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ABSORPTION, subst. fém.
I.− Action d'absorber (sens phys. du verbe).
A.− Emploi cour. [En parlant d'aliments] :
1. Ils les mangèrent comme des huîtres, et ils leur trouvèrent une saveur fortement poivrée, ce qui leur ôta tout regret de n'avoir ni poivre, ni condiments d'aucune sorte. Leur faim fut donc momentanément apaisée, mais non leur soif, qui s'accrut après l'absorption de ces mollusques naturellement épicés. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 28.
B.− Emplois sc. ou technol.
1. ASTROPHYSIQUE :
2. L'atmosphère terrestre introduit une absorption de la lumière reçue d'une étoile. Encyclop. Lar.t. 21968, p. 355.
P. ext. Disparition progressive du soleil à l'horizon :
3. La moitié au moins de ces réguliers et consciencieux personnages, dont le visage fleuri ne dénonçait pas les austérités, tenaient à la main le kalioun bien allumé, n'attendant que l'absorption de l'astre dans le commencement du crépuscule, pour fourrer dans leur bouche le bout du tuyau et s'envelopper d'un nuage de fumée. J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,L'Illustre magicien, 1876, p. 86.
2. GÉOPHYSIQUE :
4. Absorption de l'eau par le sol : Le sol absorbe l'eau atmosphérique à l'état de vapeur ou liquide et la restitue ensuite aux plantes; il joue donc le rôle favorable d'un réservoir régulateur de l'eau (...). L'absorption dépend de sa teneur en colloïdes, de son état de division (...), de sa structure (...), de la température (le gel la freine). Plais.-Caill.1958.
3. MATH. (cf. hist. C 3).
4. PHYSIOL. [En parlant de diverses substances absorbées par les organes spécialisés des êtres vivants] :
5. Je voudrais, s'il m'est permis de peser sur l'objet dont il vient d'être question, que tout ce qui peut concerner cette singulière production du phosphore, la combinaison de l'azote, l'absorption et l'assimilation de l'oxygène dans les corps qui vivent et sentent, fût examiné suivant les nouvelles méthodes d'analyse, ... P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 360.
6. Les animaux les plus imparfaits, tels que les infusoires, et surtout les monades, ne se nourrissent qu'au moyen d'absorptions, qui s'exécutent par les pores de leur peau, et par une imbibition intérieure des matières absorbées. J.-B. Lamarck, Philosophie zoologique,t. 2, 1809, p. 308.
7. Coefficient d'absorption différentielle : Rapport de l'activité par unité de masse dans un tissu particulier (par exemple tissu malade) à l'activité par unité de masse dans un tissu de référence (par exemple tissu sain adjacent), les activités étant mesurées un temps déterminé après l'administration d'un élément marqué. Dictionnaire des sciences et techniques nucléaires,1964.
5. PHYS. et DIVERSES TECHNOL. :
8. Lorsqu'un gaz est en contact avec un liquide, il peut se combiner avec lui ou s'y dissoudre : dans les deux cas il y a absorption. A. Wurtz, Dictionnaire de chimie pure et appliquée,t. 1, 1874-1908, p. 2.
9. ... en effet, le passage au travers de toute matière entraîne une réduction de l'intensité du rayonnement. Cette réduction ou absorption ne dépend en première approximation que de la densité de la matière traversée... Mme P. Curie, Traité de radioactivité,t. 1, 1910, p. 123.
10. ... l'auteur en déduit que l'absorption de Trumpler est sans rapport avec le calcium interstellaire. Le Journal de Physique et le Radium,1934, p. 218D.
11. Le champ d'application d'une telle méthode est très vaste, c'est ainsi qu'elle permit durant la dernière guerre à un pays neutre, la Suisse, de vérifier sans les ouvrir et à l'insu des Allemands que des wagons plombés, en transit d'Allemagne en Italie, ne contenaient que du charbon et non pas des soldats ou des canons, ceci grâce à la mesure d'absorption à travers chaque wagon de la radiation d'une forte source de radium, absorption différente pour chacun des cas envisagés. B. Goldschmidt, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques,1962, p. 233.
II.− Au fig. Action par laquelle l'activité ou les idées d'une personne sont entièrement occupées; état qui en résulte.
[L'action affecte les idées, ou la pers. elle-même, exprimées sous la forme d'un compl. introd. par la prép. de] :
12. L'absorption des idées par la lecture était devenue chez lui un phénomène curieux son œil embrassait sept à huit lignes d'un coup, et son esprit en appréciait le sens avec une vélocité pareille à celle de son regard... H. de Balzac, Louis Lambert,1832, p. 16.
13. Ce qui le charmait autrefois l'effrayait un peu maintenant. D'ailleurs, il se révoltait contre l'absorption, chaque jour plus grande, de sa personnalité. Il en voulait à Emma de cette victoire permanente. G. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 134.
[En emploi absolu, ou avec un compl. introd. par la prép. dans, le subst. exprime un état, à la limite voisin de l'état de contemplation mystique, ex. 23] :
14. Je travaille, je songe, j'ai les yeux sur tous ces infinis qui m'entourent; de là une sorte d'absorption dans le rêve et dans l'idéal ... V. Hugo, Correspondance,1857, p. 268.
15. Elle entrait pleinement dans la relation directe et incessante, dans une sorte d'identification avec l'infini, par une absorption, au delà de toute idée et de tout mot humain, où s'engloutissait son cœur. E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 265.
