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VELOUTÉ, -ÉE, adj.
A. −
1.
a) [En parlant d'un vêtement ou d'une pièce d'ameublement] Qui a les caractéristiques du velours; qui est fait, garni de velours. Une maisonnette à l'escalier velouté, pleine de portières et de tapis (Baudel., Fanfarlo, 1847, p. 546).L'éclairage de Lyon lui était favorable, la robe de velours vert était plus veloutée, plus verte que jamais, les cheveux et les yeux plus dorés (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 123).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ensemble des caractères du velours. V. mousse1ex. 2.
Empl. subst. masc. Galon de velours. Il faut mettre un velouté entre ces deux galons d'or ou d'argent (Ac.1798-1878).
b) [En parlant d'une matière text. autre que le velours] Qui présente des applications de velours ou qui évoque le velours par son aspect pelucheux, sa douceur, sa brillance. Satin velouté. Salle de réception.Brocart rouge velouté (Goncourt, Journal, 1860, p. 810).Les tapis (...) appelés commercialement « tapis haute laine » (...) présentent (...) une face veloutée et un soubassement (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 126).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le chapeau (...) est en poil de lièvre, mais le dispute au castor par le velouté et par la finesse (Obs. modes, t. 5, 1820, p. 3).
2. Qui imite le velours. La partie honorable [d'une pièce] (...) était tendue d'un vieux papier de couleur aurore, à bordure veloutée, sans doute fabriqué par Réveillon (Balzac, Bourse, 1832, p. 40).
Papier velouté. Papier de tapisserie dont les motifs sont formés par application de débris de laine, de drap. Mon locataire demandait du papier velouté à six francs le rouleau (Labiche, Gros mot, 1860, 4, p. 313).
B. − P. anal.
1.
a) [En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui présente des éléments pileux évoquant les poils du velours. Pelage velouté; chenille veloutée. Sur ses joues ce duvet fin, velouté, savoureux, qu'ont les blondes très jeunes (Mille, Barnavaux, 1908, p. 162).Aucun des matous n'a daigné le toiser en rival. Gras, velouté, candide, il a perdu (...) tout souci des jeux de l'amour (...). Il promène (...) sa robe lustrée (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 248).
ANAT. Qui présente des villosités. La surface de celle-ci [la paroi intestinale] a un aspect velouté dû à un grand nombre de fines saillies (...), les villosités intestinales (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 115).
Vieilli. Membrane veloutée et absol., veloutée, subst. fém. ou, plus fréq., velouté, subst. masc. Membrane intérieure de l'estomac et des intestins notamment. La cause immédiate de cette maladie est l'inflammation (...) de la tunique intérieure veloutée des intestins (...). Mais il faut d'abord qu'il y ait quelque disposition à l'irritation dans cette membrane veloutée (Geoffroy,Méd. prat.,1800,p. 385 (8)).Dans ceux-ci [les gros intestins] la membrane interne offre un velouté, composé de filamens très-fins et courts (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 485).Du canal alimentaire (...). On y observe un épiderme intérieur (...); une veloutée, ou tunique papillaire (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 112).
b) [En parlant (d'une partie) d'une plante ou d'un ensemble végétal] Qui est garni de duvet ou qui est formé d'éléments végétaux fins et serrés. Feuille, herbe veloutée. Une fleur satinée, un large iris velouté, de doux pétales lumineux (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 53).La racine qui croît, se couvre bientôt (...) d'un manchon velouté de poils infiniment fins (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 149).
2. Qui produit une impression flatteuse sur les sens.
a) [Sur la vue] Synon. amorti, nuancé.Teint velouté; noir, vert velouté. Un visage d'un ovale à rendre fou Raphaël, un teint d'un coloris délicieux, des teintes bien fondues, veloutées (Balzac, Début vie, 1842, p. 370).La lumière veloutée du soir (...) ajoutait sa magie. Des rayons de pourpre et d'or flottaient sous les châtaigniers (...). Le ciel était voluptueux et doux (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 268).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le portrait de Jeanne Samary est d'une souplesse, d'un velouté, d'une féminité chatoyante et attendrie que Manet n'eut point (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 141).V. nacré ex. de Huysmans.
