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UNIFIER, verbe trans.
A. − Empl. trans. dir.
1. [Le compl. d'obj. est le plus souvent au plur.]
a) Amener à l'unité en rassemblant. Synon. fusionner, intégrer, mêler, rapprocher, réunir, unir; anton. désunir, différencier, diviser, opposer, séparer.De même la Nature a fait comme notre âme Et choisit, elle aussi, des bruits qu'elle amalgame, Se berçant aux frissons des arbres en rideau, Lotionnant sa plaie aux rumeurs des écluses... Voix chorale qui sait, pour ses peines confuses, Unifier des bruits de feuillages et d'eau! (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 161).Réduire le libre arbitre psychologique à sa libération par la grâce était une manière commode d'unifier les sens du mot liberté (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 111).
En partic. Faire l'unité politique de. Bismarck unifiait l'Allemagne au profit de la Prusse monarchiste et absolutiste (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 39).Ce qui caractérise le plus manifestement le moyen âge, n'est-ce pas l'effort (...) pour unifier temporellement le monde sous l'Empereur comme au spirituel l'Église est une sous le Pape (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 159).
Empl. abs. Unifier, c'est nouer mieux les diversités particulières, non les effacer pour un ordre vain (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 710).Les procédés employés par la mémoire pour saisir et retenir les apparences d'un objet: elle résume et unifie dans un schéma directeur et, ce schéma même, elle essaie encore de le condenser dans le simple rappel d'une figure élémentaire (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 169).
Au passif. En Provence où tout est si doucement unifié, terre, murs et toitures, par la blondeur de la lumière, on voit tout à coup éclater sur le pignon d'un mas (...) des lettres vermillon ou bleu de Prusse qui hurlent dans le murmure des couleurs (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 30).
b) Rendre uniforme, assurer la cohésion de. Synon. harmoniser, homogénéiser, uniformiser, standardiser; anton. différencier, séparer.Unifier des procédés, ses connaissances; unifier l'orthographe, les programmes scolaires. Ils manifestent un vif attachement aux anciennes libertés et aux privilèges locaux en même temps que le désir d'unifier les lois (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 29).Le bonheur de chacun dépend de son adaptation exacte à son genre de travail (...). Il faut donc varier les types humains, au lieu de les unifier (Carrel, L'Homme, 1935, p. 386).
Au passif. Je me borne à remarquer que le contraste entre le bruit et le son est celui du pur et de l'impur, de l'ordre et du désordre; que ce discernement entre des sensations pures et les autres a permis la constitution de la musique; que cette constitution a pu être contrôlée, unifiée (Valéry, Variété V, 1944, p. 145).
− Domaine relig.En orientant vers soi les intelligences et les volontés par la connaissance et par l'amour dont nous avons vu qu'il est l'objet suprême, Dieu confère aux consciences la tranquillité qui les unifie et, en les unifiant, les unit (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 199).Créer, achever et purifier le Monde (...), c'est pour Dieu l'unifier en l'unissant organiquement à soi. Or comment l'unifie-t-il? En s'immergeant partiellement dans les choses, en se faisant « élément » (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 327).
c) [Le compl. d'obj. désigne un lieu, un espace de temps] Rendre uni, uniforme. En ces jours les plus courts de l'année, la pluie épaisse unifie le temps, confond les heures ; un crépuscule rejoint l'autre dans le silence immuable (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 263).Au dehors, il faisait encore plus doux que la veille. Une légère brume unifiait le paysage, la neige avait fondu un peu partout (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 17).
2. [Le compl. d'obj. est le plus souvent au sing.]
a) Rendre cohérent (un déploiement d'énergie, une activité). L'amour monogame, exclusif refera le monde encore. Lui seul creuse en profondeur, atteint les racines communes par où se fondront les deux êtres et par où leur vitalité mêlée deviendra l'amour et le progrès général, l'universelle initiation. La formule physiologique, c'est d'unifier l'effort pour qu'il soit profond (Michelet, Journal, 1856, p. 298).Le système nerveux autonome, par ses fibres sympathiques et parasympathiques, tient sous sa domination le monde immense des viscères. C'est lui qui unifie leur action (Carrel, L'Homme, 1935, p. 117).
b) Faire l'unité morale de. La mise hors de combat du Commandant de l'armée secrète risquait d'entraîner la désorganisation des éléments paramilitaires au moment précis où leur chef commençait à les unifier (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 163).
c) Ramener à un tout correspondant à un seul concept organisé, à un système. La tentation devait même être grande (...) de supposer tout de suite achevée notre connaissance scientifique de la nature, de l'unifier complètement, et de donner à cette unification, comme l'avaient déjà fait les Grecs, le nom de métaphysique (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 344).Le temps et l'espace, milieux des objets, sont bien les produits de la vivante activité spirituelle, de véritables catégories par lesquelles l'esprit commence d'unifier la diversité sensible (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 70).
