existe des hommes de partis différents et dont les uns veulent dominer et écraser les autres. Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 435.
En partic., emploi pronom. réfl. Être maître de soi, de ses réactions. Synon. se contrôler.Colar n'était pas homme à perdre la tête; il se domina complètement en deux secondes (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 529).
2. Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé abstr.]
a) Être plus fort que, exercer une emprise sur. L'époque actuelle, où, plus qu'en aucun autre temps, l'argent domine les lois (Balzac, E. Grandet,1834, p. 120).La plupart de nos sciences sont neuves. En dépit de tous nos efforts, nous ne les embrassons pas; nous ne pouvons les dominer, les réduire (France, Vie littér.,1890, p. 251):
4. Elle n'accusait Justin d'aucune faute grave. Cependant elle [Renée] ne pouvait s'empêcher de remarquer combien il était dominé par son ambition. C'était sans doute par amour qu'il l'avait épousée; mais un esprit médisant eût pensé que cet amour faisait le jeu beau à son intérêt. Arland, L'Ordre,1929, p. 242.
En partic. Se rendre le maître de, avoir le dessus de. Dominer sa colère, son émotion, sa nervosité, ses passions; un être dominé par ses caprices, son amour propre, une idée fixe. Plusieurs voix dominèrent le vacarme : « silence! ... chut! ... ! » (Martin du G., Thib.,Été 1914, 1936, p. 550):
5. Plus j'y songe et plus je me persuade que l'esthétique appelle l'éthique. La maîtrise : c'est la même loi qui s'impose à l'artiste et à l'homme. Tu domineras ton œuvre dans la mesure où tu auras dominé ta vie. Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 240.
b) Être dans un ensemble plus important, plus fort, plus nombreux que. Dans l'odeur qui entre avec l'agitation de la ville par mes fenêtres ouvertes, l'odeur du poivre domine celle de la décomposition (Malraux, Conquér.,1928, p. 129).Elle sentit un terrible mépris dominer tous ses autres sentiments (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 222).
B.− [L'idée est celle d'une situation spatiale plus élevée]
1. Avoir au-dessous de soi (une personne ou une chose) dans l'espace environnant. Hadgi-Stavros se leva, vint se placer devant moi avec son filleul, qu'il dominait de toute la tête (About, Roi mont.,1857, p. 171):
6. Jeanne, toute blanche sous son voile de mousseline, se détournait de temps à autre, et quand ses yeux rencontraient Marthe, elle lui souriait, puis elle avait un clignement d'yeux complimenteur, en lui montrant Pierre, dont la haute stature dominait tout le cortège. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 188.
2. Au fig. Dominer une question, un sujet. Prendre du recul par rapport à eux, les regarder de haut et pouvoir en faire aisément la synthèse.
Emploi pronom. à sens passif. Un schéma qui semble lui-même se dominer, se voir de haut, et qui est, par suite, organisé (Ruyer, Conscience,1937, p. 115).
Prononc. et Orth. : [dɔmine], (je) domine [dɔmin]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. son regret ben dominat « gouverner, exercer son autorité sur quelque chose » (Vie de St Léger, éd. J. Linskill, 72); ca 1450 regent domynant (Le Mistère du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 6961); 2. 1680 « surplomber » [lieu dominant] (Rich.). Empr. au lat. class.dominari « dominer, être maître ». Fréq. abs. littér. : Dominer : 4 183. Dominé : 918. Fréq. rel. littér. Dominer : xixes. : a) 5 885, b) 4 929; xxes. : a) 5 824, b) 6 628. Dominé : xixes. : a) 1 395, b) 1 206; xxes. : a) 763, b) 1 608.