MÉNAGE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. 1160-74
maisnage «demeure, séjour» (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1128), sens bien vivant en a. et m. fr.;
2. ca 1210
mainage «administration des biens» (
Vie St Eustache, éd. A. C. Ott, 923 ds
Rom. Forsch. t. 32, p. 544);
ca 1480
mesnage (
Myst. Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 3141); en partic. 1546 «bonne gestion de ses biens, économie» (
Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A.Screech, II, 54);
3. xiiies.
de ménage «se dit de ce qui est fabriqué à la maison»
dras de mennage (
Accord, fonds Bizeul, Bibl. Nant. ds
Gdf.);
4.a)mil.
xives. [ms.] «ensemble des biens, meubles, objets qui constituent l'habitation d'une personne» (
Le Dit de Merlin Mellot ds
Nouv. recueil des Contes, dits, fabliaux, éd. A. Jubinal, I, 136);
b)1523 «petits meubles offerts en jouets aux enfants» (
Inv. de Marguerite d'Autriche ds
Havard); 1853
ménage d'une poupée (Champfl., loc. cit.);
5.fin
xive-début
xves. «tout ce qui concerne la vie matérielle du foyer» en partic. «soins matériels qui assurent l'ordre et la propreté de l'intérieur» (
Quinze Joyes de mariage, éd. J. Rychner, V, 128, p.36);
6.1571 «désordre, dégât» (
Coutumes du Bailliage de Clermont, XX, XIV ds
Nouv. Coutumier génér., éd. A. Bourdot de Richebourg, II, 886).
II.1. a)xiiies. [ms.] «cohabitation entre un homme et une femme dans le cadre du mariage» (
Le Fabliaus qui devise les outiex de l'ostel, 14 ds
Poèmes fr. sur les biens d'un ménage..., éd. U. Nyström, p. 75:
Mainages est confraerie De toute painne);
xives. [ms.] «
id.»
estre en menage (
Un ditté des choses qui faillent en menage, 24,
ibid., p.84);
b)1459
maintenir mesnage avec qqn «vivre comme maritalement avec quelqu'un» (
Droit veng., 182 d'apr.
FEW t. 6, 1, p. 186a);
2. fin
xiiies. «ensemble des membres d'une famille» ici «famille et serviteurs» (
Jakemes, Castelain de Couci, éd. M.Delbouille, 5393);
3. 1588 [éd.] «le couple lui-même» (
Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, III, IX, p.975);
4.1611 «toute sorte de vie commune»
faire mauvais mesnage ensemble «s'entendre mal avec quelqu'un» (
Cotgr.). Dér. de l'a. fr.
manoir «demeurer» (v.
manoir),
ca 880 (
Eulalie, 6 ds
Henry Chrestomathie t. 1, p. 3); les formes
maisnage,
mesnage qui apparaissent d'abord sont dues à l'infl. de l'a. fr.
maisnée «famille»,
ca 1050
maisnede (
Alexis, éd. Chr. Storey, 263 et 413) lui-même du lat. pop. *
mansionata, dér. du lat. class.
mansio, v.
maison.