| * Dans l'article "RAPPROCHER,, verbe trans." RAPPROCHER, verbe trans. A. − [Dans l'espace] 1. a) Rapprocher qqc./qqn de qqc./de qqn.Placer quelque chose ou quelqu'un plus près de quelque chose ou de quelqu'un. Rapprocher des choses/des personnes (l'une de l'autre, les unes des autres).Rendre voisin. Anton. écarter, éloigner.Ces deux muscles en se contractant tendent à rapprocher les deux mâchoires l'une de l'autre, et à fermer entièrement la bouche (Cuvier,Anat. comp., t. 3, 1805, p. 88).Elle fit encore pousser la table contre le mur, déplacer le tapis, rapprocher deux fauteuils de la cheminée (Chardonne,Épithal., 1921, p. 255).Edmond s'est alors installé chez Georgette (...) ce qui avait (...) la commodité de le rapprocher de son travail (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 252). ♦ [Le compl. second. est sous-entendu] Lord Pimkins allongeant le bras pour atteindre sa coupe, tomba court. Il croyait la table plus près. Hanz Becker la rapprocha (Hamp,Champagne, 1909, p. 234). − En partic. ♦ Rapprocher des personnes. Faire qu'elles se rencontrent, vivent dans une certaine intimité. Une de ces communions rapides, de ces intimités subites entre deux âmes qui s'attendent et que rapproche un hasard (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p. 152).Le hasard qui a rapproché ces deux êtres ne me paraît pas si sot: il les détruira l'un par l'autre (Bernanos,Mauv. rêve,1948, p. 943). ♦ [À propos d'un trajet] Réduire la distance qui sépare du but à atteindre. [Le suj. désigne un mouvement ou ce qui le permet] Chaque tour de roue rapproche le curé de Lumbres de ce censeur impitoyable (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 241).Il prit un autobus qui le rapprochait de Montmartre (Montherl.,Célibataires, 1934, p. 838).[Le suj. désigne une durée] Chaque minute rapprochait Victor de Chantilly (Gozlan,Notaire, 1836, p. 205). b) Empl. pronom. Se rapprocher (de qqc./de qqn).Venir plus près de quelque chose. Se rapprocher (l'un de l'autre, les uns des autres).Devenir plus proche l'un de l'autre. Son nez remonta, ses sourcils se rapprochèrent, sa bouche se distendit, et elle se mit à pleurer (Schwob,Monelle, 1894, p. 32).Le soleil, se rapprochant de l'horizon, couvrait la terre d'une lumière orange (Lacretelle,Silbermann, 1922, p. 164).Joseph le vit tâtonner si maladroitement avec sa clef qu'il se rapprocha pour l'observer de plus près (Green,Moïra, 1950, p. 27). − P. anal. ♦ [Le suj. désigne un son produit par qqc., par qqn qui vient plus près de celui qui écoute] On entendait se rapprocher le bruit de la voiture, le fouet du postillon et les sonnettes des chevaux (Karr,Sous tilleuls, 1832, p. 103).Elle se hâtait de toutes ses forces. Mais le sol était glissant, et la petite la gênait. Derrière elle, les pas se rapprochaient (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p. 184). ♦ [Le déplacement n'est pas le fait du suj. du verbe] Là-bas, le château, une grande bâtisse de construction moderne (...) se rapproche à chaque lacis de la route grise (Bourget,Disciple, 1889, p. 106): 1. ... [Alban] épiait la seconde où ce ne serait plus lui qui serait maître de l'animal, mais l'animal qui serait maître de lui (...). Là-bas, le groupe des cavaliers se rapprochait à la vue. Sous le soleil ardent de deux heures, tout le groupe était immobile, et il n'y avait que les queues des chevaux qui bougeaient.
Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 417. ♦ [Sans idée de mouvement, mais p. oppos. à un état différent] Être placé très près l'un de l'autre, les uns des autres. Après Andennes, les montagnes s'écartent, la vallée devient plaine (...). Puis les collines se rapprochent, la rivière et la route se rejoignent (Hugo,Rhin, 1842, p. 57).La voiture filait d'un glissement ralenti, rapide encore. Les maisons se rapprochèrent, se tassèrent. La route se ramifia en rues (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 271). − MAR. Se rapprocher du vent. ,,Gouverner plus près de sa direction qu'auparavant`` (Bonn.-Paris 1859). Le vent se rapproche. Le vent vient d'une direction plus proche de l'avant du bateau (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Synon. refuser. c) Part. passé en empl. adj. − [Avec subst. au plur.] Très proches l'un de l'autre, les uns des autres, serrés. Dents, yeux rapprochés. Les sourcils étaient droits, rapprochés (signe de tempérament coléreux, disait MlleGénolain) (Daniel-Rops,Mort, 1934, p. 23).L'escalier avec ses piliers trop lourds et trop rapprochés. Que tout cela manque d'air, de grâce (Green,Journal, 1950, p. 349). ♦ [Le subst. sing. est un coll. ou implique la mise en place de plusieurs éléments] Dans une société plus fixe, plus rapprochée et plus compliquée, on a senti la nécessité d'une législation plus régulière et plus étendue (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p. 29).L'insupportable quadrillage du dernier cahier (on n'en trouvait point d'autres) (...) m'imposait un interlignage trop rapproché (Gide,Journal, 1944, p. 260). − [Avec subst. au sing. ou au plur.] Qui est à peu de distance de quelqu'un, de quelque chose, proche. Depuis trois dimanches, je ne suis allée à la messe. Heureux ceux qui ont l'église rapprochée! (E. de Guérin,Lettres, 1846, p. 504).Le soleil est à 150 millions de kilomètres de la terre et (...) les distances des étoiles les plus rapprochées sont des centaines de mille fois plus grandes encore (H. Poincaré,Valeur sc., 1905, p. 165).[En parlant d'un son] Qui vient de près. Je m'arrêtai, la main sur la clef de sa porte, écoutant avec étonnement une musique assez rapprochée et venue du château même (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 81).Un éclatement rapproché mit soudain le colonel debout: − Ils recommencent à bombarder le château, dit-il (Maurois,Sil. Bramble, 1918, p. 208). ♦ Qui est relatif à ce qui est proche; qui s'exerce sur ce qui est proche. Anton. à distance.Vision rapprochée; protection, surveillance rapprochée. Toutes les pièces de DCA des modèles « Marine » portaient verticalement à près ou plus de 10 000 mètres et, pour la défense rapprochée, il existait déjà des matériels (...) à grand débit (50 à 200 coups-minute) (Le Masson,Mar., 1951, p. 10).P. ext., rare. Limité dans l'espace. [Talma] a rendu à Bayard dans la pièce de Du Belloy le service de lui ôter ces airs de fanfaron que les autres acteurs croyoient devoir lui donner (...). Son costume dans ce rôle, ses gestes simples et rapprochés, rappellent les statues des chevaliers qu'on voit dans les anciennes églises (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 232). 2. P. ext. a) Faire paraître plus proche à la vue. Le beau temps garda son équilibre et les Pyrénées basses, sombres et bleues rapprochèrent l'horizon (Jammes,Mém., 1922, p. 65).La jumelle rapprochait de Ramos cette sérénité de roches, de pins et d'oliviers (Malraux,Espoir, 1937, p. 489).V. jet II C 1 b ex. de Mauriac.Empl. pronom. Paraître plus proche. À l'heure où les montagnes se rapprochent, bleues au-dessus des arbres, Clotilde se promenait aves Scaeffs (Chardonne,Femmes, 1961, p. 35). b) Rapprocher des lieux. Les faire paraître plus proches l'un de l'autre. Il est plus difficile de régler le cours des saisons que (...) d'aligner sur des espaces considérables des morceaux de fer, voie expéditive qui rapproche les lieux et ménage le temps (Delacroix,Journal, 1854, p. 161). − Absol. − Vous avez été au cinéma? demande Gerbert à Xavière. − Non, dit Xavière (...), c'était trop loin. Gerbert se mit à rire. − Les taxis, ça rapproche bien (Beauvoir,Invitée, 1943, p. 277). − P. ext. Rapprocher les distances. Les faire paraître plus courtes. Toutes les distances sont rapprochées, et nos villes de province semblent n'être plus que des faubourgs de Paris, tant les communications sont faciles et fréquentes (Jouy,Hermite, t. 1, 1811, p. 249). ♦ Au fig. Réduire les inégalités de conditions, favoriser les relations intimes, familières. Ce n'est pas la fortune, c'est l'amitié, la vertu, qui rapprochent les distances (Fiévée,Dot Suzette, 1798, p. 165): 2. Il se tenait à trois pieds de la table, comme un paysan invité chez son seigneur. Peu à peu, le vin rapprocha les distances. À huit heures du soir, mon gardien m'expliquait son caractère. À neuf heures, il me racontait, en balbutiant, les aventures de sa jeunesse...