BIJOUT. Pierre, saphir, etc. velouté(e). Gemme d'une teinte riche. Escarboucle. Grenat rouge velouté; joaillerie (A. Pérès, Pierres et roches, 1896, p. 42).
b) [Sur le toucher] Synon. satiné; anton. âpre, dur, grossier, raboteux, rêche, rude, rugueux.Air, fruit velouté. Belles pêches veloutées, délicates et fondantes (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 68).V. chatouilleux ex. 3.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le velouté d'un fruit, de la peau, d'une pêche. La nuit prenait un velouté d'épaule. Il y avait une langueur absurde au fond de l'air (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 442).
c) [Sur l'ouïe] Synon. adouci, assourdi, mélodieux; anton. bruyant, déchirant, perçant, rauque.Voix veloutée; sons veloutés; notes veloutées. Un frou-frou de soie derrière elle (...) la fit tressaillir: sa belle-mère arrivée à pas veloutés de vieille chatte! (Loti, Désench., 1906, p. 89).V. caressant ex. 5, magie ex. 3.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'air très pur nous apportait la moindre vibration, en y ajoutant ce velouté, ce moelleux indéfinissable, que donne seule une distance consonnante (Fabre, J. Savignac, 1863, p. 195).
d) [Sur le goût] Synon. lié, onctueux; anton. acide1, âcre, amer.Crème veloutée. Vous y amalgamez un verre plein de bonne huile d'Aix et le quart de vinaigre à l'estragon; ce qui doit vous donner un beurre velouté, moelleux et d'un goût exquis (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p. 132).V. chocolat ex. 2.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. On leur donnera [aux purées] un velouté très-agréable en y ajoutant, avant de les passer, de la mie de pain blanc léger (Audot, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 175).
Potage velouté, ou absol., velouté, subst. masc. Potage lié avec des jaunes d'œufs, de la crème. Velouté d'asperges, de champignons, de tomates, de volaille. Les potages sans purée, dans la liaison desquels entrent de la crème et des jaunes d'œufs; je les désignerai sous le nom de potages veloutés (Ali-Bab, Gastr. prat., 1907, p. 100).Velouté de poisson. Préparer les poissons (...). Préparer la garniture (...). Chauffer le potage, faire avec les 2 jaunes d'œuf une liaison (G. Mathiot, Je sais cuisiner, Paris, Albin Michel, 1986, p. 157).
Sauce veloutée ou, absol., velouté, subst. masc. Sauce blanche élaborée à partir d'un roux mêlé à du bouillon de volaille, de veau, etc., et qui est utilisé pour diverses préparations composées. Velouté gras, maigre. Choux-fleurs à la sauce veloutée (Baudel., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 269).Mouiller de quatre décilitres de fond de cuisson de la volaille un roux blanc que l'on aura fait avec une cuillerée de beurre et une cuillerée de farine. Ajouter à cette sauce, qui est un velouté, une poignée de pelures de champignons (Gdes heures cuis. fr.,P. Montagné,1948, p. 190).
Vin, etc. velouté. ,,Vin (...) à la fois moelleux, soyeux et fin. Rien, dans l'impression qu'il laisse, ne heurte le palais. La saveur sucrée persiste`` (Ren. Vin 1962). Le pique-poult [raisin blanc médiocre] (...) nous donna cette incomparable liqueur, l'armagnac. Il la faisait chaude et fine, veloutée, sucrée, charnue (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 32).Une symphonie de jus de vigne tous des plus prestigieux: vinos blancos (...), secs comme le chablis ou veloutés comme le rancio (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 48).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'éprouvette me donne bien la force et le degré de l'alcool; mais pour le fini, le velouté, je ne me fie guère qu'à ma langue (A. Daudet, Lettres moulin, 1869, p. 226).
