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CORRUPTEUR, TRICE, adj. et subst.
Au fig. (Celui ou celle) qui corrompt.
I.− Emploi adj.
A.− Au plan de la vie psychique ou soc. Qui altère, change en mal (cf. corrompre II A). Un despotisme corrupteur; une force, des idées corruptrice(s); une génération corrompue et corruptrice; la puissance corruptrice de l'argent. Les uns s'immobilisent dans l'égoïsme corrupteur des classes dominatrices (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 141):
1. ... c'était le gouvernement, l'administration, la magistrature, l'armée, le clergé, qui soutenaient encore la société agonisante, le monstrueux échafaudage d'iniquité, le travail meurtrier du plus grand nombre nourrissant la fainéantise corruptrice de quelques-uns. Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 115.
B.− Au plan moral. Qui dégrade en détruisant ce qui est sain, intègre et constitue une valeur morale (cf. corrompre II B). Des baisers, des regards corrupteurs; conseils, propos corrupteurs; des livres corrupteurs; des tentations corruptrices. Synon. séducteur, suborneur.Le théâtre est corrupteur (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 47).Ils censurent, par exemple, le commerce des dés à jouer, parce que le jeu est corrupteur (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 75):
2. Leur nudité voilée enivre les regards, Par des chants corrupteurs et des danses lascives Fascinant la pensée et les âmes captives, (...) Elles consument l'homme aux feux de leurs caresses. Lamartine, La Chute d'un ange,Le Prophète, 1838, p. 932.
Rem. On rencontre, except., ds la docum. un emploi de corrupteur correspondant à corrompre I A, mais dans un syntagme métaph. La moindre caresse de l'amour, la plus indifférente familiarité du mariage laisse loin en arrière les plus vives avances de l'amitié. C'est là en effet l'éternel châtiment de ces amitiés indiscrètes où l'on s'embarque; c'en est le ver corrupteur et rongeur (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 82).
II.− Emploi subst.
A.− Celui, celle qui altère la valeur de quelque chose, la change en mal (cf. corrompre II A).
1. [L'obj. de l'action est une structure, une valeur soc.] Les corrupteurs du droit, de la foi, des institutions, de la république. Synon. destructeur.L'imagination est, en tout, une odieuse corruptrice (Renard, Journal,1909, p. 1221):
3. Jamais nous ne ferons un pas en avant, si nous ne commençons point par abattre l'Église, la corruptrice, l'empoisonneuse, l'assassine... Zola, Vérité,1902, p. 375.
2. Rare. [L'obj. de l'action appartient au domaine de l'expr., des valeurs intellectuelles] Corrupteur du langage, du style. Le Quintilien François étoit le corrupteur du goût (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 33).
B.− Sur le plan moral. Celui, celle qui détruit ce qui est sain, honnête, ce qui constitue une valeur morale (cf. corrompre II B).
1. [L'obj. de l'action est une pers. ou un groupe] Le corrupteur de la génération présente, du genre humain, de la jeunesse, du peuple; avoir une réputation de corrupteur. Synon. séducteur, suborneur.Dadon, régent de classe, est brûlé comme corrupteur de l'enfance (Chateaubr., Liberté presse,1822-28, p. 185).
En partic. Celui, celle qui soudoie, achète quelqu'un :
4. Le fameux Sir Robert Walpole, le corrupteur, a acheté le parlement de son temps (1781); mais il a corrompu en faveur de la liberté. Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 1, 1838, pp. 237-238.
2. [L'obj. de l'action est une entité abstr.] Le corrupteur de la morale, des sentiments humains. Faire de la constitution même la corruptrice de la vertu (Robesp., Discours,t. 7, 1791, p. 170).Ces factieux, corrupteurs des mœurs (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 256).
Prononc. et Orth. : [kɔ (r)ryptœ:ʀ], fém. [-tʀis]. [ʀ] simple ds Passy 1914, Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds Fér. 1768, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré. [ʀ] ou [rr] double ds Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 pour lequel [rr] (qui est plus expressif) est le plus fréquemment entendu. [rr] double ds Land. 1834 et DG; cf. aussi ds Fér. Crit. t. 1 1787 et ds Gattel 1841 qui indiquent r forte. À comparer avec corrompre dans lequel Barbeau-Rodhe 1930 ne transcrit que [ʀ] et dans lequel Warn. 1968 note [ʀ] comme le plus fréquemment entendu. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. I. Subst. 1531 [date éd.] « celui qui séduit » (Jeh. Du Vignay, Mir. historial, IX, 12 ds Delb. Notes [ms. déposé à la Sorbonne] : Celles [les femmes] qui ont mauvaise façon sont impudiques, car le courage ne leur fault point, mais le corrupteur); 1561 « celui qui corrompt, qui détruit » corrupteurs de la loy (Calv., Comm. s. l'harm. évang., p. 681 ds Gdf. Compl.). II. Adj. 1767 présents corrupteurs (Volt., Scythes, I, 1 ds Littré). Empr. au lat. class. corruptor « celui qui corrompt ». Fréq. abs. littér. : 156.