About,Roi mont., 1857, p. 210. 3. Vieilli ou empl. techn. Rapprocher qqc./qqn a) Se rapprocher de quelque chose ou de quelqu'un; venir plus près de quelque chose ou de quelqu'un. Bientôt j'aperçus dans le Nord-Nord-Est une île qui n'était portée sur aucune carte (...), je cherchai à la rapprocher, mais elle était exactement dans le lit du vent (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 390). ♦ Au fig. Wagner allait la rapprocher [la nature], s'en saisir, la faire entrer dans un orchestre, l'asservir aux plus hautes idées musicales (Proust,Prisonn., 1922, p. 160). − [Dans une course] Rattraper un concurrent. E. se détacha et rapprocha R. (Le Sport, 30 avr. 1856ds Petiot 1982). b) ARBORIC. ,,Tailler des rameaux et éventuellement des branches charpentières pour provoquer la formation de nouvelles branches insérées plus près de la charpente de l'arbre et mieux alimentées en sève`` (Agric. 1977). Les branches (...) sont rapprochées, c'est-à-dire coupées à 0,02 m environ de leur naissance (Du Breuil,Cult. arbres, 1876, p. 220). c) CHASSE. ,,Suivre la voie d'un animal passé depuis un certain temps`` (Vén. 1974). Si l'on a un bon limier accoutumé à rapprocher le loup, il faut l'employer (La Hêtraie,Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 158). d) CHIM., vx. Rapprocher en consistance. Concentrer. Le principe actif de l'écorce de fausse angusture (...) s'obtient en dissolvant dans l'eau l'extrait alcoolique de cette écorce, filtrant la liqueur, la rapprochant en consistance de sirop clair (Kapeler, Caventou,Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 88). B. − [Dans le temps] 1. Diminuer l'intervalle de temps qui sépare des actions, des événements. Anton. espacer.Suivant le tempérament et le caractère de chaque moine, ils ordonnent d'éloigner, ou de rapprocher les saignées (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 49).Odette de Crécy retourna voir Swann, puis rapprocha ses visites (Proust,Swann, 1913, p. 197). − Part. passé en empl. adj. Synon. proche; anton. éloigné. ♦ [Avec subst. au plur.] Séparés par un petit intervalle de temps. Langue épaisse et blanchâtre par suite d'émotion, pouls à pulsations trop rapprochées (Champfl.,Bourgeois Molinch., 1855, p. 204).Ses confessions, pour être si rapprochées, si fréquentes, n'en étaient pas plus courtes (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p. 208). ♦ [Avec subst. au sing. ou au plur.] Rapproché de qqc.Proche de. Si cette lecture pouvait être très rapprochée des répétitions, cela m'épargnerait un voyage (Flaub.,Corresp., 1871, p. 293).Il m'avait demandé de l'appeler « cher maître » et (...) il m'appelait lui-même ainsi. Mais en réalité nous prenions un certain plaisir à ce jeu, étant encore rapprochés de l'âge où on croit qu'on crée ce qu'on nomme (Proust,Swann, 1913, p. 91).Qui se rapporte à une