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BALLE1, subst. fém.
I.− Objet de forme sphérique généralement élastique et de petite dimension, que l'on utilise dans de nombreux jeux :
1. La pelote basque se joue en plein air, contre un mur de face, sur une piste cimentée. La pelote ou balle est faite de cordes très serrées, recouvertes de peau de mouton. Elle est élastique au point de rebondir à une hauteur et à une distance inouïes, et dense, au point de ne se déformer que rarement sous le choc. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 169.
SYNT. Balle (de, en) caoutchouc; balle oblique, longue; balle de set; balle de match; jouer à la balle; (re) lancer la balle (en l'air); (r)attraper la balle; prendre, saisir la balle (au bond); manquer ses balles; (r)envoyer la balle; arrêter, servir la balle; se jeter la balle; échanger quelques balles; réussir de belles balles (bien) placées; jeu de balle.
Loc. Avoir la balle. ,,Avoir le droit de la lancer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Avoir la balle belle. ,,L'avoir dans de bonnes conditions pour la relancer`` (Lar. 20e, Nouv. Lar. ill.; attesté d'autre part dans Littré et Quillet 1965). À vous la balle. ,,C'est à vous à lancer la balle, à jouer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.; également dans Besch. 1845). Couper la balle. ,,La frapper avec la raquette inclinée`` (Ac. 1835-1932).
A.− Proverbes et loc. fig. ou métaph.
1. Loc. Avoir la balle belle. ,,Avoir une belle occasion`` (Lar. 20e). À vous la balle. ,,Ceci s'adresse à vous, ou bien, C'est à vous d'agir ou de parler`` (Lar. 19e). Juger la balle. ,,Prévoir quel tour une affaire prendra`` (Ac. 1835-1932; Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Placer la balle. Développer des arguments, exposer des idées, oralement ou par écrit :
2. Son humeur a déjà fait son choix dans le fond commun des idées, mais son génie n'a pas mis sa marque à ce qu'il a choisi. Dix ans plus tard, il placera la balle autrement, la même balle, mais les mots auront changé de couleur. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « confessions », 1948, p. 126.
Prendre, saisir la balle au bond. Profiter avec à-propos d'une occasion favorable, fortuite mais opportune pour dire ou faire quelque chose. Synon. saisir l'occasion; sauter sur l'occasion :
3. Henri m'a prise tout de suite au sérieux... Didier et Marion Delorme, quoi! Tu comprends : j'ai pris la balle au bond... et... je l'ai épousé... E. Augier, Le Mariage d'Olympe,1877, p. 172.
Ramasser la balle. Relever le défi; saisir le prétexte :
4. On passe à Port-Royal. Saint-Victor s'emporte contre ces crétins qu'il hait : « Fribourg, dépose tes haines », lui dit Sainte-Beuve, faisant allusion à son éducation chez les Jésuites. Renan ramasse la balle et le voilà à défendre les saints de Port-Royal; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1864, p. 43.
Rattraper la balle. Dans une conversation, une discussion, réagir à ce qui se dit, y répondre :
5. Nous ne nous dénouons et n'allons aux extrémités de nous-mêmes qu'en face des personnes qui rattrapent la balle. J'aime parler. J'aime écouter... J'aime le rire qui étincelle au choc. Cocteau, La Difficulté d'être,1947, p. 166.
Relever la balle. Dans une dispute, une discussion, riposter à une parole désobligeante, à une remarque perfide, etc. :
6. M. Patissot, (...) déclara : « vous n'êtes pas français, monsieur. La galanterie française est une des formes du patriotisme. » M. Rade releva la balle. « J'ai fort peu de patriotisme, monsieur, le moins possible. » Un froid se répandit,... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 328.
Reprendre la balle. Reprendre l'idée, la plaisanterie de quelqu'un, renchérir :
7. Le pape est parfaitement drôle, et les évêques qui reprennent la balle ne le sont pas moins. Mérimée, Lettres à M. Panizzi,1870, p. 73.
Renvoyer, rejeter la balle (à qqn), se renvoyer, se rejeter la balle.
a) (Se) donner la réplique avec vivacité, avec esprit, dans une conversation, une discussion :
8. Il a l'esprit libre, frais et dispos, toujours présent et prêt à la riposte. Dépourvu d'émotions réelles, il renvoie promptement la balle élastique des bons mots. Vigny, Chatterton,1835, p. 233.
b) Rejeter (sur qqn), renvoyer (sur qqn) la responsabilité de quelque chose d'embarrassant et le charger d'y répondre ou d'en répondre :
9. ... c'est un complot formé par une société de ci-devant qui se rejettent la balle les uns aux autres, comme des lâches qu'ils sont. A. Dumas Père, Le chevalier de Maison-Rouge,1847, II, 5.
2. Proverbes. La balle cherche le bon joueur. ,,L'occasion ne manque jamais à qui sait la saisir`` (Lar. 19e). Au bon joueur la balle, la balle va au joueur. ,,Se dit Quand l'occasion de faire quelque chose se présente à celui qui est le plus capable de s'en bien acquitter`` (Ac. 1835-1932; ainsi que dans la plupart des dict. gén. du xixes. et Rob.).
B.− P. méton.
1. [Jeu de paume] Enfant de la balle.
a) Vx. Fils d'un maître de jeu de paume.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén.
b) P. ext. [En parlant de gens du cirque et d'artistes obligés à de fréquents déplacements (acteurs, chanteurs, etc.)] Personne élevée dès son plus jeune âge dans un milieu d'artistes surtout itinérants et dont la formation, de ce fait, a été plus directe qu'en milieu scolaire traditionnel :
10. Je suis un « enfant de la balle », les planches m'excitent à la manière dont les tables de Monte-Carlo excitent le joueur. Cocteau, Le Foyer des artistes,1947, p. 3.