− Dans le domaine des beaux-arts.Le peintre isole son sujet, première façon de l'unifier (Camus, Homme rév., 1951, p. 317).
B. − Empl. pronom.
1.
a) Se fondre en un tout. On se trompe beaucoup en affirmant que l'évolution du monde moderne ne peut tendre qu'à former de grands empires unitaires. Sans doute une partie de l'univers s'unifie, mais une autre tend à se diviser (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 202).
b) S'uniformiser. Il subsiste des coutumes locales. Peu à peu, elles se fondent les unes dans les autres et s'unifient, en même temps que les dialectes, que les patois viennent se résoudre en une seule et même langue nationale (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 163).
2. S'accorder, s'unir étroitement. Vivre signifie pour toi non seulement les flux et les jeux fuyants de lumière qui s'unifient en toi, mais les passages de chaleur ou de lumière d'un être à l'autre, de toi à ton semblable ou de ton semblable à toi (Bataille, Exp. int., 1943, p. 148).
S'unifier avec.Efflux éternisés de la Nécessité divine, les Anges ne sont, en substance, que dans la libre sublimité des Cieux-absolus, où la réalité s'unifie avec l'idéal (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 395).V. imbibition ex. 2.
REM. 1.
Unifiable, adj.Qui peut être unifié. Si je considère un naufrage, par exemple, cette qualité de naufrage est réellement surajoutée par moi à un phénomène matériel, à un ensemble infiniment complexe et non unifiable de chocs, qui n'a en soi qu'une relation assez lointaine avec la catastrophe dont je parle (G. Marcel, Journal, 1919, p. 167).
2.
Unifiant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui unifie. Principe unifiant; force unifiante. C'est dans la culture de chaque peuple que se marque le plus profondément l'action des sociétés religieuses. Action unifiante ou particularisante selon qu'il s'agit de la nation ou d'un groupe mal intégré (Philos., Relig., 1957, p. 44-6).V. intercourse ex. de Saussure.
Prononc. et Orth.: [ynifje], (il) unifie [-fi]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1380 trans. « opérer l'unification » (Roques t. 2, no13434); rare jusqu'au xixes. 1800 (Bonald, Essai analyt., p. 81); 1586 pronom. « s'unir au point de n'être qu'un » (Du Verdier, Bibliot. franç., p. 263 ds Gdf. Compl.); b) 1907 pol. unifié part. passé adj. « qui résulte de la fusion de plusieurs fractions » d'où un socialiste unifié (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], p. 255); 2. 1893 « rendre homogène, uniformiser » (Durkheim, op. cit., p. 354: c'est justement les méthodes qu'il est le plus difficile d'unifier); en partic. 1936 « rendre cohérent, faire l'unité morale de » unifier la résistance (Martin du G., Thib., Été 14, p. 328). Empr. au b. lat.unificare « unifier, rendre un », déb. ves. (P. Nol[anus], Ep., 23, 14 ds Blaise Lat. chrét.) - lui-même comp. de unus, v. un1et de facere, v. faire - francisé d'apr. les verbes en -fier*. Fréq. abs. littér.: 131.
DÉR.
Unificateur, -trice, adj.Qui unifie. Élément, mouvement, principe unificateur; homme politique unificateur de son pays; force, politique unificatrice. Avec Spinoza, avec Leibniz, on suppose achevée la synthèse unificatrice des phénomènes de la matière: tout s'y expliquerait mécaniquement (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 354).Cette influence [de l'anglais] est unificatrice: partout se propagent la même science et les mêmes techniques (Arts et litt., 1936, p. 56-3).Domaine relig.Nous sommes invités à participer, non pas seulement à un corps unifié mais à une vertu unificatrice. Nous ne faisons plus qu'un dans le Christ avec le désir et la convocation de tout à Lui (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 262).Empl. subst. Les vaincus de Bouvines étaient avides de prendre leur revanche et d'en finir avec l'unificateur capétien (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 69). [ynifikatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. 1resattest. 1873 adj. « qui unifie » la tendance unificatrice (H. Schuchardt, De l'orthographe du Roumain ds Romania t. 2, p. 79), 1891 subst. « celui qui unifie » (Renan, Hist. peuple Isr., t. 3, p. 57); de unifier, suffixé d'apr. les mots en -ificateur (amplificateur*, glorificateur*, purificateur*...), cf. -ifier et -eur2.
BBG.Dub. Dér. 1962, p. 41 (s.v. unificateur).