époque très proche dans le passé ou l'avenir. Synon. récent, imminent.Nous prenons toujours pour terme de comparaison, l'image la plus rapprochée, la plus fraîche dans nos souvenirs (Maine de Biran,Influence habit., 1803, p. 94).J'ai trouvé la pauvre Julie respirant encore, mais tout indique une fin bien rapprochée (Constant,Journaux, 1805, p. 240).La victoire des alliés semblait, sinon rapprochée, du moins à peu près certaine (Proust,Temps retr., 1922, p. 843). 2. Acheminer vers un temps donné, vers un événement. À mesure qu'il entendait sonner les heures qui le rapprochaient du moment de l'action, il se sentait allègre et dispos (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 364).Pour la première fois, l'idée que s'écoulait en lui le temps qui le rapprochait de la mort ne le sépara pas du monde (Malraux,Cond. hum., 1933, p. 430). − Empl. pronom. Qqn se rapproche de qqc., qqc. se rapproche.Événement qui se rapproche à grands pas. Elle ne cherchait même pas les moyens d'éviter ce scandale qu'elle sentait venir, se rapprochant chaque jour, irréparable (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 28).Je me rapprochais de jour en jour de ma vieillesse (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 397). 3. Faire arriver plus tôt. Synon. avancer.Rapprocher sa rentrée, une échéance. Je n'ai qu'un moyen d'abréger ma tâche, c'est d'y travailler sans relâche, et je vous assure que je n'épargne rien pour rapprocher le temps, encore si éloigné, où ceux que j'aime me seront rendus (J.-J. Ampère, Corresp., 1826, p. 408).Le marquis, en effet, annonçait l'intention de rapprocher son départ (Bourget,Disciple, 1889, p. 180). − P. ext. Faire paraître plus court un intervalle de temps. Un mot de vous me rend mes forces, me rattache à la vie, et rapproche cet espace de trois mois qu'il me reste encore à parcourir (Staël,Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 45).Nous causions des préparatifs de notre mariage, et de ces menus détails qui rapprochent si bien les distances du temps (Karr,Sous tilleuls, 1832, p. 12). C. − Au fig. 1. Mettre en regard, confronter (des choses, des personnes, envisagées du point de vue de leurs caractéristiques) pour établir un lien logique ou saisir des ressemblances ou des dissemblances. Rapprocher des circonstances, des événements, des faits, des incidents, des constatations, des idées, des ouvrages. Il vit alors le stand déserté et rapprocha aussitôt l'absence d'Yvonne de celle de Paradis (Queneau,Pierrot, 1942, p. 118): 3. ... le mioche (...) se réveilla de nouveau en hurlant que son « pé était neyé ». Un mois après, on apprenait en effet la mort du père (...). La veuve se rappela les réveils de l'enfant. On cria au miracle, tout le monde s'émut, on rapprocha les dates, et il se trouva que l'accident et le rêve avaient coïncidé à peu près...
Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Magnétisme, 1882, p. 777. ♦ Rare. Rapprocher que... et (que)...J'ai rapproché que vos premiers torts envers moi à Toul étaient à l'époque où mon père a quitté le Ministère, et ceux-ci à l'instant où sa fortune a été saisie en France (Staël,Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 222). − Empl. pronom. Sa face un peu asiatique et son attitude double se rapprochant dans ma mémoire de je ne sais quelle image romanesque, j'eus la pensée que j'allais voir reparaître cette main, brandissant sur ma mère une longue lame courbe (Lacretelle,Silbermann, 1922, p. 142). 2. Trouver des points communs, établir une analogie (entre des choses, des personnes). D'autres blasphèment jusqu'à rapprocher l'échafaud de Louis XVI de la croix de Jésus-Christ (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 643).Il ne faut donc point se hâter de rapprocher le dessin satirique de l'art comique. La vraie comédie n'use point des difformités pour faire rire (Alain,Beaux-arts, 1920, p. 295).On a souvent rapproché Jammes de La Fontaine, et je les trouve, en effet, semblables en plus d'un point (certaine ingéniosité, malice même, du regard, puis naïveté dans l'expression) (Gide,Journal, Feuillets, 1921, p. 722). ♦ [Le suj. désigne ce qui fonde l'anal., le(s) point(s) commun(s)] [En français] la cadence du vers et la rime apportent à la langue un modelé qui la rapproche de la musique (Saint-Saëns,Portr. et souv., 1909, p. 367).Quant aux traits qui le rapprochent [l'homme] des anthropoïdes, il ne s'agit, bien entendu, dans l'esprit de Linné que de ressemblances morphologiques et non d'affinités, encore moins de descendance (Hist. sc., 1957, p. 1356). − Empl. pronom. Présenter une analogie (avec quelque chose). Je fus pris d'un sentiment inconnu, affreux, que je ne connaissais pas, qui n'est pas de la jalousie et qui cependant s'en rapproche beaucoup (Champfl.,Bourgeois Molinch., 1855, p. 317).Le lait d'ânesse est celui qui, par sa composition, se rapproche le plus du lait de femme (Macaigne,Précis hyg., 1911, p. 166). − Part. passé en empl. adj. Proche, voisin. Je n'ai pas envie de le faire, ce scénario, par la raison que je suis sûr qu'il ne l'acceptera pas, − voulant, moi, faire une pièce toute rapprochée de mon livre et sans effet théâtral (Goncourt,Journal, 1887, p. 665).Les modulations crépitantes de tons chauds et froids aux nuances extrêmement rapprochées, qui expriment, ceux-ci les creux, ceux-là les pleins (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p. 131). 3. Rendre (des choses, des personnes) plus ou moins semblables par une évolution, une transformation. J'avais soin, ces jours-là, de rapprocher le plus possible mon costume de celui des jeunes marins de l'île, afin que ma présence n'étonnât personne et qu'on me prît pour le frère ou pour un parent de la jeune fille que j'accompagnais (Lamart.,Confid., Graziella, 1849, p. 224): 4. ... la photographie en noir « rapproche » les objets qu'elle représente, pour peu qu'ils soient apparentés. Une tapisserie, une miniature, un tableau, une sculpture et un vitrail médiéval, objets très différents, reproduits sur une même page, deviennent parents.
Malraux,Voix sil., 1951, p. 19. ♦ Empl. pronom. Devenir plus semblable (à quelque chose, à quelqu'un). Pourquoi, à mesure qu'il me semble me rapprocher des maîtres, l'art d'écrire, en soi-même, me paraît-il plus impraticable et suis-je de plus en plus dégoûté de tout ce que je produis? (Flaub.,Corresp., 1853, p. 214).Ce qui compte c'est de savoir (...) si au contraire les points de vue de Washington et de Londres se sont rapprochés (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 1, col. 1).V. cérémonial ex. 3. − Mettre au niveau, à la portée de. Il est ridicule de voir le nom de M. Cornu et de M. Morel sur un confessionnal. Ce n'est pas M. Cornu, ce n'est pas M. Morel qui confesse, c'est le prêtre du Christ; on démolit la religion en voulant la rapprocher de l'humanité (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 156).Je ne puis admettre qu'il [Renan] appelle le Christ « le charmant docteur » (...). Il a voulu le rapprocher de nous au lieu de nous rapprocher de lui. (...) il l'a réduit à notre taille pour nous le rendre accessible (Green,Journal, 1932, p. 90): 5. Toute ma tâche (...) a été de réunir en un seul dialogue des maximes et des conversations éparses chez le vieil historien [Hérodote] (...). Certes je n'ai rien tenté pour rapprocher les Grecs de nous. Je me suis appliqué, au contraire, à faire passer dans mon style, autant que possible, le tour, la manière, la forme, la couleur antiques (...). Ce n'est pas un amusement bien philosophique que de travestir les anciens pour nous reconnaître en eux.