C. − Au fig.
1. [En parlant du caractère d'une pers. ou d'une chose abstr.] Qui évoque la douceur du velours. Gaston Calmette, gourmand, velouté, subtil, caressant comme un chat (L. Daudet, Salons et journaux, 1917, p. 228).Ses sourires d'accueil, notre connivence, les heures veloutées que j'avais passées près de lui (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 207).V. soie1I D ex. de Sainte-Beuve.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je n'ai eu aucun mal à me défendre contre les tentations charnelles, (...) les trois quarts de ces troubles proviennent de ce qu'on met là de la poésie, du velouté, comme dit M. Vincent d'Indy (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 258).[Pour évoquer la première fraîcheur, l'éclat de l'innocence] Nore la trouvait charmante. (...) Quelle jolie fleur! Elle s'ouvre à la vie! Le velouté juvénile recouvre toutes ses petites pensées écloses en bouquet! (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 266).
2. Qui exprime un caractère affable, la tendresse, un subtil pouvoir de séduction.
a) [En parlant d'un trait du comportement] Yeux veloutés. Les joies de l'amour d'Émile lui donnaient un grand éclat, (...) la beauté de la joie est plus belle, plus veloutée, plus musicale que celle de la tristesse (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 178).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Son visage avait une expression de douceur souriante (...), ses yeux noirs surtout étaient admirables de mansuétude et de velouté (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 505).
b) [En parlant d'un mode d'expr. verbal ou artist.] Les descriptions du Paradis perdu ont quelque chose de doux, de velouté, de vaporeux, d'idéal, comme des souvenirs (Chateaubr., Essai litt. angl., t. 2, 1836, p. 105).Ses formules peu veloutées, et parfois peu délicates (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 568).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Manquer de velouté. L'idéalisme (...) donnait aux plus naïves paroles de Jésus un velouté (...) charmant (Renan, Antéchrist, 1873, p. 346).
Prononc. et Orth.: [vəlute]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1439 veloux velouté « velours à surface douce » (Compte ds Lettres de Louix XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 1, p. 173); 1447 velut veluté (Comptes et mémoriaux du roi René, éd. A. Lecoy de La Marche, p. 227); 1448-51 veloux velluté (Antoine de La Sale, Jehan De Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, 135, 16); b) 1547 (satin) velouxté « dont le fond n'est point de velours mais qui a des dessins fait de velours » (doc. ds Havard); 2. a) 1546 « doux au toucher comme le velours » (Rabelais, Tiers Livre, chap. 15, éd. M. A. Screech, p. 120, 87); 1752 « qui fait sur les sens une impression douce (en parlant de la voix) » (Trév.); b) 1680 vin velouté (Rich.); 1724 crème veloutée (Nouv. instruction pour les confitures, p. 270); c) 1690 joaill. « qui est d'une couleur riche et foncée » (Fur.); 3. subst. a) 1680 « galon fabriqué comme du velours » (Rich.); 1684 « peluche douce et unie » (Fur.); 1684 joaill. « couleur sombre et foncée » (ibid.); 1684 « surface muqueuse à l'intérieur de certains organes » (ibid.); b) 1693 « surface semblable à du velours » (Ch. Plumier, Description des plantes de l'Amérique, p. 88); c) 1835 « douceur » (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, p. 202); d) 1845 art culin. « jus qu'on mêle à d'autres sauces » (Besch.); 1938 « potage très onctueux » (Mont.-Gottschalk). Dér. de velours*. Velut(t)é est formé sur le prov. velut « velours », du lat. villutus « couvert de poils » (v. velu). Fréq. abs. littér.: 415. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 772, b) 476; xxes.: a) 487, b) 557. Bbg. Quem. DDL t. 36 (s.v. neige veloutée).