Au fig., fam., usuel. Personne dont l'enfance s'est déroulée dans l'atmosphère d'une profession exigeante ou bien typée :
11. En plus j'avais des espoirs... un sérieux boni, si je remontais par mes efforts l'artisanat de la ciselure. Il me trouvait bien un peu jeune... mais ça n'avait pas d'importance, puisque j'avais le feu sacré... que j'étais un enfant de la balle... Que j'étais né dans une boutique! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 189.
Être de la balle. Être de la partie, être du métier :
12. De loin je surveille mal mon équipage. Les impondérables m'échappent. Qu'y changerai-je? Voici les interprètes qui se contrôlent et perfectionnent la machine. Voici ceux qui vivent en scène et tâchent de vaincre la machine. Diderot parle à la légère. Il n'est pas de la balle. Cocteau, La difficulté d'être,1947, p. 51.
2. P. anal. Métiers de la balle. Métiers du cirque :
13. ... elle [MmeParis] était écuyère, mais elle avait fait tous les métiers de la balle... P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 68.
C.− Argot
1. P. anal. de forme. Tête, visage, physionomie. On ne voit que (...) de franches balles sympathiques (Genevoix, La Boîte à pêche,1926, p. 217).
Bonne balle. Tête bien ronde, respirant la santé :
14. Il avait, comme on dit, « une bonne balle ». Il semblait avoir pris sa tête, ronde comme un boulet, dans une boîte à billes, et c'est de là, pensai-je, que ses camarades (...) lui avaient donné ce surnom (...) « Boitabille! ... » G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 9.
Balle d'amour. ,,Physionomie agréable`` (Michel 1856).
Rude balle, forte balle. Tête, visage fortement typés :
15. À ces mots, la figure du soldat rougit. C'était une forte balle de sabreur, aux longues moustaches, équarrie à coups de latte. G. D'Esparbès, La Légende de l'Aigle,1893, p. 14.
Péj. Figure grotesque :
16. − C'te balle! oh! c'te taule! − J'espère bien qu'on lui coupera la tronche, à celui-là. T. Gautier, Les Jeunes-France,1872, p. 321.
2. Franc :
17. − Tu ne pourrais pas m'avoir des bêtises rouges comme ça? ... Est-ce cher? − Ces sanguines-là? ... Je les ai payées deux cents francs à Mayor, le marchand de dessins anglais. − Deux cents balles! Fichtre. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 107.
3. P. métaph. ou au fig.
Être rond comme une balle. Être complètement ivre; avoir bu et mangé avec excès.
Faire balle, faire la balle élastique. Être à jeun, avoir le ventre creux :
18. Quelques taches [d'excréments] dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle (a le ventre creux) depuis quarante-huit heures. A. Humbert, Mon bagne,1880, p. 44.
Faire la balle de qqn. Convenir à quelqu'un, faire l'affaire de quelqu'un. Ça fait ma balle :
19. Le beurre [la gratification] ne peut m'échapper... j'ai sous la main un couillé qui fait ma balle; ... les spectateurs le jugeront sur la mine; et le tribunal, prévenu par ses antécédens, sévira contre lui sans difficulté. L.-F. Lhéritier, Suppl. aux Mémoires de Vidocq, t. 2, 1830, p. 58.
Peau de balle. Absolument rien :
20. Ca n'sert à rien d'être aux as, ta blanche, c'est comme si t'avais peau d'balle dans ton morlingue, pisqu'y a pas d'marchands. Barbusse, Le Feu,1916, p. 206.
Peau de balle et balai de crin :
21. Aussi, pour nous aller pieuter à la caserne, c'est peau d'balle, balai d'crin et variétés diverses; tiens, v'là comme nous irons pieuter à la caserne! et ce disant, il eut cette mimique (...) qui consiste à se caresser la naissance de la gorge avec le revers de la main. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 7, p. 78.
D.− Emplois techn., p. anal. de forme.
1. CÉRAM. Masse de pâte homogène, en forme de boule, avec laquelle on façonne une pièce en la coulant dans un moule dont elle épouse la forme.
Moulage à la balle (Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, DG).
2. MÉTALL. Synon. de loupe (de fonte). (Cf. loupe ainsi que baller2).
3. OPT. Instrument convexe, en cuivre, utilisé pour tailler les surfaces concaves (cf. bassin).
II.− Synon. de boule* :
22. Par degrés il se fit contre eux une masse collective de haine, comme ces balles de neige, qui, d'abord échappées à la main d'un enfant, parviennent, en se roulant sur elles-mêmes, à une grosseur monstrueuse. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 179.
23. Chaque enfant reçoit un morceau de papier, à charge de le rouler en balle (...). Pourquoi le papier se met-il en boule? Parce que le creux de la main est rond. − Pourquoi les balles de plusieurs grosseurs? Parce que les morceaux de papier n'étaient pas tous pareils... Frapié, La Maternelle,1904, p. 58.
24. Tout de suite après, commençaient les vergers, des abricotiers et des pêchers déjà couverts de ravissantes petites balles laineuses, hautes en couleurs, gaies comme des confetti. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 225.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [bal]. Enq. : /bal/. 2. Homon. : bal.
ÉTYMOL. ET HIST. − V. balle2.
BBG. − Duch. 1967, passim.Gottsch. Redens. 1930, passim.Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 46. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 250. − Rog. 1965, p. 92. − Roques (M.). Enfant de la balle. In : [Mél. Michaëlsson (K.)]. Göteborg, 1952, pp. 401-406. − Sain. Lang. par. 1920, passim.