PAUVRETÉ, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1140
povertez «état de misère, d'insuffisance de biens matériels» (
Geoffroy Gaimar,
Hist. des Anglais, 5842 ds T.-L.),
cf. aussi
ca 1120-50
poverté (
Reimpredigt, I, 38,
ibid.); 1155
povreté (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 241);
2. a) 1225-30 «état de non productivité (de la terre)» (
Guillaume de Lorris,
Rose, éd. F. Lecoy, 57);
b) 1548 «insuffisance, manque de richesse d'expression (d'une langue)» (Th.
Sebillet,
Art poétique, éd. F. Gaiffe, p.16);
3. a) ca 1225
une grant povretés «un grand malheur» (
Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 5807);
b) 1672
une pauvreté «action ou parole déplorable, insignifiante» (
Molière,
Femmes savantes, 52, éd. E. Lespois et P. Mesnard,
OEuvres, t. 9, p.63). Du lat.
paupertatem (
pautertas, -atis «pauvreté, indigence»), la forme
poverté (d'où, d'apr.
povre, pauvre: povreté, pauvreté) étant issue régulièrement de
paupertate alors que l'a. fr. connaît parallèlement une forme
poverte (
Alexis, éd. Chr. Storey, 248, 262, 416) que
Meyer-
Lübke (
Gramm. des lang. romanes, t. 2, § 17) explique par le modèle de l'a. fr.
poeste «puissance» que l'on trouvait à côté de la forme
poesté issue régulièrement de
potestate (du lat.
potestas, -atis); cette forme
poeste serait elle-même due au modèle de l'a. fr.
tempeste issu d'un type
tempesta substitué à
tempestas sous l'infl. de
juventa, -ae concurrent du type
juventas, -atis. La forme
pauvreté a peu à peu supplanté
povreté au
xvies. à la suite de la généralisation de la forme
pauvre.