A. France,Voie glor., 1915, p. 57. 4. Acheminer vers (un certain état, un but, un modèle). Un penchant aveugle, autant que le hasard, vous rapproche souvent d'une perverse nature. Il faut combattre ce penchant, puisque l'on ne peut fuir le hasard des rencontres (Delacroix,Journal, 1854, p. 229).De chaque jour, en effet, il attend non pas qu'il le rapproche de la perfection, mais qu'il lui révèle quelque chose de nouveau sur son cœur (Massis,Jugements, 1924, p. 102). − Empl. pronom. Être près d'atteindre quelque chose, de faire quelque chose; tendre vers quelque chose. [Notre esprit] commence presque toujours par les opinions les plus erronées; et ce n'est que par des réformes successives qu'il se rapproche petit à petit de la vérité (Destutt de Tr.,Idéol. 3, 1805, p. 166).Je lui dis nettement que je me suis rapproché de l'idée du mariage (Montherl.,Démon bien, 1937, p. 1253). 5. Créer (entre des personnes, des communautés) des affinités, les disposer à établir des liens d'amitié, de confiance; en partic., réconcilier. Je crois avoir contribué à sauver l'ordre au 13 juin, à maintenir la paix générale et à rapprocher la France de l'Angleterre (Tocqueville,Corresp.[avec Reeve], 1849, p. 109): 6. ... ceux qui avaient tenté de rapprocher tous les Français, d'unir tous les républicains dans le Parlement, et de « rallier autour d'un même drapeau les citoyens », devaient reconnaître qu'ils s'étaient trompés, n'ayant « fait que créer des éléments nouveaux de divisions et des luttes »...
Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p. LXXVIII. ♦ [Le suj. désigne une chose, en partic. un point commun] Dans toutes les comédies, qui rapproche les familles divisées? Qui termine les différends? Qui clôt les procès (...)? Le mariage, toujours le mariage (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 214).Leurs communs souvenirs d'adolescence rapprochèrent tout naturellement les deux médecins, bien qu'ils fussent de tempéraments assez différents (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 761).[Le point commun est exprimé par un compl. prép. (v. aussi supra rapprocher les distances)] Son deuil avait encore rapproché Sandoz de Claude, dans un dégoût commun des choses (Zola,L'Œuvre, 1886, p. 337). ♦ Empl. pronom. Se rapprocher de qqn, se rapprocher (l'un de l'autre).Établir des liens de confiance, d'amitié. Il songea sérieusement à se rapprocher de sa femme; il pouvait avoir besoin d'elle contre son complice (Zola,Curée, 1872, p. 491).Henri et moi nous nous sommes beaucoup rapprochés ces derniers jours. J'ai obtenu de lui des demi-confidences (Gracq, Beau tén., 1945, p. 88) Part. passé en empl. adj. Qui est en accord, en sympathie (avec quelqu'un). Il trouva Justin près de la tombe de leur père. Il en fut si ému qu'il n'osa pas le regarder (...). Il ne s'était pas encore senti aussi rapproché de son frère (Arland,Ordre, 1929, p. 410). − En partic. ♦ Resserrer les liens de parenté dans une famille. L'idée de Charles IX (...) fut de donner sa sœur Marguerite en mariage à Henri de Bourbon pour rapprocher les deux branches de la famille (Bainville,Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 172).Part. passé en empl. adj. Dont les liens de parenté sont étroits. Je croyais que Mohsèn-Beg était le propre neveu de Son Excellence Osman-Beg et ne comprenais pas pourquoi une alliance ne pouvait s'effectuer entre deux branches si rapprochées d'une même famille (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p. 275).Albertine (...) [avait] pour parente la plus rapprochée MmeBontemps qui (...) n'admirait chez sa nièce que ses mauvaises manières (Proust,Prisonn., 1922, p. 