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ASPERGER, verbe trans.
A.− Emploi trans. Arroser légèrement en projetant un liquide en forme de pluie.
1. Dans le domaine relig.
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Aspergeant le peuple du sang de la victime (Ac.1798-1878, Guérin 1892):
1. ... tous les moines, à la suite, défilèrent devant le père Maximin, debout sur les marches, tournant le dos à l'autel, et il les aspergea d'eau bénite, alors que, baissant la tête, ils regagnaient, en se signant, leurs stalles. Huysmans, En route,t. 2,1895, p. 217.
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr., un corps, etc.] :
2. Le prêtre dit Pater Noster. Il encense et il asperge le corps pour l'embaumer pour l'éternité : cette absoute est le dernier adieu. Barrès, Mes cahiers,t. 7,1908, p. 113.
Rem. Ces aspersions rituelles se font gén. à l'aide d'un rameau ou d'un goupillon.
2. Dans le domaine courant.
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] :
3. ... − il se plaqua contre la roche, le nez dans les moules, les bras en croix, la jambe droite sur des goémons. Le rouleau déferla et le couvrit d'écume. Il se garda de lever le nez. La mer montait − elle ne se contenterait pas toujours de l'asperger d'écume, il viendrait un moment qu'elle se renverserait sur lui... Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 133.
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Asperger du linge avant de le repasser (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.) :
4. ... après avoir bien pesé, bien mûri, bien retardé ma décision, je bondissais d'un coup, les dents serrées, jusqu'à la cheminée où je faisais crouler une pile de bois que j'aspergeais d'essence. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 301.
Rem. Pour désigner la matière de l'aspersion, asperger se construit le plus souvent avec la prép. de : asperger d'eau (bénite), d'essence. On trouve, plus rarement, asperger avec notamment, lorsque le compl. circ. a une certaine longueur : ,,on nous a aspergés avec de l'eau de fleurs d'oranger`` (cf. Flaubert, Correspondance, 1850, p. 246).
3. P. métaph. :
5. ... la nature avait combiné en Despréaux les traits de l'un et l'autre [frères], mais avec finesse, avec distinction, et avait aspergé le tout d'un sel digne d'Horace. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 3,1863-69, p. 20.
6. La jeunesse ouvrière abandonne l'artisanat pour l'usine, et, chez les artistes, la jeunesse se fatigue de la route nationale. Elle se décourage, dépassée par les grosses voitures qui l'aspergent de lumière et de boue. Cocteau, Poésie critique2, Monologues,1960, p. 178.
Rem. Ces ex. sont intéressants parce qu'ils montrent à l'œuvre le mécanisme de la métaph. substituant une dénomination inattendue (asperger) à la dénomination attendue (éclabousser, inonder, dans l'ex. 6, saupoudrer dans l'ex. 5), sur la base de sèmes communs dont l'identification est abandonnée à la sagacité du destinataire du message.
B.− Emploi pronom.
1. Emploi réfl. dir. S'asperger d'eau chaude.
2. Emploi réfl. indir.
a) [Avec un compl. d'obj. dir. indiquant le corps ou une partie du corps] :
7. ... il chercha le seau d'eau froide, y plongea les avant-bras et s'aspergea le visage. Aymé, La Jument verte,1933, p. 43.
b) [Avec un compl. d'obj. dir. indiquant la matière de l'aspersion, et un compl. circ., prép. sur, indiquant la partie du corps aspergée] :
8. Les Indiens Chané du nord de l'Argentine sont aussi fort propres, mangeant dans des bols séparés, se rinçant la bouche après le repas et s'aspergeant de l'eau sur les doigts. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 83.
P. métaph. :
9. Il n'existe pas une revue d'art où l'on n'aborde à chaque page les problèmes dont la presse nous entretient. Et cela s'accompagne d'un curieux quadrille. Les adversaires se saluent, échangent des clins d'œil, s'aspergent d'un vinaigre de politesses. Les insultes et les grâces alternent, ... Cocteau, Poésie critique2, Monologues,1960, p. 14.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. aspergeur, subst. masc. (A. Arnoux, Paris-sur-Seine, 1939, p. 133, suff. -eur2*). Aspergeur d'encre. Iron. Celui qui asperge (cf. le néol. concurrent asperseur recensé par Lar. 19e-Lar. 20e).
PRONONC. ET ORTH. : [aspε ʀ ʒe], j'asperge [ʒaspε ʀ ʒ]. Enq. : /aspeʀ ʒ/ (il) asperge. Cf. abroger.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− Cont. relig. a) xiies. liturg. asperger de « mouiller d'un liquide projeté par gouttes » (Mainet, éd. G. Paris, IV, 99 ds T.-L. : Tierce fois le [la rivière où devaient être baptisés les païens] saigna li clers de sa main destre, Puis i jeta de l'oile, du saint cresme l'esperge); b) 1488 « répandre avec l'aspersoir » (A.N. LL 728, fo38 rods Gdf. Compl. : Asperger l'eaue beneiste). II.− Cont. profane a) 1551 « jeter en gouttes, répandre » (Cotereau, trad. de Columelle, V, 6 ds Hug. : Il vauldra mieulx y espandre et asperger de l'eau tout doulcement); b) 1606 « jeter, répandre en menus grains » (Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. I [I, 22], ibid. : Un autre sur les fricassées asperge du gyngembre et du poivre). Empr. au lat. aspergere, au sens de « saupoudrer (qqn de qqc.) » (Plaute, Epid., 554 ds TLL s.v., 819, 43 : Guttula pectus ardens mi aspersisti); au sens de « répandre (un liquide) » (Plaute, Bacch., 247, ibid., 818, 60 : aspersisti aquam [ici, par image]); emploi relig. ann. 1077, Berth., Annal., p. 293, 15 ds Mittellat. W. s.v., 1038, 10 : in sabbatho sancto paschae ante infusum chrisma in aqua baptismi omnes circumstantes ex ipsa aspergere.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 93.
BBG. − Noter-Léc. 1912. − Timm. 1892.