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REPAÎTRE, verbe
A. − Empl. intrans., vx
1. [Le suj. désigne une pers. ou un cheval] Prendre de la nourriture, particulièrement lorsqu'on est en marche. Il a fait trente lieues sans repaître; vos chevaux n'ont point repu d'aujourd'hui, il faut les faire repaître (Ac.1798-1878).
2. [Le suj. désigne un animal] Se nourrir, manger. Les cerfs sortent le soir des bois pour repaître (Ac.1935).Il lui donna [à la chienne] un peu à repaître et l'emporta dans ses bras (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 260).
B. − Empl. trans.
1. Vieilli. Donner à manger, nourrir à satiété. On invita ses amis moins pour les repaître que pour les régaler (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 272).Dominant de sa haute taille la table en désordre et les convives pâmés, Baptiste se tenait debout, la chair blanche, la mine grave, avec l'attitude dédaigneuse d'un laquais qui a repu ses maîtres (Zola, Curée, 1872, p. 347).
2. Au fig., vieilli, littér.
a) Satisfaire pleinement
un besoin. De son corps, gisant sur la bruyère, L'aigle des monts vient repaître sa faim (Baour-Lormian, Ossian, 1827, p. 98).
une passion, un désir. Repaître son amertume, son ironie. Sa haine eût été franchement repue du mal qu'il aurait fait (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 254).Je veux repaître ma haine (Cocteau, Machine infern., 1934, ii, p. 89).
b) Fournir à satiété. Repaître qqn d'illusions. Je puis dire que moi aussi je suis repue de leurs menaces (...) je suis repue d'avoir peur (Montherl., Port-Royal, 1954, p. 1010).
Repaître ses yeux, son regard de. Regarder avec avidité. De tels spectacles, dont j'allais repaissant mes yeux, ranimaient en moi un sentiment exalté du triomphe physique (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 129):
Pleins de joie, Parlant d'humanité sans peur qu'on les foudroie, Les monarques sont là, repaissant leurs regards Du spectacle effrayant que, livides, hagards, Leur donnent tous les morts étendus sur la plaine. Ils respirent avec un sourire l'haleine Que les champs de bataille exhalent vers les cieux... Glatigny, Fer rouge, 1870, p. 53.
C. − Empl. pronom. réfl., littér.
1. Assouvir sa faim. Nous sommes loin avec elle des anachorètes, se repaissant d'herbes et de racines (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 170).Il se repaissait, tel un meurt-la-faim, des horribles pitances que l'on servait chez MmeCharles Buloz (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 134).
Se repaître de.Se repaître de mots. J'ai vu un grand vautour noir se repaître d'une charogne (Green, Journal, 1934, p. 186).
2. Au fig. Se repaître de
a) Trouver sa satisfaction. L'athéisme spéculatif se repaît d'évidences purement subjectives (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 938).Elle erra, sans pouvoir se résoudre à abandonner le quartier, cherchant partout Costals du regard, se repaissant de cette amertume (Montherl., J. filles, 1936, p. 984).
Expr. Se repaître de sang et de carnage. Être cruel, sanguinaire. (Dict. xixeet xxes.).
b) Entretenir en soi. Se repaître d'illusions, d'espérances vaines; se repaître de vent et de fumée. Elle n'essayait pas de comprendre Henri, elle se repaissait de chimères, elle avait choisi la paresse avec l'esclavage (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 344).
Prononc. et Orth.: [ʀ əpεtʀ ̭], (il se) repaît [-pε]. Ac. 1694, 1718: -paistre; 1740: -paitre; dep. 1762: -paître. Conjug. comme paître mais admet le passé simple: je me repus; le subj. imparf.: que je me repusse et le part. passé: repu, -ue. Étymol. et Hist. I. 1. 1174-80 pronom. « assouvir sa faim » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. A. Hilka, 2020: don se poïst repestre une es); 1176-81 trans. « nourrir » (Id., Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2874: l'ome forsené repestre); 2. 1176 pronom. fig. (Id., Cligès, éd. A. Micha, 2213: d'un dolz regart Se poïst a leisir repestre); ca 1220 trans. fig. (La Queste del Saint Graal, éd. A. Pauphilet, p. 16: Nostre Sires [...] de sa grace nos volt repaistre). II. 1. 1549 repeu part. passé adj. (Est.); 2. 1553 part. passé adj. fig. (Jodelle, Ode, à O. de Magny ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 335: les Dieux repeuz); 1831 part. passé subst. « privilégié, nanti » (A. M. Barthélémy, Némésis ds Legoar.). Dér. de paître*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 248. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 477, b) 253; xxes.: a) 409, b) 263.