[Avec une idée d'accaparement et d'assimilation empruntée au sens phys. du mot] :
16. Tout d'abord, suivant lui, cette absorption de l'individu dans le groupe serait le résultat d'une contrainte et d'une organisation artificielle nécessitée par l'état de guerre où vivent d'une manière chronique les sociétés inférieures. É. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 170.
III.− Arg. [Dans la lang. de l'École Polytechnique ou X] :
17. Absorb, ou absorption (mots anciens). − Série de cérémonies d'initiation par lesquelles les anciens admettaient, « absorbaient », les conscrits nouvellement reçus... G. Moch, X-Lexique, vocabulaire de l'argot de l'Ecole Polytechnique en 1878,1878.
18. Absorption. On appelle ainsi un repas annuel offert à la promotion ancienne de l'École Polytechnique par la promotion nouvelle. Elle a lieu dans un restaurant du Palais-Royal, le jour de la rentrée des Anciens. France1907.
Stylistique − Absorption, terme relig., a gén. une valeur laud. (ex. 14); on le trouve associé aux termes synon. identification avec l'infini, engloutissement, et à des expr. syntagm. comme le grand Toujours de l'âme en Dieu (E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais, 1869, p. 265). Mais il peut aussi se teinter d'une nuance dépréc. absorption d'une personnalité par une autre; on le trouve alors associé à des synon. comme effacement et à des expr. telles que tomber dans l'absorption fixe du fou, tomber dans le vide fixe de l'idiot. (J. Barbey d'Aurevilly ds Pt Rob.).
Prononc. : [ab̭sɔ ʀpsjɔ ̃]. Enq. : /apsoʀpsjõ/.
Étymol. − Corresp. rom. : esp. absorción; port. absorção; roum. absorbtié. 1. 1586 « engloutissement, ravissement (de l'âme en Dieu) » emploi fig., terme relig. (H. Suso, Œuvres spirituelles, trad. N. Le Cerf. 166 ds Rom. Forsch., t. XXXII, p. 3 : Il [Suso] veid son ame... joincte ou unie au cœur divin et là en certaine ecstase, absorption ou ravissement cachee et endormie entre les bras du tresamiable sauveur); 2. xviiie, xixes. « action d'absorber, de s'imprégner », sens propre, terme techn. 1 empr. au lat. chrét., absorptio, dep. St Augustin au sens « engloutissement (de l'âme dans une passion) » (Sermones, 162, 2 ds Blaise, s.v. : absorptio libidinis et concupiscentiae carnalis); 2 dér. de absorber* I 2. HIST. − Datant du xvies. comme terme relig. et fig., le mot passe dans la lang. commune avec un sens propre qui, au xviiies., est peu usité : Ce mot n'est point dans le Dictionnaire de l'Académie Françoise. Il est rude, et ne peut s'employer que dans le style dogmatique, où tous les termes expressifs sont bons. Trév. 1752. Cf. aussi Ac. 1798 qui le mentionne comme peu usité. Il prend en revanche une plus grande vitalité dans la lang. sc. ou techn. (méd., phys., math.). A.− Emploi fig. 1reattest. 1586 (cf. étymol. 1), dans la lang. relig., subsiste, sans toutefois être recensé par les lexicogr. des xviieet xviiies. B.− Emploi cour. 1reattest. xviiies., subsiste : Action d'absorber, engloutissement. M. Descartes ne nous fait-il pas appréhender que notre tourbillon, infiniment plus grand que la sphère du feu, ne soit absorbé quelque jour, lorsqu'on y pensera le moins? Et quand par cette absorption le soleil sera devenu terre, et que peut-être en même temps la matière subtile, qui est enfermée dans le centre de notre terre, ayant forcé et rompu les croûtes qui la couvrent, l'aura fait devenir soleil; si les livres de M. Descartes subsistoient dans quelque autre tourbillon, où il y eût des hommes, ne regarderoient-ils pas comme des fables tout ce qu'il dit de notre monde? Trév. 1752. C.− Emplois sc. et techn. Ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition. 1. Physiol., 1reattest. 1771, subsiste (cf. sém. I) : Absorption, dans l'économie animale, est une action par laquelle les orifices ouverts des vaisseaux pompent les liqueurs qui se trouvent dans les cavités du corps. Trév. 1771. 2. Phys., 1reattest. 1863, subsiste (cf. sém. I) : En termes de physique, phénomène qui consiste dans l'attraction et la condensation d'un gaz ou d'un liquide par un corps solide ou liquide. Littré. 3. Math., attesté seulement ds Lar. encyclop. Suppl. 1968 : Loi d'absorption : propriété de l'addition et de la multiplication logique qui s'exprime par ... deux formules corrélatives (...).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 301. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 423, b) 754; xxes. : a) 282, b) 344.
BBG. − Barb.-Card. 1963. − Baudhuin 1968. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Charles 1960. − Comte-Pern. 1963. − Delorme 1962. − Électron. 1963-64. − Fromh.-King. 1968. − Galiana Astronaut. 1963. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Laitier 1969. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Musset-Lloret 1964. − Nucl. 1964. − Nysten 1814-20. − Ostoya s. d. − Pétrol. 1964. − Piéron 1963. − Pir. 1964. − Plais-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Springh. 1962. − Uv.-Chapman 1956.