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ABUTER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − Ce mot, qui connaît un sémantisme riche et varié au Moy. Âge, s'appauvrit au cours des s. et ne conserve auj. qu'un sens très restreint (cf. sém.). Les nombreux sens se regroupent sous l'idée de but, terme, fin, extrémité et sous l'idée de contact (par une extrémité) et d'association, d'assemblage. − Rem. Les mots abuter et abouter sont très proches au point de vue sém. et ont pris qqf. des sens très voisins et même identiques, particulièrement dans l'anc. lang. (cf. abouter). A.− Idée de but : 1. 1215-1245 « toucher au but, arriver » (intrans.), vivant en a. fr. seulement : Si, cum il le juger voleient, Es vos Martin qui abuta. Péan Gatineau, Vie de saint Martin, p. 99, Luzarche (Gdf.). Emplois partic. : vers mil. xiiies. « heurter », Les Évangiles des Domnées publiés par Bossuat et Raynaud de Lage (FEW); 1610 « arriver par hasard, toucher à » (intrans.), attest. isolée : Le Roy de ce pays-là a tellement accomodé les passages, qu'il faut que tous les voyageurs viennent abuter à un palais qu'il a fait bastir aupres des chemins. Beroalde de Verville, Voyage des Princes fortunés, [1317], (Hug.). 2. 1458 « diriger vers un but, viser à » (trans.) : Par quoy fault bien que par cautelle Toute ma trahison j'abute, Car pour l'avoir de haulte lute, Jamais nous ne l'aurons de jour. Greban, Myst. de la Pass., fol. 138 d (Gdf.). Besch. 1845 considère ce sens comme anc. On le trouve pourtant encore ds Quillet 1934 qui donne comme ex. abuter un emploi. 1595 « se diriger vers un but, viser à » (pronom.) : Il semble que l'ame esbranlee et esmeue se perde en soy-mesme si on ne luy donne prinse : et faut tousjours luy fournir d'object où elle s'abutte et agisse. Montaigne, I, 4 (I, 25) (Hug.). Sens déjà vieilli au xviies. (cf. Brunot t. 3, 1, p. 124). Sens dér. a) 1250 « pousser à bout, décevoir, tromper » (trans.), vivant en a. fr. seulement : Trestout le monde a abutei, Elle se couche de son grei. Renart, supp., p. 359, Chabaille (Gdf.). b) 1450 « régler un compte, fixer une somme » (trans.) : Lesquelz compaignonz disnerent en une taverne et ainsi qu'ils abutoient leur escot... Arch. JJ, 182, pièce 833 (Gdf.). Attesté jusqu'en 1570 d'apr. Gdf. 1610 « fixer une date (d'avance) », attest. isolée : Un Lundy matin qui estoit le jour abutté, nos estions tous à regarder. Beroalde de Verville, Moyen de parvenir. Enseignement I, 100 (Hug.). c) 1680 terme de jeu « lancer une boule, un palet... vers le but pour savoir qui jouera le premier » (Rich. 1680; Trév. 1752). Sens le plus empl. auj. (cf. sém.). B.− Idée de contact, d'assemblage. 1. 1550 « assembler, réunir » : Quand iceux os sont tellement abuttés et alliés, qu'entre iceux se vit, quelque chose de diverse nature. A. Paré, L. IV, Table des articulations (Hug.). Figure encore ds Quillet 1934. 2. 1560-1621 « additionner » (trans.), attest. isolée : Recueillez, par parcelles, toutes les sommes mentionnées par cet article, et les abutez, avecques les dix ans vous trouverez les quatre mille marcs. E. Pasquier, Recherches, IX, 36 (Hug.). 3. Sens partic. : 1831 terme de mar. (cf. sém.); 1835 technol. (cf. sém. et cf. abouter, qui a un sens très voisin). Dér. de but*; préf. a-*.