48). ♦ (Se) rapprocher de Dieu. Mettre, entrer en communion plus étroite avec Dieu (en devenant meilleur). La prière n'est jamais perdue. Le sentiment, le cœur qui nous a fait prier est toujours très bon, nous rapproche de Dieu et rapproche Dieu de nous (Dupanloup,Journal, 1869, p. 321).Je souhaitais ardemment me rapprocher de Dieu, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Ma conduite laissait si peu à désirer que je ne pouvais guère l'améliorer (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 75). ♦ (Se) rapprocher de la nature. Mettre, entrer en communion avec la nature. Le petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat (M. de Guérin,Journal, 1833, p. 191).V. nature I A 1 ex. de Balzac. REM. 1. Rapprochant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui rapproche. La lentille rapprochante du face-à-main (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 679).Au fig. « Vous me connaissez, Gonzague!... » Et rien ne saurait rendre ce qu'il mettait d'effusion, de caresse rapprochante, dans ce prénom troubadouresque de Bompard (A. Daudet,Tartarin Alpes, 1885, p. 87). 2. Rapprocher, rapproché, subst. masc.,chasse. Travail du chien qui rapproche. Le faisan, qui, par un rapproché, fait le jour même de la chasse, est forcé de quitter son canton, y retournera facilement et « à tire-d'aile », surtout si la battue, bien conduite, est dirigée en sens opposé au rapprocher du matin (Vidron,Chasse, 1945, p. 40). 3. Rapprocheur, subst. masc.,chasse. ,,Chien de grand nez, criant et collant bien à la voie`` (Vén. 1974). Le bon rapprocheur de meute (...) ne bronchera pas sur le change, tiendra la voie du dix cors en sueur, au lieu d'empaumer à l'étourdie celle du daguet que le vieux chef de harde a voulu donner à sa place (Genevoix,Routes avent., 1958, p. 48). Prononc. et Orth.: [ʀapʀ
ɔ
ʃe], (il) rapproche [-pʀ
ɔ
ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) 1268 trans. « mettre plus près l'un de l'autre des personnes, des choses » (Mémoire adressé au roi par le comte de Bar ds [A. Teutet], Layettes du Trésor des Chartes, t. 4, 1902, p. 258: vuellans plus raprochier Linei de la signorie de Bar); 1330 pronom. « venir plus près » (H. Capet, éd. de La Grange, 2687, p. 119); en partic. 1690 id. « aller habiter plus près de » (Fur.); b) 1690 trans. « faire paraître plus proche dans l'espace, donner une image plus proche » (ibid.); 1690 pronom. le soleil se rapproche de nous (ibid.); c) 1775 trans. rapprocher les distances ici fig. (Beaumarchais, Barbier de Séville, I, 4); 1854 « en parlant d'un moyen de transport » (Delacroix, Journal, p. 161: cette voie expéditive [le chemin de fer] qui rapproche les lieux et ménage le temps); d) 1795 id. « rendre plus proche dans le temps » (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, p. 67); 1801 un avenir rapproché (Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 336); 2. a) 1682 trans. « disposer à la bienveillance, à la sympathie » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. III, p. 81); en partic. 1688 id. « établir un rapprochement entre deux personnes, deux partis, en vue d'une réconciliation » (Boss., Var., XI, 118 ds Littré); 1694 pronom. (Ac., s.v. proche); b) 1756 trans. « associer par des rapports logiques ou analogiques, en découvrant une certaine conformité, une certaine parenté » (Volt., Mœurs, 176 ds Littré); 1782 pronom. « présenter des rapports de conformité, de ressemblance » (D'Alemb., Mém. Christ. Œuv., t. IV, 18, ibid.). Dér. de approcher*; préf. r(e)-*. Fréq. abs. littér.: 5 702. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 632, b) 7 286; xxes.: a) 7 321, b) 7 720. |